La révolution UTS a déjà conquis les joueurs

Utilisation de cartes, temps-morts, interaction avec les entraîneurs : Les joueurs de l’UTS se sont pris au jeu d’un format singulier, où les matches ne laissent pas le temps de souffler.

Stefanos Tsitsipas, UTS 2020 Stefanos Tsitsipas, UTS 2020

Richard Gasquet immortalisé en plein tir, le regard tueur rivé sur la balle, langue tirée. L’image témoigne de l’engagement total des joueurs dans l’Ultimate Tennis Showdown. Même si aucun point ATP n’est en jeu lors de ce tournoi de reprise à la Mouratoglou Tennis Academy, les dix joueurs présents y sont entièrement impliqués. Idéal pour légitimer la compétition.

Déjà, au début du tournoi, Lucas Pouille décrivait la « tension, la crispation, et la frustration » sur chaque point. « Quand je sers à 11 partout, je suis tendu, j’ai pas envie de le perdre ! C’est une vraie compétition. Quand on nous voit jouer, on perçoit qu’on le prend comme tel. » Le Français, blessé au coude, a dû abandonner après le premier week-end. Il a été remplacé par son compatriote Corentin Moutet.

Corentin Moutet, UTS 2020

Les joueurs sont tombés sous le charme pour le format atypique de l’UTS. Matchs en quatre quarts-temps de dix minutes, interaction avec les commentateurs, temps-morts, code de conduite assoupli… « Une bouffée d’air frais », pour Richard Gasquet, premier au classement de l’UTS après quatre journées. « C’est la première fois que l’on voit une initiative comme cela », nous a-t il décrit. « C’est agréable d’avoir des points tout le temps importants, de réfléchir à la tournure des matches, et à l’utilisation des cartes. »

Chaque joueur peut utiliser deux « cartes UTS » par quart-temps pour faire basculer un match. Surtout grâce à celle qui offre trois points en cas de coup gagnant. « Elle peut faire une grosse différence », lançait Pouille après son premier match, perdu contre Feliciano Lopez à la mort subite, qui départage deux joueurs en cas d’égalité. « Dans le premier quart-temps, il met un ace et prend trois points d’avance grâce à cette carte. Tout de suite, ça rend les choses plus compliquées. »

Tsitsipas : « Votre attention doit être à 100 % »

Dustin Brown, toujours à la recherche d’une victoire après quatre rencontres, concède même une « grosse inquiétude » quand « un gros serveur utilise cette carte ». « On a peur de se prendre un ace ! », assure-t-il à Tennis Majors. L’Allemand applaudit un « côté stratégique » qui « entretient constamment une certaine excitation. » « C’est ça qui rend le format ludique et amusant, souffle Pouille. En utilisant les cartes, on peut revenir à n’importe quel moment. »

Ce qui ressert inévitablement l’écart de niveau entre chaque joueurs. Les quatre membres du Top 10 présents peuvent se faire battre si leur adversaire utilise bien les cartes. « Cela donne l’opportunité aux joueurs un peu plus mal classés d’avoir de meilleurs résultats face aux joueurs comme nous », nous fait remarquer le numéro 6 mondial, Stefanos Tsitsipas. Leader de l’UTS jusqu’à sa défaite contre Dominic Thiem dimanche, le Grec estime qu’il est primordial de ne pas rater son entame. « Votre attention soit à 100% quand vous commencez un match. Ça va tellement vite, beaucoup de choses se passent en peu de temps. »

Stefanos Tsitsipas, UTS 2020

Le temps se suspend néanmoins pendant les temps-morts dont bénéficient les coachs (un par quart-temps). Apostolos Tsitsipas, le père et entraîneur de Stefanos, utilise régulièrement ce nouvel outil à sa disposition pour influer sur le comportement de son fils sur le court. « Sois plus agressif, monte au filet, sors un bon premier service ! », martèle-t-il à son joueur. Lors de cet UTS, le Grec s’est d’ailleurs montré plus enclin à bondir au filet. « Durant les matches, vous n’avez pas trop le temps de réfléchir, souffle Tsitsipas. C’est bien d’avoir un avis extérieur. Ça me permet de me concentrer sur mon premier service, puis de renvoyer une bonne deuxième balle. »

Même chose dans le camp de Thiem. Lors du troisième quart-temps du choc remporté dimanche dernier contre “The Greek God”, Wolgang Thiem intimait à son joueur de « prendre son temps, et de s’appliquer sur le retour. » « Donc on n’utilise pas de cartes ? », demandait son fils. «  Non, pas pour l’instant ! », répondait l’entraîneur. L’Autrichien a empoché le quart-temps en appliquant les consignes à la lettre.

« On voit se dévoiler les personnalités »

Les joueurs présents à la Mouratoglou Tennis Academy, près de Nice, utilisent la compétition pour retrouver les terrains après plus de deux mois de confinement. Après une si grosse période d’inactivité, « il serait impossible, inconscient et dangereux » de jouer directement « en trois sets gagnants », selon Richard Gasquet. « En ce moment, il n’y a pas de compétition. Je ne peux pas rêver mieux que d’être ici ! Il y a zéro doute. »

Le 50e mondial a critiqué la « monotonie » et le côté « rébarbatif » des tournois classiques de l’ATP. Notamment un système « totalement cadré ». A l’UTS, les joueurs y sont autorisés à exprimer leurs émotions sans risquer de recevoir une amende pour le comportement. « On voit se dévoiler les personnalités », sourit Pouille. « C’est important qu’on véhicule plus d’émotions, avec de la frustration, de la joie, de l’énervement. Il faut donner plus de liberté aux joueurs. » De quoi infléchir l’« aseptisation » de l’ATP, ciblée par Gasquet ? « Il y a forcément des choses à garder. » Parce qu’une telle unanimité donne forcément à réfléchir.

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