10 février 1992 : le jour où Jim Courier a détrôné Stefan Edberg au sommet du classement ATP

Le 10 février 1992, Jim Courier est devenu pour la première fois numéro un mondial après sa victoire en demi-finales du tournoi de San Francisco contre Derrick Rostagno.

Courier 02_09 OTD Jim Courier / Panoramic

Ce qu’il s’est passé ce jour-là : Courier numéro 1 pour la première fois

Ce jour-là, le 10 février 1992, peu de temps après avoir remporté à l’Open d’Australie son deuxième titre du Grand Chelem, Jim Courier devient n°1 mondial pour la première fois, dépassant Stefan Edberg, qu’il avait battu en finale à Melbourne. L’Américain restera cette fois-là six semaines au sommet du classement ATP, mais y passera en tout 58 semaines, jusqu’au milieu de l’année 1993, moment où Pete Sampras entamera sa domination.

Le personnage : Jim Courier

  • Jim Courier, nouveau roi du tennis mondial

Né en 1970, Jim Courier est l’un des nombreux joueurs formés à l’académie de Nick Bollettieri dans les années 1980. Il y développe un jeu atypique, avec des prises fermées et des préparations courtes semblables à celles d’un joueur de baseball, dont il porte d’ailleurs toujours la casquette. S’appuyant principalement sur son service et son coup droit de décalage, il est connu pour son ardeur au travail, son engagement et sa forme physique. Il est le dernier d’un « big four américain » qui fait forte impression sur le circuit : Andre Agassi est le premier à atteindre une finale en Grand Chelem, à Roland-Garros, dès 1988 ; Michael Chang est le premier titré en Grand Chelem l’année suivante, lui aussi à Paris, rejoint par Pete Sampras qui s’impose à l’US Open en 1990.Courier, lui, remporte son premier titre à Bâle en 1989, aux dépens de Stefan Edberg (7-6, 3-6, 2-6, 6-0, 7-5), quelques mois après avoir disputé pour la première fois les huitièmes de finale d’un tournoi majeur, à Roland-Garros (éliminé par Andrei Chesnokov, 2-6, 3-6, 7-6, 6-2, 7-5).

Il se révèle réellement en 1991. Alors qu’il entame la saison à la 25e place mondiale, il réalise le doublé Indian Wells/Miami (jamais réalisé auparavant), mais le sommet de son année est bien sûr son premier titre du Grand Chelem, conquis à Paris aux dépens d’Agassi (3–6, 6–4, 2–6, 6–1, 6–4). Dans les mois qui suivent, il se hisse en finale de l’US Open, où Edberg livre un match parfait et le surclasse totalement (6-2, 6-4, 6-0), puis il se qualifie pour la finale du Masters où il est battu par Sampras (3-6, 7-6, 6-3, 6-4). À présent numéro 2 mondial et proche de la première place, il entame 1992 en remportant à Melbourne un deuxième titre du Grand Chelem (en battant Edberg en finale, 6-3, 3-6, 6-4, 6-2). Il ne se trouve plus qu’à quelques points du sommet du classement ATP.

Le lieu : San Francisco

Le Pacific Coast Championships, fondé en 1889, est l’un des plus anciens tournois de tennis au monde. Disputé à l’origine à Monterey (Californie), son lieu de prédilection sera ensuite Berkeley, ou l’épreuve se joue de 1900 à 1971. Le tournoi déménage ensuite à San Francisco, sur moquette intérieure, avec à son palmarès de grands joueurs tels que Jimmy Connors (1972), Arthur Ashe (1970, 1975), John McEnroe (1978, 1979, 1982, 1984, 1986), Ivan Lendl (1983) et Stefan Edberg (1985).

L’histoire : de la tension à la consécration

En seulement treize mois, Jim Courier a parcouru un énorme bout de chemin, passant de la 25e à la 2e place mondiale, ajoutant au passage deux titres du Grand Chelem à son palmarès. Après son triomphe à l’Open d’Australie, il n’est plus qu’à quelques points de devenir le nouveau numéro 1 mondial. 

“Je n’ai pas trop pensé à atteindre la première place avant que cela ne soit à ma portée”, admettra-t-il auprès de l’ATP en 2017.  “Fin 1991, je savais que j’avais une chance d’y arriver si je démarrais bien en 1992 et c’est exactement ce qui s’est passé avec une victoire à l’Open d’Australie qui m’a poussé à deux doigts du sommet.”

Pour Courier, l’étape suivante est San Francisco, et il sait qu’il lui suffit d’y atteindre la finale pour passer n°1 mondial. Cela lui met une pression supplémentaire sur les épaules. “J’étais stressé par tout ça. J’étais très conscient de la situation.”

Au premier tour, c’est un Courier très tendu qui échappe à une défaite précoce contre le 94e mondial, Mark Woodforde (7-6, 5-7, 7-5), et en quart de finale, il perd à nouveau un set contre Wally Masur, 57e mondial (4-6, 6-4, 6-3). Il n’est plus qu’à un match de son but, et seul Derrick Rostagno, 17e mondial, se dresse encore entre lui et la première place mondiale. 

“Derrick était un joueur de surface rapide difficile à affronter. J’ai dû me bagarrer tout au long du match pour devenir n°1. Je me battais contre Derrick, mais aussi contre le classement et c’était autant un soulagement qu’une satisfaction de gagner le dernier point et d’arriver au sommet de cette montagne… Je me souviens m’être mis à genoux en me disant : “Ça y est, j’y suis”. On ne pourra jamais me l’enlever.”


Peut-être Courier a-t-il ressenti un trop grand soulagement après avoir battu Rostagno, puisqu’il est battu le lendemain par Michael Chang (6-3, 6-3). Néanmoins, le 10 février 1992, Courier dépasse Edberg et devient le premier Américain à atteindre le sommet de son sport depuis John McEnroe, en 1985. Cependant, les circonstances ne lui permettent pas vraiment de fêter dignement cet exploit. Courier raconte.

“Nous étions dans le Concorde, en direction de la piste de décollage, mais nous avons fait marche arrière car la roue avant ne voulait pas tourner et le vol a donc été annulé. J’ai donc passé ma première journée complète de n°1 mondial à commander une pizza, assis dans un salon d’aéroport avec des étrangers, avec mon agent et ma petite amie.”

La postérité du moment : Numéro 1 pendant 58 semaines

Jim Courier remportera deux titres du Grand Chelem supplémentaires. Il réussira à défendre son titre à Roland-Garros en 1992, en battant plusieurs futurs vainqueurs de Grand Chelem sur son chemin (dont Petr Korda en finale, 7-5, 6-2, 6-1). Il conservera ensuite son titre à l’Open d’Australie en 1993, en battant son rival Stefan Edberg en finale (6-2, 6-1, 2-6, 7-5). Au total, il passera 58 semaines en tant que numéro 1 mondial.

Le milieu de la saison 1993 marquera le tournant de sa carrière. Parvenu pour la troisième fois consécutive en finale de Roland-Garros, il cèdera sa couronne à l’Espagnol Sergi Bruguera après une bataille acharnée (6-4, 2-6, 6-2, 3-6, 6-3). Un mois plus tard, il s’inclinera à Wimbledon dans une nouvelle finale de Grand Chelem qui sera aussi sa dernière, battu par Pete Sampras (7-6, 7-6, 3-6, 6-3). A partir de là, Courier déclinera régulièrement, et sa motivation fluctuera. Début 2000, végétant à la 67e place du classement ATP, sa motivation au plus bas, il finira par raccrocher ses raquettes.

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