14 mai 2006 : Le jour où Nadal a remporté le plus long “Fedal” de l’histoire

Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 14 mai 2006, Rafael Nadal s’impose en 5h06 face à Roger Federer en finale du tournoi de Rome. Un match d’anthologie, et le plus long “Fedal” de l’histoire.

Rafael Nadal & Roger Federer after the Rome final in 2006 - On This Day Rafael Nadal & Roger Federer after the Rome final in 2006 – On This Day

Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi c’est historique : 5h06 d’un spectacle à couper le souffle entre Nadal et Federer

Ce jour-là, le 14 mai 2006, Rafael Nadal et Roger Federer disputent le plus long match de leur célèbre rivalité, en finale du tournoi de Rome. Le  Suisse a beau se détacher 4-1 dans le dernier set et se procurer deux balles de match, c’est une nouvelle fois l’Espagnol qui l’emporte, après cinq heures et six minutes d’un spectacle à couper le souffle (6-7, 7-6, 6-4, 2-6, 7-6). Grâce à cette quatrième victoire consécutive contre le numéro 1 mondial, Nadal égale la série de 53 matchs gagnés sur terre battue de Guillermo Vilas.

Les personnages : Rafael Nadal et Roger Federer

  • Rafael Nadal, le jeune “roi de la terre”

En mai 2006, Rafael Nadal n’a que dix-neuf ans, mais il est déjà solidement installé à la 2e place mondiale et vu comme le meilleur joueur du monde sur terre battue. Dès le mois de mars 2004, alors 31e mondial, il se hisse en finale de Miami, où il pousse le numéro 1 mondial Roger Federer à disputer cinq sets – s’inclinant à l’arrivée 2-6, 6-7, 7-6, 6-3, 6-1. Plus tard en avril, il remporte son premier Masters 1000, à Monte-Carlo, en battant le dernier finaliste de Roland-Garros, Guillermo Coria (6-3, 6-1, 0-6, 7-6). Il demeure ensuite invaincu sur terre battue, et ces résultats incroyables font de lui le favori à l’occasion de sa première participation à Roland-Garros. Cette nouvelle pression ne perturbe pas Rafael Nadal, qui remporte le tournoi en 2005 dès son coup d’essai, écartant au passage Roger Federer en demi-finale (6-3, 4-6, 6-4, 6-3) puis Mariano Puerta en finale (6-7, 6-3, 6-1, 7-5).

Nadal monte alors au 3e rang mondial, mais, avec son jeu basé sur un lift incroyable et une défense de fer, il n’obtient pas de résultats probants sur gazon, et après Wimbledon, il reste en Europe pour disputer et gagner deux tournois sur ocre, à Bastad et Stuttgart. Au mois d’août 2005, Nadal remporte son premier tournoi sur dur. En finale du Masters 1000 de Montréal, il domine Andre Agassi, 35 ans et toujours 7e mondial, à l’issue d’un véritable choc des générations (6-3, 4-6, 6-2). C’est un moment marquant pour Nadal, qui prouve à la planète tennis qu’il est capable de triompher sur d’autres surfaces que la terre battue. Après une défaite décevante contre James Blake au troisième tour de l’US Open (6-4, 4-6, 6-3, 6-1), il remporte le Masters 1000 de Madrid (aux dépens d’Ivan Ljubicic, 3-6, 2-6, 6-3, 6-4, 7-6). Puis une blessure au pied, assez grave pour menacer la poursuite de sa carrière, le contraint à mettre un terme à sa saison, et il ne fait son retour sur le circuit qu’à Marseille, en février 2006 et il ne tarde guère à revenir à son meilleur niveau en battant Federer en finale du tournoi de Dubaï (2-6, 6-4, 6-4).

  • Roger Federer, le maître du tennis

Roger Federer est installé au sommet du tennis mondial depuis deux ans et demi lorsque se déroule le tournoi de Rome 2006. Après avoir été champion du monde juniors en 1998, Federer obtient vite des résultats chez les pros : lors de ces cinq premiers tournois, il atteint les quarts de finale à trois reprises, à Toulouse, Marseille et Rotterdam. Son tennis fantastique fascine le monde du tennis et on l’imagine rapidement dans la peau du futur numéro 1. Le Suisse, très émotif lors de ses premières années sur le circuit, finit par maîtriser ses nerfs en 2003, lorsqu’il remporte son premier titre du Grand Chelem à Wimbledon (aux dépens de Mark Philippoussis, 7-6, 6-2, 7-6).

Quelques mois plus tard, après son succès à l’Open d’Australie (où il bat en finale Marat Safin, 7-6, 6-4, 6-3), il devient premier mondial, le 2 février 2004, et il occupe cette place sans interruption depuis. Depuis 2003, il a remporté sept titres du Grand Chelem : l’Open d’Australie (2004, 2006), Wimbledon (2003, 2004, 2005) et l’US Open (2004, 2005). Autrement dit, depuis la victoire de Nadal à Roland-Garros en 2005, Federer a gagné tous les Grands Chelems. Depuis son accession à la première place mondiale, il a remporté 23 tournois, dont 7 Masters 1000, et il a également ajouté deux Masters à son palmarès, en 2003 et 2004. Le seul titre majeur qui manque à son palmarès est Roland-Garros. Bien que le Suisse soit un excellent  joueur de terre battue, l’avènement de Rafael Nadal lui rend la vie bien plus difficile sur ocre.

Le lieu : le Foro Italico, à Rome

Les Internationaux d’Italie ont lieu à Rome depuis 1935, au Foro Italico, un complexe sportive immense destiné initialement à soutenir la candidature de l’Italie pour accueillir les Jeux Olympiques de 1940. Classé dans la catégorie des Masters 1000, il est aujourd’hui encore l’un des tournois sur terre battue les plus prestigieux. Presque tous les plus grands joueurs de l’histoire du tennis ont foulé les courts du Stadio del Tennis.

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Rafael Nadal est le tenant du titre, après avoir remporté le tournoi lors de sa première apparition dans le tableau principal, en 2005, en battant Guillermo Coria à l’issue de la plus longue finale de Masters 1000 ATP de l’histoire du tennis (6-4, 3-6, 6-3, 4-6, 7-6).

L’histoire : Nadal sauve deux balles de match et remporte un match d’anthologie

En mai 2006, Roger Federer et Rafael Nadal ne se sont affrontés qu’à cinq reprises, mais leur rivalité est déjà la chose la plus excitante qui soit arrivée sur le circuit depuis Sampras et Agassi. Ils sont parfaitement opposés : alors que Federer a une technique classique et joue en polo en cultivant une attitude de gentleman, Nadal porte des débardeurs colorés et, avec son célèbre coup droit lasso, ne manque jamais une occasion de s’encourager bruyamment. En outre, ces douze derniers mois, le gaucher de Manacor a été le seul rival digne de ce nom du Suisse, menant 4 à 1 dans leurs confrontations, alors que ce dernier domine outrageusement le reste du peloton.

L’Espagnol a déjà ruiné les espoirs de Federer en demi-finale de Roland-Garros en 2005, et en 2006, il a montré une nouvelle fois en finale de Monte-Carlo que le Suisse était condamné à réaliser une performance extraordinaire pour le battre sur terre battue. Federer le sait bien, et en finale de Rome, face à son nouvel ennemi juré, il est déterminé à se montrer à la hauteur. Il a appris de ses précédentes défaites et il joue un tennis plus agressif que par le passé. Montant au filet pas moins de 18 fois, il remporte le premier set (7-6) et, pour la première fois en trois confrontations sur terre battue, il semble être en mesure de battre Nadal.

Mais son adversaire n’a pas l’intention de rendre les armes et, aussi impossible que cela puisse paraître, Nadal augmente l’intensité, met encore plus d’effet et dicte à nouveau le jeu avec son incroyable coup droit. Alors que Nadal domine le deuxième et le troisième set, un bref moment de tension apparaît, lorsque Federer demande ironiquement à Toni Nadal si tout va bien, signifiant ainsi qu’il le voyait coacher son neveu entre les points.

L’incident n’affecte pas la concentration du numéro 1 mondial. Accélérant le rythme, il empoche le quatrième set, 6-2, et lorsqu’il se détache 4-1 dans le dernier set, les spectateurs pensent qu’ils vont assister à la première victoire de Federer contre Nadal sur terre battue. Mais mener 4-1 et battre l’Espagnol sont deux choses bien différentes, comme le Suisse l’apprend bientôt à ses dépens. Le gaucher parvient à remonter, sauvant deux balles de match sur son service à 6-5, puis, après avoir été mené 5-3 dans le tie-break, il gagne les quatre derniers points pour s’imposer 7-5 après cinq heures et cinq minutes de jeu. Malgré la fantastique performance de Federer, Nadal reste le champion à Rome.

« J’ai eu des balles de match, j’ai voulu finir trop vite”, déclare Federer, cité par tennis.com. “J’ai certainement joué l’un des meilleurs tennis offensifs sur terre battue que je pouvais jouer. Mais il défend tellement bien qu’il vous fait douter”.

La postérité du moment : aucun autre “Fedal” ne durera aussi longtemps 

Quelques semaines plus tard, Nadal stoppera une nouvelle fois Federer à Roland-Garros, cette fois en finale (1-6, 6-1, 6-4, 7-6). Ce n’est qu’à Hambourg, en 2007, que le Suisse battra enfin son rival sur terre battue (2-6, 6-2, 6-0), mais il ne réalisera jamais cet exploit à Paris, où l’Espagnol le battra à l’occasion de trois autres finales (2007, 2008, 2011).

Bien que les deux grands joueurs disputeront bien d’autres matchs mémorables, la finale de Rome en 2006 reste à ce jour la plus longue de leurs 40 confrontations.

“Nous avons joué l’un contre l’autre à de nombreuses reprises sur une courte période. C’était une époque où nous nous rencontrions beaucoup en finale et Rome fut l’une des meilleures, avec la finale de Wimbledon en 2008”, confiera Federer à l’ATPWorldTour.com en 2016.

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