16 novembre 2001 : Le jour où Hewitt est devenu numéro 1 mondial

Le 16 novembre 2001, Lleyton Hewitt parvient à battre son compatriote Patrick Rafter en phase de poules du Masters et à assurer sa place de numéro un mondial, à Sydney.

Ce qui s’est passé ce jour-là : Hewitt, nouveau roi

Ce jour-là, le 16 novembre 2001, lors de son dernier match de poule au Masters, le numéro 2 mondial Lleyton Hewitt domine son compatriote australien Patrick Rafter (7-5, 6-2), victoire qui l’assure de devenir numéro 1 mondial à la fin du tournoi. Hewitt, qui avait récemment triomphé à l’US Open, allait devenir numéro 1 avec la manière en remportant le titre quelques jours plus tard, en battant Sébastien Grosjean en finale (6-3, 6-3, 6-4).

Les acteurs : Lleyton Hewitt et Patrick Rafter

  • Lleyton Hewitt, un fantastique combattant au sommet du tennis

Lleyton Hewitt est né en 1981. Alors que son père avait été joueur professionnel de football australien et sa mère joueuse de netball professionnelle, le jeune Lleyton choisit le tennis. En janvier 1997, à l’âge de 15 ans et 11 mois seulement et sans classement ATP, il est invité aux qualifications de l’Open d’Australie, où il remporte trois matches pour devenir le plus jeune qualifié de l’histoire du tournoi (battu au premier tour du tableau principal par Sergi Bruguera, 6-3, 6-4, 6-3).

Un an plus tard, en 1998, le jeune Aussie surprend le monde du tennis en remportant son premier titre ATP avant même son 17e anniversaire, dans sa ville natale d’Adelaïde. Il y bat le grand Andre Agassi (7-6, 7-6) et, en finale, il bat Jason Stoltenberg (3-6, 6-3, 7-6). Il lui faut un an de plus pour entrer dans le top 100, début 1999. Cette année-là, il remporte un deuxième titre, à Delray Beach (en battant Xavier Malisse, 6-4, 6-7, 6-1) et termine la saison à la 25e place mondiale, participant également au triomphe de l’équipe australienne en Coupe Davis.

En 2000, il devient le premier joueur de moins de 20 ans à remporter quatre titres en une saison depuis Pete Sampras ; le plus important de ces quatre titres est le tournoi du Queen’s, où il bat en finale Sampras, sextuple champion de Wimbledon (6-4, 6-4). C’est également en 2000 qu’il obtient son premier grand résultat en Grand Chelem, atteignant les demi-finales de l’US Open, où Sampras prend sa revanche du Queen’s (7-6, 6-4, 7-6).

“Rusty”, comme l’appelle son entraîneur Darren Cahill, fait désormais partie du top 10, et en 2001, il change encore de dimension en triomphant à l’US Open, en battant Sampras en finale (7-6, 6-1, 6-1). À 20 ans seulement, il est devenu un sérieux candidat à la première place mondiale. Hewitt, très habile au retour de service, possède l’un des meilleurs jeux de jambes au monde, et il est surtout un incroyable combattant : son caractéristique “come on !” est déjà célèbre dans le monde du tennis.

Lleyton Hewitt, Roland-Garros 2000
Lleyton Hewitt, Roland-Garros 2000, Fep / Panoramic
  • Patrick Rafter, l’élégant serveur-volleyeur

Patrick Rafter, né en 1972, est passé pro en 1991. Durant les premières années de sa carrière, l’Australien n’a pas obtenu de grands résultats, et jusqu’en 1997, il n’avait remporté qu’un seul tournoi, à Manchester, en 1994. En 1997, sa carrière décolle subitement lorsqu’il atteint les demi-finales à Roland-Garros, seulement battu par Sergi Bruguera (6-7, 6-1, 7-5, 7-6). Quelques mois plus tard, après avoir disputé deux finales à Indianapolis et Long Island, il gagne l’US Open à la stupéfaction générale.

Ce n’était que le deuxième titre de sa carrière ! En chemin, il bat Andre Agassi (alors 63e mondial, 6-3, 7-6, 4-6, 6-3), puis le numéro 2 mondial Michael Chang (6-3, 6-3, 6-4), et enfin Greg Rusedski en finale (6-3, 6-2, 4-6, 7-5). Mais en 1998, ses résultats décevants en début d’année le mettent sous le feu des critiques, John McEnroe déclarant qu’il ne reproduirait pas son exploit de l’US Open tandis que Pete Sampras faisait remarquer que, pour être un grand joueur, Rafter devait gagner un autre tournoi majeur.

Comme pour leur répondre, à l’été 1998, Pat Rafter remporte coup sur coup les tournois de Toronto et Cincinnati (où il bat en finale…Pete Sampras, 1-6, 7-6, 6-4). Sur sa lancée, l’Australien s’adjuge un deuxième titre à l’US Open, en battant une nouvelle fois “Pistol Pete” (6-7, 6-4, 2-6, 6-4 6-3) avant de venir à bout de son compatriote Mark Philippoussis (6-3, 3-6, 6-2, 6-0) à l’issue de la première finale de Grand Chelem 100 % australienne depuis 1970. Bud Collins décrivait Patrick Rafter comme « un homme humble et élégant sur le court, d’une grande générosité et une attitude de gentleman ». Avec son jeu de service-volée, il court désespérément après la consécration à Wimbledon, après y avoir échoué en demi-finales en 1999 (battu par Andre Agassi, 7-5, 7-5, 6-2) puis en finale en 2000 (face à Pete Sampras 6-7, 7-6, 6-4, 6-2) et en 2001 (face à Goran Ivanisevic, 6-3, 3-6, 6-3, 2-6, 9-7).

Patrick Rafter, Australian Open 2001
Patrick Rafter, Open d’Australie 2001, Imago / Panoramic

Le lieu : Le Sydney Superdome

Créé en 1970, le Masters est le rendez-vous de fin d’année des huit meilleurs joueurs du monde. Au départ, il change de lieu chaque année, avant de s’installer au Madison Square Garden de New York, de 1977 à 1989. Depuis, le tournoi a pas mal voyagé, passant par Francfort (1990-1995), Hanovre (1996-1999) et Lisbonne (2000). En 2001, le Masters se dispute à Sydney pour la première fois, au Sydney Superdome, qui comporte 17 000 places assises. Étant donné que chaque année, seuls les huit meilleurs joueurs se qualifient pour le Masters, les plus grands joueurs de tennis figurent au palmarès de l’épreuve.

L’histoire : Hewitt, le match de la consécration

La place de numéro 1 mondial de fin d’année est en jeu lors de ce Masters 2001. Cette année, quatre joueurs différents ont triomphé dans les quatre tournois du Grand Chelem et, en novembre, trois d’entre eux se disputent la première place du classement ATP : le vainqueur de Roland-Garros Gustavo Kuerten (numéro 1 mondial), le numéro 2 mondial et champion de l’US Open, Lleyton Hewitt, et le numéro 3 mondial Andre Agassi, qui avait remporté l’Open d’Australie.

Au cours des matches de poule, Kuerten perd ses trois matches, et Agassi ne parvient à gagner que sa première partie, face à Patrick Rafter (6-2, 6-4), avant de s’incliner face à Sébastien Grosjean (6-3, 6-4) et Lleyton Hewitt (6-3, 6-4). Ses deux concurrents éliminés, « Rusty » peut accéder à la première mondiale et devenir champion du monde 2001 s’il parvient à remporter son troisième match de poule, contre son compatriote Rafter.

Le Superdome de Sydney est archi-comble pour ce duel 100 % australien. Les deux joueurs se breakent à tour de rôle en début de set, mais à la fin, Hewitt a le dernier mot 7-5. Le deuxième set est plus facile pour le 2e mondial, qui breake son adversaire à trois reprises pour s’imposer 7-5, 6-2. Il est tout de même rattrapé par l’enjeu au moment de conclure, et lui faut pas moins de six balles de match pour mettre un point final à cette rencontre.

Des années plus tard, en revenant sur cet instant, il commentera sobrement :

Quand j’étais petit, je voulais réaliser trois choses : gagner un Grand Chelem, gagner la Coupe Davis et devenir n°1 mondial. Au bout du compte, devenir n°1 est venu en dernier.

La postérité du moment : Hewitt, début de règne

Quelques jours plus tard, Hewitt entamera son règne avec la manière, en remportant le tournoi aux dépens de Sébastien Grosjean (6-3, 6-3, 6-4).

L’Australien occupera la première place mondiale pendant 80 semaines, et notamment durant toute la saison 2002, durant laquelle il s’imposera à Wimbledon (en battant en finale David Nalbandian, 6-2, 6-3, 6-2) et au Masters (aux dépens de Juan Carlos Ferrero, 7-5, 7-5, 2-6, 2-6, 6-4). 

Lleyton Hewitt, Wimbledon 2002
Lleyton Hewitt, Wimbledon 2002, Prosport / Panoramic

« Je pense que ce fut un plus grand exploit de conserver la première place mondiale toute la saison 2002, et de gagner le Masters alors que la place de n°1 mondial s’y jouait à nouveau », dira-t-il plus tard à atptour.com.

Après avoir perdu la première place en 2003, Hewitt restera l’un des meilleurs joueurs du monde pendant deux bonnes années, finaliste à l’US Open 2004 (battu par Roger Federer, 6-0, 7-6, 6-0) et à l’Open d’Australie 2005 (battu par Marat Safin, 1-6, 6-3, 6-4, 6-4). Il quittera définitivement le top 10 au début de l’année 2006 et, blessé successivement au genou, au bassin, à la main, au poignet, au dos et au pied, il ne parviendra plus jamais à se hisser dans le dernier carré d’un tournoi du Grand Chelem.

Opéré de l’épaule à l’issue de la saison, Rafter ne reviendra jamais sur le circuit. Il annoncera sa retraite en 2003.

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