22 avril 2012 : Le jour où Nadal a atomisé Djokovic pour réussir le grand huit à Monte-Carlo

Rafael Nadal a remporté le 22 avril 2012 son huitième titre consécutif à Monte-Carlo, en dominant en finale Novak Djokovic (6-3, 6-1). Une victoire d’autant plus importante pour l’Espagnol qu’il n’avait plus gagné de tournoi depuis dix mois et restait sur une série de sept revers face au Serbe, frappé par un deuil familial dans les jours précédant cette rencontre.

Rafael Nadal & Novak Djokovic, On This Day Rafael Nadal & Novak Djokovic, On This Day

Ce qu’il s’est passé ce jour-là : Nadal a brisé la malédiction contre Djokovic avec la manière

Le 22 avril 2012, Rafael Nadal remporte son huitième titre consécutif à Monte-Carlo. Pour réaliser cet incroyable exploit, il domine Novak Djokovic, alors numéro un mondial (6-3, 6-1), contre lequel il avait perdu ses sept précédents matchs, à l’issue de l’une des rencontres les plus déséquilibrées de leur rivalité.

Les acteurs : Rafael Nadal et Novak Djokovic

  • Rafael Nadal, roi de la terre battue

En janvier 2012, Rafael Nadal n’a que 25 ans, mais ses exploits lui ont déjà garanti un chapitre dans les livres d’histoire du tennis. Ses statistiques sur terre battue sont incroyables. Presque invincible sur sa surface de prédilection, il a remporté Roland-Garros dès sa première participation (aux dépens de Mariano Puerta, 6-7, 6-3, 6-1, 7-5), et depuis, il a triomphé à cinq autres reprises à Paris, en 2006, 2007, 2008, 2010 et 2011, affichant 45 victoires pour seulement une défaite. En dehors de Robin Soderling, qui l’a éliminé en huitièmes de finale en 2009 (6-2, 6-7, 6-4, 7-6), personne n’a réussi à prendre plus d’un set à Nadal à Roland-Garros. Il détient également un record de 81 victoires consécutives sur terre, surface sur laquelle il a remporté un total de 32 tournois. Par ailleurs, suite à son deuxième succès en Grand Chelem, il a fait évoluer son jeu, le rendant plus agressif afin d’être plus à l’aise sur surfaces rapides. Vaincu par Roger Federer en finale de Wimbledon en 2006 et en 2007, Nadal s’impose finalement au All England Club en 2008, venant à bout de son rival suisse à l’issue de l’un des plus beaux matches de tous les temps (6-4, 6-4, 6-7, 6-7, 9-7).

Il devient numéro 1 mondial pour la première fois, mettant fin au règne de Federer, long de 237 semaines. En 2009, il gagne un premier tournoi du Grand Chelem sur dur, à l’Open d’Australie, où il se sort d’une demi-finale de cinq heures contre Fernando Verdasco (6-7, 6-4, 7-6, 6-7, 6-4) avant de batailler pendant cinq sets pour battre Federer en finale (7-5, 3-6, 7-6, 3-6, 6-2). Les blessures le minent pendant les douze mois suivants, mais Nadal revient plus fort que jamais en 2010, prenant sa revanche sur Soderling en finale de Roland-Garros (6-4, 6-2, 6-4) avant de remporter Wimbledon pour la deuxième fois, écartant en finale Tomas Berdych (6-3, 7-5, 6-4). En septembre 2010, il réalise le Grand Chelem en carrière en battant Novak Djokovic en finale de l’US Open (6-4, 5-7, 6-4, 6-2), et il semble parti pour dominer le tennis. Mais en 2011, le Serbe augmente son niveau de jeu et devient le nouveau leader du circuit. Battu par Djokovic en finale à Indian Wells, Miami, Madrid, Rome, Wimbledon et l’US Open, l’Espagnol sauve sa saison en remportant un sixième titre à Roland-Garros, en battant une fois encore Federer en finale (7-5, 7-6, 5-7, 6-1). En finale de l’Open d’Australie 2012, Nadal est à nouveau dominé par Djokovic (5-7, 6-4, 6-2, 6-7, 7-5), et il semble alors vraiment que le Serbe a pris l’ascendant sur Nadal.

  • Novak Djokovic, actuelle bête noire de Nadal

Novak Djokovic est né en 1987. Il entre dans le Top 100 en 2005, saison qu’il termine à la 83e place mondiale. En 2006, il fait parler de lui lorsque, classé 63e mondial, il atteint les quarts de finale de Roland-Garros après avoir éliminé le 9e mondial Fernando Gonzalez au deuxième tour. Sa carrière décolle en 2007 : Djokovic se hisse en demi-finales à Roland-Garros et à Wimbledon (arrêté à chaque fois par Nadal) avant de se frayer un chemin jusqu’en finale de l’US Open où il est vaincu par Federer (7-6, 7-6, 6-4). Début 2008, il triomphe pour la première fois en Grand Chelem, à l’Open d’Australie, aux dépens de Jo-Wilfried Tsonga (4-6, 6-4, 6-3, 7-6). Djokovic reste alors trois années durant à la troisième place, atteignant régulièrement les derniers tours des épreuves majeures où il bute sans cesse sur Federer et Nadal qui l’empêchent d’ajouter de nouveaux grands titres à son palmarès. Le vent tourne en 2011, lorsque Djokovic réalise une première moitié de saison presque parfaite. Après avoir triomphé à l’Open d’Australie au grand dam d’Andy Murray (6-4, 6-2, 6-3), il reste invaincu 42 matches durant, jusqu’à ce que Roger Federer le batte en demi-finale de Roland-Garros (7-6, 6-3, 3-6, 7-6). Le Serbe s’impose ensuite à Wimbledon et à l’US Open, à chaque fois aux dépens de Nadal. Ayant remporté 10 tournois au cours de l’année, il réalise l’une des plus grandes saisons de l’histoire du tennis.

Au début 2012, alors que les observateurs se demandent s’il sera capable de maintenir ce niveau de jeu, il remporte à l’Open d’Australie la plus longue finale de l’histoire du Grand Chelem, en battant Nadal après cinq heures et 53 minutes d’un match extraordinaire (5-7, 6-4, 6-2, 6-7, 7-5). Après avoir gagné le Masters 1000 de Miami, son objectif est désormais d’ajouter à son palmarès le dernier tournoi majeur qui lui échappe encore: Roland-Garros, royaume de Nadal.

Le lieu : Le Monte-Carlo Country Club

Situé en haut du Rocher de Monaco, avec une vue unique sur la mer Méditerranée, le Monte-Carlo Country Club accueille depuis 1928 l’un des plus anciens tournois internationaux de tennis. Il est généralement considéré comme le lancement de la saison sur terre battue, et il fait désormais partie de la catégorie des Masters 1000. Au palmarès du tournoi, on trouve de nombreuses terreurs de la terre battue, comme Bjorn Borg, Guillermo Vilas, Ivan Lendl, Mats Wilander, Sergi Bruguera ou encore Gustavo Kuerten. Mais Rafael Nadal a presque réussi à tous les faire oublier en remportant, de 2005 à 2011, sept titres consécutifs.

L’histoire : Nadal a croqué un Djokovic touché par un deuil familial

En 2012, l’enjeu est de taille, à Monte-Carlo, coup d’envoi de la saison sur terre battue, lorsque Novak Djokovic affronte Rafael Nadal en finale. Djokovic, qui domine le tennis depuis le début de l’année 2011, court après le dernier Grand Chelem manquant à son palmarès : Roland-Garros. Depuis 2005, l’Espagnol semblait presque imbattable sur terre battue. Mais au cours des douze derniers mois, Djokovic a pris l’ascendant dans leur rivalité. Le Serbe a remporté leurs sept dernières confrontations, et il a même battu Nadal deux fois sur sa surface favorite, à Rome et à Madrid. S’il pouvait battre l’Espagnol ici, à Monte-Carlo, où il a remporté sept titres consécutifs et n’a pas subi la moindre défaite depuis 2003, Djokovic pourrait prendre un avantage psychologique potentiellement décisif dans sa quête du Grand Chelem en carrière.

Cependant, ayant appris le décès de son grand-père en Serbie le jeudi, Djokovic n’a pas totalement la tête au tennis. Il a remonté un set de retard dans deux de ses quatre matchs précédents, notamment lors de sa demi-finale contre Tomas Berdych (4-6, 6-3, 6-2). Si les premiers échanges de la finale sont prometteurs, il apparaît vite évident que, contrairement à Nadal, le N.1 mondial n’est pas au mieux de sa forme. Breaké dès son deuxième jeu de service, il n’oppose pas la même résistance que d’habitude à son adversaire et perd le premier set 6-3. Dans le deuxième set, le public espère une réaction de Djokovic. Mais le Serbe est à court d’énergie, et Nadal le balaie, 6-3, 6-1, en seulement 78 minutes.

“Je ne veux rien retirer à la victoire de Rafa. Après, c’est un fait : j’étais dans un état émotionnel que je n’avais jamais expérimenté avant, explique Djokovic. Il a fait le job. Je n’ai pas bien joué et il a pris sa chance. Je n’ai pas réussi à le faire jouer. J’ai juste essayé de remettre la balle dans le court. Cela a été une semaine très difficile mentalement. Je pense qu’atteindre la finale, ce n’est pas si mal.”

Pendant ce temps, le Taureau de Manacor, qui n’avait plus gagné de tournoi depuis son triomphe à Roland-Garros dix mois plus tôt, savoure son 20e titre en Masters 100 et son  huitième trophée à Monte-Carlo.

“Cette victoire est très importante pour moi, dit-il. Ma saison sur terre commence du mieux possible. Je souhaite continuer sans problème physique le plus longtemps possible. Je travaille tellement dur que je suis soulagé d’avoir gagné.”

La postérité du moment : Nadal régnera sur la saison sur terre battue, Djokovic régnera sur les années 2010

Dans les semaines suivantes, Nadal remportera le titre à Barcelone, Rome et Paris, en battant Djokovic d’abord en Italie, puis dans une finale de Roland-Garros disputée sur deux jours (6-4, 6-3, 2-6, 7-5).

Djokovic ne triomphera pas dans une épreuve du Grand Chelem avant l’Open d’Australie suivant. Mais d’une manière générale, il restera le joueur dominant des années 2010.

Au cours des années suivantes, ils s’affronteront tellement de fois (58) que certains considèrent leur rivalité comme la plus grande de tous les temps, Djokovic détenant une courte avance de 30-28 dans leurs confrontations directes.

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