27 janvier 2008 : le jour où Djokovic a remporté contre Tsonga son premier titre du Grand Chelem

Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 27 janvier 2008, Novak Djokovic, âgé de 20 ans, a battait Jo-Wilfried Tsonga en finale l’Open d’Australie pour devenir le premier Serbe de l’histoire du tennis à remporter un titre du Grand Chelem.

Djokovic, OTD 27/1 Djokovic, OTD 27/1

Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis

Ce jour-là, le 27 janvier 2008, à l’issue de la première finale de Grand Chelem sans Roger Federer depuis Roland-Garros 2005, Novak Djokovic, numéro 3 mondial et finaliste du dernier US Open, se remet de la perte du premier set pour dominer le Français Jo-Wilfried Tsonga – qui avait assommé Rafael Nadal en demi-finale – 4-6, 6-4, 6-3, 7-6. Cependant, bien que le Serbe ait battu Federer en demi-finale et que certains aient alors vu dans ce tournoi le commencement d’une nouvelle ère, il faudra attendre trois ans pour que Djokovic remporte un autre tournoi majeur et devienne enfin numéro un mondial.

Les personnages : Novak Djokovic et Jo-Wilfried Tsonga

  1. Novak Djokovic, numéro 3 mondial qui bouscule le duo Federer-Nadal

Novak Djokovic, né en 1987, intègre le top 100 dès 2005, terminant l’année au 83e rang mondial. En 2006, il se fait connaître en atteignant les quarts de finale à Roland-Garros alors qu’il n’est que 63e mondial, après avoir battu le 9e mondial Fernando Gonzalez au deuxième tour. Le jeune “Nole” n’a pas peur d’afficher ses grandes ambitions. Après avoir dû abandonner contre Nadal, alors que l’Espagnol menait deux sets à zéro, le Serbe attire l’attention lors de sa conférence de presse avec une déclaration assez audacieuse : “J’avais l’impression d’avoir le contrôle, tout dépendait de moi”.

Quelques semaines plus tard, il atteint les huitièmes de finale de Wimbledon, battant le numéro 8 mondial Tommy Robredo au deuxième tour (7-6, 6-2, 6-4) et ne s’inclinant qu’en cinq sets contre un excellent joueur de gazon, Mario Ancic (6-4, 4-6, 4-6, 7-5, 6-3). En août, il remporte son premier titre, à Amersfoort, où il bat Nicolas Massu en finale, 7-6 6-4, un titre bientôt suivi d’un second, à Metz (en battant Jurgen Melzer en finale, 4-6, 6-3, 6-2).

Il termine l’année 2006 au 16e rang mondial, mais en 2007, il change encore de catégorie. Battu en huitièmes de finale de l’Open d’Australie par le numéro 1 mondial, Roger Federer (6-2, 7-5, 6-3), il remporte son premier titre en Masters 1000 à Miami, en battant Guillermo Canas en finale (6-3, 6-2, 6-4), après avoir pris sa revanche sur Nadal. Après avoir atteint les demi-finales de Roland-Garros et de Wimbledon, éliminé à chaque fois par Nadal, il se hisse en finale de l’US Open, où il est une fois de plus stoppé par Federer (7-6, 7-6, 6-4). À présent 3e mondial, son objectif logique est de soulever un trophée majeur en 2008.

  • Jo-Wilfried Tsonga, finaliste inattendu

Le Français Jo-Wilfried Tsonga, né en 1985, a été un joueur très prometteur chez les juniors, remportant notamment l’US Open 2003. Malheureusement, sa carrière est vite menacée par une grave blessure au dos, et ce n’est qu’en 2007 qu’il intègre le top 100. Cette année-là, sa belle performance au Queen’s, où il bat Lleyton Hewitt après s’être extrait des qualifications, lui permet d’obtenir une invitation pour Wimbledon, où il parvient en huitièmes de finale (battu par son compatriote Richard Gasquet, 6-4, 6-3, 6-4). Il termine sa première saison entière sur le circuit à la 43e place mondiale.

Le lieu : l’Open d’Australie, à Melbourne

Contrairement aux autres tournois du Grand Chelem, l’Open d’Australie (d’abord appelé Championnats d’Australasie puis Championnats d’Australie) a changé plusieurs fois de lieu au fil des ans. L’épreuve changeait même de ville chaque année avant de s’installer à Melbourne en 1972, et pas moins de cinq villes l’ont accueillie à au moins trois reprises : Melbourne, Sydney, Adélaïde, Brisbane et Perth.

Ses dates ont été assez mouvantes également, entre début décembre et fin janvier, faisant de l’Open d’Australie parfois le premier, parfois le dernier Grand Chelem de la saison. Jusqu’en 1982, la plupart des meilleurs joueurs font l’impasse sur l’épreuve en raison de son éloignement et des prix insuffisants. Mais à partir de la victoire de Mats Wilander en 1983, la dynamique change. Pour rendre le tournoi plus attractif, le comité du tournoi déploie d’énormes efforts qui mènent en 1988 au déménagement de l’épreuve vers un nouveau site, Flinders Park (plus tard renommé Melbourne Park), à l’abandon du gazon pour des courts en dur et à la construction du premier court central doté d’un toit rétractable.

La dotation augmente également, et il ne faut alors que quelques années pour que l’Open d’Australie devienne le Grand Chelem préféré de nombreux joueurs. 

L’histoire : Djokovic sort Federer, Tsonga fait un carnage

Jo-Wilfried Tsonga est l’attraction principale de cet Open d’Australie 2008. Inconnu ou presque du grand public, le Français, 38e mondial, entame son tournoi en éliminant le 9e mondial, Andy Murray, au premier tour (7-5, 6-4, 0-6, 7-6). C’est à cette occasion qu’il réalise pour la première fois ce qui deviendra sa classique « danse des pouces ».

Lors des tours suivants, battant notamment son compatriote Richard Gasquet en huitièmes de finale, Tsonga, grâce à sa combativité, devient le favori du public, et se fraye un chemin jusqu’en demi-finale, où il doit affronter Rafael Nadal. Contre toute attente, le Français réalise l’un des matches les plus incroyables de l’histoire du tournoi pour démolir l’Espagnol en trois sets, 6-2, 6-3, 6-2.

Après la victoire de Tsonga sur Nadal, le public australien espère le voir affronter Roger Federer en finale, mais les demi-finales de 2008 leur réserve une autre surprise : le double tenant du titre, qui a joué la finale des 10 derniers tournois du Grand Chelem, est éliminé par Novak Djokovic, 20 ans, 7-5, 6-3, 7-6. Dans ce contexte, le Français, que le public australien appréciait déjà, devient le favori des spectateurs face à l’homme qui les a privés de Federer.

Tsonga démarre en trombe, dans la veine de ses prestations des tours précédents, et remporte le premier set, 6-4, après avoir pris service de son adversaire au neuvième jeu grâce à deux défenses spectaculaires consécutives. Débordant de confiance, il semble alors inarrêtable. Mais Djokovic ne baisse pas les bras. Petit à petit, il absorbe la puissance de Tsonga et prend le contrôle de la partie. La régularité du Serbe l’emporte sur les fulgurances du Français, et Tsonga commence à montrer des signes de fatigue lorsqu’il se retrouve mené deux sets à un (4-6, 6-4, 6-3). 

Je sais que le public voulait plutôt le voir gagner. Mais ce n’est pas grave, je vous aime toujours les gars.

Novak Djokovic

Malgré tout, Tsonga n’est pas loin d’arracher un cinquième set et tient jusqu’au tie break, mais le numéro 3 mondial se montre solide pour remporter ce jeu décisif sans trop de difficulté (7-2). “Nole”, comme on peut le lire sur les t-shirts des membres sa famille dans les tribunes, s’écroule, submergé par l’émotion d’un premier titre du Grand Chelem. Non seulement il est le premier joueur en dehors du duo Federer-Nadal à remporter un tournoi majeur depuis Marat Safin au même endroit, en 2005, mais Djokovic est aussi le premier joueur de son pays à réaliser cet exploit.

“Je sais que le public voulait plutôt le voir gagner”, dit-il lors de la  remise des trophées, après avoir montré son agacement pendant le match face au soutien bruyant de la foule à son adversaire. “C’est O.K. Ce n’est pas grave. Je vous aime toujours les gars. Ne vous inquiétez pas.”

“C’était un peu un sentiment étrange”, explique-t-il plus tard, selon le New York Times. ” C’est toujours dangereux de jouer contre l’outsider, le joueur qui n’a pas vraiment quelque chose à perdre. Il était vraiment agressif et allait chercher les points dès le début. C’est là que j’avais vraiment besoin de me ressaisir et de rester concentré.”

La postérité du moment : Djokovic deviendra l’un des plus grands de l’histoire, Tsonga ne reviendra plus en finale de Grand Chelem

Après ce premier triomphe en Grand Chelem, la plupart des experts pensent que Djokovic va réellement perturber la domination de Federer et Nadal. Ils ont raison, mais il lui faudra néanmoins trois ans pour remporter un autre Grand Chelem, à Melbourne, à l’aube d’une incroyable saison 2011 au cours de laquelle il remportera trois tournois majeurs, deviendra numéro 1 mondial et ne perdra que six matches tout au long de l’année.

Seize ans plus tard, au début de l’année 2024, Djokovic détient 24 titres du Grand Chelem, un record, et il détient également le record du plus long règne en tant que numéro 1 mondial avec 409 semaines (série  en cours à la date du 27 janvier 2024).

L’Open d’Australie 2008 sera la seule apparition de Tsonga en finale d’un Grand Chelem. Le Français atteindra le cinquième rang mondial en 2012 et il parviendra à cinq reprises en demi-finale d’un tournoi majeur : à l’Open d’Australie (2010), à Wimbledon (2011, 2012) et à Roland-Garros (2013, 2015). En 2014, il réalisera un exploit très rare, en battant Novak Djokovic, Andy Murray et Roger Federer pour triompher au Masters 1000 de Toronto. Des années plus tard, il confiera lors d’une interview pour GQ Magazine les regrets liés à cette finale : “Je bats Djokovic cinq fois d’affilée ensuite. Mais j’ai perdu ce premier match, cette finale. Ce match-là me laissera des regrets car gagner un Grand Chelem changeait énormément de choses. Alors c’est inutile de parler des choses qui ne sont pas arrivées, mais j’ai le sentiment que cela aurait changé énormément la suite des événements…”

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