D’Indian Wells 2020 annulé, à Indian Wells 2021 décalé : les 12 évolutions du tennis qui étaient imprévisibles

Des bulles aux masques et protocoles, en passant par l’émergence de nouvelles stars et quelques problèmes sérieux, le monde du tennis est maintenant très différent de ce qu’il était en mars 2020 lorsque le circuit professionnel s’est arrêté.

Indian Wells center court © Zuma / Panoramic

En 2020, le BNP Paribas Open d’Indian Wells devait, comme d’habitude, être l’un des temps forts de la saison de tennis. Prévu pour démarrer le 9 mars, le premier Masters 1000 de l’année a finalement été annulé en raison de la pandémie de Covid-19.

Les joueurs les mieux classés au monde devaient tous être présents, à commencer par les n°1 mondiaux Novak Djokovic et Ashleigh Barty. Il y a eu, évidemment, quelques forfaits en raison de blessures – notamment la championne en titre Bianca Andreescu, qui avait des problèmes de forme physique pendant des mois ; Simona Halep, qui s’était blessée au pied droit, et Angélique Kerber, qui a eu un problème à la jambe gauche. Roger Federer se remettait encore d’une toute frâiche opération au genou, et Kei Nishikori était touché au coude. Juste avant le début du tournoi Guido Pella s’est retiré, pour être remplacé par Jannik Sinner, par exemple.

Les wild-cards étaient toutes attribuées bien sûr. Côté hommes, les cinq places en jeu sont allées à des joueurs américains, dont Jack Sock et Brandon Nakishima. Chez les femmes, cinq Américaines étaient également conviées, dont Caty McNally. On trouvait aussi parmi les bénéficiaires l’ancienne numéro 1 mondiale Kim Clijsters et Leylah Fernandez, classée 118e au moment où le tournoi devait débuter, venait tout juste d’atteindre sa première finale à Acapulco après s’être extraite des qualifications.

Mais, la fête n’a pas eu lieu. Le tournoi a été annulé le 8 mars 2020 en raison des premiers cas de COVID-19 recensés dans la région, et du facteur de propagation que le tournoi pouvait représenter.

Le tennis s’est arrêté pour plusieurs mois – cinq, en ce qui concerne l’ATP et la WTA Tours. Au moment où Indian Wells a fini par retrouver une place dans le calendrier – dans un créneau automnal (6-17 octobre 2021) après avoir décidé de laisser sa position habituelle au printemps pour la saison 2021 – le monde avait bougé dans des proportions alors à peine envisageables.

1. ET WIMBLEDON FUT ANNULÉ

La première secousse sismique post-confinement dans le monde du tennis a été le déplacement de Roland-Garros au début de l’automne. Le second n’allait pas tarder : les organisateurs de Wimbledon ont choisi, eux, de ne pas du tout organiser leur événement. Le plus prestigieux tournoi de tennis, créé en 1877, ne se jouerait pas pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale (pas de tournoi entre 1940 et 1945).

Wimbledon est le seul tournoi du Grand Chelem qui aura une ligne vierge à son palmarès pour 2020. Après quatre Grands Chelems disputés dans un huis clos total ou partiel (Roland-Garros, US Open 2020, Open d’Australie, Roland-Garros 2021), Wimbledon, en 2021 a aussi été le Majeur où le public a pu retrouver toute sa place.

2. ET LES JOUEURS NE PURENT PLUS ÊTRE APPROCHÉS

Le monde du tennis est sorti du régime des bulles rigoureuses et du régime strict d’assignation qui a pesé à tant de joueurs. La question centrale dans le circuit aujourd’hui consiste plutôt à savoir s’il faut imposer la vaccination ou non. Malgré un retour progressif au tennis “d’avant”, il reste des traces visibles aujourd’hui de la limitation des contacts : les ramasseurs de balle ne peuvent plus toucher les serviettes des joueurs, ceux-ci ne saluent plus l’arbitre que de loin et les conférences de presse en présentiel n’ont toujours pas repris.

Bubble at the US Open 2020, Tennis Majors Feature
Bubble at the US Open 2020, Tennis Majors Feature

3. ET LE TENNIS REVINT AVEC LES REGLES DE L’UTS

L’absence du circuit dans les semaines qui ont suivi le confinement a été propice à l’apparition de diverses compétitions destinées à combler le manque de spectacle et combler les fans.

Le lancement réussi de l’Ultimate Tennis Showdown (UTS), créé par Patrick Mouratoglou a été une des éclaircies durant cette période morose. UTS, c’est du tennis autrement, du tennis pensé pour les réseaux sociaux : les matchs sont divisés en quatre quart-temps de 10 minutes, le coaching est autorisé et le rythme est rapide. Jusqu’à présent, les quatre éditions ont présenté un panel de stars comprenant Stefanos Tsitsipas, Daniil Medvedev, Felix Auger-Aliassime et Matteo Berrettini.

4. ET UNE ASSOCIATION DE JOUEURS INDÉPENDANTE VIT LE JOUR

Pendant la pause du circuit, les plus grands noms du jeu ont brisé l’un des plus grands tabous – et ont suggéré qu’il était temps pour la WTA et l’ATP d’envisager une fusion – ou du moins de travailler ensemble. Roger Federer a lancé l’idée en publiant sur Twitter : « Je me demande juste, suis-je le seul à penser que le moment est venu pour le tennis masculin et féminin de s’unir et de ne faire qu’un ?»

Novak Djokovic a alors remis sur la table sa proposition visant à changer la gouvernance du sport en créant l’Association des joueurs de tennis professionnels aux côtés du Canadien Vasek Pospisil, en tant que voix alternative au Conseil des joueurs de l’ATP. Bien que tous les membres initiaux soient des hommes, il a été mentionné que les femmes pourraient se joindre à eux à un moment donné à l’avenir.

Professional Tennis Players Association
Professional Tennis Players Association

5. ET L’HÉGÉMONIE DU “BIG 3” SE BRISA

Avant la pandémie, Novak Djokovic, Rafael Nadal et Roger Federer étaient respectivement numéro 1, 2 et 4 mondiaux. Le Serbe venait de remporter son 17e titre du Grand Chelem à l’Open d’Australie face à Dominic Thiem. Les jeunes poussaient sans parvenir à renverser les trois légendes en activité. Cela faisait six ans que l’on n’avait pas vu de nouveau vainqueur en Majeur.

La pandémie a rebattu les cartes et le monopole du Big Three a été brisé à l’US Open 2020. La disqualification de Djokovic a ouvert une voie royale jusqu’à la finale pour Alexander Zverev, qui a été battu par Dominic Thiem 2–6, 4–6, 6–4, 6–3, 7–6 (6).

Dominic Thiem, winner of the 2020 US Open, september 13th 2020
Dominic Thiem, winner of the 2020 US Open, september 13th 2020

Et un an plus tard, Daniil Medvedev a également remporté son premier titre du Grand Chelem, en battant le numéro 1 mondial, Novak Djokovic en deux sets 6-4, 6-4, 6-4. A l’heure où nous écrivons ces lignes, les dernières images que nous avons eues de Federer et Nadal les donnaient à voir avec des béquilles.

6. ET FEDERER FUT REJOINT AVEC 20 GRANDS CHELEMS

En mars 2020, Roger Federer était en tête de la course au record du plus grand nombre de titres en Grand Chelem avec une avance de 20-19-17 sur Rafael Nadal et Novak Djokovic. Mais l’Espagnol a ajouté un autre sacre à Roland-Garros à son palmarès en 2020 et Djokovic a remporté trois titres en 2021. Les trois “GOATs” ont désormais vingt titres chacun. Depuis le début de la pandémie, Federer n’a joué que deux des six tournois du Grand Chelem qui se sont déroulés, avec pour meilleur résultat un quart de finale à Wimbledon, tandis que Nadal a participé à trois d’entre eux, pour un titre.

7. SWIATEK ET RADUCANU : ET DES ADOLESCENTES INSOUCIANTES S’IMPOSERENT EN GRAND CHELEM

Iga Swiatek a donné un nouveau souffle au circuit à l’occasion de l’édition automnale de Roland-Garros 2020. La Polonaise de 19 ans a remporté son premier titre du Grand Chelem. Bien qu’elle n’ait pas réussi à défendre sa couronne sept mois plus tard, une autre joueuse a ouvert son palmarès en Grand Chelem sur la terre battue parisienne : Barbora Krejcikova.

Emma Raducanu et Leylah Fernandez ont livré un vrai spectacle à l’US Open 2021. L’adolescente britannique a créé la sensation en s’adjugeant son premier titre sans même perdre un set. Pour la première fois de l’histoire une joueuse sortie des qualifications s’est imposée en Grand Chelem.

En mars 2019, Swiatek était n°49 et Raducanu était n°333 du classement WTA…

8. ET GAUFF PUIS OSAKA LEVERENT LE POING

Le mouvement Black Lives Matter né à l’été 2020, a été soutenu publiquement par des stars du tennis. Alors que Naomi Osaka retournait sur les lieux de sa première victoire en Grand Chelem à New York, elle a confectionné et porté un masque différent sur le terrain à chaque match, arborant le nom d’une victime de violences policières. Coco Gauff s’est également mobilisée et a prononcé des discours lors de rassemblements publics. Alors âgée de seulement 16 ans, elle a scandé, avec une maturité qui a bluffé tout le monde, devant une foule de Floride, qu’elle exigeait un changement, qu’eux aussi devraient avoir des «conversations difficiles» et utiliser leur voix, mais aussi que le racisme était un problème qui impliquait tout le monde.

Naomi Osaka, George Floyd mask
Naomi Osaka, George Floyd mask

9. ET OSAKA DISPARUT DES MICROS PUIS DES RADARS

Pendant la longue parenthèse COVID, Osaka a remporté l’US Open en 2020 et l’Open d’Australie en 2021 pour porter son total de Grand Chelem à quatre. Alors que les experts se demandaient si elle allait bien pouvoir remporter dix Grands Chelems, Osaka s’est retirée du tennis. Elle a refusé de faire les conférences de presse obligatoires à Roland-Garros, avant de se retirer complètement du tournoi. La Japonaise avait ensuite décidé que jouer au tennis chaque semaine et être sous les projecteurs n’était pas propice à une bonne santé mentale. Elle a révélé à l’US Open 2021 : « J’ai l’impression que pour moi récemment, quand je gagne, je ne me sens pas heureuse. Je le ressens plus comme un soulagement. Et puis quand je perds, je me sens très triste. Je ne pense pas que ce soit normal.»

Elle ne sera pas à Indian Wells en 2021, mais elle a heureusement laissé entendre plus récemment que le tennis lui manquait et qu’elle espérait revenir bientôt à la compétition.

10. ET SERENA NE REJOIGNIT PAS MARAGARET COURT

Serena Williams a eu 40 ans en septembre. Le temps presse pour l’Américaine qui tenter d’égaler, puis de dépasser, le record de Margaret Court de 24 titres du Grand Chelem. L’Américaine a atteint les demi-finales de l’Open d’Australie en février 2021, mais a rencontré trop de soucis physiques par la suite (abandon à Wimbledon, forfait à l’US Open) pour croire en ses chances. Elle aura besoin de quelque chose de spécial si elle veut égaler Court en 2022. Même si son classement est tombé à la 41e place mondiale, le 4 octobre, et même si sa dernière finale du Grand Chelem remonte à l’US Open 2019, et qu’elle n’a fait que deux demi-finales depuis, Serena n’abdique pas quel que soient les obstacles.

Serena Williams at Roland-Garros in 2021
chryslene caillaud / Panoramic

11. ET LE TENNIS FRANCAIS DÉSERTA L’ÉLITE

Avant la pandémie et l’arrêt du circuit, le numéro 1 français Gaël Monfils était l’un des hommes forts de la saison. Vainqueur de deux tournois de suite, à Montpellier et Rotterdam, il était tout proche de déboulonner Novak Djokovic en demi-finale à Dubaï, où il avait eu trois balles de match. Avant d’aborder Indian Wells, le Parisien pointait au 9e rang mondial. L’arrêt du circuit pendant près de cinq mois a complètement rompu la dynamique du Français. Et la reprise, dans un circuit sous cloche et des stades vides, ne lui a pas permis de s’exprimer.

A l’instar de l’ensemble du tennis français, le leader a traîné son spleen pendant des mois. A Roland-Garros, cette année, pour la première fois de l’histoire, aucun représentant français n’était présent au troisième tour. Le mois dernier, à l’US Open, Monfils retrouvait de bonnes sensations. Mais sa très belle prestation au troisième tour face à Jannik Sinner, n’a pas suffi à sauver le bilan des Bleus. Dans l’année, aucun joueur ou joueuse tricolore n’a réussi à atteindre la deuxième semaine en Grand Chelem. Et ce pour la troisième fois seulement de l’ère Open.

12. ET INDIAN WELLS REVINT, FINALEMENT BIEN CHANGÉ

Mis à part le timing unique du BNP Paribas Open cette saison, le voyage dans le désert californien sera très différent cette année. Aucun des trois grands ne sera présent, pas plus que la numéro 1 mondiale Ashleigh Barty.

Certains des grands noms du tirage au sort féminin sont relativement nouveaux. Swiatek – classée n°48 mondiale juste avant la tenue de l’édition 2020 – est désormais n°4 mondiale ; Aryna Sabalenka, en dehors du top 10 en mars de l’année dernière, est la n°2 mondiale ; et Raducanu, désormais classée n°22 mondiale, était n°338 mondiale lorsqu’elle a disputé son premier match à Wimbledon il y a tout juste trois mois.

Et il y a aussi quelques noms à surveiller dans le tirage au sort masculin. L’adolescent Carlos Alcaraz, qui avait 16 ans début 2020, a remporté son premier titre senior en 2021 et a atteint les quarts de finale de l’US Open après avoir fait son entrée dans le top 100 qu’en mai dernier. Jannik Sinner – désormais numéro 14 mondial – n’aura pas non plus besoin d’attendre le retrait d’un joueur de rang supérieur cette fois-ci.

Certaines choses, cependant, restent les mêmes – avec Kim Clijsters prête une fois de plus à poursuivre son deuxième retour après retraite grâce à une invitation à Indian Wells.

Si tout va pour le mieux, Indian Wells retrouvera sa place habituelle dans le calendrier en 2022. Dans six mois, donc. Le tennis aura peut-être changé encore d’ici là.

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