Ce qu’il faut retenir des récentes interviews données par Federer

Récemment, Roger Federer a accordé plusieurs interviews dans la presse. Voici les informations à retenir de ses différentes prises de parole.

Roger Federer, à Doha en 2021 Roger Federer, à Doha en 2021 Imago / Panoramic

Lorsque Roger Federer prend la parole, le monde du tennis tend l’oreille. Depuis quelques jours, celle-ci n’a pas le temps de se détendre. Discret dans les médias après Wimbledon puis son annonce, via les réseaux sociaux mi-août, d’une troisième opération du genou droit synonyme de fin de saison, le Suisse a été bien plus babillard ces derniers temps. Promotion de la Laver Cup oblige, il a profité d’une série d’interviews pour donner de ses nouvelles.


J’ai quand même atteint les quarts de finale à Wimbledon, certains n’ont jamais obtenu ce résultat

Si, ce dimanche, il s’était dit “très déçu de la façon dont les choses se sont passées à Wimbledon, très loin du top niveau auquel [il] aspirai[t]“, le Suisse s’est toutefois montré capable d’apprécier ce résultat à sa juste valeur. “J’ai quand même atteint les quarts de finale”, s’est-il réjoui lors d’un entretien publié par GQ ce lundi. “Vous ne pouvez jamais prendre ce genre de chose pour acquis, certains autres gars n’ont jamais obtenu ce résultat. J’ai joué tellement de quarts qu’il faut prendre un peu de recul pour voir qu’en fait c’était un très bon tournoi pour moi. Je suis déjà très heureux d’avoir pu jouer. Mes 18 mois précédents avec les deux opérations avaient été vraiment difficiles.”

En début de semaine dernière, pour Eurosport, le Bâlois disait se sentir “vraiment bien” avec “le pire derrière lui” grâce à une “rééducation se déroulant sans accroc”, et “excité par ce qui arrive” sans avancer de date pour son retour. À 40 bougies, son futur espéré sur les courts est perçu comme une cerise sur le gâteau. “Nous (sa famille et lui) avons une vie merveilleuse, je ne peux pas me plaindre”, a-t-il ajouté pour GQ. “Sur le circuit, les saisons jouées ces dernières années, ce n’est que du bonus pour moi. J’ai aussi hâte de vivre les 40 prochaines années en pouvant accorder plus de temps à mes proches. C’est la seule chose qu’il m’a manqué par le passé.”

Je crois qu’un nouveau joueur incroyable finira par battre le record de titres du Grand Chelem

Questionné sur le record de 20 titres du Grand Chelem en simple détenu par Rafael Nadal, Novak Djokovic et lui-même chez les hommes, Federer a remis cette performance en perspective par rapport à l’évolution du tennis. “Chacun de nous trois aimerait évidemment en gagner encore plus, mais je suis dans un état d’esprit différent de Rafa et Novak pour le moment”, a-t-il d’abord précisé, toujours pour GQ. “Le chemin a été long et difficile (depuis la fin de l’Open d’Australie 2020 et ses opérations).”

“Sans vouloir enlever aucun mérite à Rafa, Novak ou moi-même, je pense qu’il est plus facile de dominer sur les différentes surfaces désormais”, a-t-il poursuivi. “Avant, on avait des spécialistes du dur, de la terre battue, du gazon et peu de joueurs capables d’exceller sur tous les revêtements. Bien sûr, Björn Borg l’a fait (avec 6 titres Roland-Garros et 5 à Wimbledon), mais les choses étaient différentes. Les joueurs ne chassaient pas un tournoi du Grand Chelem après l’autre (l’Open d’Australie était moins important), un record après l’autre, comme c’est le cas désormais.”

“De nos jours, une telle stratégie fait beaucoup plus partie de nos plans de carrières”, a-t-il continué. “Donc, oui, je crois qu’un nouveau joueur incroyable finira, un jour, par battre le record de titres du Grand Chelem.” Interrogé ensuite sur le coup le plus important de sa carrière, l’Helvète a lié celui-ci à sa propre performance en Majeur.

Djokovic, Nadal, Federer

Le coup le plus important de ma vie ? Le coup droit contre Tommy Haas à Roland-Garros (en 2009)

“Question difficile… Mais je dirais mon coup droit contre Tommy Haas à Roland-Garros (huitième de finale 2009)”, a répondu Federer. “C’était une balle de break (pour l’Allemand à 7-6, 7-5, 4-3 en faveur de celui-ci). Je m’étais dit : ‘OK Roger, lâche enfin un bon coup droit, s’il te plaît, allez !’ J’ai fini par gagner ce match (6-7, 5-7, 6-4, 6-0, 6-2) et le tournoi. A chaque que je vois Tommy, on en parle. Je sais que si j’avais raté mon coup, si la balle n’avait pas pris la ligne, j’aurais probablement perdu. C’est sûr.”

“Cette rencontre avait quelque chose de très important à ce moment-là”, a rappelé Federer. Alors en quête de son seul titre porte d’Auteuil pour boucler le Grand Chelem en carrière, il était attendu par tous suite à l’élimination de Rafael Nadal face à Robin Söderling. “C’est (battre Tommy Haas puis gagner Roland-Garros ensuite) ce qui m’a permis d’égaler le record de Pete Sampras (de 14 titres du Grand Chelem à cette époque). J’ai donc passé un été merveilleux (avec le titre à Wimbledon dans la foulée).”

Je ne peux même pas imaginer comment j’aurais vécu mon début de carrière avec les réseaux sociaux

Lancé sur le circuit à la fin des années 1990, Federer a vécu de l’intérieur l’évolution des médias et la naissance des réseaux sociaux. “Je pense qu’il y a beaucoup plus de pression désormais”, a-t-il analysé. “Ça fait mal quand vous voyez que certains ne vont pas bien (à l’instar de Naomi Osaka). Le stress est tellement énorme. Je crois aussi que les conférences de presse doivent être reconsidérées. Je pense être l’un des sportifs qui en a fait le plus dans toute l’histoire, et je suis d’accord (avec Naomi Osaka) : c’est toujours pareil. Joueurs, tournois, journalistes, nous avons besoin de nous réunir et discuter d’une façon d’améliorer les choses.”

“Je pense qu’il faut davantage aider la jeune génération”, a-t-il ajouté. “Je ne peux même pas imaginer comment j’aurais vécu mon début de carrière avec les réseaux sociaux. Je ne sais pas du tout comment j’aurais pu gérer ça. Pour dix commentaires agréables, il y en a toujours un négatif. Et bien sûr c’est sur celui-ci que vous vous focalisez. C’est une situation horrible. Même quand je ne me sens pas au mieux, je sais que j’ai besoin de me comporter d’une certaine façon face au monde de la presse. Il ne faut pas oublier que les joueurs professionnels sont aussi des êtres humains.”

Chaque sportif le sent quand il est temps de s’arrêter

Et comme chaque être humain, le quarantenaire le sait, il n’est pas éternel. La fin de carrière est à l’horizon, encore un peu floue. “Chaque sportif le sent quand il est temps de s’arrêter”, a-t-il confié. “Je ne serai pas celui qui veut rester sur le circuit juste pour être là. J’aurai toujours envie de jouer des exhibitions, m’amuser, aller dans des endroits où je ne suis jamais allé. Les fans ont beaucoup d’importance à mes yeux, mais je ne veux pas pousser mon corps trop loin. Je veux pouvoir être capable de courir avec mes enfants, faire du ski etc.” En attendant que Roger Federer “sente le moment”, ses fans peuvent dormir, encore un peu, sur leurs deux oreilles.

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