Tsitsipas, le choc d’une défaite imprévisible contre Safiullin

La défaite de Stefanos Tsitsipas face à Roman Safiullin en quart de finale à Marseille (6-4, 6-4), prive le tournoi phocéen d’une demi-finale contre Félix Auger-Aliassime. 

Stefanos Tsitsipas, 2022 © AI / Reuters / Panoramic

C’était l’affiche dont rêvait le directeur Jean-François Caujolle et le public marseillais. Stefanos Tsitsipas, tête de série numéro 1, contre Félix Auger-Aliassime, tête de série numéro 3, en demi-finale. Mais la revanche de la finale de Rotterdam n’aura pas lieu. L’ATP 250 va aligner deux demi-finalistes-surprises, samedi :
Benjamin Bonzi dans le bas du tableau (contre le numéro 7 mondial Andrey Rublev) ;
• Et Roman Safiullin, 163e mondial, qualifié.

Les deux hommes disputaient leur premier quart de finale sur le grand tour vendredi. Les voilà dans le dernier carré.

Si la qualification nette de Bonzi contre le 15e mondial Aslan Karatsev (6-1, 6-3) a donné un tonus inattendu au public marseillais, le vrai coup de tonnerre est venu de la victoire en deux sets de Safiullin contre Tsitsipas, 6-4, 6-4, en début de soirée. Pour le quatrième joueur mondial, cette défaite contre le 163e joueur à l’ATP a quelque chose de profondément choquant et rien ne la laissait présager.

Tsitsipas stoppé net

Le Grec avait réussi son début de saison – demi-finale à l’Open d’Australie, finale à Rotterdam – et le voilà stoppé net dans le remarquable élan qui avait suivi son opération au coude droit en novembre dernier.

Ce revers fait écho à sa défaite d’il y a un an, déjà à Marseille, contre Pierre-Hugues Herbert, alors 93e mondial et futur finaliste. Mais sur le papier, elle est beaucoup plus frappante car Tsitsipas n’avait pas perdu contre un joueur classé au-delà de la centième place mondiale depuis ses années de formation, avant sa victoire au Masters Next Gen.

Il faut remonter à septembre 2018 à Metz (Berankis) pour trouver trace d’une défaite contre le 103e mondial, et son précédent revers face à un joueur du niveau de Safiullin remonte à une période où il jouait essentiellement des Challengers. C’était en mars 2018 en Guadeloupe contre un Cristian Garin alors classé au-delà de la 200e place.

13 balles de break contre Tsitsipas

Sur le terrain, le scénario a lui aussi abasourdi. Au lendemain d’un match solide face à Hugo Gaston (6-3, 7-6), porté par une première balle exceptionnelle, Tsitsipas a failli sur tous les plans.

Safiullin a commencé par se jouer de ce service hier si propre, rapide et violent. « J’ai été surpris par le niveau de ses retour sur ma première balle », a reconnu Tsitsipas, qui a dû faire face à 13 balles de break (11 sauvées) et n’a jamais vraiment résolu l’équation posée.

J’aurais dû faire les choses différemment sur mes jeux de service, en étant plus agressif

Stefanos Tsitsipas

Le Grec a aussi beaucoup souffert en retour, avec une seule balle de break, annulée par Safiullin, vainqueur de 89% des points derrière son engagement. « Ce n’est pas le plus gros serveur du circuit, mais c’est vrai qu’il place très bien ses balles », constate Tsitsipas. Au filet, il fut le plus souvent maladroit. Au fond du court, sans impact sur son adversaire. 

« J’ai mal réfléchi au début du match, a regretté Tsitsipas après coup. J’aurais dû faire les choses différemment sur mes jeux de service, en étant plus agressif et en entrant davantage sur le court. Cela aurait été un autre match. Je n’ai pas été assez puissant, pas assez précis, plus faible que d’habitude, peut-être parce que j’ai dû partager le court à l’échauffement et que je n’avais pas joué croisé aujourd’hui. »

Safiullin avait frôlé l’exploit contre Shapovalov

Tsitsipas était supervisé jeudi par son nouveau consultant technique Thomas Enqvist, et pas par un duo composé du Suédois et de son père Aposotlos, qui reste officiellement son entraineur mais ne l’aura que peu entouré depuis la demi-finale de l’Open d’Australie au cours de laquelle Daniil Medvedev s’était emporté contre son présumé coaching.

Jusqu’où peut aller Safiullin ? A 24 ans, le vainqueur de l’Open d’Australie juniors 2015 commence à peine à toucher du doigt le niveau que lui promettaient ses résultats d’alors, quand il était le deuxième meilleur du monde dans sa catégorie. Diminué par une blessures à l’épaule tenace, il a commencé 2022 par deux succès en simple contre Arthur Rinderknech et James Duckworth à l’ATP Cup, avant de revenir à la routine des défaites précoces.

S’il joue en demi-finale comme il a joué contre Stefanos, ce sera très difficile pour moi.

Félix Auger-Aliassime

«  Il avait aussi beaucoup inquiété mon ami Denis Shapovalov en demi-finale », s’est souvenu Félix Auger-Aliassime, ce que le score confirme : 6-4, 5-7, 6-4.

« S’il joue en demi-finale comme il a joué contre Stefanos, ce sera très difficile pour moi, a commenté Félix Auger-Aliassime dans la foulée de sa victoire contre Ilya Ivashka, tête de série n°5 (6-3, 6-4). Il a une qualité de frappe que peu de joueurs possèdent. Il sert bien. Il peut me bousculer en une seule frappe. C’est un joueur qui connaîtra de bons moments très bientôt. » Sa victoire contre Tsitsipas est de très loin le plus grand qu’il a connu.

Le Grec, lui, fera le voyage à Acapulco où il devra défendre les points de sa douloureuse finale de 2021 face à Daniil Medvedev, Alexander Zverev et Rafael Nadal.

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