Bonzi, Griekspoor, Brooksby… Ils ont brillé sur le circuit Challenger en 2021, surveillez les sur l’ATP Tour en 2022

La saison 2021 s’est achevée en Challenger. Une année historique où Tallon Griekspoor a battu le record de titres sur une saison. Une année où, malgré le gel du classement ATP pendant plusieurs mois, plusieurs jeu ont réussi à être très performants sur le circuit secondaire. Dans cette liste, certains sont appelés à jouer les premiers rôles bientôt, d’autres pourraient s’installer dans le top 100.

Tallon Griekspoor & Benjamin Bonzi, Challenger Tour 2021 © Panoramic

Une saison record. Jamais aucun joueur n’avait remporté plus de six Challengers lors d’une même année. Il y a eu Younès Al Aynaoui en 1998, Juan Ignacio Chela en 2001, Facundo Bagnis en 2016. Benjamin Bonzi, qui a fait partie de nos révélations en 2020, était bien parti pour s’emparer seul de ce record en septembre, après avoir conquis quatre Challengers consécutifs. Mais le Nîmois invincible a failli et son total s’est arrêté à six, comme les trois autres. Et il a été doublé par un Néerlandais de 25 ans inconnu du grand public : Tallon Griekspoor, vainqueur de huit titres.

Cette saison, le tennis argentin a continué de se densifier, la République tchèque et la Slovaquie ont peut-être trouvé de quoi se réinstaller, à moyen terme, dans le top 50, Federer et Wawrinka ont peut-être trouvé un compatriote capable d’être titré sur le circuit ATP. Et Brooksby et Rune ont déjà pris date. Voici onze joueurs qui se sont révélés cette saison en Challenger et qu’il faudra avoir à l’œil sur le circuit ATP en 2022.

Tallon Griekspoor, divine surprise

  • 25 ans, Pays-Bas
  • Classement fin 2020 : 153
  • Classement fin 2021 : 65
  • Nombre de titres en Challenger en 2021 : 8
  • Bilan en Challenger en 2021 : 42 victoires, 7 défaites

Sa victoire contre Stan Wawrinka à Rotterdam en 2018 était prometteuse. Ses succès contre Carlos Alcaraz et Marcos Giron et sa défaite très serrée contre Ugo Humbert à Montpellier en 2021, aussi. Ça n’a pas manqué. Le Néerlandais est devenu le joueur le plus titré en Challenger sur une saison avec 8 trophées remportés : Prague (mai), Bratislava (juin), Amersfoort (juillet), Murcie (septembre), Naples et Naples 2 (octobre), Tenerife et Bratislava (novembre).

Une chiffre illustre cette fin de saison en boulet de canon : depuis sa défaite contre Djokovic au deuxième tour de l’US Open – il a ouvert son compteur en Grand Chelem contre Struff – vendredi 3 septembre, le Néerlandais est imbattable. Cinq titres en Challenger, 26 victoires, série en cours. Doté d’un bon service et d’un jeu solide, performant sur terre (6 titres) comme sur dur (2 titres), Griekspoor a les armes pour s’installer dans le top 50.

Benjamin Bonzi, la confirmation en Challenger

  • 25 ans, France
  • Classement fin 2020 : 165
  • Classement fin 2021 : 64
  • Titres en Challenger en 2021 : 6
  • Bilan en Challenger en 2021 : 50-13

Depuis le début de sa collaboration fin 2019 avec Lionel Zimbler, ancien coach de Cyril Saulnier et Benoît Paire, Benjamin Bonzi est un autre joueur. Proche de la 400e place à ce moment, le Nîmois est désormais 64e. “Son état d’esprit n’était pas bon. Il se réfugiait trois mètres derrière sa ligne et se contentait de taper des balles”, raconte Zimbler sur ce qu’il a vu de son poulain deux ans plus tôt. Bien plus offensif, bien plus en confiance, bien plus solide au service, Bonzi a explosé en 2021 : six titres, dont l’enchaînement Saint-Tropez – Cassis – Rennes.

Il est également parvenu à arracher un troisième match gagné en Grand Chelem à Wimbledon. Mais Bonzi a peu joué sur le circuit principal (2 victoires, 5 défaites), ce qui l’a sans doute mis hors jeu pour une sélection en équipe de France de Coupe Davis. Il y remédiera en 2022 : quelques bonnes performances sur le circuit ATP ou en Grand Chelem pourraient lui permettre de rapidement continuer de grimper.

Jenson Brooksby, l’atypique Américain

  • 21 ans, Etats-Unis
  • Classement fin 2020 : 307
  • Classement fin 2021 : 56
  • Titres en Challenger en 2021 : 3
  • Bilan en Challenger en 2021 : 23 victoires, 3 défaites

Jenson Brooksby est déjà un joueur bien installé dans le top 100, finaliste à Newport et double demi-finaliste cette saison, à Washington et Anvers. Le natif de Sacramento a déjà connu la deuxième semaine en Grand Chelem, où il a pris une manche à Djokovic. A déjà battu des joueurs comme Berdych, qu’il a mis à la retraite en 2019, Auger-Aliassime, Karatsev, Tiafoe, Opelka.

Mais l’Américain a bien démarré la saison hors du top 300. Il s’est illustré dès février avec un titre à Potchefstroom et une finale en mars à Cleveland. Puis Brooksby s’est envoyé Orlando et Tallahassee en avril. Et a progressivement quitté le circuit secondaire pour briller plus haut. Il est même été élu révélation de l’année sur le circuit ATP.

Sa technique peu académique, avec notamment ses chips et volée à deux mains, fascine. Sa science tactique, également. “Jenson Brooksby est le genre de joueur que j’adore regarder, avait déclaré Andy Murray à son propos sur Twitter. Plein de variété, un haut QI tennistique, énorme en défense… Son slice et sa volée de revers sont presque identiques à ceux de Florian Mayer”. Si son corps le laisse tranquille – il a dû zapper toute la saison 2020 ainsi que le Rolex Paris Masters puis le Masters Next Gen en 2021 – il pourrait rapidement être aux avant-postes.

Sebastian Baez, le petit Argentin

  • 20 ans, Argentine
  • Classement fin 2020 : 309
  • Classement fin 2021 : 99
  • Titres en Challenger en 2021 : 3
  • Bilan en Challenger en 2021 : 44 victoires, 7 défaites

Le tennis argentin se porte bien, merci. Derrière le leader Diego Schwartzman, toujours dans le top 20, et quatre top 100 qui approchent ou ont eu 30 ans, quatre autres ont moins de 23 ans. Sebastian Baez en est l’un d’entre eux. Premier tournoi de la saison, premier à titre à Concepción en février.

Il a enchaîné ensuite, tant en Amérique du Sud qu’en Europe. Trois titres et trois finales en Challenger qui lui ont ouvert les portes du Masters Next Gen, où il a prouvé qu’il pouvait s’exprimer ailleurs que sur terre battue. L’Argentin de poche (1,70 m) a battu Lorenzi Musetti puis Hugo Gaston pour se frayer un chemin en demi-finales. A plus long terme, parviendra t-il à être dangereux sur dur ? Premières réponses en Australie.

Juan Manuel Cerundolo, le terrien de Buenos Aires

  • 20 ans, Argentine
  • Classement fin 2020 : 341
  • Classement fin 2021 : 90
  • Titres en Challenger en 2021 : 3
  • Bilan en Challenger en 2021 : 39 victoires, 17 défaites

Il mène la meute des quatre jeunes Argentins. Juan Manuel Cerundolo a explosé dès son premier tournoi de l’année : issu des qualifications, il est parvenu à remporter à la surprise générale l’ATP 250 de Cordoba grâce à son succès contre son deuxième top 50, Albert Ramos-Vinolas. Le frêle gaucher est passé du 335e rang au 181e.

Il restait du chemin pour franchir le mur des 100. Direction le circuit Challenger. Trois titres dont un enchaînement Como – Banja Luka en septembre et deux finales lui ont permis de dépasser son frère aîné Francisco (actuel 127e mondial), de rejoindre le top 100 et de s’inviter, comme Baez, à la table du Masters Next Gen.

Son manque de puissance pourrait le freiner sur une autre surface que la terre battue. Mais a-t-il envie de quitter la terre ? En 2021, il n’a disputé que quatre rencontres ailleurs : un match à Wimbledon en qualifs et trois au Masters Next Gen. Quatre défaites.

Holger Rune, la pépite danoise

  • 18 ans, Danemark
  • Classement fin 2020 : 473
  • Classement fin 2021 : 104
  • Titres en Challenger en 2021 : 4
  • Bilan en Challenger en 2021 : 39 victoires, 11 défaites

Le plus jeune de cette liste. Sans la pandémie et le gel du classement ATP, Holger Rune serait sans doute un membre du top 100. Il y sera dans quelques semaines. Derrière Carlos Alcaraz, le Danois est le meilleur 2003. Et de loin. Logique, vu sa saison 2021 débutée au 473e rang.

Après un titre et deux finales en Futures, il est monté sur le circuit Challenger avec brio : quatre titres (Biella 7 en juin, Saint-Marin et Verona en août et Bergame en novembre). Des prouesses sur le circuit secondaire, bonifiées par un premier quart en ATP 250 à Buenos Aires.

Cette performance, il l’a rééditée en septembre à Metz avec un deuxième top 30 battu, Lorenzo Sonego – après Benoît Paire en Argentine. Deux semaines avant, il avait réussi à prendre un set à Djokovic à l’US Open. Prometteur. Son jeu très complet et sa capacité à bien jouer sur toutes les surfaces devrait le faire décoller en 2022.

Alex Molcan, le futur Klizan ?

  • 24 ans, Slovaquie
  • Classement fin 2020 : 312
  • Classement fin 2021 : 88
  • Titres en Challenger en 2021 : 2
  • Bilan en Challenger en 2021 : 35 victoires, 13 défaites

Martin Klizan parti à la retraite, Gombos, Martin et Lacko vieillissants, le tennis slovaque a-t-il trouvé sa tête de gondole pour ces prochaines années ? Alex Molcan s’est fait un nom en mai dernier lorsqu’il a atteint la finale de l’ATP 250 de Belgrade 2 (battu par Novak Djokovic) en étant issu des qualifications.

Trois mois plus tard, il était au troisième tour de l’US Open. Il était là en qualifs. Si ces deux très bons résultats l’ont rapproché des 100, Molcan a également eu besoin du circuit secondaire : deux Challengers remportés à Liberec (août) et Helsinki (novembre), une finale à Prostejov. Avec quatre top 100 dans sa besace, le Slovaque sera à surveiller en 2022.

Jiri Lehecka, le surprenant Tchèque

  • 20 ans, République tchèque
  • Classement fin 2020 : 351
  • Classement fin 2021 : 141
  • Titres en Challenger en 2021 : 2
  • Bilan en Challenger en 2021 : 33 victoires, 18 défaites

Pierre-Hugues Herbert et Nicolas Mahut l’ont sans doute découvert le 25 novembre à Innsbruck. Avec Tomas Machac, également auteur d’une belle saison, Jiri Lehecka a chahuté la paire française par un service solide et des retours tranchants. Les Bleus ont finalement renversé les Tchèques en Coupe Davis. Une compétition où Lehecka a pris un set à Cameron Norrie, 12e mondial.

Ce fut la conclusion d’une belle saison démarrée en dehors du top 300. Deux titres à Tampere (juillet) et Bucarest (septembre), deux finales à Poznan (juillet) et à Pau (novembre) : Lehecka, encore 278e en juin, a passé la vitesse supérieure lors de la deuxième partie de saison. Avec peu de points à défendre sur les six premiers mois de 2022, le Tchèque pourrait bien se rapprocher du top 100.

Flavio Cobolli, sur les traces de Musetti

  • 19 ans, Italie
  • Classement fin 2020 : 874
  • Classement fin 2021 : 203
  • Titres en Challenger en 2021 : 0
  • Bilan en Challenger en 2021 : 33 victoires, 21 défaites

Il est sans doute le moins connu de cette liste. Avec 21 défaites, sa saison est loin d’être parfaite. Mais la progression de Flavio Cobolli (671 places gagnées) est remarquable et mérite d’être soulignée. Ce terrien, né en 2002 comme Lorenzo Musetti, a logiquement débuté sa saison sur le circuit Future, qu’il a vite quitté. Son coup droit a mis a mal de nombreux adversaires. Deux finales en Challenger (Rome 2 en avril et Barletta en août), première victoire sur le circuit ATP à Parme en mai, sept succès contre des top 200 : Cobolli a signé une saison intéressante. Reste à savoir s’il la confirmera en 2022. Autre défi possible : être performant sur dur, où il n’est pas allé plus loin qu’en quarts de finale en Challenger.

Dominic Stricker, l’espoir de la Suisse

  • 19 ans, Suisse
  • Classement fin 2020 : 1168
  • Classement fin 2021 : 246
  • Titres en Challenger en 2021 : 1
  • Bilan en Challenger en 2021 : 14 victoires, 9 défaites

922. C’est le nombre de places gagnés par Dominic Stricker cette saison. Ce chiffre suffit pour louer la saison du gaucher blond de 19 ans, auteur d’un doublé chez les juniors à Roland-Garros en 2020. Dès mars, il a profité de l’invitation qu’on lui a accordée pour remporter le Challenger de Lugano – il est alors 874e. Deux mois plus tard, il se payait deux joueurs solides à Genève, un ATP 250 : Marin Cilic et Marton Fucsovics. Premier quart. Son premier top 20 ? Hubert Hurkacz à Stuttgart. Deuxième quart d’ATP 250.

Stricker a connu un passage à vide de juillet à septembre. Son quart à Biel (Suisse), encore à domicile, a été la seule éclaircie d’une fin de saison plutôt décevante. Dominic Stricker a un gros bras gauche, une belle volée et un gros potentiel, reste à voir s’il pourra s’exprimer ailleurs qu’en Suisse. Aussi, son corps devra le laisser tranquille. La saison 2022 peut être déterminante dans sa progression.

People in this post

Your comments

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *