Affaire Zverev : Ce qui a poussé Mary Carillo à ne pas commenter la Laver Cup

L’ancienne joueuse américaine devenue commentatrice, Mary Carillo, a fait parler d’elle la semaine dernière en renonçant à officier durant la Laver Cup, mal à l’aise avec les accusations de violences conjugales menées à l’encontre d’Alexander Zverev. Elle a longuement confié ses raisons au podcast Behind the Racket.

Mary_Carillo_2016 ©Diane Bondareff/AP/SIPA

Partir plutôt que se taire. C’est en substance ce qu’a choisi Mary Carillo, l’ancienne joueuse américaine devenue commentatrice télé réputée, qui a préféré ne pas officier durant la Laver Cup pour conserver sa liberté par rapport aux accusations de violences conjugales dont fait l’objet Alexander Zverev par son ancienne petite amie, la Russe Olga Sharypova.

Carillo, qui devait travailler pour Tennis Australia – organisatrice de l’événement aux côtés de l’agence Team 8 de Roger Federer – en tant que présentatrice et commentatrice de la quatrième édition de la Laver Cup, s’est dite mal à l’aise dans la manière de traiter – ou plus exactement de ne pas traiter – ces accusations portées à l’encontre de l’un des piliers de la Team Europe.

“Que les choses soient claires : personne ne m’a dit de ne pas parler de Zverev. J’ai pris cette décision de mon propre fait”, a expliqué l’ancienne gagnante du double mixte à Roland-Garros (en 1977), dans le podcast Behind The Racket animé par le joueur américain Noah Rubin et le commentateur Mike Cation.

“Mais après avoir discuté avec une personne haut placée de l’organisation, j’ai senti que nous n’étions pas forcément sur la même ligne par rapport à la manière de parler de cette affaire. A partir de là, j’ai compris que ça n’allait pas le faire, et j’ai préféré ne pas y aller.”

Alexander Zverev est sous le feu des projeteurs depuis que son ancienne petite amie, la Russe Olga Sharypova, elle-même une ancienne joueuse de tennis, a raconté son histoire à deux reprises au journaliste américain Ben Rothenberg (par ailleurs collaborateur de Tennis Majors) tout en indiquant ne pas souhaiter porter cette affaire devant la justice.

La Laver Cup 2019 citée comme lieu de certaines violences

“La plupart de ces faits ont eu lieu durant des tournois ATP, notamment durant la Laver Cup, en 2019, à Genève. A mon sens, il n’y a pas eu suffisamment d’investigations faites sur ce qui s’est passé”, s’insurge par ailleurs Mary Carillo, dont la réaction s’explique aussi par le parti pris. “Moi, je crois Ben Rothenberg qui a fait un travail incroyable et vérifié tous les faits. Je crois aussi Olga. Pourquoi dirait-elle tout cela si ce n’est pas vrai ?”

Dans cette affaire, il est bon toutefois de rappeler que la présomption d’innocence demeure de rigueur dans la mesure où Zverev n’a fait l’objet d’aucune décision judiciaire, Olga Sharypova n’ayant pas souhaité porter l’affaire devant les tribunaux.

A mon sens, il n’y a pas eu suffisamment d’investigations faites sur ce qui s’est passé.

Mary Carillo

Mais Mary Carillo, elle, souhaite plutôt porter le débat autour du rôle et du comportement que doivent avoir les commentateurs quand ils font face à ce type de cas. “Tennis Australia, c’est un peu le pays du ciel bleu. Il y a une ambiance très “corporate”. J’en avais moi-même fait les frais en 2019. J’avais fait un commentaire en apparence anodin sur Nick Kyrgios en disant que la Laver Cup lui allait très bien, à partir du moment où il n’avait pas forcément les moyens de gagner des Grands Chelems. On me l’avait reproché par la suite. Mais à un moment donné, est-ce qu’on peut aussi faire du journalisme ?”

Taboue ou pas, l’affaire Zverev a malgré tout rejailli durant la Laver Cup avec cet échange largement relayé entre Reilly Opelka et son capitaine John McEncore. Alors que ce dernier informait ses joueurs des propos de Zverev selon qui la Team Monde n’allait plus marquer le moindre point jusqu’à la fin du week-end, le géant américain avait répliqué du tac-au-tac : “Il a dit aussi qu’il était innocent.” “Effectivement” (“good point”) avait réagi McEnroe.

Comment Mary Carillo aurait-elle alors pu aborder le sujet ? C’est la question qu’elle dit avoir tenté de poser en amont avec les producteurs, sans obtenir de réponse satisfaisante à ses yeux. “Vu que les faits ont eu lieu sur des tournois, ce devrait être notre affaire à tous, mais au final, dans le milieu, personne n’en parle. Il y a des commentateurs qui sont contents d’être là, d’autres qui peuvent avoir peur de perdre leur job, ce que je comprends. Moi, j’ai 64 ans, j’ai fait ma vie, je suis grand-mère… Je ne veux pas faire partie de ce silence. Car se taire, d’une certaine manière, c’est se rendre complice de quelque chose.”

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