Federer, même en béquilles, reste la star de la Laver Cup

Roger Federer a effectué le voyage à Boston pour assister à la Laver Cup, et surtout la promouvoir. Même en son absence, la compétition reste étroitement associée à son image. C’est une fragilité.

Roger Federer, Laver Cup Roger Federer by Denis Balibouse (© AI / Reuters / Panoramic)

Quel que soit le résultat de la Laver Cup 2021, dans la nuit de dimanche à lundi, Roger Federer devrait être quelque part sur la photo. Soit en qualité de co-fondateur de l’épreuve, soit en qualité de triple tenant du titre, et à ce titre membre de droit de la « Team Europe », qui a remporté les trois premières éditions en 2017, 2018 et 2019.

Federer, invaincu en simple dans la compétition, est tout cela à la fois. Et même en béquilles, même en tribunes pour cause d’arrêt forcé depuis Wimbledon, il a été la grande attraction du premier tour de l’épreuve, dans laquelle l’Europe mène 3-1.

La surprise de Federer à Tsitsipas

S’il a commencé par livrer ses premières paroles publiques depuis l’annonce de sa troisième opération avec un sponsor de la Laver Cup cette semaine (on a appris qu’il jouerait l’épreuve en 2022 et se dit optimiste sur son retour), sa venue dans la Massachusetts était une surprise, conçue comme telle.

Federer lui-même a raconté l’anecdote d’un Stefanos Tsitsipas lui envoyant des textos en mode « we miss you » pendant qu’il prenait son avion. Les images des retrouvailles entre Federer et le joueur grec ont, depuis, été publiées sur les réseaux sociaux.

La présence de Federer au premier rang des tribunes a finalement été la principale image du premier jour de compétition. Repéré par la foule qui lui a réservé une standing-ovation, le Suisse a dû se résoudre à se lever, saluer, accepter la part de lumière aveuglante qui était inévitable pendant que Casper Ruud se débattait avec Reilly Opelka.

Le Norvégien n’a pas cherché à dé-solenniser l’image, au contraire : « (Quand Federer est arrivé), tout le monde est devenu fou, comme il le mérite. Le public aussi était dingue et ça aussi ça me donne la chair de poule. Même s’il ne joue pas, il a été et reste une figure marquante du monde du tennis. »

Pérenniser la Laver Cup

Federer, 63e joueur mondial à la Race en 2021 entre Brandon Nakashima et Alex Mocan, est surtout le visage de la Laver Cup aux yeux du monde. Il l’a co-fondée avec son agent Tony Godsick et son agence Team 8. Belle idée inspirée par la Ryder Cup de golf, hyper spectaculaire dès sa première édition avec ses doubles de folie et ses scènes de coaching entre membres du Big Three, la Laver Cup doit aujourd’hui réussir le pari de sa pérennité.

Sur le plan sportif, la domination écrasante de l’Europe finira par susciter une lassitude. Sur le plan du spectacle, la caisse de résonance de la Laver Cup dépend de ses têtes d’affiche, qui sont Daniil Medvedev, Stefanos Tsitsipas et Matteo Berrettini cette année, contre Roger Federer, Rafael Nadal et Novak Djokovic dans le passé.

Car Federer n’est pas venu pour se montrer. Il est venu défendre son produit, comme il l’a manifestement fait avant le tournoi avec ses propres sponsors, qui sont globalement aussi ceux de la compétition. Seule la cause de la Laver Cup pouvait justifier qu’il s’affiche publiquement avec ses béquilles post-opératoires, lui dont l’image parfaite est le pivot de ses multiples engagements.

Federer a par exemple répondu à l’invitation de la chaîne CNBC et son seul message a été de garantir qu’il inscrivait la Laver Cup dans le temps. “Le tennis a une histoire riche, a-t-il commenté. Rod Laver est pour moi cette légende qui a été capable de faire deux fois le Grand Chelem, qui a connu le passage de l’amateurisme au professionnalisme. C’est de là qu’idée est venue, chez Tony (Godsick) et moi, lors d’un séjour à Shanghaï, cette idée d’une compétition pour mettre en valeur l’héritage du tennis, en sélectionnant les meilleurs joueurs parmi les jeunes pour qu’ils apprennent d’autres légendes comme Borg et McEnroe (capitaines des deux équipes, ndlr).”

Une Laver Cup mixte ?

La question de la pérennité de la Laver Cup est un sujet que les experts de notre programme de débat Match Points ont abordé dans le dernier numéro du programme. Les idées de notre panel pour faire survivre la compétition après les départs de Federer et du Big Three : transformer Federer et Nadal en capitaines, susciter des matches entre eux quand il auront cinquante ans, ou – de façon plus réaliste – transformer l’épreuve en compétition mixte.

La perspective semble quelque peu incertaine, même si elle aurait de la gueule, venant de l’homme qui a cessé de rendre taboue l’idée d’une fusion de l’ATP et de la WTA, pourtant si éloignée des réalités du terrain. Sur le plan sportif, c’est probablement le principal levier pour rééquilibrer les forces.

Avec ou sans femmes, cela ne change rien aux besoins véritables de la jeune Laver Cup : se rapprocher du jour où Federer pourra rester en Suisse sans se montrer pour susciter, chez les fans du tennis, une excitation spontanée décorrélée de sa personne.

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