4 avril 1999 : le jour où Jim Courier a réalisé l’ultime exploit de sa carrière

Le 4 avril 1999, lors d’un match de Coupe Davis contre la Grande-Bretagne, l’ancien n°1 mondial Jim Courier, alors redescendu à la 54e place mondiale, réalise le dernier exploit de sa carrière.

Jim Courier, On this day 04.04.2021 Jim Courier, On this day 04.04.2021

Ce qu’il s’est passé ce jour-là : Courier a montré une dernière fois pourquoi il avait été numéro un mondial

Ce jour-là, le 4 avril 1999, lors d’un match de Coupe Davis contre la Grande-Bretagne, l’ancien n°1 mondial Jim Courier, alors redescendu à la 54e place mondiale, réalise le dernier exploit de sa carrière. L’Américain, qui avait déjà battu le 7e mondial Tim Henman en cinq sets lors du match d’ouverture (7-6, 2-6, 7-6, 6-7, 7-5), remporte une nouvelle victoire à l’arraché à l’occasion du  match décisif contre Greg Rusedski, 11e mondial (6-4, 6-7, 6-3, 1-6, 8-6).

Les acteurs : Jim Courier et Greg Rusedski

  • Jim Courier, sur le déclin

Né en 1970, Jim Courier est l’un des nombreux joueurs formés à l’académie de Nick Bollettieri dans les années 1980. Il développe un jeu atypique, avec des prises fermées et des préparations courtes semblables à celles d’un joueur de baseball, dont il porte d’ailleurs toujours la casquette. S’appuyant principalement sur son service et son coup droit de décalage, il est connu pour son ardeur au travail, son engagement et sa forme physique. Il est le dernier d’un « big four américain » qui fait forte impression sur le circuit : Andre Agassi est le premier à atteindre une demi-finale de Grand Chelem, à Roland-Garros, dès 1988 ; Michael Chang est le premier titré en Grand Chelem l’année suivante, lui aussi à Paris, rejoint par Pete Sampras qui s’impose à l’US Open en 1990. Courier, lui, remporte son premier titre en 1989, à Bâle en battant le numéro 3 mondial, Stefan Edberg, en finale (7-6, 3-6, 2-6, 6-0, 7-5). Bien que personne n’imagine alors Jim Courier en leader de cette génération, il se révèle à son tour en Grand Chelem en 1991, en s’imposant à Roland-Garros face à Andre Agassi (3-6, 6-4, 2-6, 6-1, 6-4). C’est le début de sa domination. Après une lourde défaite face à Stefan Edberg en finale de l’US Open 1991 (6-2, 6-4, 6-0), il prend sa revanche sur le Suédois en finale de l’Open d’Australie 1992, 6-3, 3-6, 6-4, 6-2), et il lui dérobe la première place dès le mois de février. Quelques mois plus tard, il confirme son emprise sur le circuit en battant Petr Korda pour conserver son titre à Roland-Garros (7-5, 6-2, 6-1), et il termine 1992 en tant que n°1 mondial. En 1993, il conserve son titre à l’Open d’Australie, ce qui restera son quatrième et dernier titre majeur. Au cours des mois suivants, Courier s’incline dans deux finales de Grand Chelem Grand Chelem : après avoir perdu contre Sergi Bruguera à l’issue d’une finale serrée à Roland-Garros (6-4, 2-6, 6-2, 3-6, 6-3), il est battu par Pete Sampras en finale de Wimbledon (7-6, 7-6, 3-6, 6-3). Bien qu’il vienne de devenir, à 22 ans, le plus jeune joueur de l’histoire du tennis à avoir atteint la finale de tous les tournois du Grand Chelem, c’est le début de son déclin. En 1994, malgré quelques bons résultats, dont une demi-finale à Roland-Garros (battu une nouvelle fois par Bruguera), sa motivation est au plus bas pendant l’été et il envisage de s’éloigner temporairement du circuit. Il est évincé du top 10 en 1996, et en avril 1999, il est tombé au 54ème rang mondial.

  • Greg Rusedski, solide 11e mondial

Greg Rusedski, né en 1973, est gaucher, et son jeu de service-volée s’appuie surtout sur son immense service. Il gagne son premier titre à Newport, sur gazon, en 1993, et son premier résultat marquant dans un tournoi du Grand Chelem est un huitième de finale atteint à Wimbledon en 1995, où il est battu par le futur vainqueur, Pete Sampras (6-4, 6-3, 7-5). Sa carrière atteint son apogée en 1997, lorsqu’il remporte un nouveau titre sur gazon à Nottingham, en battant Karol Kucera en finale (6-4, 7-5). Rusedski réalise ensuite les deux meilleurs résultats de sa vie en Grand Chelem, en atteignant les quarts de finale à Wimbledon (battu par Cédric Pioline, 6-4, 4-6, 6-4, 6-3), et surtout, la finale de l’US Open qu’il perd contre Patrick Rafter (6-3, 6-2, 4-6, 7-5). En 1998, il remporte le tournoi le plus important de sa carrière à Paris-Bercy, où il bat Pete Sampras en finale, pour la seule fois en dix confrontations (6-4, 7-6, 6-3). La même année, il réalise ce qui est, à l’époque, le service le plus rapide de l’histoire du tennis, à 239 km/h.   

Le lieu : Birmingham en configuration Coupe Davis

La rencontre du premier tour de la Coupe Davis entre la Grande-Bretagne et les États-Unis se déroule à Birmingham, à la National Indoor Arena, qui peut accueillir près de 10 000 spectateurs. Le capitaine britannique a choisi une surface rapide pour favoriser ses meilleurs joueurs, Tim Henman et Greg Rusedski.

L’histoire : Courier, comme au bon vieux temps

Lorsque les deux meilleurs joueurs américains, Pete Sampras et Andre Agassi, refusent tous deux de participer au premier tour de la Coupe Davis contre une équipe britannique menée par Tim Henman et Greg Rusedski, c’est un coup dur pour leur capitaine, Tom Gullikson. S’il peut encore compter sur la présence de deux joueurs de prestige, Jim Courier et Todd Martin, le premier n’est plus que 54e mondial et n’a pas atteint les huitièmes de finale d’un tournoi du Grand Chelem depuis plus de deux ans, et le second se remet seulement d’une blessure abdominale. 

Cependant, Gullikson conserve son sang-froid et, avant le début de la rencontre, il déclare :

“Nous nous attendons à bien jouer et je pense vraiment que nous pouvons gagner cette rencontre”. Courier lui-même écarte toute question concernant l’absence de Sampras et d’Agassi. ”C’est nous qui portons les couleurs américaines”, déclare-t-il. ”Les autres gars qui ne sont pas là n’existent pas cette semaine. Je les aime bien, mais nous ne pouvons pas leur donner envie de venir.”

Au premier jour de la rencontre, Courier, quatre fois titré en Grand Chelem, se montre digne de la confiance de son capitaine. Opposé au n°7 mondial, Tim Henman, sur une surface rapide qui ne convient pas vraiment à son jeu, il s’impose héroïquement en cinq sets (7-6, 2-6, 7-6, 6-7, 7-5). Son coéquipier, Todd Martin, réalise ensuite une performance exceptionnelle en battant Rusedski en trois petits sets (6-4, 6-4, 6-2) permettant aux États-Unis de mener 2-0. Cependant, les Britanniques remportent le double le samedi et, lors du quatrième match, Henman s’impose face à Martin (4-6, 7-5, 6-3, 7-6).

Tous les espoirs américains reposent désormais sur Courier, qui affronte Rusedski dans le match décisif. Par deux fois, le Britannique recolle après un avoir eu un set de retard, et lorsque Rusedski remporte le quatrième set, 6-1, il semble bien que la dynamique lui soit favorable. Mais Courier, que ses coéquipiers surnomment “The Rock”, a construit sa carrière sur sa combativité, et il démontre une fois de plus sa force mentale dans un cinquième set palpitant. Il ne se laisse distraire ni par la foule bruyante ni par les 31 aces assénés par son adversaire et il saisit la première occasion de breaker Rusedski à 7-6 pour finalement l’emporter (6-4, 6-7, 6-3, 1-6, 8-6).

”Je ne me souviens pas de la dernière fois où j’ai eu un tel sentiment de paix”, déclare-t-il, selon le New York Times. ”J’avais l’impression que les fans étaient l’océan qui essayait de me frapper avec des vagues, et je suis simplement resté calme. (…) C’est le genre de match qui donnera envie à beaucoup d’enfants d’aller jouer au tennis demain matin”.

Bien entendu, son adversaire est quant à lui extrêmement déçu.

“J’ai tout simplement laissé tomber l’équipe en ne gagnant pas au moins un match de simple”, dit-il, mais son capitaine, David Lloyd, n’est pas d’accord. “J’ai toujours su que ça se jouerait sur quelques points ici et là, mais personne n’a laissé tomber personne”, dit Lloyd. “Je pense vraiment que si Sampras et Agassi avaient joué, nous aurions gagné, car je ne pense pas que les Américains auraient eu le même esprit d’équipe”, ajoute-t-il. ”Pete et Andre ne sont pas des joueurs d’équipe.”

La postérité du moment : Un dernier exploit avant la retraite

Les États-Unis s’inclineront au tour suivant de la Coupe Davis 1999 face à l’Australie de Patrick Rafter.

Cette extraordinaire performance en Coupe Davis restera le dernier grand exploit de Courier. Un an plus tard, en mai 2000, incapable de jouer régulièrement à ce niveau, il décidera de mettre un terme à sa carrière.

Greg Rusedski ne franchira plus jamais les huitièmes de finale d’un tournoi du Grand Chelem. Restant un solide joueur du top 50, surtout sur surfaces rapides, il remportera le dernier de ses quinze titres à Newport, en 2005, en battant Vince Spadea en finale (7-6, 2-6, 6-4). 

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