10 janvier 1982 : Le jour où Connors et McEnroe ont failli en venir aux mains

Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 10 janvier 1982, Jimmy Connors et John McEnroe, connus pour se détester cordialement, ont fait éclater leur inimitié en public, en finale d’un simple tournoi exhibition.

On This Day, 01/10: John McEnroe & Jimmy Connors On This Day, 01/10: John McEnroe & Jimmy Connors

Ce qu’il s’est passé ce jour-là : Quand deux stars du tennis américain se chamaillent en public

Le 10 janvier 1982, en finale du Michelob Light Challenge, un tournoi d’exhibition organisé à Chicago, a lieu l’une des plus célèbres disputes entre Jimmy Connors et John McEnroe. Au cinquième set, Connors, irrité par le temps que prend McEnroe entre les points, franchit le filet pour venir dire deux mots à son adversaire. À l’issue d’un match en cinq sets de haut niveau, “Jimbo” s’impose (6-7, 7-5, 6-7, 7-5, 6-4).

 

Les personnages : Un Connors “sur le déclin” face à un McEnroe au top

  • Jimmy Connors, “Jimbo”

Jimmy Connors, né en 1952, est l’un des plus grands joueurs de son époque. Coaché depuis toujours par sa mère, Gloria, Connors est l’un des premiers joueurs à jouer à plat et en cadence depuis la ligne de fond de court. Sa manière de frapper la balle montante inspirera beaucoup les futures générations de joueurs. « Jimbo », passé pro en 1972 à 20 ans, devient numéro 1 mondial dès 1974. Cette année-là, il gagne trois des quatre tournois du Grand Chelem, et est interdit de participation à Roland-Garros, le quatrième tournoi, en raison d’une procédure judiciaire lancée contre l’ATP.

 

Il reste numéro un mondial pendant une durée record de 160 semaines consécutives, entre 1974 et 1977. Après avoir cédé son trône à Bjorn Borg le 23 août 1977, pour une semaine seulement (!), il le récupère pour 84 semaines supplémentaires, jusqu’au printemps 1979. Il a pour l’instant décroché cinq titres du Grand Chelem : l’Open d’Australie (1974), Wimbledon (1974) et l’US Open (1974, 1976, 1978). Depuis 1979, Connors n’obtient plus des résultats comparables à ceux de ses grandes années. Il n’a pas atteint une finale de Grand Chelem depuis l’US Open 1978, mais il est tout de même encore classé 3e mondial. Son jeune rival McEnroe a même déclaré de façon provocante qu’il aimerait bien savoir comment cela aurait été d’affronter Connors “à son apogée”.

  • John McEnroe, “Mac”

John McEnroe, né en 1959, est numéro 1 mondial depuis août 1981, après avoir gagné Wimbledon pour la première fois en triomphant de la légende suédoise Bjorn Borg (4-6, 7-6 7-6, 6-4). Le gaucher de New York a ébloui le monde du tennis dès ses premiers pas sur le circuit, en 1977, lorsqu’à l’âge de 17 ans, il s’était aligné à Wimbledon en tant qu’amateur pour s’extraire des qualifications et atteindre les demi-finales.

« Mac » est extrêmement talentueux. Son jeu est basé sur le toucher de balle et la précision, le tout agrémenté d’un service aussi original qu’efficace, souvent suivi au filet. En 1979, il est devenu le plus jeune vainqueur de l’histoire de l’US Open en battant en finale Vitas Gerulaitis (7-5, 6-3, 6-3). Il a également créé la surprise cette année-là en venant à bout de Borg (7-5, 4-6, 6-2, 7-6) en finale du World Championship Tennis. En 1980, il dispute le plus fameux match de sa carrière en finale de Wimbledon, s’inclinant en cinq sets contre Borg, après avoir gagné un incroyable tie-break au quatrième set (18-16).

En septembre, il est parvenu à défendre son titre à New York en venant à bout de Borg (7-6, 6-1, 6-7, 5-7, 6-4). En 1981, après son premier triomphe au All England Club, il s’est imposé l’US Open pour la troisième fois, dominant à nouveau Borg dans ce qui restera la dernière apparition du Suédois en Grand Chelem (4-6, 6-4, 6-2, 6-3).

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Les deux joueurs sont célèbres pour leur comportement, qui choque à l’époque le monde bien propre et policé du tennis. Ils sont parfois vulgaires – Connors montrant un doigt d’honneur à un juge de ligne ou mettant sa raquette entre ses jambes de manière évocatrice. Leurs querelles incessantes avec le corps arbitral dénotent dans un sport dit « de gentlemen ». S’ajoute quelque chose de personnel dans leur rivalité. Les deux joueurs ne s’apprécient guère, ils sont bien plus que de simples adversaires au tennis, allant jusqu’à s’invectiver sur le court, parfois violemment. Tout ceci contribue à faire un événement de chacune de leurs confrontations.

Le lieu : Une simple exhibition à Chicago

Ce choc entre Connors et McEnroe a lieu en finale du Michelob Light Challenge, un tournoi d’exhibition organisé à Chicago, où huit joueurs ont été invités.

L’histoire : “Du grand tennis, de la controverse, de la comédie et même la mort”

En finale du Michelob Light Challenge, Jimmy Connors affronte l’un de ses rivaux les plus acharnés, son compatriote John McEnroe. Les deux joueurs sont célèbres pour leur comportement imprévisible, et ils sont aussi connus pour se détester cordialement.

Pourtant, ce jour-là, le 10 janvier 1983, à Rosemont, Illinois (un quartier de Chicago), leur duel prend une tournure inattendue. Connors dira quelques semaines plus tard que dans ce match, “il y avait tout : du grand tennis, de la controverse, de la comédie et même la mort.”

Tout d’abord, le niveau de jeu est exceptionnel, et les spectateurs venus voir du beau tennis sont comblés. Connors s’impose en cinq sets, 6-7, 7-5, 6-7, 7-5, 6-4, réalisant une grande performance en passing face au meilleur serveur-volleyeur du monde. Toutefois, la finale du Michelob Challenge passera à la postérité pour d’autres raisons : le nombre d’incidents qui ont émaillé la rencontre. Connors et McEnroe reçoivent tous deux avertissements et points de pénalité, mais la tension atteint son comble au cinquième set, lorsque Jimbo, excédé par les manœuvres de McEnroe pour gagner du temps, mais aussi par des insultes qu’il pense avoir entendues, franchit le filet pour venir s’expliquer.

Si nul ne sait quelles sont les paroles échangées par les joueurs à cet instant, alors que Connors agite son index au visage de son adversaire, il est peu probable qu’il s’agisse de politesses. McEnroe le repousse. Les deux joueurs sont “à un cheveu d’en venir aux mains”, selon les mots de Connors, avant d’être séparés par des officiels.

“Je pense que nous avons des attitudes similaires, affirme Connors, se comparant à McEnroe, d’après le New York Times. Il est agressif. Je suis agressif. Nous défendons chacun nos droits, mais d’une façon différente. Si j’ai le sentiment d’être dans mon droit, je m’engage. Je veux un peu de respect, et non pas me défiler. Mais il y a certaines limites.”

La postérité du moment : Une revanche à New York

Quelques semaines plus tard, McEnroe prendra sa revanche sur Connors en finale de l’US Pro Indoors, à New York, 6-3, 6-3, 6-1. Connors s’imposera ensuite en finale de Wimbledon (3-6, 6-3, 6-7, 7-6, 6-4), remportant ainsi son premier titre du Grand Chelem depuis 1978, première étape vers la reconquête de la première place mondiale, couronnée de succès au mois de septembre.

John McEnroe remportera sept titres du Grand Chelem tout au long de sa carrière. En 1984, sa plus grande saison, il gagnera Wimbledon et l’US Open, manquant de peu le titre à Roland-Garros, battu en finale par Lendl après avoir mené deux manches à rien, à l’issue de l’un des matches les plus célèbres de l’histoire du tennis.

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