30 septembre 1988 : Le jour où Mecir a triomphé lors du grand retour du tennis aux JO

Miloslav Mecir a atteint l’apogée de sa carrière en remportant l’or olympique à Séoul, en 1988. Il s’agissait du premier tournoi de tennis présent au programme des JO depuis 1924.

Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis : Une première depuis 64 ans

Le 30 septembre 1988, Miloslav Mecir, représentant la Tchécoslovaquie, remporte la première épreuve olympique de tennis depuis 1924, venant à bout de l’Américain Tim Mayotte en finale du tournoi de Séoul (3-6, 6-2, 6-4, 6-2). Le dernier joueur à avoir décroché une médaille d’or au tennis était Vincent Richards, qui avait triomphé à Paris, 64 ans plus tôt. Cela restera le plus grand titre de la courte carrière de Mecir. Alors que la plupart des meilleurs joueurs avaient fait l’impasse sur les Jeux, le succès populaire du tennis olympique attirera progressivement les plus grandes stars lors des futures éditions.

Les acteurs : Miroslav Mecir et Tim Mayotte

  • Miloslav Mecir, « Le Chat »

Miloslav Mecir est né en Tchécoslovaquie en 1964. Il devient professionnel en 1982, et sa façon de jouer ne passe pas inaperçue très longtemps : ses coups imprévisibles, son toucher de balle exceptionnel et son agilité lui valent le surnom d’« Il Gattone », « Le Chat ». Mecir remporte son premier tournoi à Rotterdam en 1985, aux dépens de Jakob Hlasek (6-1, 6-2), et en 1986, il réalise sa première performance notable en Grand Chelem en se hissant en finale de l’US Open (battu par Ivan Lendl, 6-4, 6-2, 6-0). En 1987, il gagne le plus gros tournoi de sa carrière, le Lipton Championship, à Key Biscayne (battant cette fois Lendl, 7-5, 6-2, 7-5), avant d’atteindre les demi-finales de Roland-Garros où Lendl prend sa revanche (6-3, 6-3, 7-6). En 1988, en quarts de finale de Wimbledon, Mecir inflige à Mats Wilander sa seule défaite de l’année en Grand Chelem (6-3, 6-1, 6-3). Mais malgré une avance de deux manches à rien, il s’incline au tour suivant face à un autre Suédois, Stefan Edberg (4-6, 2-6, 6-4, 6-3, 6-4). En septembre, il pointe à la dixième place mondiale.

Tim Mayotte, redoutable serveur-volleyeur

L’Américain Tim Mayotte est né en 1960. Après avoir joué pour l’Université de Stanford et remporté le titre de champion universitaire en 1981, il se lance sur le circuit. Avec son jeu de service-volée, il parvient en demi-finale de Wimbledon dès 1982 (battu par John McEnroe, 6-3, 6-1, 6-2), ce qui restera son meilleur résultat en Grand Chelem, qu’il égale en 1983 en Australie, à nouveau sur gazon, battu cette fois par Ivan Lendl (6-1, 7-6, 6-3). Au cours des années suivantes, il est un solide joueur du Top 20, atteignant les quarts de finale de Wimbledon en 1983, 1986 et 1988. En novembre 1987, il s’impose à l’Open de Paris Bercy, aux dépens de Brad Gilbert (2-6, 6-3, 7-5, 6-7, 6-3), ce qui lui permet d’entrer dans le Top 10.

Le lieu : Le parc olympique de Séoul

Le Seoul Olympic Park Tennis Center est un complexe sportif situé à Séoul, en Corée du Sud, à l’intérieur du Parc Olympique. Les Jeux sont une nouveauté dans le monde du tennis professionnel, banni de l’olympisme depuis 1924. Le 11 mai 1987, le CIO a décidé d’inclure à nouveau le tennis à Séoul. Les enjeux dépassent le tennis : en acceptant tous les joueurs de tennis, le CIO reconnaît officiellement la fin de l’amateurisme.

L’histoire : Le jour de gloire pour Mecir

Lors de la première épreuve olympique de tennis depuis 1924, il manque la plupart des meilleurs joueurs du monde, notamment les deux premiers mondiaux, Mats Wilander et Ivan Lendl. En fait, seuls trois membres du Top 10 participent aux Jeux : Stefan Edberg (3e mondial), Tim Mayotte (9e) et Miloslav Mecir (10e).

Les trois premières têtes de série parviennent en demi-finale, où Mecir et Edberg s’affrontent, tandis que Mayotte joue contre la tête de série 5, Brad Gilbert, après que la tête de série 4, Henri Leconte, a subi une défaite précoce et controversée contre le 361e mondial, Kim Bong-soo.

Mayotte se débarrasse de Gilbert sans difficulté (6-4, 6-4, 6-3), mais Mecir doit batailler cinq manches pour venir à bout d’Edberg (3-6, 6-0, 1-6, 6-4, 6-2), prenant ainsi sa revanche après la douloureuse défaite subie face au Suédois en demi-finale de Wimbledon.

Lors de cette finale alléchante entre deux joueurs aux styles de jeu opposés, c’est Mayotte, le serveur-volleyeur, qui prend le meilleur départ. Il gagne le premier set (6-3), mais il se fait breaker dès le début du deuxième, et à partir de ce moment, Mecir prend les commandes. Très efficace sur sa première balle de service, empêchant ainsi l’Américain de se ruer au filet, il déplace son adversaire aux quatre coins du court, comme il sait si bien le faire.

« Il me faisait bouger tout le temps, dira plus tard Mayotte, cité par le New York Times. Il passait tellement de premières balles, avec une telle longueur, que je ne pouvais pas monter. »

« Le Chat » met Mayotte sous pression constante, et domine les trois manches suivantes (6-2, 6-4, 6-2). Sur la balle de match, l’Américain expédie une volée de revers dans le filet, permettant à Mecir d’exprimer sa joie en jetant sa raquette dans les airs avant de courir vers le filet.

« C’est une très bonne sensation, déclare Mecir. C’est difficile de dire ce que cela représente. J’ai joué tellement de tournois. C’est tout de même agréable d’entendre des gens m’encourager non seulement parce que je suis un bon joueur, mais aussi parce que je joue pour eux. »

Pour une fois, au tennis, le finaliste n’a pas l’air trop déçu :

« C’est étrange ici, parce que ce qui compte le plus, ce sont les médailles et pas seulement la victoire finale. Alors c’est une consolation de faire partie du groupe des médaillés. La cérémonie était fantastique, c’est une manière vraiment différente de faire les choses. »

La postérité du moment : Fin de carrière précoce pour Mecir

Après une dernière finale de Grand Chelem perdue contre Lendl à l’Open d’Australie 1989 (6-2, 6-2, 6-2), Mecir mettra un terme précoce à sa carrière en 1990, à seulement 26 ans, suite à une grave blessure au dos. Son style de jeu si fluide marquera la mémoire de bien des amateurs de tennis.

Tim Mayotte remportera le dernier des ses 12 titres en 1990, à Washington, en battant à nouveau Brad Gilbert en finale (3-6, 6-4, 7-5). Il prendra sa retraite en 1992.

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