31 mai 2012 : Le jour où “PHM” a battu Isner dans le match le plus long joué sans interruption à Roland-Garros

Le 31 mai 2021, Paul-Henri Mathieu s’impose face à John Isner au deuxième tour de Roland-Garros, à l’issue du plus long match jamais joué dans le tournoi sans interruption.

Les personnages : Paul-Henri Mathieu et John Isner

  • Paul-Henri Mathieu, de retour après une grave blessure au genou

En 2012, Paul-Henri Mathieu, 30 ans, est de retour sur le circuit après qu’une grave blessure au genou l’a éloigné du tennis pendant presque deux ans. Ayant commencé la saison sans aucun classement ATP, le Français est déjà 161e mondial. Il est encore loin de la 12ème place qu’il avait atteinte en 2008, mais ses puissants coups de fond de court reviennent petit à petit, avec notamment une belle victoire contre le 15e mondial, Feliciano Lopez, à Rotterdam (4-6, 7-6, 6-4). Connu pour avoir quitté la France à l’adolescence pour se perfectionner à l’académie de Nick Bollettieri, en Floride, Mathieu connaît un début de carrière profondément marqué par sa terrible défaite en cinq sets contre Mikhail Youzhny lors du match décisif de la finale de la Coupe Davis 2002, après avoir pourtant gagné les deux premières manches (3-6, 2-6, 6-3, 7-5, 6-4). Ayant remporté quatre titres au cours de sa carrière (le plus important à Moscou, en 2002, face à Sjeng Schalken en finale, 4-6, 6-2, 6-0), il n’a jamais atteint les quarts de finale d’un tournoi du Grand Chelem, mais en 2006, au troisième tour de Roland-Garros, il a livré un combat mémorable de quatre heures contre Rafael Nadal (battu 5-7, 6-4, 6-4, 6-4). Il a également la particularité d’être le dernier joueur à avoir battu Pete Sampras (à Long Island, en 2002) et Gustavo Kuerten (à Roland-Garros, en 2008).

PAUL-HENRI MATHIEU, Kooyong 2013, Zuma / Panoramic
  • John Isner, habitué des matchs marathons

L’Américain John Isner est déjà connu pour avoir disputé le plus long match de l’histoire du tennis, en 2010, lors d’un premier tour de Wimbledon légendaire contre Nicolas Mahut, qui a duré onze heures et cinq minutes, réparties sur trois jours. Le géant américain, né en 1985, passe professionnel en 2007, à l’âge de 22 ans, poussé par ses succès dans le tennis universitaire. Il atteint sa première finale en tant que wild-card à Washington, en 2007 (défaite contre Andy Roddick, 6-4, 7-6), alors qu’il est seulement 416e mondial. Il entre dans le top 100 deux ans plus tard, atteignant les huitièmes de finale de l’US Open 2009 (battu par Fernando Verdasco, 4-6, 6-4, 6-4, 6-4). Son arme principale est le service, si difficile à prendre qu’Isner est régulièrement impliqué dans des matchs marathons, malgré son style de jeu très agressif. En 2010, il remporte son premier titre à Auckland, sauvant une balle de match en finale avant de s’imposer face à Arnaud Clément (6-3, 5-7, 7-6), quelques mois avant de marquer l’histoire du tennis à Wimbledon. Bien que la terre battue ne soit pas sa surface de prédilection, il a montré que son service pouvait également y être dangereux : en 2011, il est le premier joueur à pousser Rafael Nadal à disputer un cinquième set à Roland-Garros (6-4, 6-7, 6-7, 6-2, 6-4), et en février 2012, c’est sur terre battue qu’il bat Roger Federer en personne lors du premier tour de la Coupe Davis (4-6, 6-3, 7-6, 6-2). En mai 2012, il est n° 11 mondial.

Le lieu : Roland-Garros

Le stade Roland-Garros, situé dans l’ouest parisien, à la lisière du bois de Boulogne, accueille les Internationaux de France depuis 1928. Cependant, les Championnats puis Internationaux de France, qui avaient lieu au Racing Club de France, existaient depuis 1891, et ce n’est que lorsque la France reçut les Etats-Unis à l’occasion du « Challenge Round » de la Coupe Davis, que Roland-Garros fut construit.

C’est le premier et désormais le seul Grand Chelem disputé sur terre battue, la surface la plus lente, ce qui en fait le tournoi le plus difficile sur le plan physique. Comme Roland-Garros abrite également le Centre National d’Entraînement, c’est l’occasion pour de nombreux joueurs français de jouer devant leurs familles et leurs amis.

L’histoire : Paul-Henri Mathieu et Isner ont fait vibrer le Chatrier pendant 5h et 41 minutes

Bien qu’aucun des deux joueurs ne fasse partie du top 10, le choc du deuxième tour entre le Français Paul-Henri Mathieu et l’Américain John Isner est programmé sur le Court Philippe-Chatrier, comme l’un des matchs les plus prometteurs de la journée du 31 mai 2012. Pourtant, cela ne signifie pas que le public français soit particulièrement friand du  terrible service  de l’Américain. Ce qui attire le public, c’est le retour et le courage de “Paulo”. En effet, le Français a subi une opération du genou au début de l’année 2011, sans aucune garantie de pouvoir rejouer un jour au plus haut niveau. Grâce à sa force de caractère et à son travail acharné, il est revenu sur le circuit au début de l’année 2012, et au printemps, il est déjà 161e mondial.

Il a reçu une wild-card pour accéder au tableau final de Roland-Garros, un tournoi où, bien qu’il n’ait jamais atteint les quarts de finale, il a disputé plusieurs grands matchs, notamment un huitième de finale à rebondissements contre Andre Agassi en 2002 (qu’il a perdu 4-6, 3-6, 6-3, 6-3, 6-3) et une confrontation brutale avec Rafael Nadal en 2006 (5-7, 6-4, 6-4, 6-4). Cette fois, il a commencé le tournoi en remontant un handicap de deux sets contre Bjorn Phau (2-6, 4-6, 6-4, 6-3, 6-0) pour atteindre le deuxième tour, où l’attend John Isner.

Affronter Isner n’a jamais été une partie de plaisir. Ce jour-là, le géant américain s’appuie sur ses points forts habituels pour dérouler son jeu d’attaque et mettre la pression sur son adversaire. L’homme qui a remporté le plus long match de l’histoire du tennis essaie d’assommer Mathieu avec 41 aces et 37 coups droits gagnants, mais le Français tient bon. Faisant preuve de grandes qualités défensives et d’une grande résilience, il surmonte la frustration de la perte du premier set (7-6) pour prendre les deuxième et le troisième set (6-4, 6-4), mais il est néanmoins poussé à disputer un cinquième set de tous les dangers. Dans ce set décisif, alors que la nuit commence à tomber sur Roland-Garros, menaçant de reporter le match au lendemain, les deux joueurs tiennent leur service pendant 33 jeux d’affilée, avant que Mathieu, qui a obtenu six balles de match sans pouvoir conclure, ne finisse par breaker l’Américain, après cinq heures et 41 minutes de jeu. 

« Je ne sais pas quoi dire, c’était un match fou, j’ai du mal à croire que j’ai gagné ce match”, déclare le Français à l’issue du match.« Je n’ai repris les tournois qu’en février, et encore à quelques semaines de Roland-Garros, je me disais que jouer sur terre, physiquement, ça allait être compliqué », se rappelle Mathieu, dans une interview accordée à la FFT en 2020. « Après avoir gagné le premier match en cinq sets, je me disais, c’est fou que j’ai pu jouer aussi longtemps, mais est-ce que je pourrai récupérer pour le match d’après ?’. D’une certaine façon, j’ai eu de la chance de jouer Isner, avec son gros service, il n’y allait pas avoir beaucoup d’échanges. »

La postérité du moment : Le dernier coup d’éclat de Paul-Henri Mathieu à Roland-Garros

Au tour suivant, mené deux sets à rien par Marcel Granollers, Paul-Henri Mathieu produira un dernier grand effort pour revenir au score, mais il sera à court d’énergie au cinquième set (6-4, 6-4, 1-6, 4-6, 6-1). Il terminera l’année 2012 au 59e rang mondial. Lors des années suivantes, cependant, il ne parviendra pas à réintégrer le top 50. Il fera sa dernière apparition à Roland-Garros en 2017, en tant que 120e mondial, mais cette fois-ci, il ne sera pas invité dans le tableau principal. Après s’être extrait des qualifications, il s’inclinera au premier tour face au 12e mondial, David Goffin (6-2, 6-2, 6-2).

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