15 mars 1996 : Le jour où Agassi et Sampras ont raté une opportunité de détrôner Muster

Andre Agassi et Pete Sampras, arrivés tous deux à Indian Wells avec l’ambition de reprendre la première place mondiale à Thomas Muster, la laissent filer en se faisant éliminer dès les quarts de finale, respectivement par Michael Chang et Paul Haarhuis.

Andre Agassi, On This Day Andre Agassi, On This Day

Ce qu’il s’est passé ce jour-là : Agassi et Sampras, occasion manquée

Le 15 mars 1996, à Indian Wells, Pete Sampras et Andre Agassi, qui pouvaient tous deux reprendre la place de numéro 1 mondial à Thomas Muster à condition d’atteindre le dernier carré, sont tous deux éliminés en quart de finale. Sampras est battu par Paul Haarhuis (7-5, 6-7, 6-1), tandis qu’Agassi perd contre Michael Chang (6-7, 6-2, 6-1), ce qui permet à l’Autrichien de rester numéro 1 pour une durée totale de six semaines.

Les personnages : Pete Sampras et Andre Agassi

Pete Sampras, né en 1971, domine le tennis des années 1990. Après un premier titre du Grand Chelem conquis à l’US Open 1990, où il devient le plus jeune vainqueur de l’histoire du tournoi, aux dépens de son éternel rival Andre Agassi, il devient numéro 1 mondial en avril 1993. Il termine les trois saisons suivantes (1993-1995) à cette place.

Son jeu de service-volée est particulièrement efficace sur le gazon de Wimbledon, où il décroche trois titres consécutifs entre 1993 et 1995, remportant 21 victoires de suite. Sampras remporte par ailleurs trois fois l’US Open (1990, 1993, 1995), et une fois l’Open d’Australie (1994). L’Américain s’impose aussi à deux reprises au Masters (1991, 1994), cumulant un total de 38 titres, dont sept Grands Chelems et six Masters 1000 au moment où débute cette édition 1996 d’Indian Wells. En lice, à l’époque, pour devenir le plus grand joueur de tous les temps, il conserve toutefois une faiblesse sur terre battue. A Roland-Garros, il n’a encore jamais dépassé les quarts de finale, atteints en 1992, 1993 et 1994.

Andre Agassi, le Kid de Las Vegas, est également une légende du tennis. Passé pro en 1986, il devient rapidement une immense star grâce à son talent, mais aussi à ses tenues vestimentaires originales, dont l’emblématique short en jean et le cycliste rose. Initié par son père puis élevé à l’académie de Nick Bollettieri, il dispose d’un excellent retour de service (le meilleur de son temps), et son jeu consiste à frapper la balle montante avec une force incroyable, ce qui est révolutionnaire à l’époque et inspirera des générations entières.

Après trois défaites en finale de Grand Chelem, une à l’US Open en 1990, deux à Roland-Garros (1990 et 1991), il remporte son premier tournoi du Grand Chelem à Wimbledon en 1992, en battant en finale le grand serveur Goran Ivanisevic (6-7, 6-4, 6-4, 1-6, 6-4). Il ajoute ensuite l’US Open 1994 à son palmarès, puis l’Open d’Australie 1995, où il bat son rival Pete Sampras en finale de Grand Chelem pour la seule et unique fois (4-6, 6-1, 7-6, 6-4). Il devient numéro 1 mondial peu après, le 10 avril 1995, pour une première période de 32 semaines.

Chang, un phenomène de précocité

Michael Chang est né en 1972. En 1987, à l’âge de 15 ans, il devient le plus jeune joueur à passer un tour à l’US Open (aux dépens de Paul McNamee). L’année suivante, en juin, à 16 ans et 3 mois, il devient le plus jeune joueur à avoir jamais fait partie du top 100, et il atteint pour la première fois les huitièmes de finale d’un Grand Chelem, à l’US Open, où il est battu par Agassi.

En 1989, âgé de 17 ans et 3 mois, Chang devient le plus jeune joueur de l’histoire à gagner un tournoi du Grand Chelem en dominant Stefan Edberg en finale de Roland-Garros après avoir été mené deux sets à un (6-1, 3-6, 4-6, 6-4, 6-2). En chemin vers la finale, il élimine le numéro 1 mondial Ivan Lendl à la surprise générale, en huitièmes de finale. Au cours de cette partie, Chang fait preuve d’une force mentale incroyable pour un adolescent, engageant une véritable bataille psychologique avec Lendl avec notamment son fameux service à la cuillère, qui deviendra presque aussi célèbre que la « Main de Dieu » de Maradona en football.

En 1990, Michael Chang a bien du mal à confirmer son nouveau statut. Malgré un quart de finale disputé à Roland-Garros (perdu contre Andre Agassi, 6-2 6-1 4-6 6-2), il est éjecté du Top 10 en avril, pour n’y revenir qu’en mars 1992. Il ne brille à nouveau en Grand Chelem qu’en 1995, atteignant les demi-finales de l’Open d’Australie (éliminé par Pete Sampras, 6-7, 6-3, 6-4, 6-4) et surtout la finale de Roland-Garros (battu par Thomas Muster, 7-5, 6-2, 6-4). Il commence 1996 en atteignant la finale de l’Open d’Australie (battu par Boris Becker, 6-2, 6-4, 2-6, 6-2).

Haarhuis, numéro 1 mondial en double, top 20 en simple

Né en 1966, le Néerlandais Paul Haarhuis est surtout connu pour ses excellents résultats en double : il a remporté trois tournois du Grand Chelem en partenariat avec son compatriote Jacco Eltingh, et a atteint la première place mondiale en 1994. C’est également un bon joueur de simple. Installé dans le top 100 depuis 1989, il a remporté son seul titre en 1995 à Jakarta en battant Radomir Vasek en finale, ce qui lui a permis d’atteindre son meilleur classement (18e mondial).

Le lieu : Indian Wells

L’histoire du tournoi de tennis d’Indian Wells commence en 1987, lorsque le tournoi de La Quinta, sous l’impulsion de Charlie Pasarell, est devenu si important qu’il a dû déménager dans des locaux plus grands (sans quitter la Californie), à l’Indian Wells Tennis Garden. Le tournoi était déjà prestigieux à La Quinta. Mais en s’installant à Indian Wells, il intègre le circuit du Grand Prix et la finale de sa première édition, connue sous le nom de Pilot Pen Classic, voit Boris Becker dominer son rival Stefan Edberg (6-4, 6-4, 7-5).

En 1993, le tournoi intègre la catégorie Super 9, qui deviendra plus tard Masters Series, puis Masters 1000. Au milieu des années 1990, il est un des tournois les plus importants en dehors des Grands Chelems.

L’histoire : Agassi renversé par Chang, Sampras dans un mauvais jour

Le 15 mars 1996, Pete Sampras et Andre Agassi ont tous deux l’occasion de récupérer la place de numéro 1 mondial, alors occupée par Thomas Muster, s’ils parviennent à se qualifier pour les demi-finales. Les deux Américains, malgré un Open d’Australie décevant, sont encore les deux principales stars du circuit. Leur rivalité était notamment au centre de l’attention tout au long de la saison 1995.

À Indian Wells, ils sont pour ainsi dire chez eux : Sampras est le double tenant du titre et en 1995, il avait justement battu Agassi en finale (7-5, 6-3, 7-5). En d’autres termes, avant le début des quarts de finale de 1996, il semble très improbable qu’aucun d’entre eux n’atteigne le dernier carré : le règne de Muster semble condamné.

La mission semble toutefois plus difficile pour Agassi qui doit affronter Michael Chang, lequel l’a éliminé en demi-finale de l’Open d’Australie quelques semaines auparavant (6-1, 6-4, 7-6). Bien qu’il ait pris sa revanche à San José (6-2, 5-7, 6-4), sa défaite inattendue contre Luke Jensen (419è mondial) à Memphis indique que le Kid de Las Vegas n’est probablement pas au mieux de sa forme. En effet, après avoir pris le premier set (7-6), il s’effondre et se fait balayer, 6-2, 6-1.

De son côté, Sampras réalise l’une de ses performances les plus décevantes depuis des années face à Paul Haarhuis. Si le service du Néerlandais est incontestablement efficace ce jour-là (11 aces), le double tenant du titre n’est que l’ombre de lui-même. Haarhuis le reconnaît lui-même :

“Je l’ai senti dans le premier set”, déclare-t-il, selon le Los Angeles Times. ” Il manquait des coups droits qu’il n’a pas l’habitude de rater.”

Sampras, qui avait remporté deux tournois consécutifs à San Jose et Memphis avant d’atterrir à Indian Wells, semble usé mentalement, comme le confirment ses commentaires lors de la conférence de presse.

“Malheureusement, il y a des jours comme aujourd’hui où vous vous réveillez et rien ne va. c’est la vie. (…) Je ne sais pas ce qui s’est passé. (…) Je n’ai jamais manqué autant de coups droits. Si tu ne joues pas bien, tu ne vas pas gagner, peu importe contre qui tu joues”.

L’issue inattendue de ces quarts de finale est une excellente nouvelle pour Thomas Muster, qui est désormais assuré de rester numéro 1 mondial pendant encore quelques semaines.

La postérité du moment : Une année 1996 en clair-obscur pour Sampras, le début de la descente aux enfers pour Agassi

En 1996, Pete Sampras traversera une période difficile, confronté à la mort de son entraîneur, Tim Gullikson, au mois de mai. Il obtiendra tout de même le meilleur résultat de sa carrière à Roland-Garros en atteignant les demi-finales. Mais à Wimbledon, il s’inclinera pour la première fois depuis 1992, éliminé par Richard Krajicek en quart de finale (7-5, 7-6, 6-4). Il sauvera sa saison en triomphant pour la quatrième fois à l’US Open et, après avoir remporté un troisième Masters, il terminera l’année à la première place mondiale pour la quatrième fois consécutive.

Quant à Agassi, qui atteindra tout de même la finale de Miami quelques semaines plus tard, 1996 tournera au désastre. Il terminera l’année, qu’il avait commencée à la 2e place mondiale, au 8ème rang, ne sauvant sa saison qu’en décrochant une médaille d’or aux Jeux Olympiques, à Atlanta. L’année 1997 se révélera encore pire, et le Kid de Las Vegas chutera au 141e rang ATP. Mais il renaîtra de ses cendres en 1999, triomphant à Roland-Garros et à l’US Open pour redevenir N.1 mondial.

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