12 septembre 2009 : le jour où Kim Clijsters est devenue la première joueuse à remporter l’US Open en tant que wild card

Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 12 septembre 2009 Kim Clijsters, 26 ans, de retour sur le circuit après une pause de deux ans, remportait l’US Open sans même avoir de classement WTA.

Kim_Clijsters_OTD_12_09 Kim Clijsters (BEL) et sa fille Jada Ellie après son titre à l’US Open en 2009 (Fotosports / Panoramic)

Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis

Ce jour-là, le 12 septembre 2009, Kim Clijsters, qui s’était temporairement éloignée du tennis en 2007 et n’avait participé qu’à deux tournois depuis son retour, domine Caroline Wozniacki en finale de l’US Open (7-5, 6-3) pour devenir la première femme à remporter un Grand Chelem après avoir été invitée dans le tableau principal. La Belge est également la première joueuse non tête de série de l’ère Open à soulever le trophée à Flushing Meadows, et elle est la première mère de famille à remporter un titre majeur depuis Evonne Goolagong à Wimbledon en 1980.

Les personnages : Kim Clijsters et Caroline Wozniacki

  • Kim Clijsters, la revenante

Kim Clijsters, née en 1983, est l’une des meilleures joueuses du monde depuis qu’elle a atteint la finale de Roland-Garros en 2001, où elle s’était inclinée face à Jennifer Capriati à l’issue de deux heure trente d’un match à couper le souffle (1-6, 6-4, 12-10). En 2002, elle remporte son premier titre majeur, le Masters, à Los Angeles, en dominant Serena Williams en finale (7-5, 6-3). Son style de jeu est principalement agressif, elle aime diriger le jeu dès les premiers coups de raquette, mais elle aussi connue pour sa couverture de terrain exceptionnelle, ramenant toutes les balles, glissant même sur dur avec ses célèbres grands écarts en bout de course.

Kim Clijsters, pendant l'US Open 2009

En 2003, au cours de sa meilleure saison, elle devient la première Belge à atteindre la place de numéro 1 mondiale. Elle participe à 21 tournois, atteint à chaque fois au moins les demi-finales (à une exception près), participe à 15 finales et soulève 9 trophées, affichant 90 victoires pour seulement 12 défaites. Seule ombre au tableau, elle ne parvient pas à remporter un tournoi du Grand Chelem : éliminée en demi-finales à l’Open d’Australie et à Wimbledon, elle s’incline contre sa compatriote Justine Henin en finale de Roland-Garros et de l’US Open. En 2005, après un été brillant, Clijsters remporte enfin son premier titre du Grand Chelem à l’US Open, en battant Mary Pierce en finale (6-3, 6-1). En gagnant par la même occasion les US Open Series, elle empoche un prix total de 2,2 millions de dollars (à l’époque, le plus gros prix jamais touché par une athlète féminine). À la stupéfaction générale, elle annonce sa retraite en mai 2007, pour fonder une famille. Cependant, deux ans plus tard, elle sort de sa retraite. Elle dispute son premier tournoi à Cincinnati grâce à une wild card, et en battant la numéro 6 mondiale, Svetlana Kuznetsova, pour atteindre les quarts de finale, elle annonce à ses concurrentes qu’elle est bel et bien de retour.

  • Caroline Wozniacki, l’étoile montante

Née en 1990, Caroline Wozniacki, joueuse danoise d’origine polonaise, fait ses débuts professionnels en 2005. Deux ans plus tard, elle fait son entrée dans le top 100, mais c’est en 2008 qu’elle perce réellement. Cette année-là, grâce à sa grande régularité et un jeu de jambes exceptionnel, elle remporte ses trois premiers titres WTA (le plus important à New Haven, où elle bat Ana Chakvetadze en finale, 3-6, 6-4, 6-1) et atteint les huitièmes de finale de l’US Open (défaite par Jelena Jankovic, 3-6, 6-2, 6-1). Grâce à ces résultats, elle termine l’année au 12e rang mondial, et elle poursuit sa progression en 2009, ajoutant trois autres titres à son palmarès et se hissant jusqu’à la 8e place du classement WTA.

Caroline Wozniacki pendant l'US Open 2009

Le lieu : l’US Open, à Flushing Meadows

L’US Open (appelé US National Championships avant 1968 et le début de l’ère Open) a été créé en 1881. Bien qu’il soit le seul Grand Chelem à avoir été disputé sans la moindre interruption depuis ses débuts, le tournoi a changé de site à plusieurs reprises au fil des ans. Les premières éditions se déroulent sur les courts en herbe du Casino de Newport, à Rhode Island, puis, en 1915, l’épreuve s’installe à New York, au West Side Tennis Club, dans le quartier de Forest Hills,  jusqu’en 1977 (avec une parenthèse de 1921 à 1923, où les joueurs s’affrontent à Philadelphie). De 1975 à 1977, le tournoi se dispute sur terre battue. En 1978, l’US Open quitte le West Side Tennis Club, désormais trop petit pour accueillir un événement d’une telle importance, pour l’USTA National Tennis Center, situé à Flushing Meadows, à New York. Par la même occasion, le tournoi se dispute à présent sur surface dure. Le Tennis Center est l’un des plus grands complexes de tennis au monde et son court central est le Stadium Arthur Ashe, d’une capacité de 23 000 places.

L’histoire : Kim Clijsters, l’invitée trouble-fête

Lorsque débute l’US Open 2009, Kim Clijsters n’a pas perdu à Flushing Meadows depuis… 2003, et sa défaite en finale contre sa rivale de toujours, Justine Henin. En effet, la Belge, qui avait fait l’impasse sur le tournoi en 2004, y avait remporté son premier titre du Grand Chelem en 2005. Blessée en 2006, elle s’était ensuite éloignée du circuit, manquant les éditions 2007 et 2008. Cependant, deux ans plus tard, après avoir donné naissance à son premier enfant, Clijsters a décidé de revenir sur le circuit. Ses premiers résultats ont été encourageants : lors de ses deux premiers tournois, elle a battu deux joueuses du top 10 (Svetlana Kuznetsova et Victoria Azarenka), et lorsque, grâce à une wild card, elle participe à  l’US Open sans classement WTA et donc sans être tête de série, peu de joueuses ont envie de se trouver dans sa partie de tableau.

La première tête de série à tomber sous les coups de Clijsters est la n°14, Marion Bartoli, au deuxième tour (5-7, 6-1, 6-2), mais elle frappe son premier gros coup  en huitième de finale, où elle bat la tête de série n°3, Venus Williams (6-0, 0-6, 6-4). Quelques jours plus tard, l’inarrêtable Belge écarte également Serena Williams, dans un match où l’Américaine s’en prend aux corps arbitral avec tant de véhémence qu’elle perd la partie sur un point de pénalité (6-4, 7-5). Grâce à cet exploit, Clijsters est la première joueuse à avoir battu deux fois les deux sœurs Williams dans le même tournoi (la première fois à Miami, en 2002). C’est le premier des nombreux records que Clijsters s’apprête à établir dans ce tournoi.

En finale, la Belge affronte Caroline Wozniacki, une jeune Danoise de 19 ans qui a récemment fait son entrée dans le top 100, et qui se trouve au-delà des huitièmes de finale d’un tournoi du Grand Chelem pour la première fois de sa carrière. Avec son style de jeu défensif, elle se montre incapable d’empêcher Clijsters de dicter son rythme, ce que l’ancienne numéro 1 mondiale fait avec beaucoup de concentration et de constance pour s’imposer en deux sets, 7-5, 6-3, après une heure et 33 minutes de jeu.

Je n’arrive pas à croire que ce soit arrivé.

Kim Clijsters

“Je n’arrive pas à croire que cela soit arrivé, c’est encore tellement surréaliste, qu’à mon troisième tournoi, je gagne mon deuxième Grand Chelem”, déclare Clijsters, selon le New York Times, après avoir soulevé le trophée devant sa fille de 18 mois, Jada. “C’est un sentiment formidable, mais c’est déroutant à bien des égards que cela soit arrivé si vite”.

Kim Clijsters, Brian Lynch et leur fille Jada à l'US Open en 2009

Première wild card à remporter un tournoi du Grand Chelem chez les femmes (un exploit réalisé une seule fois sur le circuit masculin, par Goran Ivanisevic, à Wimbledon, en 2001), Clijsters est également la première joueuse non tête de série de l’ère Open à triompher à l’US Open, et la première mère de famille à remporter un trophée majeur depuis Evonne Goolagong, en 1980. 

“Nous avons essayé de planifier sa sieste un peu plus tard”, plaisante-t-elle en parlant de sa fille. “C’est le plus beau sentiment du monde d’être mère”.

La postérité du moment : Clijsters et Wozniacki auront de nombreux moments de gloire

Au cours de sa deuxième carrière, Clijsters disputera moins de tournois qu’auparavant, pour assurer l’équilibre familial, mais elle aura énormément de succès. Elle ajoutera encore deux titres du Grand Chelem à son palmarès, le troisième à l’US Open 2010, puis le quatrième et dernier à l’Open d’Australie 2011, devenant alors la seule joueuse à remporter la majorité de ses titres du Grand Chelem après être devenue mère de famille. Cette année-là, elle récupèrera également la place de numéro 1 mondiale, pour une semaine seulement, aux dépens de Caroline Wozniacki. Son corps la trahira ensuite à nouveau, et elle sera minée par des blessures à l’épaule, à la cheville et aux abdominaux. Ses apparitions se feront alors rares et elle prendra sa retraite pour la deuxième fois après Wimbledon 2012. En 2020, Kim Clijsters tentera un second retour sur le circuit, qui débutera à Dubai (battue par Muguruza 6-2, 7-6), avant d’être interrompu par la crise du coronavirus. Puis, le 9 septembre 2021, elle a annoncé sa participation au tournoi de Chicago (27 septembre – 3 octobre 2021). Après deux épreuves disputées – Chicago et Indian Wells dans la foulée – soldées par deux défaites accrochées en trois sets, elle n’a plus rejoué et a annoncé sa retraite définitive en avril 2022.

En 2010, Caroline Wozniacki atteindra la première place mondiale, qu’elle occupera 71 semaines tout au long de sa carrière. Après avoir été critiquée pendant des années pour ne pas parvenir à décrocher un titre du Grand Chelem, elle finira par s’imposer à l’Open d’Australie 2018, en battant Simona Halep en finale (7-6, 3-6, 6-4). Elle prendra sa retraite après sa défaite au troisième tour de l’Open d’Australie 2020.

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