14 juin 1997 : Le jour où le tie-break le plus long a changé le jeu sur gazon

Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 14 juin 1997, Goran Ivanisevic et Greg Rusedski ont égalé le record du tie-break le plus long de l’histoire sur le circuit masculin. Ce qui a incité à une évolution de la surface sur gazon pour la rendre moins rapide.

Greg Rusedski, On this day 6/14 Greg Rusedski, On this day 6/14

Ce qu’il s’est passé ce jour-là et pourquoi c’est historique : Un tie-break de 38 points, record égalé

Ce jour-là, le 14 juin 1997, en demi-finale du tournoi du Queen’s, Goran Ivanisevic et Greg Rusedski égalent le record du plus long tie-break de l’histoire du tennis masculin. Le Croate l’emportant 20-18 pour s’imposer en trois sets, 4-6 6-4 7-6. Deux tie-breaks de 38 points avaient déjà été disputés :

  • A Wimbledon en 1973, gagné par Bjorn Borg face à Premjit Lall ;
  • A l’US Open 1993, gagné par Ivanisevic contre Daniel Nestor.

Le tie-break du Queen’s en 1997 reste dans les esprits. Non seulement parce que c’est la seconde fois qu’Ivanisevic égale ce record, mais aussi parce que c’est le début de l’apogée de la carrière de Rusedski qui se hissera jusqu’à la 4e place mondiale. Ce très long tie-break disputé entre deux grands serveurs contribue également à poursuivre la tendance au ralentissement des surfaces afin d’allonger les échanges et de séduire le public.

Les personnages : Goran Ivanisevic et Greg Rusedski

  • Goran Ivanisevic, le serial-serveur

Goran Ivanisevic, né en 1971, explose réellement au plus haut niveau en 1990, à l’âge de 19 ans. Cette année-là, il se révèle au grand public en atteignant les quarts de finale à Roland-Garros après avoir battu le 3e mondial Boris Becker au premier tour, juste avant de parvenir en demi-finale à Wimbledon, où il est éliminé par le même Becker (4-6 7-6 6-0 7-6). En 1991, sa saison est perturbée par l’actualité : son pays, la Yougoslavie, est ravagé par la guerre civile et il lui est difficile de se concentrer sur le tennis. En 1992, il revient au sommet. Auteur de 206 aces au cours du tournoi, il est vaincu par Andre Agassi, en cinq sets, en finale de Wimbledon (6-7 6-4 6-4 1-6 6-4).

Au cours des cinq années suivantes, Ivanisevic s’installe dans le top 10, remportant 14 tournois et atteignant au moins les quarts de finale de tous les tournois du Grand Chelem. En 1994, après une deuxième défaite en finale de Wimbledon (cette fois contre Pete Sampras, 7-6 7-6 6-0), il obtient son meilleur classement, 2e mondial. Gaucher, son jeu offensif s’appuie principalement sur un service très précis. En 1996, il sert un record, inégalé depuis, de 1 477 aces en une saison. Ivanisevic est aussi célèbre pour ses “pétages de plombs” et par sa tendance à casser plus de raquettes que la plupart des joueurs.

  • Greg Rusedski, spécialiste du gazon

Greg Rusedski, né en 1973, est gaucher aussi et son jeu de service-volée dépend beaucoup de son énorme service. Entré dans le top 100 en janvier 1995, il est 44e mondial en arrivant au Queen’s Club en juin 1997. Il a déjà gagné trois tournois au cours de sa carrière, le premier sur le gazon de Newport, en 1993, et le plus important à Pékin, en 1996, où il défait Martin Damm en finale (7-6 6-4). Son meilleur résultat en Grand Chelem reste un 8e de finale à Wimbledon en 1995. Il est éliminé par le futur vainqueur Pete Sampras, 6-3 6-4 7-5.

Greg Rusedski, 1998 Wimbledon

Le lieu : Queen’s Club

Le Queen’s Club, fondé en 1866, est le premier complexe multisports jamais construit. Son sport principal est le tennis, et il fut la propriété de la Fédération Britannique de Tennis de 1953 à 2007. Le Queen’s Club Championship s’y tient depuis 1890. Considéré comme le deuxième plus important tournoi sur herbe après Wimbledon, de nombreuses légendes du tennis y ont triomphé. A six reprises, le vainqueur de Wimbledon avait remporté le tournoi du Queen’s auparavant : John McEnroe l’a fait deux fois (1981, 1984), suivi par Jimmy Connors (1982), Boris Becker (1985), Pete Sampras (1999) et Lleyton Hewitt (2002). C’est pour cette raison que la finale du Queen’s est toujours suivie de près par les experts.

Queen's stadium

L’histoire : Une fin de match à suspense et un tie-break record

Goran Ivanisevic est la tête de série N°3 de l’édition 1997 du tournoi du Queen’s. Bien que sa saison n’ait jusqu’ici pas été exceptionnelle, personne n’est surpris de le voir en si bonne posture sur gazon, sa surface préférée. Après tout, il a disputé deux finales de Wimbledon ces quatre dernières années. Il n’a pas perdu le moindre set avant sa demi-finale qui doit l’opposer à Greg Rusedski.

Greg Rusedski, 44e mondial, a éliminé trois Australiens pour parvenir en demi-finale : Mark Woodforde au premier tour (4-6 6-4 6-3), Scott Draper au troisième tour (6-3 6-2) et Patrick Rafter en quarts de finale (4-6 7-5 6-3). Le public ne s’attend pas à voir beaucoup d’échanges sur gazon entre deux grands serveurs gauchers, comme Ivanisevic et Rusedski. Il a bien raison. Bien qu’Ivanisevic, qui a remporté leurs quatre première confrontations, est favori, c’est Rusedski qui parvient à breaker le premier et à s’adjuger le premier set, 6-4. Goran empoche le deuxième set sur le même score. Au troisième set, les joueurs ne parviennent pas à se procurer l’ombre d’une balle de break et se retrouvent à disputer un dernier tie-break. Ils y sauveront chacun six balles de match avant qu’Ivanisevic ne prenne finalement le dessus, 20-18, pour se propulser en finale.

La postérité du moment : Ivanisevic remportera enfin Wimbledon

Goran Ivanisevic sera battu en finale par Mark Philippoussis. Un match au cours duquel le Croate, dépité, confiera sa raquette à une ramasseuse de balle et la laissera disputer un point contre le géant australien. Ivanisevic perdra une troisième fois en finale de Wimbledon, en 1998, contre Pete Sampras (6-7 7-6 6-4 3-6 6-2). Cette défaite le détruira et il déclinera brusquement, jusqu’à ce qu’en 2001, invité dans le tableau de Wimbledon en tant que 121e joueur mondial, il ne finisse par réaliser son rêve en dominant Patrick Rafter en finale au All England Club (6-3 3-6 6-3 2-6 9-7). Souffrant d’une blessure récurrente à l’épaule, le Croate se fera ensuite plus rare sur le circuit et prendra sa retraite en 2004, totalisant alors 22 titres sur l’ensemble de sa carrière.

Greg Rusedski ne se laissera pas arrêter par cette défaite à l’arraché et 1997 sera la meilleure année de sa carrière. La semaine suivante, il remporte le tournoi de Nottingham en battant Karol Kucera en finale (6-4 7-5). Rusedski réalisera ensuite ses deux meilleurs résultats en Grand Chelem, en atteignant les quarts de finale à Wimbledon (éliminé par Cédric Pioline, 6-4 4-6 6-4 6-3). Mais surtout en se hissant jusqu’en finale de l’US Open, où il est terrassé par Patrick Rafter (6-3 6-2 4-6 7-5). Rusedski remportera le plus grand titre de sa carrière en 1998, à Paris-Bercy. En finale, il battra Pete Sampras pour la seule fois en dix confrontations (6-4 7-6 6-3). Cette même année, il expédiera, à 240 km/h, le service le plus rapide de l’histoire, un record qui tiendra jusqu’en 2004 et sera battu par Andy Roddick. Il soulèvera son dernier trophée sur gazon, à Newport, en 2005, avant de prendre sa retraite en 2007.

Quatre tie-breaks de 38 points seront disputés par la suite, après le marathon d’Ivanisevic-Rusedski, le dernier entre Andy Murray et Philipp Kohlschreiber à Dubaï en 2017. Bien que ce record ne sera pas battu sur le circuit principal, en 2013, au dernier tour des qualifications d’un tournoi Future, Benjamin Balleret remportera un tie-break de 60 points (36-34!) contre Guillaume Couillard.

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