11 juin 1989 : Le jour où Chang est devenu à 17 ans le plus jeune vainqueur de Grand Chelem

Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 11 juin 1989, en finale de Roland-Garros, Michael Chang devient le plus jeune vainqueur de l’histoire en Grand Chelem, un record qui tient toujours, en renversant Stefan Edberg pour boucler un parcours exceptionnel.

Michael Chang, 1989 French Open (On this day) Michael Chang, 1989 French Open (On this day)

Ce qu’il s’est passé ce jour-là et pourquoi c’est historique : Chang remporte Roland à 17 ans

Le 11 juin 1989, Michael Chang, âgé de 17 ans et 3 mois, devient le plus jeune joueur de l’histoire à gagner un tournoi du Grand Chelem, en dominant Stefan Edberg en finale de Roland-Garros après avoir été mené deux sets à un (6-1, 3-6, 4-6, 6-4, 6-2). En chemin vers la finale, il élimine le numéro 1 mondial Ivan Lendl à la surprise générale, en 8es de finale. Au cours de cette partie, Chang fait preuve d’une grande force mentale pour un adolescent, engageant une véritable bataille psychologique avec Lendl, en faisant notamment son célèbre service à la cuillère. Ce sera la seule finale disputée par Edberg à Roland-Garros et cette défaite l’empêchera plus tard de boucler un Grand Chelem en carrière.

Les personnages : Michael Chang et Stefan Edberg

  • Michael Chang, un talent précoce

Michael Chang est né en 1972. En 1987, à l’âge de 15 ans, il devient le plus jeune joueur à passer un tour à l’US Open (aux dépens de Paul McNamee). L’année suivante, en juin, à 16 ans et trois mois, il devient le plus jeune joueur à avoir jamais fait partie du top 100. Il atteint pour la première fois les 8es de finale d’un tournoi du Grand Chelem, à New York, où il est battu par Andre Agassi (score). En 1989, il atteint les quarts de finale à Indian Wells et les demi-finales à Forest Hills, sur terre battue américaine, battu par Jaime Yzaga (6-4 6-3), ce qui lui permet de se hisser à la 19e place mondiale avant Roland-Garros.

Michael Chang, 1989 French Open (Roland-Garros)
  • Stefan Edberg, l’ultra-offensif mal à l’aise sur terre

Stefan Edberg est né en 1966. Déjà très fort chez les juniors où il a réalisé le Grand Chelem en 1983, il a pourtant failli arrêter le tennis la même année, à 17 ans, après que l’un de ses services a accidentellement tué un juge de ligne à New York. Il n’a probablement jamais regretté d’avoir continué. Dès 1985, quelques mois après la révélation de Boris Becker à Wimbledon, Edberg s’adjuge son premier Grand Chelem, lui aussi sur gazon, à l’Open d’Australie, venant à bout de son compatriote Mats Wilander en finale (6-4, 6-3, 6-3).

Le tournoi, dont les dates s’apprêtent à changer, n’a pas lieu en 1986 et Edberg parvient à conserver son titre en 1987 aux dépens du favori local Pat Cash (6-3, 6-4, 3-6, 5-7, 6-3). En 1988, il remporte Wimbledon en battant Boris Becker (4-6, 7-6, 6-4, 6-2) à l’issue d’une finale qui marquera le début de l’une des rivalités les plus populaires du tennis. Son jeu de service-volée est moins efficace sur terre battue : il n’a gagné qu’un seul de ses 19 titres sur cette surface, et il n’a atteint les quarts de finale qu’une seule fois à Roland-Garros, en 1985 (battu par Jimmy Connors, 6-4, 6-3, 7-6).

Stefan Edberg, 1989 French Open (Roland-Garros)

Le lieu : Roland-Garros

Cette histoire a lieu à Roland-Garros. Le stade, situé dans l’ouest parisien, à la lisière du bois de Boulogne, accueille les Internationaux de France depuis 1928. Ce fut le premier et désormais le seul tournoi du Grand Chelem sur terre battue, la surface la plus lente, ce qui en fait le tournoi le plus difficile à gagner sur le plan physique. Avec la domination des joueurs de fond de court comme Ivan Lendl ou Mats Wilander, gagner Roland-Garros est devenu le plus grand défi pour les attaquants comme Edberg. Dans les années 1980, un seul joueur parvient à s’y imposer chez les hommes en pratiquant le service-volée : Yannick Noah, en 1983.

Yannick Noah, 1983 French Open champion

L’histoire : Chang crée la sensation

En 1989, Stefan Edberg, 3e mondial, atteint les quarts de finale des Internationaux de France pour la deuxième fois. Il y délivre une performance de choix pour éliminer l’un des favoris, Alberto Mancini, véritable spécialiste de la surface, qui avait remporté les tournois de Rome et de Monte-Carlo (6-1, 6-3, 7-6). En demi-finale, il affronte Boris Becker, son grand rival à Wimbledon, une rencontre assez incongrue sur terre, pour ces deux spécialistes du gazon, et l’emporte en cinq sets (6-3, 6-4, 5-7, 3-6, 6-2). Il n’est désormais plus qu’à un match d’accomplir l’exploit de gagner Roland-Garros en faisant service-volée. Ce que personne, pas même John McEnroe à son meilleur, n’a réussi à faire depuis Yannick Noah en 1983 et la disparition des raquettes en bois.

Entre le Suédois et la Coupe des Mousquetaires se dresse l’improbable Michael Chang. Le jeune Américain, 19e mondial à seulement 17 ans, s’est débarrassé en chemin d’une autre étoile montante du tennis US, Pete Sampras, au deuxième tour (6-1, 6-1, 6-1). Mais c’est en 8es de finale qu’il se fait connaître et marque même de son empreinte l’histoire du tournoi. Contre le numéro 1 mondial Ivan Lendl, il fait preuve d’une force mentale à toute épreuve, remontant un handicap de deux sets et surmontant des crampes, pour s’imposer finalement en cinq manches. Au cinquième set, Chang joue avec les nerfs de Lendl avec son inoubliable service à la cuillère. Il pousse le Tchèque à la double faute sur la balle de match en se positionnant au retour juste derrière la ligne de carré de service. Après cette énorme surprise, Chang ne se laisse pas déconcentrer et ni Ronald Agenor, ni Andrei Chesnokov ne peuvent l’empêcher de se qualifier pour sa première finale de Grand Chelem.

Le public français s’attend à une finale palpitante entre ces deux joueurs aux styles de jeu diamétralement opposés. Le premier set est décevant. Etonnamment, Chang ne semble pas affecté par l’enjeu et ramène (presque) toutes les balles. Malgré son expérience, Edberg, crispé, n’est que l’ombre de lui-même. Chang empoche facilement la première manche, 6-1.

Au deuxième set, le Viking à l’intérieur d’Edberg se réveille. Retrouvant de la longueur, il peut maintenant prendre le filet sans s’exposer autant aux passings chirurgicaux de Chang. Déployant tout son talent au filet, il étouffe le jeu de défense de l’Américain et remporte les deux sets suivants, 6-3, 6-4. Malgré la combativité de Chang, Edberg semble à présent hors d’atteinte et obtient pas moins de dix balles de break au quatrième set. L’Américain, qui avait déjà montré sa force psychologique contre Lendl, les sauve les unes après les autres. Chang se bat comme un lion sur chaque point. Finalement, il réussit le break et égalise à deux manches partout.

Les jeux sont faits. Épuisé après être monté systématiquement au filet pendant trois heures, et peut-être aussi touché mentalement après les nombreuses occasions ratées du quatrième set, Stefan Edberg s’écroule dans la cinquième manche, qu’il perd 6-2. Michael Chang, 17 ans, vient de remporter Roland-Garros. Il est le plus jeune vainqueur de l’histoire du Grand Chelem.

La postérité du moment : Edberg fanny à Roland-Garros

L’épopée de Michael Chang pour gagner Roland-Garros 1989 fera partie intégrante de la légende de Roland-Garros. Son 8e de finale contre Ivan Lendl reste considéré comme l’un des dix plus grands moments de l’histoire du tournoi. Son service à la cuillère deviendra presque aussi célèbre que la « Main de Dieu » de Diego Maradona en football.

En 1990, Chang aura bien du mal à confirmer son nouveau statut. Malgré un quart de finale disputé à Roland-Garros (perdu contre Andre Agassi, 6-2, 6-1, 4-6, 6-2), il sera éjecté du top 10 en avril 1990, pour n’y revenir qu’en mars 1992. Il vivra ses meilleures années de 1995 à 1997. Au cours de ces trois saisons, Chang disputera non seulement trois demi-finales de Grand Chelem. Mais il échouera surtout en finale à trois reprises : à Roland-Garros 1995 (battu par Thomas Muster, 7-5, 6-2, 6-4), à l’Open d’Australie 1996 (battu par Boris Becker, 6-2, 6-4, 2-6, 6-4) et à l’US Open 1996 (dominé par Pete Sampras, 6-1, 6-4, 7-6). En septembre 1996, il se hissera jusqu’à la deuxième place mondiale. Quittant le top 10 au début 1998, il déclinera ensuite avant de prendre sa retraite en 2003.

Un mois après sa défaite contre Chang, Stefan Edberg connaîtra une nouvelle désillusion en finale de Wimbledon, où Boris Becker vengera sa défaite de 1988 (6-0, 7-6, 6-4). Après avoir perdu une troisième finale de Grand Chelem consécutive à l’Open d’Australie 1990 (battu par Ivan Lendl, 4-6, 7-6, 5-2 ab), Stefan Edberg renouera avec la victoire à Wimbledon, en dominant son rival Becker lors de leur troisième rencontre d’affilée en finale au All England Club. Avant de devenir numéro 1 mondial le 13 août 1990. Il occupera cette place pendant 72 semaines au total. Edberg ajoutera deux autres titres du Grand Chelem à son palmarès en remportant l’US Open en 1991 et 1992. A la fin de sa carrière, en 1996, Roland-Garros restera donc le seul titre majeur que le Suédois n’aura jamais remporté.

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