20 août 1995 : Le jour où Agassi a décroché une 20e victoire consécutive lors de son été de la revanche

Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 20 août 1995, en triomphant à New Haven, Andre Agassi remporte son quatrième titre consécutif depuis Wimbledon, et reste invaincu de toute sa préparation à l’US Open.

Andre Agassi Andre Agassi – On this day

Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis : La revanche du Kid de Las Vegas

Le 20 août 1995, en triomphant à New Haven, Andre Agassi remporte son quatrième titre consécutif depuis Wimbledon, et reste invaincu de toute sa préparation à l’US Open. Le Kid de Las Vegas, après une immense déception à Wimbledon, où il avait perdu en demi-finale face à Boris Becker (2-6, 7-6, 6-4, 7-6), avait décidé de faire des mois suivants son « été de la revanche ». Après un premier succès à Washington, il gagne les deux Masters 1000 nord-américains à la suite, et son sacre à New Haven, aux dépens de Richard Krajicek (3-6, 7-6, 6-3) fait de lui le favori de l’US Open à venir.

Les acteurs : Andre Agassi et Richard Krajicek

  • Andre Agassi, le numéro un mondial qui a quitté Wimbledon sur une note amère

Andre Agassi, le Kid de Las Vegas, est l’une des plus grandes stars de l’histoire du tennis. Passé pro en 1986, il devient rapidement célèbre, grâce à son talent, mais aussi à ses tenues vestimentaires originales, dont l’emblématique short en jean et le cycliste rose. Initié au tennis par son père puis élevé à l’académie de Nick Bollettieri, il dispose d’un excellent retour de service (le meilleur de son temps), et son jeu consiste à frapper la balle montante avec une force incroyable, ce qui est révolutionnaire à l’époque et inspirera des générations entières de tennismen. Au début de sa carrière, malgré d’excellents résultats, Agassi, qui avait été le premier joueur américain de sa génération à se retrouver sous le feu des projecteurs, voit ses rivaux remporter des tournois majeurs, et rate de son côté plusieurs occasions. A Roland-Garros, en 1989, il perd contre Jim Courier au troisième tour (7-6, 4-6, 6-3, 6-2) et assiste au triomphe de Michael Chang, âgé de 17 ans. A l’US Open, il bute à nouveau sur Ivan Lendl (7-6, 6-1, 3-6, 6-1).

En 1990, le Kid de Las Vegas passe encore plus près de la gloire. Mais en finale de Roland-Garros, il est surpris par Andres Gomez (6-3 2-6 6-4 6-4), et à l’US Open, il échoue encore sur la dernière marche, battu par Pete Sampras (6-4, 6-3, 6-2). A la fin de la saison, Agassi parvient tout de même à remporter le Masters (il y domine en finale Stefan Edberg, 5-7, 7-6, 7-5, 6-2). Malgré ce grand succès, lorsqu’il perd une troisième finale majeure à Paris en 1991 (battu par Jim Courier, 3-6, 6-4, 2-6, 6-1, 6-4), les experts commencent à se demander si Agassi parviendra à jouer à aller au bout d’un tournoi du Grand Chelem. Il y arrive enfin en 1992, à Wimbledon, où, en finale, il bat Goran Ivanisevic à l’issue d’un duel entre le meilleur serveur et le meilleur relanceur au monde (6-7, 6-4, 6-4, 1-6, 6-4). Fin 1993, Agassi doit subir une opération à la suite d’une blessure au poignet qui lui gâche sa saison.

De retour en 1994, il remporte à l’été, à Toronto, son premier Masters 1000 depuis deux ans, aux dépens de Jason Stoltenberg (6-4, 6-4). C’est le début d’une odyssée qui le mènera jusqu’au sommet du classement ATP en avril 1995, après avoir gagné l’US Open 1994 (battant Michael Stich en finale, 6-1, 7-6, 7-5) et l’Open d’Australie 1995 (prenant le dessus sur Pete Sampras, 4-6, 6-1, 7-6, 6-4). Une fois premier mondial, Agassi subit deux déceptions en Grand Chelem : la première à Roland-Garros, où il est éliminé par Ievgueni Kafelnikov en quart de finale (6-4 6-3 7-5), et la deuxième, plus douloureuse, à Wimbledon, où il s’incline face à Boris Becker en quatre sets. Assommé par sa défaite et irrité par des remarques désobligeantes faites par l’Allemand dans la presse, Agassi décide de se lancer dans un « été de la revanche ». Après Wimbledon, il remporte les trois tournois auxquels il participe, à Washington, Montréal et Cincinnati. 

Andre Agassi - USA
  • Richard Krajicek, puissant serveur et excellent volleyeur

Le Néerlandais Richard Krajicek et né en 1971. Passé pro en 1989, il remporte son premier tournoi ATP à Hong-Kong deux ans plus tard, dominant en finale Wally Masur (6-2, 3-6, 6-3). Krajicek possède l’un des services les plus rapides de l’époque, qu’il suit souvent au filet, et quand il reste au fond de court, il reste très offensif, en particulier avec son puissant coup droit à plat. En 1992, il parvient en demi-finales de l’Open d’Australie. Mais touché à l’épaule après sa victoire en cinq sets sur Michael Stich (5-7, 7-6, 6-7, 6-4, 6-4), il est contraint de déclarer forfait. La même année, il crée le scandale à Wimbledon avec des commentaires controversés au sujet de l’égalité des prix hommes/femmes en Grand Chelem. « 80% des joueuses du top 100 sont des grosses vaches qui ne méritent pas l’égalité des prix. » Plus tard, il clarifie ironiquement sa remarque : « Ce que je voulais dire, c’est que c’était seulement 75% ». L’attention négative qui lui est portée ne l’empêche pas de terminer la saison à la 10e place mondiale, ce qui reste à ce jour son meilleur classement. En 1993, il se hisse en demi-finale de Roland-Garros, battu par Jim Courier (6-1, 6-7, 7-5, 6-2). En février 1995, il remporte à Stuttgart le plus important de ses neuf titres (prenant le dessus en finale sur Stich, 7-6, 6-3, 6-7, 1-6, 6-3).

Richard Krajicek

Le lieu : New Haven

Le Volvo International Open a été fondé en 1973. L’épreuve a changé plusieurs fois de lieu depuis sa création : Bretton Woods, North Conway, et Stratton Mountain. Disputé chaque été sur dun, le tournoi attire toujours de grands joueurs venus préparer le dernier Grand Chelem de la saison. En 1990, le Vovo International s’installe à New Haven. Depuis, le tournoi a été gagné par des champions tels que Petr Korda (1991), Stefan Edberg (1992) ou Boris Becker (1994).

L’histoire : Agassi à une balle de la défaite

Lorsqu’il se présente à New Haven en août 1995, Andre Agassi n’est plus du tout le joueur qu’il était douze mois plus tôt et qui s’était incliné d’entrée. Entretemps, le Kid de Las Vegas a remporté deux tournois du Grand Chelem, quatre Masters 1000, et il est numéro 1 mondial depuis le mois d’avril. Malgré tous ces exploits, Agassi est mu par la colère depuis sa défaite face à Boris Becker en demi-finale de Wimbledon. Sa déception se transforme en rage lorsqu’il prend connaissance des commentaires émis par l’Allemand à la suite de leur affrontement. Non seulement Becker l’accuse de recevoir un traitement de faveur sur le circuit, mais il va jusqu’à dire qu’il n’est pas apprécié des autres joueurs. Becker critique mêmes les tenues d’Agassi : « Je ne voudrais pas que mon fils porte ses tenues. » Avec son entraîneur, Brad Gilbert, l’Américain décide de faire de l’été 1995 « l’été de la revanche ». 

Agassi tient sa parole. Depuis, il demeure invaincu, ayant gagné trois tournois, dont deux Masters 1000. Lorsqu’il écarte Mats Wilander en demi-finale à New Haven (6-3, 6-3), il en est à 19 victoires consécutives. Face à lui se dresse Richard Krajicek. Le grand serveur néerlandais s’est montré plutôt discret depuis sa victoire à Stuttgart, en février. Mais tout le monde sait que, dans une bonne semaine, il peut tenir tête à n’importe quel joueur du Top 5. D’ailleurs, à New Haven, il a renversé le 4e mondial, Boris Becker en quarts de finale (7-6, 3-6, 7-6), et le 6e mondial, Ievgueni Kafelnikov, en demi-finale (6-4, 6-4). Si quelqu’un est capable de mettre un coup d’arrêt à l’été enflammé d’Agassi, c’est bien lui.

Krajicek prend le meilleur départ. Servant régulièrement à près de 200 km/h, il dirige le jeu et s’empare de la première manche, 6-3. Au deuxième set, Agassi est breaké à 5-5 et quelques points plus tard, Krajicek se procure une première balle de match grâce à un ace à 206 km/h. “Je me suis dit, bon, je suis à 200 km/h de la défaite”, commentera plus tard Agassi, selon le Los Angeles Times. 

Le Kid de Las Vegas se tire d’affaire grâce à son retour de service, puis, d’un passing shot de coup droit, pousse le Néerlandais à disputer un tie-break au cours duquel Krajicek s’effondre (7-2) avant de sombrer dans le dernier set (6-3). Bien qu’il ait fait face à deux balles de match, Agassi étend la série victorieuse de son été de la revanche à 20. “J’ai eu un peu de chance, c’est tout. Je n’ai aucune raison d’avoir gagné ce match. Je me suis retrouvé deux fois avec une balle de match contre moi contre un type qui bombarde au service. (…) Ces trois semaines m’ont donné beaucoup de confiance, ajoute Agassi. Mon esprit est affûté, mon corps est prêt, mon jeu est en place. Maintenant, tout ce que j’ai à faire, c’est d’aller à l’US Open et faire le boulot.”

La postérité du moment : Un échec en finale de l’US Open

Huit jours avant l’US Open, Agassi présente un bilan de 46-2 sur dur, et a atteint la finale de tous les tournois sur dur qu’il a disputés en 1995. A l’US Open, il prendra bien sa revanche sur Becker en demi-finale (7-6, 7-6, 4-6, 6-4), mais en finale, il sera battu par son rival Sampras (6-3, 6-4, 4-6, 7-5).

Cette défaite, pour conclure un été si brillant, laissera Agassi vidé et découragé. En perte de motivation, il jouera peu au cours des derniers mois de 1995, laissant Sampras récupérer son trône de N°1 mondial. Dans les années qui suivront, Agassi plongera jusqu’à la 141e place, en 1997.

Richard Krajicek confirmera sa réputation de joueur dangereux en triomphant à Wimbledon en 1996. En route vers le titre, il deviendra, en quarts de finale, le seul joueur à battre Pete Sampras au All England Club entre 1993 et 2000 (7-5, 7-6, 6-4). Sa carrière sera perturbée par de fréquentes blessures, mais il se hissera tout de même à la 4e place mondiale en 1999.

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