24 juillet 1987 : Le jour où Becker a battu McEnroe après plus de 6 heures de jeu

Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 24 juillet 1987, Boris Becker domine John McEnroe à l’issue d’un marathon de six heures et vingt et une minutes.

Boris Becker, On This Day Boris Becker, On This Day

Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis : 6h21 de jeu

Le 24 juillet 1987, lors d’un match de barrage de Coupe Davis, Boris Becker domine John McEnroe à l’issue d’un marathon de 6h21′ (4-6, 15-13, 8-10, 6-2, 6-2), soit seulement une minute de moins que le match le plus long de l’histoire. C’est le dernier des trois matches de plus de six heures disputé dans les années 1980, auxquels McEnroe a tous participé. Battu par Jose-Luis Clerc en 1980 après 6h15′, il avait dominé Mats Wilander en 1982 après 6h22′ de lutte acharnée, établissant à l’époque un record absolu.

Les acteurs

  • John McEnroe, plus le même champion

John McEnroe, né en 1959, a occupé la place de numéro 1 mondial 170 semaines durant, entre 1980 et 1985. Durant cette période, le gaucher américain accumule sept titres du Grand Chelem : trois à Wimbledon (1981, 1983, 1984) et quatre à l’US Open (1979, 1980, 1981, 1984). En 1979, il était devenu le plus jeune vainqueur de l’histoire de l’US Open, en battant Vitas Gerulaitis en finale (7-5 6-3 6-3) et, en 1980, il dispute son match le plus célèbre en finale de Wimbledon, vaincu par Bjorn Borg en cinq manches après avoir remporté un incroyable tie-break au quatrième set (18-16). Sa plus grande saison reste 1984, année au cours de laquelle, après une terrible défaite en finale de Roland-Garros, il remporte non seulement Wimbledon et l’US Open, mais aussi le Masters et la Coupe Davis. Il finissait l’année en numéro 1 incontesté avec 82 victoires pour seulement 3 défaites.

Après 1984, la domination de McEnroe prend fin. En 1986, il s’éloigne même du circuit, le temps d’épouser Tatum O’Neal. A son retour, « Mac » n’est plus le même champion. Pointant au dixième rang mondial, il est éliminé au premier tour des deux tournois du Grand Chelem auxquels il prend part. McEnroe est extrêmement talentueux. Son jeu est basé sur le toucher de balle et la précision, le tout agrémenté d’un service aussi original qu’efficace, souvent suivi au filet. Il est également célèbre pour son comportement, qui choque à l’époque le monde bien propre et policé du tennis. Ses querelles incessantes avec le corps arbitral dénotent dans un sport dit « de gentlemen ». 

  • Boris Becker, “Boum-Boum”

Boris Becker est né en 1967. En 1985, à 17 ans, l’Allemand devient le plus jeune vainqueur de l’histoire de Wimbledon, dominant Kevin Curren en finale (6-3, 6-7, 7-6, 6-4). Son service très puissant, qu’il suit le plus souvent au filet, lui vaut le surnom de « Boum-Boum ». Il est célèbre pour ses spectaculaires plongeons à la volée, et c’est aussi un joueur très expressif, capable parfois de « péter les plombs ». Tout en puissance, Becker parvient à conserver son titre à Wimbledon en 1986, en battant en finale le numéro 1 mondial Ivan Lendl (6-4, 6-3, 7-5).

Boris Becker at Wimbledon
Boris Becker at Wimbledon in 2021 © Prosport / PanoramiC

Le jeune Allemand traverse une passe difficile en 1987, dépassé par sa notoriété et les attentes autour de sa personne, alors qu’il n’a pas vingt ans. Bien qu’il ait atteint les demi-finales de Roland-Garros sur la surface qu’il aime le moins (éliminé par Mats Wilander, 6-4 6-1 6-2), il vient de subir une défaite cuisante à Wimbledon, où il arrivait dans la peau du numéro 2 mondial et tenant du titre, face à Peter Doohan, 70e mondial (7-6, 4-6, 6-2, 6-4).

Le lieu : Hartford, Connecticut

La rencontre de Coupe Davis 1987 entre les États-Unis et l’Allemagne se déroule à Hartford, Connecticut, au Hartford Civic Center. Ce complexe, construit en 1975 pour accueillir l’équipe de hockey locale, a vu son toit s’écrouler en janvier 1978. Deux ans de travaux ont été nécessaires avant que le Civic Center ne puisse rouvrir ses portes. D’une capacité de 10 000 places, le Hartford Civic Center sera renommé « XL Center » en 2007.

L’histoire : McEnroe, les occasions manquées avant de craquer

Le 23 juillet 1987, les États-Unis accueillent un match de barrage de Coupe Davis contre l’Allemagne, à Hartford, dans le Connecticut. Les enjeux sont très importants. L’équipe perdante quittera le Groupe mondial. L’équipe américaine est emmenée par l’ancien numéro 1 mondial John McEnroe, tandis que le leader de l’équipe allemande est le jeune Boris Becker, 19 ans, 4e mondial. 

Au cours du premier match, l’Américain Tim Mayotte, pourtant favori, se fait surprendre par Eric Jelen en cinq sets (6-8, 6-2, 1-,6 6-3, 6-2). L’équipe américaine menée 1-0, la pression augmente sur les épaules de McEnroe.

Le gaucher new-yorkais, ces dernières semaines, évolue loin de son meilleur niveau. D’ailleurs, gêné par diverses blessures, il n’a pas joué le moindre match depuis son inquiétante défaite contre Horacio de la Pena au premier tour de Roland-Garros. Personne ne sait à quoi s’attendre de sa part, contre un Becker qui, malgré ses récentes difficultés, reste le 4e mondial.

John McEnroe at Wimbledon in 1989
John McEnroe at Wimbledon in 1989 © Imago / PanoramiC

Dès les premiers points, le public comprend que c’est le McEnroe de la grande époque qui s’est présenté sur le court. Son jeu de jambes est aérien, ce qui lui permet de bien monter au filet et de volleyer avec une extrême précision. L’Américain gagne ainsi le premier set, 6-4.

L’intensité dramatique culmine au deuxième set, qui se prolonge pendant 2h35′ (en 1987, il n’y a pas encore de tie-break en Coupe Davis). A 10-9, 0-30 sur le service de Becker, McEnroe rate une volée facile qui lui aurait offert trois balles de deux manches à rien. Neuf jeux plus tard, c’est l’Allemand qui s’empare du set, 15-13. Selon le Los Angeles Times, Becker dira ensuite que cette occasion manquée par McEnroe a été pour lui le tournant du match : 

« A ce moment, j’ai plus ou moins compris qu’il commençait à trembler. Ça m’a rendu plus fort. Je savais que j’allais tenir la balle et qu’il allait devoir faire tous les points gagnants. »

Au troisième set, l’Allemand a beau dominer les débats, il se montre incapable de convertir la moindre des nombreuses balles de break qu’il obtient, et McEnroe parvient finalement à remporter le set, 10-8. 

Mais quand le jeu reprend après une pause de vingt minutes, Becker resserre son emprise sur le match. Mac est surclassé dans les deux derniers sets. L’Allemagne mène à présent 2-0 et l’équipe américaine se trouve dans une situation que le quadruple vainqueur de l’US Open qualifie de « très mauvaise ». Malgré la déception, McEnroe se montre satisfait de sa prestation :

« J’ai donné tout ce que j’avais, et c’était un super match de tennis. J’aurais aimé un autre résultat, mais c’est sympa de jouer un match comme ça. »

La postérité du moment

Les aventures de Boris Becker à Hartford sont loin d’être terminées. Le samedi, Ken Flach et Robert Seguso battront Eric Jelen et Ricki Osterthun (6-3, 8-6, 14-12). Le dimanche, John McEnroe, toujours survolté, démolira Eric Jelen (7-5 6-2 6-1), ramenant le score de la rencontre à 2-2, obligeant ainsi Becker à disputer un cinquième match décisif face à Tim Mayotte.

L’Allemand s’imposera en cinq sets (6-2, 6-3, 5-7, 4-6, 6-2), maintenant l’Allemagne dans le groupe mondial, ce qui aura de grandes conséquences. En effet, Becker continuera à produire de grandes performances en Coupe Davis et mènera son équipe à remporter la compétition pour la première fois en 1987, puis une deuxième fois en 1989.

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