28 novembre 1999 : le jour où Sampras a battu Agassi et remporté le Masters pour la 5e fois

Le 28 novembre 1999, Pete Sampras parvient à remporter son cinquième Masters contre son rival de toujours, Andre Agassi, alors qu’il sortait d’une saison compliquée.

Pete Sampras Pete Sampras

Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis

Ce jour-là, le 28 novembre 1999, Pete Sampras remporte le Masters pour la cinquième fois, égalant ainsi le record d’Ivan Lendl (record battu depuis par Roger Federer, puis par Novak Djokovic). Pour parvenir à cet exploit, il domine en finale Andre Agassi (6-1, 7-5, 6-4), bien que son rival de longue date l’ait surclassé (6-2, 6-2) plus tôt dans la semaine, en poules.

Pour Sampras, c’est une superbe manière de finir une année compliquée, au cours de laquelle, blessé, il a dû faire l’impasse sur l’Open d’Australie et sur l’US Open, perdant ainsi sa première place mondiale. Pour Agassi, qui vient quant à lui de réaliser la meilleure saison de sa carrière, c’est une piqûre de rappel : son vieux rival sera toujours là pour le mettre au défi dans les grands événements. 

Les acteurs : Pete Sampras et Andre Agassi

  • “Pistol Pete” Sampras, le record de Roy Emerson dans le viseur

Pete Sampras, né en 1971, a dominé le tennis des années 1990. Après un premier titre du Grand Chelem conquis à l’US Open 1990 (où il devient le plus jeune vainqueur de l’histoire du tournoi, aux dépens de son éternel rival Andre Agassi, 6-4, 6-3, 6-2), il devient numéro 1 mondial en avril 1993. Il termine les six saisons consécutives (1993-1998) à cette place, établissant un record toujours invaincu 22 ans plus tard. Son jeu de service-volée est particulièrement efficace sur le gazon du All England Club, où il décroche six titres entre 1993 et 1999,  affichant 46 victoires pour une seule défaite (le seul homme à le terrasser est Richard Krajicek, en quarts de finale de l’édition 1996, 7-5, 7-6, 6-4).

Pete Sampras remporte quatre fois l’US Open (1990, 1993, 1995, 1996), et deux fois l’Open d’Australie (1994, 1997), et ne se trouve alors plus qu’à une longueur du record de Roy Emerson de 13 titres du Grand Chelem. L’Américain s’impose aussi à quatre reprises au Masters, accumulant 60 titres au long de sa carrière. Il aurait été sans conteste le plus grand joueur de tous les temps, n’était sa réelle faiblesse sur terre battue :  son meilleur résultat à Roland-Garros est une demi-finale perdue contre Yevgeny Kafelnikov en 1996 (7-6 6-0 6-2), et il n’a plus jamais atteint la deuxième semaine du tournoi depuis.

Pete Sampras | © Panoramic

En 1999, il paie le prix de ses efforts passés, et joue loin de son niveau habituel lors de la première partie de saison, avant de ressusciter au All England Club, où il empêche Agassi de devenir le premier joueur depuis Björn Borg à réaliser le doublé Roland-Garros-Wimbledon en le battant en finale (6-3, 6-4, 7-5). Après un bel été, où il s’impose à Cincinnati (aux dépens de Patrick Rafter, 7-6, 6-3), une blessure au dos l’empêche de participer à l’US Open. Il se remet juste à temps pour disputer un tournoi avant le Masters, où il arrive avec le dossard numéro 5, son plus mauvais classement depuis 1991.

  • Andre Agassi, “Kid de Las Vegas” et patron du circuit

Andre Agassi, le Kid de Las Vegas, est une légende du tennis. Passé pro en 1986, il devient rapidement l’une des plus grandes stars du tennis grâce à son talent, mais aussi à ses tenues vestimentaires originales, dont l’emblématique short en jean et le cycliste rose. Initié au tennis par son père puis élevé à l’académie de Nick Bollettieri, il dispose d’un excellent retour de service (le meilleur de son temps), et son jeu consiste à frapper la balle montante avec une force incroyable, ce qui est révolutionnaire à l’époque et inspirera des générations entières de tennismen.

Après trois défaites en finale de Grand Chelem, une à l’US Open en 1990, deux à Roland-Garros (1990 et 1991), il remporte son premier tournoi du Grand Chelem à Wimbledon en 1992, en battant en finale le grand serveur Goran Ivanisevic (6-7, 6-4, 6-4, 1-6, 6-4). Il ajoute ensuite l’US Open 1994 à son palmarès, puis l’Open d’Australie 1995, où il bat son rival Pete Sampras en finale de Grand Chelem pour la seule et unique fois (4-6, 6-1, 7-6, 6-4). Il devient numéro 1 mondial peu après, le 10 avril 1995, pour une première période de 30 semaines.  En 1996 et 1997, malgré une médaille d’or obtenue aux Jeux Olympiques d’Atlanta, Andre Agassi traverse une mauvaise passe et descend jusqu’à la 141e place mondiale.

Agassi Roland Garros 1999

Faisant preuve d’une grande humilité, il retourne sur le circuit Challenger à la fin 1997 pour reprendre confiance. En 1998, il revient doucement au sommet, terminant l’année au 6e rang mondial malgré des résultats décevants en Grand Chelem. En juin 1999, il s’impose enfin à Roland-Garros, en battant Andrei Medvedev en cinq sets (1-6, 2-6, 6-4, 6-3, 6-4), et réalise ainsi le Grand Chelem en carrière. Depuis, il a atteint la finale de Wimbledon (battu par Pete Sampras, 6-3, 6-4, 7-5) et ajouté un nouvel US Open à son palmarès, en dominant Todd Martin en finale (6-4, 6-7, 6-7, 6-3, 6-2). Grâce à ce nouveau titre du Grand Chelem, il récupère la première place mondiale en septembre.

Le lieu : le Masters, à Hanovre

Créé en 1970, le Masters est le rendez-vous de fin d’année des huit meilleurs joueurs du monde. Au départ, il change de lieu chaque année, avant de s’installer au Madison Square Garden de New York, de 1977 à 1989. Depuis, le tournoi a voyagé, passant par Francfort (1990-1995) avant de poser ses valises à Hanovre en 1996. Étant donné que chaque année, seuls les huit meilleurs joueurs se qualifient pour le Masters, les plus grands joueurs de tennis figurent au palmarès de l’épreuve, mais en 1999, le tenant du titre, Alex Corretja, n’a pas réussi à se qualifier.

L’histoire : Sampras inarrêtable

En 1999, les rivaux de toujours, Pete Sampras et Andre Agassi, sont à des moments très différents de leurs carrières. Alors que Sampras vient de traverser sa pire saison depuis 1992, sauvée seulement par son sixième titre à Wimbledon, Agassi est numéro1 mondial après avoir rené de ses cendres à l’occasion d’un superbe succès à Roland-Garros, suivi d’un second titre à l’US Open. 

Toutefois, cette saison, lors de leurs trois rencontres avant le Masters, c’est à chaque fois Sampras qui a pris le dessus : après avoir survolé la finale de Wimbledon (6-3, 6-4, 7-5), il a battu Agassi en finale de Los Angeles (7-6, 7-6) et en demi-finales de Cincinnati (7-6, 6-4).

Malheureusement, une blessure au dos a empêché “Pistol Pete” de jouer entre fin août et fin octobre. Lorsqu’il arrive à Hanovre pour le Masters, il semble hors de forme et il est totalement surclassé par Agassi lors des matches de poule, 6-2, 6-2. « Agassi a donné l’impression que Sampras est resté trop longtemps à l’écart du tennis », écrit le New York Times ce jour-là.

Je me suis senti de mieux en mieux au long de la semaine et j’ai gardé le meilleur pour la fin.

Pete Sampras

Et pourtant, quelques jours plus tard, c’est ce même joueur, qui avait passé trop de temps à l’écart du tennis, qui s’est qualifié pour la finale pour s’offrir une revanche contre le Kid de Las Vegas. 

Dès les premiers jeux, Sampras balaie les doutes que l’on pouvait nourrir au sujet de l’état de son dos. Il prend un départ-éclair et, décochant plusieurs de ses fameux smashes « slam dunk », il prend la première manche, 6-1. Il se fait breaker au début du deuxième set, mais il prend ensuite le service adverse à deux reprises pour mener 6-5 et conclure la manche sur deux aces consécutifs. Impossible d’arrêter “Pistol Pete” lorsqu’il joue de cette façon : après avoir lâché pas moins de 47 coups gagnants, il achève Agassi à l’aide d’un dernier ace, 6-1, 7-5, 6-4.

« Je suis venu ici pour tester mon physique, déclare Sampras, selon des propos rapportés par le New York Times. Gagner était un bonus. Je me suis senti de mieux en mieux au long de la semaine et j’ai gardé le meilleur pour la fin. »

La postérité du moment : une rivalité qui dure

Leur rivalité se prolongera, et même lorsque Pete Sampras aura commencé à décliner, il jouera toujours à son meilleur niveau contre Agassi. Les épisodes les plus marquants des dernières années de leur rivalité auront lieu à l’Open d’Australie 2000 (où Agassi s’imposera, 6-3, 3-6, 6-7, 7-6, 6-1), à l’US Open 2001 (qui restera leur match le plus intense, remporté par Sampras 6-7, 7-6, 7-6, 7-6 sans le moindre break) et à l’US Open 2002, où Pistol Pete, disputant son dernier match sur le circuit, dominera Agassi pour gagner son 14e titre du Grand Chelem (6-3, 6-4, 5-7, 6-4).

Par la suite, Andre Agassi ajoutera trois Open d’Australie à son palmarès (2000, 2001, 2003), portant ainsi à huit son total de titres du Grand Chelem, et apparaîtra pour la dernière fois au sommet du classement ATP le 7 septembre 2003. En 2005, à 35 ans, il disputera sa dernière finale en Grand Chelem à New-York, où il sera à nouveau vaincu par Federer (6-3, 2-6, 7-6, 6-1). Ce n’est qu’en 2006 qu’il quittera le top 10 pour de bon. Cette année-là, il ne jouera que huit tournois et mettra un terme à sa carrière à Flushing Meadows.

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