5 juillet 1980 : Le jour où Borg et McEnroe ont disputé une finale mythique à Wimbledon

Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 5 juillet 1980, Bjorn Borg et John McEnroe se sont affrontés dans une finale historique à Wimbledon, avec notamment un tie-break mythique dans le quatrième set.

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Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis : Une finale de rêve au scénario épique

Le 5 juillet 1980, Björn Borg et John McEnroe disputent l’un des plus grands matches de l’histoire du tennis, en finale de Wimbledon. Tous les ingrédients d’un match exceptionnel sont réunis, dans ce huitième affrontement entre les deux joueurs : l’opposition de styles, le scénario du match et le niveau de jeu affiché. Le plus grand moment de la finale reste bien sûr le jeu décisif du quatrième set, considéré comme le plus beau tie-break jamais disputé, que McEnroe remporte 18-16. Mais c’est Borg qui s’impose à l’arrivée (1-6, 7-5, 6-3, 6-7, 8-6), après trois heures et 53 minutes de jeu, pour gagner son cinquième titre consécutif à Wimbledon.

Les acteurs : Björn Borg et John McEnroe

  • Björn Borg, celui qui a tout changé

Björn Borg, né en 1956, est le champion qui a changé le tennis pour toujours. Sa « starification » sans précédent et ses nombreux succès contribuent à faire du tennis un sport populaire à la fin des années 1970. Son style de jeu, avec un usage inhabituel du lift et un revers à deux mains très curieux pour l’époque, est simplement révolutionnaire et sera copié dans le monde entier. Son surnom, « Ice Borg », reflète son attitude sur le court : il semble maîtriser ses émotions en toutes circonstances. Ayant commencé le tennis à l’âge de 9 ans, Borg fait déjà partie de l’équipe suédoise de Coupe Davis à l’âge de 15 ans. Pour sa première participation à cette compétition, il gagne son simple contre le Néo-Zélandais Onny Parun. Il passe pro l’année suivante, en 1973, avant même de fêter ses 17 ans, et il atteint bientôt la finale de Monte-Carlo, où il est battu par Ilie Nastase (6-4, 6-1, 6-2). Sa domination commence en 1974. A l’âge de 18 ans, il remporte son premier titre du Grand Chelem à Roland-Garros, devenant le plus jeune vainqueur de l’histoire du tournoi.

Bjorn Borg, 1974 French Open

Depuis le début de sa carrière, un seul joueur a réussi à battre Borg à Paris : l’Italien Adriano Panatta, qui le domine en 1973 et en 1976. Sinon, le Suédois est invaincu à Paris, où il s’est imposé à cinq reprises (1974, 1975, 1978, 1979, 1980). Depuis 1976, il se montre aussi invincible à Wimbledon, où il remporte quatre titres consécutifs : Arthur Ashe est le dernier joueur à l’avoir battu au All England Club, en 1975. Étant donné que Borg n’a participé qu’une seule fois à l’Open d’Australie, en 1974, on considère que le seul titre majeur après lequel il court encore est l’US Open, où il a déjà perdu deux finales face à Jimmy Connors, en 1976 et 1978.

  • John McEnroe, du talent et du caractère

John McEnroe, né en 1959, est devenu numéro 1 mondial pour la première fois en mars 1980, même s’il n’est resté au sommet que trois petites semaines avant que Björn Borg ne récupère son bien. Le gaucher de New York a ébloui le monde du tennis dès ses premier pas sur le circuit, en 1977, lorsqu’à l’âge de 17 ans, il s’était aligné à Wimbledon en tant qu’amateur pour s’extraire des qualifications et atteindre les demi-finales. « Mac » est extrêmement talentueux. Son jeu est basé sur le toucher de balle et la précision, le tout agrémenté d’un service aussi original qu’efficace, souvent suivi au filet.

John McEnroe

En 1979, McEnroe est devenu le plus jeune vainqueur de l’histoire de l’US Open en battant en finale Vitas Gerulaitis (7-5, 6-3, 6-3). Il a également créé la surprise cette année-là en venant à bout de Borg (7-5, 4-6, 6-2, 7-6) en finale du World Championship Tennis. En 1980, juste avant Wimbledon, il a affûté son jeu de service-volée en gagnant le tournoi du Queen’s. McEnroe est célèbre pour son comportement, qui choque à l’époque le monde bien propre et policé du tennis. Ses querelles incessantes avec le corps arbitral dénotent dans un sport « de gentlemen ».

Le lieu : Wimbledon

Wimbledon est le tournoi de tennis le plus ancien et le plus prestigieux au monde. Organisé par le All England Lawn Tennis and Croquet Club depuis 1877, il s’est installé sur son site actuel en 1922, année de la construction du célèbre Centre Court. Considéré par beaucoup comme le court le plus impressionnant au monde, avec sa célèbre citation de Rudyard Kipling gravée au-dessus de l’entrée (« Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite et recevoir ces deux menteurs d’un même front »), le Centre Court a vu s’affronter tous les plus grands joueurs de l’histoire.

Après que la conversion, dans les années 1970, de l’US Open à la terre battue puis au ciment, et après l’abandon du gazon au profit du dur par l’Open d’Australie en 1988, Wimbledon demeure le dernier tournoi du Grand Chelem sur herbe, une surface qui convient généralement mieux aux serveurs-volleyeurs. Non seulement Wimbledon conserve sa surface historique, mais le tournoi maintient également certaines traditions comme l’obligation pour les joueurs de s’habiller en blanc.

L’histoire : Un match d’anthologie entre deux grands personnages du tennis

Le 5 juillet 1980, lorsque Bjorn Borg et John McEnroe font leur entrée sur le Centre Court de Wimbledon, le monde du tennis s’attend à un grand match. Mais personne n’avait prévu que les joueurs s’apprêtaient à écrire l’une des plus belles pages de l’histoire du tennis.

Tous les ingrédients pour un grand spectacle sont réunis. Les deux compétiteurs ne peuvent pas être plus différents. Tandis que le Suédois, droitier, est surnommé « Ice Borg », le gaucher américain est appelé « sale morveux » par le public britannique en raison de son attitude avec les officiels. Borg a bâti l’essentiel de ses succès sur la régularité, alors que l’imprévisible McEnroe est le roi du coup de génie.

Les deux joueurs ont de bonnes raisons de croire en leurs chances. Borg n’a pas perdu le moindre match au All England Club depuis 1975, remportant les quatre dernières éditions du tournoi. De plus, il vient de gagner Roland-Garros pour la cinquième fois, sans perdre un set. De l’autre côté du filet, McEnroe est devenu, en 1979, le plus jeune vainqueur de l’histoire de l’US Open. Il a déjà réussi à battre Borg à trois reprises, en six confrontations, et son jeu d’attaque s’adapte à merveille au gazon.

Au premier set, Borg semble surpris par la confiance affichée par McEnroe. L’Américain le prend de vitesse et s’empare rapidement du premier set, 6-1. Borg ne panique pas et donne la réplique dans les deux manches suivantes, montant plus souvent que d’habitude au filet pour empêcher McEnroe de contrôler les points et de prendre le filet lui-même. A l’aide de retours très précis et de superbes passings, « Ice Borg » prend le contrôle du match en remportant les deuxième et troisième sets, 7-5, 6-3. Lorsque le quadruple vainqueur du tournoi sert pour le match à 5-4 au quatrième set, on dirait bien que le destin de McEnroe est scellé. C’est alors que débute la légende : l’Américain se bat avec l’énergie du désespoir pour rester dans le match, parvient à débreaker in extremis et emmène Borg dans un tie-break mémorable.

Au cours de ce tie-break long de 22 minutes (à peine cinq minutes de moins que le premier set en entier !), McEnroe, qui avait déjà écarté deux balles de match, en sauve cinq de plus avant de s’imposer finalement 18-16 pour acculer Borg au cinquième set.

A la place de Borg, bien des joueurs se seraient alors effondrés, après un retournement de situation pareil. Pas lui. Incarnant plus que jamais « Ice Borg », il continue à se battre sur chaque point. Il élève son niveau de jeu, particulièrement sur son service. Mené 0-30 dans le premier jeu, il gagne ensuite 19 points d’affilée, en passant près de 80% de premières balles. Finalement, après trois heures et 53 minutes de jeu, un dernier passing de revers du Suédois met un terme à la plus fabuleuse finale jamais disputée à Wimbledon.

Borg était déjà le premier joueur à avoir remporté le tournoi quatre fois de suite et a maintenant triomphé cinq fois d’affilée. C’est même la troisième fois consécutive qu’il réalise l’incroyable doublé Roland-Garros – Wimbledon, sur des surfaces radicalement différentes, à seulement quelques semaines d’intervalle.

La postérité du moment : McEnroe prendra sa revanche à l’US Open

Cette année-là, John McEnroe prendra sa revanche sur Bjorn Borg en finale de l’US Open, où il s’imposera en cinq sets (7-6, 6-1, 6-7, 5-7, 6-4).

En 1981, Borg remportera son dernier titre du Grand Chelem avec un sixième sacre à Roland-Garros, aux dépens d’Ivan Lendl (6-1, 4-6, 6-2, 3-6, 6-1). Dans les derniers épisodes de leur rivalité, McEnroe le dominera à Wimbledon (4-6, 7-6, 7-6, 6-4) et à l’US Open (4-6, 6-2, 6-4, 6-3). Cette quatrième défaite en finale à New York sera la dernière apparition de Borg en Grand Chelem. Victime de l’attention permanente dont il est l’objet et de la pression qui en découle, il explosera en plein vol et prendra sa retraite à l’âge de 26 ans, comptant déjà 64 tournois à son palmarès, et ayant occupé la place de numéro 1 mondial pendant 109 semaines. Il tentera un come-back qui tournera court au début des années 1990, armé de sa raquette en bois.

Au cours de sa carrière, McEnroe triomphera trois fois à Wimbledon (1981, 1982, 1984), et quatre fois à l’US Open (1979, 1980, 1981, 1984). 1984 sera sa plus grande année. Remportant à la fois Wimbledon et l’US Open, mais aussi le Masters et la Coupe Davis, il sera le champion du monde incontesté avec au compteur 82 victoires pour seulement 3 défaites. Seule ombre au tableau de cette saison grandiose, sa terrible défaite contre Lendl en finale de Roland-Garros, après avoir mené deux sets à rien.

Après 1984, McEnroe ne gagnera plus le moindre tournoi du Grand Chelem. En 1986, épuisé mentalement, il fera même une pause dans sa carrière, le temps d’épouser Tatum O’Neal. Après son retour, « Mac » n’obtiendra jamais de résultats comparables à ceux d’avant et n’atteindra plus jamais la finale d’une épreuve du Grand Chelem. Son dernier résultat marquant sera une demi-finale à Wimbledon perdue contre Andre Agassi en 1992 (6-4, 6-2, 6-3). Au total, McEnroe aura gagné sept tournois du Grand Chelem et passé 170 semaines au sommet du classement ATP.

Borg et McEnroe se seront affrontés 14 fois au total, chacun d’entre eux ayant gagné 7 matches. Leur rivalité, bien qu’elle se soit inscrite dans une durée très courte (entre 1978 et 1981), restera l’une des plus célèbres du tennis, en raison de son intensité, ainsi que du contraste entre leurs styles de jeu et leurs caractères.

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