6 avril 2001 : Le jour où Clément a gagné un match de près de 6 heures en Coupe Davis

Arnaud Clément et Marc Rosset ont disputé le 6 avril 2001 l’un des matchs les plus longs de l’histoire de la Coupe Davis, dont est sorti vainqueur le Français, alors dans le Top 10. Les Bleus finiront par soulever le trophée lors de cette édition.

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Ce qu’il s’est passé ce jour-là : Rosset a tout tenté, mais Clément a fini par s’imposer

Le 6 avril 2001, lors du match d’ouverture du quart de finale de la Coupe Davis entre la Suisse et la France, Arnaud Clément domine Marc Rosset à l’issue de l’un des matchs les plus longs de l’histoire de la compétition, depuis l’introduction du tie-break en 1989 (6-3, 3-6, 7-6, 6-7, 15-13, après 5 heures et 45 minutes de jeu). Le Suisse, qui a tiré pas moins de 48 aces et sauvé 8 balles de match, n’a finalement pas pu éviter la défaite contre le finaliste de l’Open d’Australie.

Les acteurs : Arnaud Clément et Marc Rosset

  • Arnaud Clément, finaliste de l’Open d’Australie

Arnaud Clément, né en 1977, passe pro en 1996. Entré dans le Top 100 en 1998, il se révèle au grand public en 1999, au deuxième tour de Roland-Garros, lorsqu’il pousse le futur vainqueur du tournoi Andre Agassi à disputer un cinquième set. En 2000, après avoir atteint les demi-finales du Masters 1000 de Cincinnati en août (battu par Thomas Enqvist, 6-2, 6-2), il domine Agassi, alors N.1 mondial, au deuxième tour de l’US Open (6-3, 6-2, 6-4), avant de se hisser jusqu’en quarts de finale où il est éliminé par Lleyton Hewitt (6-4 6-2 6-3). En novembre, il gagne son premier tournoi ATP à Lyon, prenant le meilleur sur Patrick Rafter (7-6, 7-6), deux mois avant d’atteindre la finale de l’Open d’Australie 2001 à la surprise générale. En demi-finale, il vient à bout de son vieil ami Sébastien Grosjean, après avoir remonté un handicap de deux manches et sauvé deux balles de match (5-7, 2-6, 7-6, 7-5, 6-2). En finale, Agassi le balaye (6-4, 6-2, 6-2), prenant ainsi la revanche de sa défaite new-yorkaise. En avril de la même année, « la Clé » obtient son meilleur classement, 10e mondial.

  • Marc Rosset, géant suisse

Le Suisse Marc Rosset est né en 1970. Le géant suisse, avec ses 2,01m, est alors le joueur le plus grand du circuit. Il n’est pas surprenant que son jeu repose principalement sur un énorme service et un jeu très offensif. Rosset, qui est passé pro en 1988, remporte le premier de ses 15 titres dans sa ville natale, à Genève, en 1989 (aux dépens de Guillermo Perez-Roldan, 6-4, 7-5). En 1992, il gagne le tournoi le plus important de sa carrière à Barcelone, décrochant l’or olympique en battant le N.1 mondial Jim Courier en huitième de finale puis Jordi Arrese en finale (7-6, 6-4, 3-6, 4-6, 8-6). Il obtient son meilleur classement, 9e mondial, en 1995. Jusqu’à présent, son meilleur résultat en Grand Chelem est une demi-finale à Roland-Garros en 1996 (éliminé par Michael Stich, 6-3, 6-4, 6-2). Il termine la saison 2000 à la 28e place mondiale, après avoir notamment gagné l’AXA Cup, à Londres (aux dépens de Ievgueni Kafelnikov, 6-4, 6-4). Il commence l’année 2001 de manière assez poussive. Au mois d’avril, il n’est déjà plus que 62e mondial.

Le lieu : Neuchâtel

Le premier tour de la Coupe Davis 2001 entre la Suisse et la France se déroule sur GreenSet intérieur à Neuchâtel, non loin de Bâle, la ville natale de Roger Federer.

L’histoire : A chacun ses opportunités, le dernier mot pour Clément

Le 6 avril 2001, le premier match du quart de finale de la Coupe Davis entre la Suisse et la France voit s’affronter deux joueurs à des moments très différents de leur carrière. Le Français Arnaud Clément, âgé de 23 ans, est au sommet de sa forme. Quelques mois auparavant, il a remporté son premier titre ATP et, en janvier, il a réalisé un parcours fantastique qui l’a mené jusqu’en finale de l’Open d’Australie. En conséquence, il occupe le meilleur classement de sa carrière, le 10e rang mondial.

En revanche, Marc Rosset, 30 ans, champion olympique en 1992, n’a pas gagné deux matchs d’affilée depuis le début de la saison, et lorsqu’il arrive à Neuchâtel, il a perdu au premier tour des trois derniers tournois auxquels il a participé. Il est désormais 62e mondial, lui qui a fait partie du Top 50 sans la moindre interruption de 1992 à 2000. Malgré tout, son capitaine, Jakob Hlasek, le choisit à la place de George Bastl pour jouer le match d’ouverture contre Clément, malgré sa défaite contre lui à Rotterdam, espérant que le géant suisse serait transcendé par l’occasion.

Rosset réalise une entame plutôt moyenne, et Clément fait rapidement le break, remportant le premier set, 6-3. Mais dans le deuxième set, le Suisse affûte son service et revient à une manche partout (6-3). Les joueurs se partagent ensuite les troisième et quatrième sets, qui se décident tous deux au tie-break, et doivent se départager au cinquième.

Le Français, qui mène 3-0, se procure trois balles de 4-0. Mais coup de théâtre, Rosset parvient à revenir et à faire de ce cinquième set un véritable marathon. 4-4, 5-5, 6-6… A 9-9, Clément manque ses premières balles de match. A 11-11, le Français commet trois doubles fautes, permettant à Rosset de servir pour le match. Mais le service du Suisse lui fait défaut au moment le plus important. À 14-13, le Suisse sauve héroïquement deux autres balles de match. Mais après cinq heures et 46 minutes de jeu, Clément finit par s’imposer.

Le Suisse, qui a réalisé 48 aces, peut regretter le nombre élevé de doubles fautes qu’il a commises (entre 19 et 30, selon différentes sources). Extrêmement déçu, il n’entre pas vraiment dans l’analyse de sa performance et, juste après le match, se contente de dire qu’il voudrait “se jeter au lac”. Plus tard, lors de la conférence de presse, le fait d’avoir joué un grand match ne suffit pas à consoler Rosset.

“Mais j’ai perdu. Encore une fois… Je ne peux pas me satisfaire d’une défaite, même si on me dit que j’ai bien joué. Et d’ailleurs, si j’avais vraiment bien joué, j’aurais gagné.”

La postérité du moment : Une étape vers une épopée victorieuse pour les Bleus

Plus tard dans la journée, Nicolas Escudé permettra à la France de mener 2-0, en battant Roger Federer (19 ans), dont le conflit avec Jakob Hlasek atteindra ce jour-là son paroxysme et qui livrera une piètre performance (6-4, 6-7, 6-3, 6-4). Cependant, l’équipe suisse remportera ensuite le double et, le dernier jour, Federer battra Clément (6-4, 3-6, 7-6, 6-4). Dans le match décisif, Escudé remportera un nouveau marathon pour battre George Bastl (1-6, 7-5, 6-7, 6-4, 8-6).

Cette victoire serrée sera la deuxième étape d’une campagne victorieuse pour l’équipe de France : en décembre, le même Escudé, battant Lleyton Hewitt et Wayne Arthurs sur gazon, sur leurs propres terres, conduira la France à son premier triomphe en Coupe Davis depuis 1996.

Arnaud Clément ne restera pas très longtemps dans le Top 10. Cependant, il restera un solide joueur du Top 50. En 2004, il disputera le match le plus long de l’histoire de Roland-Garros, un marathon de six heures et trente-trois minutes, perdu contre Fabrice Santoro (6-4, 6-3, 6-7, 3-6, 16-14).

Marc Rosset n’atteindra plus jamais la finale d’un tournoi ATP. Il quittera le top 100 à la fin de l’année 2001 et, après cinq années de galère, il prendra sa retraite en octobre 2005.

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