9 mai 1915 : Le jour où Anthony Wilding, première superstar de l’histoire du tennis, a été tué pendant la Première Guerre mondiale

Le 9 mai 1915, le Néo-Zélandais Anthony Wilding, numéro un mondial virtuel de l’époque et quadruple vainqueur à Wimbledon, était tué à la bataille de la crête d’Aubers, dans le Nord de la France, l’âge de 32 ans. Wilding était un pro avant l’heure, un spécialiste reconnu de la terre battue et un grand joueur de Coupe Davis.

Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis : Une star tombe au combat

Ce jour-là, le 9 mai 1915, en pleine Première Guerre mondiale, Anthony Wilding, première superstar de l’histoire du tennis, est tué à la bataille de la crête d’Aubers, dans le nord de la France. Quatre fois titré à Wimbledon, le “Gatsby” du tennis avait remporté 118 tournois au cours des quinze années qui ont précédé le début de la guerre. 

La jeunesse d’Anthony Wilding

Né le 31 octobre 1883 à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, Anthony Wilding apprend à jouer au tennis sur le court privé que possèdent ses parents, de riches immigrants anglais. Envoyé en Angleterre pour étudier le droit à l’université de Cambridge, il en profite pour devenir membre du Cambridge Lawn Tennis Club et remporte son tout premier titre en 1901, lors des championnats de Canterbury. Bien que le jeune Wilding, qui participe pour la première fois à Wimbledon en 1904, passe beaucoup de temps à améliorer son tennis, il réussit ses examens de droit et travaille brièvement dans le cabinet d’avocats de son père. Cependant, il est d’un caractère aventureux et, de retour en Europe, il a l’intention de sillonner le continent sur sa moto, muni de ses raquettes de tennis.

Un joueur de tennis dominateur

Anthony Wilding, qui était déjà un grand joueur et avait remporté pas moins de 29 titres, s’impose comme l’un des meilleurs joueurs de tennis lorsqu’il triomphe aux championnats d’Australasie de 1906, en battant Francis Fischer en finale (6-0, 6-4, 6-4). Conseillé par un ancien champion du monde de boxe poids lourd, son compatriote Bob Fitzsimmons, il est peut-être le premier joueur de tennis à prêter attention à sa condition physique – il court deux ou trois fois par semaine – et à son mode de vie – il ne boit pas, et ne fume pas.

Au cours des années suivantes, Anthony Wilding étoffe son palmarès. Non seulement il parvient à conserver sa couronne de champion d’Australasie en 1907, mais il mène également l’équipe australasienne à trois titres consécutifs en Coupe Davis (1907-1909). En 1910, il assied sa domination sur Wimbledon, remportant quatre titres d’affilée, son plus grand match restant la finale de 1913 contre Maurice McLoughlin, la “Comète californienne”. Devant 7000 spectateurs, bien que l’Américain soit le favori, Wilding délivre un match parfait pour s’imposer en trois sets (8-6, 6-3, 10-8).

Cependant, même s’il a remporté quatre fois les championnats du monde sur gazon, Wilding est encore plus dominateur sur terre battue, où il demeure invaincu depuis une défaite contre le Français Max Decugis en 1910, jusqu’à son dernier titre sur terre battue remporté à Paris en 1914. Son secret ? Une combinaison de puissance et de précision du fond de court. Selon le International Tennis Hall of Fame, “si son jeu ressemblait à celui de ses homologues, il était très différent car Wilding pouvait exécuter ces coups mieux que la plupart d’entre eux”. 

Considéré comme le numéro 1 mondial au début des années 1910, il connaît sa plus grande déception aux Jeux Olympiques de 1912, à Stockholm. Wilding, qui avait manqué les Jeux Olympiques de 1908 en raison d’une erreur administrative, est le favori pour la médaille d’or, et pourtant, il est battu en demi-finale par le Britannique Charles Dixon. Wilding parvient tout de même à battre Gordon Lowe pour obtenir la médaille de bronze.

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, à la fin de l’été 1914, Wilding a remporté pas moins de 118 tournois, détenant le record du plus grand nombre de titres décrochés en une année (23 titres, en 1906), ainsi que du plus grand nombre de titres glanés sur terre battue (75).

Wilding, icône de son temps

Cependant, aussi remarquables que soient ses résultats, Anthony Wilding ne devient pas une légende vivante uniquement grâce à ses succès sportifs, mais aussi en raison de son charisme, comme l’explique sa petite-nièce Anna Wilding, citée par la BBC.

“Anthony était une icône et il était magnifique. Il était comme une star de cinéma, mais sur le court de tennis. Le tennis n’avait jamais eu quelqu’un comme lui, avec cette combinaison de charme, de bienséance et d’aventure. Imaginez l’époque de Gatsby le Magnifique, mais il était bien réel, la coqueluche de la société. Il fréquentait des rois, des reines et des premiers ministres. Les femmes se pâmaient et s’évanouissaient.”

Décrit par son coéquipier de la Coupe Davis, Norman Brookes, comme “l’un des plus beaux spécimens de virilité”, il est sur le point d’épouser une actrice, Maxine Elliott, lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale.

La mort tragique de Wilding lors de la Première Guerre mondiale

Dès le début de la Première Guerre mondiale, Anthony Wilding s’engage dans l’armée britannique. En octobre 1914, il rejoint la Royal Naval Armoured Car Division sur les champs de bataille du nord de la France, et le 2 mai 1915, il est promu capitaine. 

Dans sa dernière lettre, écrite le 8 mai 1915, Wilding écrit : 

“Pour la première fois en sept mois et demi, j’ai un travail à faire qui risque de nous faire réduire en miettes, moi avec tout le régiment. Cependant, si nous réussissons, nous aiderons grandement notre infanterie.”

Selon la biographie de Myers datant de 1915 (Captain Anthony Wilding), le même soir, juste avant que Wilding ne s’endorme, le lieutenant Barnes, un ancien compagnon de tennis, lui dit : “Eh bien, mon vieux, tu étais en bien mauvaise forme quand tu as rencontré Brookes”, faisant référence à sa défaite en finale de Wimbledon l’année précédente. “On ne peut pas toujours être au mieux de sa forme”, lui répond Wilding.

Le lendemain, à 4h45, le quadruple champion de Wimbledon est tué au combat, lorsqu’un obus explose sur le toit de l’abri dans lequel il s’était réfugié. Parmi les 11 000 soldats britanniques tués ce jour-là lors de la bataille d’Aubers, il est sans doute le plus célèbre.

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