31 mars 1997 : Le jour où Martina Hingis est devenue la plus jeune numéro 1 mondiale

Le 31 mars 1997, Martina Hingis, qui, la veille, avait triomphé à l’Open de Miami, devient la plus jeune n° 1 mondiale de l’histoire du tennis, à l’âge de 16 ans et 152 jours.

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Ce qui s’est passé et pourquoi c’est historique : Martina Hingis, numéro une mondiale à 16 ans et 152 jours

Ce jour-là, le 31 mars 1997, Martina Hingis, qui, la veille, avait triomphé à l’Open de Miami, devient la plus jeune n° 1 mondiale de l’histoire du tennis, à l’âge de 16 ans et 152 jours. La « Swiss Miss », qui avait commencé la saison à la 6e place mondiale, avait remporté son premier titre du Grand Chelem en Australie au mois de janvier, et elle reste jusqu’à présent invaincue en 1997. Elle restera alors au sommet pendant 80 semaines consécutives, et pendant un total de 209 semaines au cours de sa carrière.

L’actrice : Martina Hingis

  • Martina Hingis, enfant prodige

Martina Hingis est née en septembre 1980, et sa mère, Melanie Molitor, la prénomme en référence à la championne de tennis, Martina Navratilova. Formée par sa maman, elle est un enfant prodige, et remporte Roland-Garros juniors à seulement 12 ans. Elle fait ses débuts sur le circuit à 14 ans, mais le règlement ne l’autorise à disputer que 15 tournois avant l’âge de 16 ans, une règle contre laquelle elle s’insurge. Son tennis est basé sur une coordination extraordinaire, un sens tactique impressionnant, un superbe toucher de balle et une bonne lecture du jeu.

Au début de sa carrière, elle manque néanmoins de puissance et sa deuxième balle est assez faible. Plus jeune joueuse de l’histoire à gagner un match à l’Open d’Australie, en 1995, elle explose en 1996. Après avoir battu la numéro 1 mondiale incontestée, Steffi Graf, au mois de mai, à Rome, elle se hisse en demi-finale de l’US Open (battue par Graf, 7-5, 6-3), puis en finale du Masters (où elle est battue par Graf en cinq sets, 6-3, 4-6, 6-0, 4-6, 6-0). Trois après son 16e anniversaire, elle est déjà 6e mondiale, mais sa carrière prend une nouvelle dimension en 1997. Après un premier titre glané à Sydney (aux dépens de Jennifer Capriati, 6-1, 5-7, 6-1), elle devient la plus jeune gagnante en Grand Chelem de l’ère Open, en battant Mary Pierce en finale de l’Open d’Australie (6-2, 6-2). Dans les semaines qui suivent, elle domine le tennis féminin, ajoutant deux autres titres à son palmarès, et après le forfait de Steffi Graf à l’Open de Miami, elle est certaine d’atteindre la première place mondiale une fois le tournoi terminé.

Martina Hingis, Australian Open, 1998

Le lieu : Miami (États-Unis)

L’Open de tennis de Miami, qui s’appelle à l’origine le Lipton International Players Championship, a lieu pour la première fois en 1985, à Delray Beach, dans l’idée d’être le premier grand événement de tennis de l’année (à l’époque, l’Open d’Australie se tient au mois de décembre). Le tournoi déménage à Key Biscayne en 1987, et Miloslav Mecir est le premier à triompher dans le nouveau site de Crandon Park. Les joueurs s’y affrontent sur des courts en dur assez lents, dans une chaleur et une humidité extrêmes. Avec une dotation exceptionnelle et un tableau de 96 joueurs, il est considéré, en 1997, comme le plus grand tournoi de tennis au monde, en dehors des Grands Chelems, et la tenante du titre est la n°1 mondiale de longue date, Steffi Graf.

L’histoire : Hingis démolit Seles en finale, 6-2 6-1

Lorsque début l’édition 1997 du tournoi de Miami, Martina Hingis, 16 ans, sait déjà que, quel que soit son résultat, elle deviendra n°1 mondiale à l’issue du tournoi, car Steffi Graf, l’actuelle n° 1 mondiale et tenante du titre, a déclaré forfait et ne peut donc pas défendre ses points. L’adolescente, plus jeune joueuse à avoir jamais atteint le sommet du classement, a largement dominé les premiers mois de la saison : en plus de son premier triomphe en Grand Chelem à Melbourne, elle a remporté les tournois de Sydney, Tokyo et Paris-Coubertin, sans subir la moindre défaite. Elle se démarque par son jeu mais aussi par sa personnalité, affichant une confiance débordante que beaucoup prennent pour de l’arrogance. 

À Miami, Hingis se fraye un chemin jusqu’en finale, où elle démolit Monica Seles, qui, ironiquement, détenait jusqu’alors le record de la plus jeune n° 1 mondiale de l’histoire du tennis, 6-2, 6-1. L’adolescente affirme qu’elle se sentait investie d’une vraie responsabilité de devenir n°1 mondiale avec la manière.


“Je suis imbattable cette année”, déclare-t-elle. « C’est une grande motivation pour moi de ne pas perdre. Tout le monde est là, à se demander : “Quand va-t-elle perdre son premier match ?” J’essaie simplement de ne pas en perdre un seul. »

Pour réaliser cette série de 26 victoires, la « Swiss Miss » s’appuie surtout sur ce que Robin Finn, du New York Times, appelle “un étrange sixième sens sur le court, où elle fait preuve de la vision d’une diseuse de bonne aventure et du sang-froid d’un chirurgien”. À une époque où le jeu semble évoluer dans le sens de la puissance, l’ascension d’une telle joueuse est totalement inattendue. “Si je suis sur la balle, je peux utiliser la puissance de l’adversaire, et ensuite j’essaie de jouer encore plus vite”, explique Hingis.

Jana Novotna, n° 4 mondiale, qui s’est inclinée face à la nouvelle n° 1 en demi-finale de Miami (6-3, 2-6, 6-4), est également subjuguée par le sens du jeu déployé par Hingis. « Elle arrive en match en sachant exactement à quoi s’attendre : on dirait qu’elle peut lire le jeu de tout le monde”, s’étonne Novotna. « Elle n’est pas si grande, pas si rapide, ne frappe pas si fort, mais on dirait qu’elle sait où la balle va se trouver, et qu’elle y est déjà.”

Cependant, Hingis ne semble pas accablée par une quelconque forme de pression liée à son nouveau statut : “Tout le monde attend de vous que vous battiez toutes les joueuses du monde, » dit-elle. “Mais si vous n’y arrivez pas, cela n’a pas d’importance. Au tennis, vous avez tellement d’occasions. Quand vous ne jouez pas bien dans un tournoi, la semaine suivante, il y en a un autre.”

La postérité du moment : 5 Grands Chelems pour Hingis

Martina Hingis sera contrainte à faire l’impasse sur la majeure partie de la saison sur terre battue, en raison d’une blessure consécutive à une chute de cheval. Elle ne pourra pas disputer le moindre tournoi sur terre battue avant Roland-Garros, où elle atteindra néanmoins la finale, battue à la surprise générale par Iva Majoli (6-4, 6-2). Dans les mois suivants, elle renforcera son emprise sur le circuit, triomphant à Wimbledon (en battant Jana Novotna en finale, 2-6, 6-3, 6-3), à l’US Open (en battant Venus Williams en finale, 6-0, 6-4) et à l’Open d’Australie 1998 (en battant Conchita Martinez, 6-3, 6-3).

Cependant, ayant du mal à contenir la puissance de la nouvelle génération de joueuses, dont les sœurs Williams, elle ne remportera qu’un seul autre titre majeur, à l’Open d’Australie, en 1999, atteignant malgré tout la finale de six autres tournois du Grand Chelem. Elle apparaîtra pour la dernière fois au sommet du classement WTA le 14 octobre 2001, après avoir occupé cette place pendant 209 semaines. Après une terrible défaite face à Jennifer Capriati en finale de l’Open d’Australie 2002, perturbée ensuite par une blessure au pied, elle annoncera sa retraite en février 2003. Elle reviendra sur le circuit en 2006, mais ne dépassera jamais les quarts de finale d’un tournoi du Grand Chelem jusqu’à ce qu’elle soit contrôlée positive à la cocaïne à Wimbledon et suspendue à la fin de l’année. Elle reviendra une dernière fois dans les années 2010, en double, et remportera quatre autres titres du Grand Chelem. Elle prendra définitivement sa retraite en 2017.

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