31 janvier 1998 :  le jour où Martina Hingis, 17 ans, est devenue la plus jeune joueuse de l’ère Open à conserver un titre du Grand Chelem

Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Aujourd’hui, nous retournons en 1998 pour voir comment Martina Hingis, qui était déjà la plus jeune vainqueur de Grand Chelem de l’ère Open depuis son triomphe à l’Open d’Australie 1997, a battu un autre record à Melbourne, devenant la plus jeune joueuse de l’histoire à conserver un titre majeur.

Martina HINGIS – TENNIS – Open dAustralie – 31/01/1999 – largeur attitude civil sourire portait trophee coupe pose

Ce qu’il s’est passé ce jour-là : Hingis fait le doublé

Ce jour-là, le  31 janvier 1998, Martina Hingis domine Conchita Martinez en finale de l’Open d’Australie (6-3, 6-3). Ce faisant, elle devient, à l’âge de 17 ans et trois mois, la plus jeune joueuse de l’ère Open à parvenir à conserver un titre du Grand Chelem, un record détenu auparavant par Monica Seles, qui avait 17 ans et six mois lorsqu’elle avait doublé la mise à Roland-Garros en 1991. Il s’agissait de la cinquième apparition consécutive de Hingis en finale de Grand Chelem, et il aurait été difficile à l’époque d’imaginer qu’elle n’ajouterait à l’avenir qu’un seul titre majeur à son palmarès.

Les personnages : Martina Hingis et Conchita Martinez

  • Martina Hingis, un modèle de précocité

Martina Hingis est née en septembre 1980, et sa mère, Melanie Molitor, la prénomme en référence à la championne de tennis, Martina Navratilova. Formée par sa maman, elle est un enfant prodige, et remporte Roland-Garros juniors à seulement 12 ans. Elle fait ses débuts sur le circuit à 14 and, mais le règlement ne l’autorise à disputer que 15 tournois avant l’âge de 16 ans, une règle contre laquelle elle s’insurge. Son tennis est basé sur une coordination extraordinaire, un sens tactique impressionnant, un superbe toucher de balle et une bonne lecture du jeu. Au début de sa carrière, elle manque néanmoins de puissance et sa deuxième balle est assez faible.

Plus jeune joueuse de l’histoire à gagner un match à l’Open d’Australie, en 1995, elle explose en 1996. Après avoir battu la numéro 1 mondiale incontestée, Steffi Graf, au mois de mai, à Rome, elle se hisse en demi-finale de l’US Open (battue par Graf, 7-5, 6-3), puis en finale du Masters (où elle est battue par Graf en cinq sets, 6-3, 4-6, 6-0, 4-6, 6-0). Trois après son 16e anniversaire, elle est déjà 6e mondiale, et en janvier 1997, elle devient la plus jeune gagnante en Grand Chelem de l’ère Open, en battant Mary Pierce en finale de l’Open d’Australie (6-2, 6-2). Deux mois plus tard, elle est la plus jeune joueuse de l’histoire à accéder à la première place mondiale et tout au long de la saison, elle remporte la bagatelle de 12 titres, dont Wimbledon (aux dépens de Jana Novotna, 2-6, 6-3, 6-3), l’US Open (où elle bat Venus Williams, 6-4, 6-0).

Martina Hingis, Australian Open, 1998
Prosport / PanoramiC
  • Conchita Martinez, terrienne à l’aise sur dur

L’Espagnole Conchita Martinez est surtout connue pour avoir remporté son premier et unique titre du Grand Chelem à Wimbledon, en 1994, en battant Martina Navratilova en finale (6-4, 3-6, 6-3). Cependant, à ses débuts, on la considérait comme une spécialiste de la terre battue, et celle-ci est restée sa surface de prédilection, sur laquelle elle a remporté 15 de ses 28 titres, après avoir atteint trois fois les demi-finales de Roland-Garros (1994, 1995, 1996) et triomphé quatre fois de suite aux Internationaux d’Italie, à Rome (1993-1996). Au fil des ans, elle a également obtenu des résultats remarquables sur les surfaces rapides, demi-finaliste à l’Open d’Australie en 1995 ainsi qu’à  l’US Open en 1995 et 1996. Avec sa technique classique et son magnifique revers à une main, elle est entrée dans le top 10 en 1989 pour la première fois, et et n’en est sortie qu’à la fin de 1997, sa saison la plus décevante, qu’elle a terminée au 12e rang mondial sans avoir disputé les quarts de finale d’un seul tournoi du Grand Chelem pour la première fois depuis dix ans.

Le lieu : Open d’Australie

Contrairement aux autres tournois du Grand Chelem, l’Open d’Australie (d’abord appelé Championnat d’Australasie puis Championnat d’Australie) a changé plusieurs fois de lieu au fil des ans. L’épreuve changeait même de ville chaque année avant de s’installer à Melbourne en 1972, et pas moins de cinq villes australiennes l’ont accueillie à au moins trois reprises : Melbourne, Sydney, Adelaïde, Brisbane et Perth. Ses dates ont été assez mouvantes également, entre début décembre et fin janvier, faisant de l’Open d’Australie parfois le premier, parfois le dernier Grand Chelem de la saison.

Jusqu’en 1982, la plupart des meilleurs joueurs font l’impasse sur l’épreuve en raison de son éloignement et des prix insuffisants, mais à partir de la victoire de Mats Wilander, la dynamique change. Pour rendre le tournoi plus attractif, le comité du tournoi déploie d’énormes efforts qui mènent au déménagement de l’épreuve vers un nouveau site, Flinders Park (qui sera plus tard renommé Melbourne Park), à l’abandon du gazon pour des courts en dur, et à la construction du premier court central doté d’un toit rétractable. La dotation augmente également, et il ne faut alors que quelques années pour que l’Open d’Australie devienne le Grand Chelem préféré de nombreux joueurs. 

L’histoire : Hingis confirme sa supériorité malgré la pression

En janvier 1998, Martina Hingis est la numéro 1 mondiale incontestée. En 1997, elle a disputé la finale des quatre tournois du Grand Chelem, ne s’inclinant qu’une seule fois,  à Roland-Garros. Son défi en 1998 est de confirmer cette emprise sur le circuit, et la première échéance est l’Open d’Australie, le premier tournoi majeur de sa carrière où elle arrive dans la peau de la tenante du titre. Les attentes sont d’autant plus élevées que Jana Novotna (n° 2 mondiale), Monica Seles (n° 5 mondiale) et Steffi Graf (blessée depuis le dernier Roland-Garros) manquent à l’appel.

La numéro 1 mondiale est challengée dès le troisième tour, où elle doit batailler trois sets pour se défaire de la nouvelle star russe, Anna Kournikova (6-4, 4-6, 6-4). La Suissesse abandonne encore un set contre Anke Huber, en demi-finale (6-1, 2-6, 6-1), et en finale, elle affronte Conchita Martinez. En 1997, Hingis a battu l’Espagnole sèchement à deux reprises, mais Martinez semble être revenue à son meilleur niveau, comme elle l’a montré pour éliminer la tête de série n°2, Lindsay Davenport, en demi-finale (4-6, 6-3, 6-3).

Au bout du compte, Hingis se montre plus patiente que son adversaire et s’impose sans difficulté, 6-3, 6-3, en 86 minutes. Sa seule frayeur survient au début du match, lorsqu’elle est breakée d’entrée, mais elle débreake immédiatement et reste en contrôle jusqu’à la fin de la partie. Hingis, qui avait déjà dconservé son titre en double, est la plus jeune joueuse de l’ère Open à conserver un titre du Grand Chelem.

“Laissez-moi vous dire une chose, conserver le titre est beaucoup plus difficile que de venir et de le gagner la première fois ; il y a tellement de pression”, déclare Hingis, selon le New York Times. ”Je suis heureuse d’avoir à nouveau gagné ici, surtout en simple et en double.”

”Elle a joué les bons coups au bon moment ; aujourd’hui la patience était la clé,” analyse Martinez. ”Je sentais que j’avais un coup à jouer, mais elle ne m’a pas laissé attaquer. Je n’ai pas mal joué, mais je n’ai pas bien joué non plus.”

La Suissesse de 17 ans compte déjà quatre titres du Grand Chelem à son palmarès et son emprise sur le circuit semble plus forte que jamais.

La postérité du moment : Hingis ne remportera plus qu’un seul titre du Grand Chelem

Bien qu’à l’époque, il semble que la domination de Hingis soit partie pour durer, elle aura bientôt du mal à contenir la puissance de la nouvelle génération de joueuses, dont les sœurs Williams. Elle ne remportera qu’un seule autre titre majeur, à l’Open d’Australie, en 1999, atteignant malgré tout la finale de six autres tournois du Grand Chelem. Elle apparaîtra pour la dernière fois au sommet du classement WTA le 14 octobre 2001, après avoir occupé cette place pendant 209 semaines.

Après une terrible défaite face à Jennifer Capriati en finale de l’Open d’Australie 2002, perturbée ensuite par une blessure au pied, elle annoncera sa retraite en février 2003. Elle reviendra sur le circuit en 2006, mais ne dépassera jamais les quarts de finale d’un tournoi du Grand Chelem jusqu’à ce qu’elle soit contrôlée positive à la cocaïne à Wimbledon et suspendue à la fin de l’année. Elle reviendra une dernière fois dans les années 2010, en double, et remportera quatre autres titres du Grand Chelem. Elle prendra définitivement sa retraite en 2017.

Le dernier résultat marquant de Conchita Martinez sera la finale de Roland-Garros 2000, où elle sera battue par Mary Pierce (6-2, 7-5). Quittant définitivement le top 10 en 2001, elle décrochera le dernier de ses 33 titres à Pattaya, mais atteindra encore les quarts de finale à Wimbledon en 2001, et à Roland-Garros en 2003. Elle prendra sa retraite en 2006.

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