Au bout de l’effort, Nadal dompte Shapovalov

Poussé au cinquième set après avoir mené deux manches à zéro, Rafael Nadal est finalement venu à bout de Denis Shapovalov en quart de finale de l’Open d’Australie.

Rafael Nadal, Open d'Australie 2022 Tennis – Australian Open – Melbourne Park, Melbourne, Australia – January 25, 2022 Spain’s Rafael Nadal celebrates winning his quarter final match against Canada’s Denis Shapovalov || AI / Reuters / Panoramic

Open d’Australie 2022 |Tableau | Programme | Quarts de finale

Après le réveil de Denis Shapovalov, Nadal a revécu le début d’un cauchemar. Celui de son quart de finale de l’Open d’Australie 2021, perdu après avoir eu deux manches d’avance face à Stefanos Tsitsipas. Mais cette fois, l’Espagnol a su sortir l’attrape-rêve au bon moment pour mettre fin aux espoirs de son adversaire. Victoire 6-3, 6-4, 4-6, 3-6, 6-3 en 4h08.

“Je ne sais pas comment j’ai fait pour gagner ce match”, a-t-il répondu à Jim Courier lors de l’interview sur le court. “J’étais complètement détruit, puis j’ai eu un peu de chance au début du cinquième. (…) La vérité, c’est que deux mois en arrière on ne savait pas si j’allais pouvoir revenir sur le circuit. Être ici, c’est un cadeau de la vie. Je profite de pouvoir à nouveau jouer au tennis. (…) Être capable de jouer une nouvelle fois ici, ça signifie tout pour moi. Je suis excité et heureux d’être en demi-finale.”

Deux mois en arrière, je ne savais pas si j’allais pouvoir revenir sur le circuit.

Rafael Nadal

Pour atteindre sa septième demi-finale à Melbourne – la première depuis 2019 – et la 36e de sa carrière en Grand Chelem, le Majorquin a dû cravacher. Opposé à un adversaire face auquel il menait trois succès à un et il avait dû sauver deux balles de match à Rome l’an passé, il lui a en plus fallu se battre avec des maux de ventre à partir du quatrième set. “Mon estomac a commencé à ne pas se sentir très bien”, a-t-il expliqué une fois la qualification en poche. “Le médecin a pris ma tension pour voir si tout était O.K. et j’ai pris un comprimé. J’étais fatigué, mais j’ai eu la chance de bien servir dans le cinquième set.”

Au cours d’un duel au scénario renversant, les deux hommes ont rarement joué leur meilleur niveau en même temps. Percutant en début de rencontre, Nadal a profité d’un Shapovalov accumulant les fautes, bien loin du visage affiché face à Alexander Zverev au tour précédent. Sur les nerfs, agacé par un adversaire prenant, à son goût, un peu trop de temps à se lever de sa chaise après le “time” sonnant le début de la deuxième manche, le Canadien est sorti de ses gonds. “Vous êtes tous corrompus”, a-t-il lâché à Carlos Bernardes, l’arbitre.

Vous êtes tous corrompus !

Denis Shapovalov, à l’arbitre

Quelques instants plus tard, après le gain du premier jeu, il reprenait sa bisbille avec l’arbitre, lui reprochant de manquer d’autorité pour sanctionner le gaucher des Baléares par rapport au temps pris entre les points. Irrité, Bernardes lui a alors gentiment signifier de s’occuper de ses affaires. Ironie du sort, c’est à ce même Bernardes que Nadal, énervé par deux avertissements de temps qu’jl jugeait abusifs à Rio en 2015, avait lâché : “Je n’en peux plus de toi, je vais demander à ce que tu ne m’arbitres plus jamais.”

Pas perturbé pour un sou, l’ancien numéro 1 mondial a poursuivi son bonhomme de chemin. Prenant la mise en jeu de son rival du jour à 3-3, il conservait son avantage pour mener deux manches à zéro sans avoir eu la moindre balle de break à défendre depuis le début des hostilités. Shapovalov, lui, affichait déjà 24 fautes directes pour “seulement” 16 coups gagnants.

Dépassement de temps et double faute sur balle de break

Puis la tendance s’est inversée. Plus précis, le plus jeune des deux gauchers est passé à un ratio positif dans le troisième round (12-9). Après deux premières balles de break à 3-3, qu’il n’a pu convertir en raison de la qualité de service de son opposant, le surnommé “Shapo” a fini par creuser l’écart. Au meilleur moment, sur un jeu blanc, à 5-4 en sa faveur.

Au début du quatrième round, l’actuel 14e du classement ATP a, peut-être, récolté les fruits de la pression mise sur l’arbitre auparavant. A 2-1 et balle de break, il a vu Bernardes mettre un avertissement pour dépassement de temps à Nadal. Résultat : double faute de ce dernier – 11 au total final, son pire bilan en carrière – qui dès l’entame du jeu suivant, mené 3-1, regard inquiet vers son box, demandait l’intervention du médecin pour le prochain changement de côté.

Visiblement dans le doute physiquement, nettement moins dynamique et prompt à serrer le poing pour lâcher ses “Vamos !”, la tête de série numéro 6 n’a plus fait qu’illusion jusqu’à la fin du set, face à un opposant tonitruant. Bilan : 1 coup gagnant, 5 fautes directes pour le brun ; 14 coups gagnants, 5 fautes directes pour le bond. Étant donné la tournure des évnènements et le langage corporel moins “guerrier” de Nadal, seuls les parieurs les plus téméraires auraient alors osé miser sur lui.

Les grands champions parviennent à inverser une dynamique négative.

Justine Henin

Puis, au début du dénouement, après un passage au vestiaire, le monument aux 20 titres du Grand Chelem a serré le jeu. Malgré deux doubles fautes, il est parvenu à tenir son engagement en écartant une balle de break. Dans la foulée il prenait, blanc, celui du natif de Tel-Aviv. S’appuyant sur un service retrouvé et ne commettant plus une seule double, il a écarté deux balles de débreak, à 2-0, pour conserver son avantage jusqu’au bout, sans trembler, face à un Shapovalov retombé dans ses travers (11 coups gagnants, 13 fautes directes dans le dernier set).

“Certains joueurs vont rester dans la dynamique négative, et les grands champions vont parvenir à l’inverser”, a analysé Justine Henin sur Eurosport. “Nadal a réussi à très bien servir dans le cinquième set.”

A 35 ans, après des mois sans compétition, un pied en piteux état, des doutes quant à une possible fin de carrière et un organisme frappé par le covid fin décembre, Rafael Nadal est toujours en course pour devenir le premier homme de l’histoire à remporter 21 titres du Grand Chelem. Aux portes de la finale, il affrontera Matteo Berrettini ou Gaël Monfils. Vendredi, après trois bonnes nuits de sommeil pour récupérer. Et pouvoir continuer à rêver.

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