Muchová : “Des médecins m’ont dit que le sport était peut-être fini pour moi”

À 26 ans, Karolína Muchová s’est qualifiée pour sa première finale de Grand Chelem. Après une ascension trop souvent ralentie par les blessures.

Karolína Muchová, Roland-Garros 2023 (AI / Reuters / Panoramic) Karolína Muchová, après sa victoire contre Aryna Sabalenka en demi-finale de Roland-Garros 2023 (AI / Reuters / Panoramic)

Incassable est un film qui a sans doute dû faire rêver Karolína Muchová. Qualifiée pour la finale de Roland-Garros, sa première en Grand Chelem, grâce à sa victoire épique et rocambolesque – 7-6⁵, 6-7⁵, 7-5 – face à Aryna Sabalenka, la Tchèque à régulièrement été freinée par les blessures au fil de sa progression.

Au point de l’avoir empêchée d’atteindre ce niveau plus tôt ? “Je n’ai jamais vraiment pensé à ça”, a-t-elle répondu en conférence de presse jeudi soir. “Chaque chose arrive en temps voulu. Oui, par le passé, ça n’a pas été facile. Mais c’est ce qui me permet d’apprécier encore plus ce résultat, mon rêve d’être en finale de Grand Chelem. Parce que je sais ce que j’ai traversé.”

Les galères, elle les a connues dès l’adolescence.”Quand j’avais 16 ans, j’étais minuscule”, a expliqué pour le site de la WTA, en 2021, celle qui a depuis poussé pour atteindre 1,80 m d’après sa fiche officielle. “Puis j’ai grandi d’un coup. Donc j’ai eu des problèmes aux genoux, au dos.”

Oui, par le passé, ça n’a pas été facile, mais c’est ce qui me permet d’apprécier encore plus ce résultat.

Karolína Muchová

“Enfant, j’étais deuxième ou troisième (de sa catégorie) en République tchèque, donc tout le monde était intéressé et voulait m’aider”, a-t-elle ajouté. “Mais quand j’ai été blessée, plus personne n’a appelé. Ça m’a fait mal. J’ai toujours gardé ça en tête. J’ai vu des joueuses, que je battais, commencer à très bien jouer et je me suis dit : ‘Je peux le faire aussi.’ Alors j’ai de nouveau essayé, et je me suis encore blessée. J’ai fini par penser : ‘Est-ce que je peux vraiment le faire ? Mon corps va-t-il me laisser jouer ?’ Mais finalement je n’ai jamais baissé les bras.”

Une fois arrivée sur le circuit principal sans avoir pu jouer chez les juniors, la native d’Olomouc, avec son style varié et son intelligence tactique, a rapidement fait parler d’elle. En 2018, à l’US Open, pour son premier tableau final de Grand Chelem, à 22 ans, elle avait atteint le troisième tour, en sortant des qualifications, après avoir éliminé une Garbiñe Muguruza gagnante de Roland-Garros 2016 et Wimbledon 2017.

En 2019, alors qu’elle découvrait Wimbledon, elle y a joué son premier quart de finale en Majeur. Deux saisons plus tard, après une année 2020 tronquée par le covid, elle s’est hissée en demi-finale de l’Open d’Australie – en s’offrant la numéro 1 mondiale Ashleigh Barty – avant de grimper jusqu’à son meilleur classement, 19e, en mai, et de se hisser à nouveau parmi les huit dernières rescapées sur le gazon londonien. Puis son corps l’a de nouveau trahie.

Blessures en série, et dégringolade jusqu’au 235e rang mondial fin août 2022

En septembre 2021, elle a dû mettre un terme à sa saison en raison d’une blessure aux abdominaux. Elle n’a pu retrouver la compétition que fin mars 2022, quasiment six mois plus tard. Et le sort, monstre sans scrupule, s’est acharné sur elle. Cheville sévèrement tordue, elle avait dû jeter l’éponge, en pleurs, face à Amanda Anisimova au troisième tour de Roland-Garros. Fin août, après avoir retrouvé les courts mi-juin, elle tombait au 235e rang mondial.

“J’ai connu de nombreux moments difficiles”, a-t-elle confié en conférence de presse après sa qualification pour la finale de Roland-Garros. “Je passais d’une blessure à une autre. Quand j’ai manqué l’Open d’Australie l’an passé, j’étais dans un état assez mauvais physiquement. Je travaillais beaucoup pour essayer de revenir. Des docteurs m’ont dit : ‘Peut-être que vous ne pourrez plus jamais refaire du sport (de haut niveau)’.”

“Mais j’ai toujours gardé l’esprit positif, en faisait tous les exercices possibles pour me remettre d’aplomb”, a-t-elle ajouté. “L’an passé, quand mon classement a chuté, j’ai joué des petits tournois, mais je n’arrivais pas à y trouver la motivation. Donc, cette année, je savais qu’il me restait encore quelques ‘classements protégés’ (règle qui permet d’utiliser son classement pré-blessure pour entrer directement dans les tableaux), et je me suis dit que je verrai après ça. J’ai fait usage de mes deux derniers classements protégés à Dubaï et Indian Wells, et ça s’est bien passé.”

Muchová, femme invaincue face au top 3

Quart-de-finaliste dans ces deux tournois, elle est remontée au 55e rang de la hiérarchie planétaire. Avant cela, elle pointait à la 112e place. Un classement qui ne lui aurait pas permis d’entrer directement dans le tableau principal de Roland-Garros. Et d’y faire des misères. Après avoir notamment éliminé Maria Sakkari, 8e mondiale, pour son entrée en lice, Karolína Muchová, a vaincu la numéro 2 en demi-finale. De quoi rester invaincue face à des membres du top 3.

  • Muchová bat Sabalenka (2) : 7-6, 6-7, 7-5 (Roland-Garros 2023)
  • Muchová bat Sakkari (3) : 7-6, 7-6 (Roland-Garros 2022)
  • Muchová bat Barty (1) : 1-6, 6-3, 6-2 (Open d’Australie 2021)
  • Muchová bat Osaka (2) : 6-4, 3-6, 6-1 (Madrid 2021)
  • Muchová bat K. Plíšková (3) : 4-6, 7-5, 13-11 (Wimbledon 2019)

Pour garder intacte cette statistique impressionnante, Karolína Muchová a désormais rendez-vous, samedi, avec Iga Świątek. Une numéro 1 mondiale et tenante du titre incassable depuis 13 matchs consécutifs sur l’ocre de la porte d’Auteuil.

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