17 août 2004 : Le jour où Federer a perdu deux matchs le même jour aux JO

Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 17 août 2004, le numéro 1 mondial Roger Federer, pressenti pour la médaille d’or, est éliminé des Jeux olympiques d’Athènes. En simple, comme en double.

Federer On this day - Jeux olympiques Athènes 2004 Federer On this day – Jeux olympiques Athènes 2004

Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis : Federer maudit aux JO

Le 17 août 2004, à Athènes, le numéro 1 mondial Roger Federer, favori pour la médaille d’or, est éliminé des Jeux olympiques, en simple comme en double. Le Suisse est battu au deuxième tour par le 79e mondial, le jeune tchèque Tomas Berdych (4-6, 7-5, 7-5). Une heure plus tard, il est de retour sur le court et, avec son partenaire Yves Allegro, il est dominé par les spécialistes de double indiens Leander Paes et Mahesh Bhupathi (6-2, 7-6). 

Les acteurs : Roger Federer et Tomas Berdych

  • Roger Federer, le favori

Roger Federer, né en 1981, est le nouveau leader du circuit. Dès ses premiers pas, Federer obtient de bons résultats. Son tennis de rêve épate le monde du tennis, et très vite, on voit en lui le futur numéro 1 mondial. Les attentes augmentent encore lorsque, à l’âge de 19 ans, il bat, chez lui, sur le Centre Court, le septuple champion de Wimbledon, Pete Sampras en personne, en huitièmes de finale du tournoi 2001 (7-6, 5-7, 6-4, 6-7, 7-5). Mais le jeune Roger est très émotif et ne gère pas très bien cette pression. Il entre dans le Top 10 en juin 2002, et ses résultats dans les grands événements ne sont pas encore à la hauteur de son talent : lors de ses seize premiers tournois du Grand Chelem, pas une seule fois il n’atteint les quarts de finale.

Sa plus grande déception se produit au premier tour de Roland-Garros en 2003, lorsqu’il s’incline en trois petits sets contre Luis Horna, 88e mondial. Cette défaite éveille peut-être en lui la fibre du champion : un mois plus tard, il remporte son premier titre du Grand Chelem à Wimbledon, venant à bout de Mark Philippoussis en finale (7-6, 6-2, 7-6). Sa confiance et sa mainmise sur le circuit grandissent inexorablement, malgré une défaite précoce à l’US Open.

En finale du Masters 2003, il donne une véritable leçon à Andre Agassi (6-3, 6-0, 6-4). Personne n’est en mesure de lui tenir tête, non plus, à l’Open d’Australie en 2004. Il surclasse en finale Marat Safin (7-6, 6-4, 6-2). Vainqueur à Dubaï, Indian Wells et Hambourg, il semble intouchable, jusqu’en huitièmes de finale de Roland-Garros, où l’ancien vainqueur Gustavo Kuerten renaît de ses cendres pour battre le Suisse en trois manches (6-4, 6-4, 6-4). Suite à cette déception, Federer se remet vite en selle et demeure invaincu sur gazon, remportant le tournoi de Halle avant de s’imposer pour la deuxième fois à Wimbledon, aux dépens d’Andy Roddick (4-6, 7-5, 7-6, 6-4).

Après un détour par la Suisse, le temps de gagner le tournoi sur terre battue de Gstaad, le N°1 mondial s’adjuge un nouveau Masters 1000 à Toronto, en battant à nouveau Roddick (7-5, 6-3). Malgré une défaite étonnante au premier tour de Cincinnati contre Dominik Hrbaty (1-6, 7-6, 6-4), il est de loin le favori pour remporter la médaille d’or lorsqu’il atterrit à Athènes pour les Jeux olympiques.

Roger Federer - 2004
  • Tomas Berdych, loin du géant

Tomas Berdych est né en 1985. Le Tchèque, âgé de 18 ans, fait ses premiers pas sur le circuit principal. Moins d’un an auparavant, il faisait ses débuts en Grand Chelem, intégrant le tableau de l’US Open 2003 en tant que lucky loser, et atteignait le deuxième tour (battu par Juan Ignacio Chela, 2-6, 6-1, 6-4, 6-3). En février 2004, il s’extrait des qualifications à l’Open d’Australie et passe à nouveau un tour, avant de se faire punir par Andre Agassi (6-0, 6-2, 6-4). Grâce à cette performance, il intègre le top 100 pour la première fois. Au cours des mois suivants, il obtient ses meilleurs résultats sur le circuit Challenger, ne gagnant que trois matches dans des tournois ATP (à Barcelone, Stuttgart et Kitzbühel). Il apparaît dans le tableau olympique en tant que 79e joueur mondial.

Le lieu : Le Centre Olympique de Tennis, vidé de ses stars

Aux Jeux olympiques d’Athènes, en 2004, le tournoi de tennis se dispute sur dur, au Centre Olympique de Tennis, qui comporte dix courts. Pour la première fois, l’épreuve octroie des points ATP aux joueurs, espérant ainsi attirer les meilleurs. Sans trop de succès. Malgré la présence du N°1 mondial, Roger Federer, beaucoup de stars manquent à l’appel : Guillermo Coria (N°3), Andre Agassi (N°6), Lleyton Hewitt (N°8), David Nalbandian (N°9) et Gaston Gaudio (N°10). En tout, 172 joueurs et joueuses s’affrontent dans quatre tableaux différents.

Athens, Olympic Games 2004
Athens, Olympic Games 2004

L’histoire : A bout de forces, Federer a fini par craquer

Roger Federer est le grand favori des Jeux olympiques d’Athènes. Le Suisse a gagné presque tous les tournois auxquels il a participé cette année. La seule inconnue est son état de fatigue : Federer a beaucoup joué lors des semaines précédentes, ayant déjà disputé quatre tournois depuis son sacre à Wimbledon, prenant à peine une semaine de repos. D’ailleurs, lors de son dernier tournoi, à Cincinnati, il s’est incliné d’entrée pour la première fois depuis Roland-Garros 2003, surpris par le 21e mondial Dominik Hrbaty (1-6, 7-6, 6-4).

Le scénario du premier tour de Federer à Athènes confirme que le Suisse est probablement épuisé, physiquement et/ou mentalement. Opposé au Russe Nikolay Davydenko (53e mondial), il est poussé au troisième set et reçoit un point de pénalité au cours de la deuxième manche, pour jet de balle. “Ca faisait longtemps que je n’avais pas reçu d’avertissement”, admet-il en conférence de presse.

Au deuxième tour, Roger Federer affronte Tomas Berdych. Le Tchèque, déployant un jeu très agressif, a éliminé le 38e mondial Florian Mayer au premier tour (6-3, 7-5). Mais personne n’imagine qu’il puisse poser le moindre problème à Federer.

Il ne tarde pas à triompher à Melbourne. Six mois après son premier sacre en Grand Chelem, à Wimbledon, il s’impose à l’Open d’Australie en 2004, terrassant Marat Safin. Son deuxième majeur. Federer est n°1 mondial.

Bien qu’il paraisse plus lourd que d’habitude, Federer prend le service de son adversaire à 2-2 et conserve son avance jusqu’à remporter le premier set, 6-4. Malgré la perte de cette première manche, le Tchèque prend confiance au fur et à mesure que le match avance, tandis que le meilleur joueur du monde commet des fautes inhabituelles.

Federer concède le break qui scelle la deuxième manche, à 6-5, après trois doubles fautes et une volée ratée ! Lors du set décisif, Berdych doit écarter quatre balles de break à 5-5. Mais au bord du précipice, il produit un grand tennis pour rester dans le match. Quelques minutes plus tard, Berdych conclut sa plus grande performance sur un retour de revers long de ligne gagnant : il vient de renverser l’imbattable Roger Federer dans un tournoi de première importance.

Berdych est aux anges, selon la BBC : « Cela représente tellement. Ce type a gagné Wimbledon et l’Open d’Australie et maintenant, je suis le joueur qui l’a battu. Incroyable. »

Le Tchèque estime avoir été avantagé du fait de n’avoir pas disputé le match sur le court central. « C’est difficile d’affronter ces grands joueurs sur le central, parce qu’ils s’y entraînent plus souvent. C’est plus facile sur les courts annexes, où ils ne se sont pas entraînés et n’ont pas joué avant. »

De son côté, Federer pourrait difficilement être plus déçu. Il subit même une deuxième défaite dans la même journée. Environ une heure après avoir serré la main de Berdych, il est de retour sur le terrain, avec son partenaire Yves Allegro, pour être éliminé du tournoi de double par les spécialistes indiens Leander Paes et Mahesh Bhupathi (6-2, 7-6).

« C’est une journée terrible pour moi, avoir perdu ainsi en simple et en double, déclare Federer, cité par Rediff.com. J’ai joué non-stop, vous savez. C’était sûr que je finirais par le payer, à l’arrivée. Malheureusement, c’est arrivé aux Jeux olympiques. Bien sûr que j’espérais un meilleur résultat, mais c’est ce que j’ai obtenu. Je dois vivre avec. Je n’étais satisfait ni de mon service, ni de mon coup droit, ni de mon revers, ni de mes déplacements. Cela résume la situation. » 

La postérité du moment : Federer aura sa médaille d’or, en double

Tomas Berdych passera encore un tour à Athènes, éliminant Tommy Robredo (7-6 4-6 8-6), avant de s’incliner face à Taylor Dent en quarts de finale (6-4 6-1). En novembre 2005, le Tchèque remportera le Masters 1000 de Paris-Bercy, et s’installera ensuite durablement dans le Top 10, atteignant cinq demi-finales de Grand Chelem ainsi que la finale de Wimbledon, en 2010, qu’il perdra contre Rafael Nadal. Avec son compatriote Radek Stepanek, ils accompliront l’exploit de remporter deux Coupes Davis consécutives en 2012 et 2013, disputant à la fois les simples et les doubles. Après avoir grimpé jusqu’à la 4e place mondiale, en 2015, Berdych prendra sa retraite en 2019.

Roger Federer n’obtiendra jamais de médaille d’or en simple, mais il y parviendra en double, aux Jeux de 2008, à Pékin, associé à Stan Wawrinka. En 2012, il décrochera la médaille d’argent à Londres, vaincu en finale par Andy Murray (6-2, 6-1, 6-4).

Au total, au cours de leur carrière, Federer et Berdych s’affronteront à 26 reprises. Le Suisse mène 20-6.

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