8 septembre 2002 : Le jour où Pete Sampras a remporté l’US Open à la surprise générale

Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 8 septembre 2002, Pete Sampras s’adjugeait à la surprise générale l’US Open après avoir terrassé son rival Andre Agassi. Son dernier titre en Grand Chelem.

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Ce qu’il s’est passé ce jour-là : Sampras triomphe en finale de l’US Open, son dernier titre

Ce jour-là, le 8 septembre 2002, l’ancien numéro 1 mondial Pete Sampras, qui vivait jusque-là une saison catastrophique, surprend tout le monde en s’imposant à Flushing Meadows, un exploit dont beaucoup ne le pensaient plus capable. En finale, “Pistol Pete”, qui n’est plus que 17e mondial, domine son éternel rival Andre Agassi (6-3, 6-4, 5-7, 6-4), douze ans après l’avoir déjà battu à ce stade de l’US Open. C’est le 14e titre du Grand Chelem de Sampras, ce qui représente à l’époque un record absolu. Même s’il n’annonce pas officiellement sa retraite avant l’US Open 2003, cette finale restera le dernier match de son immense carrière. 

Les acteurs : Pete Sampras et Andre Agassi

  • Pete Sampras, le revenant

Pete Sampras, né en 1971, a dominé le tennis des années 1990. Après un premier titre du Grand Chelem conquis à l’US Open 1990 (où il devient le plus jeune vainqueur de l’histoire du tournoi, aux dépens de son éternel rival Andre Agassi, 6-4, 6-3, 6-2), il devient numéro 1 mondial en avril 1993. Après avoir été critiqué pour avoir atteint le sommet du classement sans avoir gagné le moindre Grand Chelem depuis plus de deux ans, il remet les pendules à l’heure en remportant trois titres majeurs à la suite : Wimbledon et l’US Open en 1993, puis l’Open d’Australie en 1994. Il termine les six saisons suivantes (1993-1998) à cette place, établissant un record toujours invaincu vingt-deux plus tard.

Son jeu de service-volée est particulièrement efficace sur le gazon du All England Club, où il décroche sept titres entre 1993 et 2000 – encore un record – affichant 53 victoires pour une seule défaite (le seul homme à le terrasser est Richard Krajicek, en quarts de finale de l’édition 1996). Pete Sampras remporte quatre fois l’US Open (1990, 1993, 1995, 1996), et deux fois l’Open d’Australie (1994, 1997), établissant un nouveau record de 13 titres du Grand Chelem. De plus, l’Américain s’impose aussi à cinq reprises au Masters, accumulant un totale de 63 titres au long de sa carrière.

SAMPRAS WIMBLEDON 1998

A l’époque, comme il détient également le record du nombre de semaines passées au sommet du classement ATP (286), il aurait été sans conteste le plus grand joueur de tous les temps, n’était sa réelle faiblesse sur terre battue :  son meilleur résultat à Roland-Garros est une demi-finale perdue contre Yevgeny Kafelnikov en 1996 (7-6 6-0 6-2), après quoi il n’a plus jamais atteint la deuxième semaine du tournoi. Parmi d’autres moments inoubliables, les amateurs de tennis se souviendront particulièrement de ses larmes lors de son quart de finale de l’Open d’Australie 1995, contre Jim Courier, alors que Sampras venait d’apprendre que son entraîneur souffrait d’une tumeur au cerveau.

D’un point de vue technique, Pete Sampras est célèbre pour son service assassin, ses incroyables coups droits en bout de course, ses smashs « slam dunk » impressionnants, et ses demi-volées extraordinaires.

La carrière de Pete Sampras a été fortement marquée par sa rivalité avec Andre Agassi Les deux Américains sont rivaux depuis que Sampras a battu Agassi en finale de l’US Open 1990. Leur rivalité a atteint des sommets en 1995, lorsqu’ils luttaient pour la première place mondiale, s’affrontant en finale de trois Masters 1000 et en finale de deux tournois du Grand Chelem : Agassi l’avait emporté en Australie avant que Sampras en prenne sa revanche à New-York. Alors même que, sur la fin de sa carrière, Pete Sampras a entamé son déclin, il performe toujours à son meilleur face à Agassi. Leur chef d’œuvre restera leur rencontre en quarts de finale de l’US Open 2001, remportée par Sampras, 6-7 7-6 7-6 7-6 sans le moindre break.

  • Andre Agassi, des hauts et des bas

Andre Agassi, le Kid de Las Vegas, est une légende du tennis. Passé pro en 1986, il devient rapidement l’une des plus grandes stars du tennis, grâce à son talent mais aussi à ses tenues vestimentaires originales, dont l’emblématique short en jean et le cycliste rose. Initié au tennis par son père puis élevé à l’académie de Nick Bollettieri, il dispose d’un excellent retour de service (le meilleur de son temps), et son jeu consiste à frapper la balle montante avec une force incroyable, ce qui est révolutionnaire à l’époque et inspirera des générations entières de tennismen.

Après trois défaites en finale de Grand Chelem, une à l’US Open en 1990, deux à Roland-Garros (1990 et 1991), il remporte son premier tournoi du Grand Chelem à Wimbledon en 1992, en en battant en finale le grand serveur Goran Ivanisevic (6-7 6-4 6-4 1-6 6-4). Il ajoute ensuite l’US Open 1994 à son palmarès, puis l’Open d’Australie 1995, où il bat son rival Pete Sampras en finale de Grand Chelem pour la seule et unique fois (4-6 6-1 7-6 6-4). Il devient numéro 1 mondial peu après, le 10 avril 1995, pour une première période de 30 semaines

AGASSI US OPEN 2002

En 1996 et 1997, malgré une médaille d’or obtenue aux Jeux Olympiques d’Atlanta, Andre Agassi traverse une mauvaise passe et descend jusqu’à la 141e place mondiale. Faisant preuve d’une grande humilité, il retourne sur le circuit Challenger à la fin 1997 pour reprendre confiance. En 1998, il revient doucement au sommet, terminant l’année au 6e rang mondial malgré des résultats décevants en Grand Chelem. En 1999, il triomphe enfin à Roland-Garros, huit ans après sa dernière défaite en finale, à l’issue d’une finale titanesque où il prend le dessus sur Andreï Medvedev (1-6 2-6 6-4 6-3 6-4). Cette année-là, après avoir échoué contre Sampras en finale de Wimbledon (6-3 6-4 7-5), il s’adjuge un second US Open et récupère la place de premier mondial pour 52 semaines supplémentaires. Par la suite, il ajoute deux Open d’Australie à son palmarès (2000, 2001). En septembre 2002, il est toujours 6e mondial.

 

Le lieu : Flushing Meadows

L’US Open (appelé US Nationals avant 1968 et le début de l’Ère Open) a été créé en 1881. Bien qu’il soit le seul Grand Chelem à avoir été disputé sans la moindre interruption depuis ses débuts, le tournoi a changé de site à plusieurs reprises au fil des ans. Les premières éditions se déroulent sur les courts en herbe du Casino de Newport, à Rhode Island, puis, en 1915, l’épreuve s’installe à New-York, au West Side Tennis Club, dans le quartier de Forest Hills,  jusqu’en 1977 (avec une parenthèse de 1921 à 1923, où les joueurs s’affrontent à Philadelphie). De 1975 à 1977, le tournoi se dispute sur terre battue.

En 1978, l’US Open quitte le West Side Tennis Club, désormais trop petit pour accueillir un événement d’une telle importance, pour l’USTA National Tennis Center, situé à Flushing Meadows, à New-York. Par la même occasion, le tournoi se dispute à présent sur surface dur. Le Tennis Center est l’un des plus grands complexes de tennis au monde et son court central est le Stade Louis Armstrong, d’une capacité de 14 000 places. En 1997, un nouveau court central, le Stade Arthur Ashe, est inauguré. Avec ses 23 000 places, c’est le plus grand terrain de tennis au monde.

L’histoire : deux légendes pour un dernier duel

Bien que l’affiche de la finale de l’US Open 2002 soit un grand classique, puisque c’est la 34e rencontre entre Pete Sampras et Andre Agassi, retrouver ces deux légendes face-à-face ce jour-là est une surprise. Ils avaient tout deux perdu dès le deuxième tour à Wimbledon. Sampras, qui a définitivement lâché la première place mondiale près de deux ans plus tôt, en novembre 2000, galère depuis de nombreux mois.

Bien des experts et des journalistes pensent qu’il n’est plus assez en forme pour réaliser de grands résultats, en particulier depuis sa défaite au deuxième tour au All England Club contre le lucky-loser George Bastl, 145e mondial. Seul contre tous, “Pistol Pete”, 17e mondial, croit toujours en lui, se déclarant encore capable d’aller chercher un titre du Grand Chelem. Battu par le 70e mondial, Wayne Arthurs, au deuxième tour de Cincinnati, il tombe d’entrée à Long Island face à Paul-Henri Mathieu, 85e au classement. Au cours d’une conférence de presse tendue, il confirme ses ambitions pour l’US Open, et rétorque à un journaliste sceptique : « Rappelez-vous qui je suis, et où je joue la semaine prochaine. »

Sampras est mis à l’épreuve dès le troisième tour, échappant de peu à une défaite prématurée contre Greg Rusedski (7-6, 4-6, 7-6, 3-6, 6-4). Son adversaire ne se gêne pas pour égratigner la légende en conférence de presse, comme le raconte le New York Times. « Je serais surpris qu’il passe le prochain tour. Je pense qu’il ne bouge plus comme avant, sa forme physique n’est plus la même. Je ne parierais pas un centime sur lui, on peut le dire ainsi. » 

Sampras US OPEN 2002

Et pourtant, au tour suivant, “Pistol Pete” prend le dessus sur le 3e mondial, Tommy Haas (7-5, 6-4, 6-7, 7-5). Sa confiance retrouvée, il élimine ensuite sèchement Andy Roddick, 11e mondial (6-3, 6-2, 6-4), et en demi-finales, il ne laisse aucune chance au surprenant Sjeng Schalken (7-6, 7-6, 6-2). Contre toute attente, le voilà en finale de l’US Open, où l’attend son rival de toujours, Andre Agassi, qui a renversé le tenant du titre et numéro 1 mondial, Lleyton Hewitt, en demi-finales (6-4, 7-6, 6-7, 6-2).

Dès les premiers jeux, Sampras annonce la couleur : son service est puissant et précis, ses volées sont fatales, et son coup droit est plus dangereux que jamais. En face, Agassi parait évoluer au ralenti, sonné par la démonstration offensive de son rival. Bientôt, “Pistol Pete” mène deux manches à rien, 6-3, 6-4. Cependant, au troisième set, il montre des signes de fatigue, tandis que les retours et les passings d’Agassi deviennent de plus en plus précis. Le Kid de Las Vegas empoche la manche, 7-5, et la dynamique semble avoir changé. Néanmoins, s’appuyant surtout sur son service, Sampras colle au score. Mené 4-3, balle de break à sauver, il sert l’un de ses 33 aces du jour pour rester en vie dans ce quatrième set, puis il prend le service d’Agassi dans la foulée. Quelques minutes plus tard, d’une dernière volée de revers, il conclut la partie (6-3, 6-4, 5-7, 6-4) et s’adjuge un 14e titre du Grand Chelem.

La postérité du moment : Sampras ne rejouera plus

La volée de revers qui a donné la victoire à Sampras sera le dernier coup de sa carrière. Même si, après la finale, il écartera toute idée de retraite, il retardera d’abord son retour, puis, après avoir fait l’impasse sur Wimbledon 2003, il décidera finalement de raccrocher ses raquettes. Il s’accordera ainsi le privilège d’avoir terminé sa carrière sur un ultime triomphe.

Agassi remportera un dernier titre du Grand Chelem à l’Open d’Australie 2003, et occupera même à nouveau la première place mondiale cette année-là. Perturbé par les blessures, il restera malgré tout un solide joueur du top 10 jusqu’en 2005, année où il disputera sa dernière finale majeure, à Flushing Meadows, avant de prendre sa retraite en 2006.

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1 response to “8 septembre 2002 : Le jour où Pete Sampras a remporté l’US Open à la surprise générale

  1. J’étais justement à la recherche de cette phrase de Pete Sampras : “souvenez-vous qui je suis et où je serai la semaine prochaine” quand j’ai trouvé cet article 🙂

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