Belinda Bencic à tennis Majors : “Désormais, je n’ai plus rien à prouver à personne”

BeBelinda Bencic a accordé un entretien exclusif à Tennis Majors à la veille de l’US Open. La Suissesse revient sur son titre olympique et explique à quel point celui-ci l’a comblée, tout en changeant ses perspectives d’avenir.

© EDGARD GARRIDO / AI / Reuters / Panoramic

US Open 2021, 8e de finale| Bencic [11] v Swiatek [7] | Lundi

Voilà maintenant un mois que Belinda Bencic a remporté la médaille d’or olympique à Tokyo et la Suissesse n’est toujours pas réellement descendue de son nuage. La 12e joueuse mondiale, âgée de 24 ans, a remporté le titre le plus important de sa carrière en battant Marketa Vondrousova en finale. Mais comme si ça ne suffisait pas, elle l’a fait suivre d’une médaille d’argent en double, aux côtés de Viktorija Golubic. En l’espace de quelques jours, sa carrière a pris une toute autre dimension.

Bencic : “J’ai réalisé mon rêve”

N°1 mondiale juniors en 2013, titrée à Wimbledon dans la catégorie cette même année, entraînée par la maman de Martina Hingis dans sa jeunesse, Bencic avait pendant longtemps été attendue au sommet. 

Jusqu’à Tokyo, elle n’avait pas vraiment confirmé tous les espoirs placés en elle. Tout a changé à partir de cette semaine brillante lors de laquelle elle a enchaîné les performances pour se parer d’or.

Devenir championne olympique restera quoi qu’il arrive un moment décisif dans sa carrière. Une forme de validation de tout le travail accompli et une preuve, au moins à elle-même, qu’elle était assez forte pour décrocher l’un des titres les plus importants qui soient dans le monde du sport.

“J’ai vraiment l’impression que désormais, je n’ai plus rien à prouver à personne parce que j’ai en quelque sorte réalisé mon rêve”, a déclaré Bencic dans une interview accordée à Tennis Majors depuis Flushing Meadows.

“Ce n’est pas que j’avais le sentiment de devoir me justifier. Parce que j’ai rapidement compris que, quand vous devenez une bonne joueuse, il y a toujours des gens pour dire : ‘Oh, je le savais.’ Alors que quand vous êtes moins bien, personne ne s’intéresse à vous, les gens cherchent plutôt à vous écraser”, a ajouté celle qui avait atteint les quarts de finale de l’US Open en 2014, à l’âge de 17 ans.

“Donc ma première règle, c’est de ne pas me soucier de ce que les gens pensent, et j’ai l’impression que je suis plutôt bonne désormais dans cet exercice. Mais je voulais me prouver des choses à moi-même. On travaille toute sa vie dans un but précis et moi, gagner un Grand Chelem, être n°1 ou être championne olympique, c’était mes trois rêves d’enfance. J’en ai réalisé un et c’est une grande satisfaction. J’ai l’impression désormais que tout le travail accompli avait un sens, que je n’ai pas fait ça pour rien.”

Joue-là comme Federer…

Bencic s’est toujours demandé l’effet que ça faisait de se retrouver à devoir jouer une balle de match pour remporter un titre aussi important. Quand elle regardait Roger Federer, son illustre compatriote, dans ces instants de tension, elle se sentait elle-même nerveuse. Et puis, quand est venue son tour, elle n’a pas flanché.

“Je me suis enfin retrouvé dans ce moment que je n’avais jamais vécu auparavant. Mais je peux vous dire que j’étais très heureuse de convertir la deuxième balle de match, ça m’a évité de gamberger trop longtemps ! Car j’étais quand même très nerveuse. Je me suis juste concentrée à mettre la balle dans le court, pas plus. Je crois que mon entraîneur était également très heureux de ne pas me voir tenter quelque chose de fou à ce moment là.”

Le sentiment le plus intense, c’était le soulagement. Tout ce stress qui s’envolait d’un coup… 

Belinda Bencic

“Après ma victoire, le sentiment le plus intense, c’était surtout le soulagement. J’étais tellement soulagée, tout ce stress qui s’envolait d’un coup… Ensuite, je n’ai pas eu beaucoup de temps après le match pour profiter de l’instant. Finalement, la joie s’est installée après. Physiquement, j’ai eu un coup de moins bien. Mais mentalement, je suis restée sur mon petit nuage, même plusieurs jours après.”

Belinda Bencic
Tokyo 2020 Olympics – Tennis – Women’s Singles – Semifinal – Ariake Tennis Park – Tokyo, Japan – July 29, 2021. Belinda Bencic of Switzerland reacts after winning her semifinal match against Elena Rybakina of Kazakhstan.

“Ça a également été un peu spécial pour moi de découvrir ce qui arrive après, hors du court, comme toutes les attentions dont vous faites soudainement l’objet. Ça a été très intéressant à vivre. Beaucoup de champions avec qui j’ai eu l’occasion de parler m’ont dit que c’était important aussi de prendre un peu de temps pour soi, avec sa famille, ses amis, ses proches. Pour en quelque sorte réaliser et savourer, sans se laisser happer par un tourbillon.”

“Pour moi, les Jeux Olympiques ont toujours été au-dessus de tout”

Brillante manieuse de balle, fine tacticienne, Bencic n’a atteint pour l’heure qu’une demi-finale en Grand Chelem, à l’US Open justement, en 2019. Mais pour elle, gagner le titre olympique signifie autant, sinon plus, que si elle gagnait un jour un titre majeur.

“Je sais que pour beaucoup de joueurs, les Jeux ne sont pas si importants mais pour moi, je l’ai toujours dit, c’est au-dessus de tout, s’est extasiée Bencic, accueillie comme une héroïne lors de son retour en Suisse. Je les regardais quand j’étais enfant. Alors pour moi, cette médaille, ça représente tout. Toute ma vie, j’ai fait beaucoup de sacrifices, ma famille aussi. Alors pour tous les gens qui m’ont aidée, c’est un sentiment très agréable de se dire que tout cela a payé.”

Pendant son aventure olympique, Bencic a reçu énormément de messages de soutien, de la part de sa famille ou de ses amis. Et notamment de la part d’un certain Roger Federer, qui a suivi sa progression de plus près que quiconque.

“Roger était sincèrement heureux pour moi et ça aussi, ça a contribué à me rendre heureuse, a confessé Bencic. Après chaque match, il m’encourageait et m’envoyait de gentils messages. Roger, même quand on ne lui demande pas un conseil en particulier, on peut apprendre tellement juste en discutant avec lui, en l’écoutant partager son expérience. Pour moi, c’était précieux de l’avoir comme soutien, vraiment. Je réalise tout à fait la chance que c’est.”

Roger Federer et Belinda Bencic, Hopman Cup 2019

Les médailles sont désormais en lieu sûr à la maison, mais les effets positifs du sacre olympique sont désormais attendus pour Bencic. Il ne faut pas les sous-estimer. La joueuse irradie de confiance désormais, et a hâte de voir ce que cela va lui apporter sur le terrain.

Bencic : “Maintenant je joue pour le plaisir, tout le reste sera du bonus”

Après un grand titre, l’intéressée estime qu’il y a deux possibilités : “soit cela vous met davantage de pression, soit cela vous relaxe. Dans mon cas, je pense que ce sera plutôt la deuxième option. Je l’ai ressentie à Cincinnati (où elle a été battue en quarts par sa compatriote Jil Teichmann, ndlr) : j’étais plus relâchée.”

“A partir de maintenant, je joue pour le plaisir, tout le reste ne sera que du bonus, a-t-elle renchéri. Personne ne m’enlèvera ce titre, c’est pourquoi je me sens plus détendue, y compris à l’entraînement. Bien sûr, vous voulez toujours gagner quand vous entrez sur le court. Mais c’est moins grave si vous n’y parvenez pas.”

Bencic arrive toutefois avec de grandes ambitions à l’US Open, le tournoi du Grand Chelem qui lui a été le plus prolifique jusqu’à présent. Elle fera son entrée en lice ce mardi face à la Néerlandaise Arantxa Rus. Plus que le match en lui-même, elle a hâte de l’entrée sur le court, annoncée en tant que championne olympique. Un sentiment d’extase qu’elle a déjà goûté à Cincinnati : 

“C’était un moment vraiment sympa. D’habitude, je ne fais pas vraiment attention à ce qui se dit à l’entrée sur le court. Mais là, j’ai entendu. Les gens aplaudissent davantage, ils sont contents pour vous. C’est aussi ce genre de moments qui vous font réaliser et vous dire : ‘Wow, je l’ai vraiment fait.’ Quand je pense que ça sera la même chose à chaque fois que j’entrerai sur un court…”

On l’aura compris, Bencic plane encore. Et la tension ne semble toujours pas l’avoir rattrapée au moment de retoucher à la réalité du circuit : “Je suis très heureuse d’être ici, à New York, et je ne ressens aucune pression, a-t-elle conclu. J’ai l’impression de bien jouer, ce qui est une bonne chose, mais je ne me dis pas : ‘maintenant que je suis championne olympique, je dois gagner ça ou ça.’ Pas du tout.”

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