3 juillet 2004 : Le jour où Sharapova a fait tomber Serena à Wimbledon

Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 3 juillet 2004, Maria Sharapova écrasait Serena Williams en finale de Wimbledon pour remporter son premier Grand Chelem à seulement 17 ans.

Sharapova

Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi c’est historique : Sharapova domine Serena Williams, invaincue au All England Club depuis 2001

Le 3 juillet 2004, la Russe Maria Sharapova, 17 ans, remporte à Wimbledon son premier titre du Grand Chelem. En finale, elle domine Serena Williams (6-1, 6-4). Ayant gagné les deux précédentes éditions du tournoi, l’Américaine était invaincue au All England Club depuis 2001. Sharapova met non seulement fin aux comparaisons avec Anna Kournikova – qui n’a jamais gagné de tournoi majeur malgré son immense notoriété. Mais elle devient également l’une des sportives les mieux payées de la planète. La Russe accomplit la première étape d’un chemin qui la mènera à accomplir un Grand Chelem en carrière, achevé huit ans plus tard, à Roland-Garros.

Les actrices

  • Maria Sharapova, l’anti-Anna Kournikova

Maria Sharapova est née en 1987 en Sibérie. Mais c’est à Sotchi qu’elle commence à jouer au tennis quelques années plus tard. Son père, Youri, l’emmène en Floride, alors qu’elle n’a que sept ans, afin d’optimiser ses chances de devenir une joueuse professionnelle. Elle y parvient rapidement, à l’âge de 14 ans. A l’issue de sa première saison sur le circuit, Sharapova fait déjà partie du Top 200. En 2003, elle obtient ses premiers résultats marquants, atteignant les demi-finales à Birmingham juste avant de se hisser jusqu’en huitièmes de finale à Wimbledon (battue par Svetlana Kuznetsova, 6-1, 2-6, 7-5). A l’automne de la même année, elle gagne ses deux premiers tournois chez les pros, à Tokyo et à Québec, et finit la saison à la 32e place mondiale. En 2004, juste avant Wimbledon, elle s’impose sur gazon à Birmingham, en battant Tatiana Golovin en finale (4-6, 6-2, 6-1).

Maria Sharapova, 2003 Wimbledon

Au début de sa carrière, Sharapova est souvent comparée à Anna Kournikova. Les deux joueuses sont russes, elles ont en commun un succès et une célébrité précoces, et elles se ressemblent même un peu physiquement, étant toutes les deux grandes et blondes. La jeune Maria rejette à chaque fois cette comparaison, car Kournikova n’a jamais gagné le moindre tournoi WTA et est devenue mannequin plus que joueuse de tennis au fil du temps. Ce n’est pas du tout ainsi que Sharapova envisage sa propre carrière.

  • Serena Williams, l’héritière du trône

Serena Williams, née en 1981, est la cadette de sa famille. Quelques années plus tôt, en 1997, sa sœur Venus, qui débutait alors sur le circuit, avait déclaré que sa principale rivale serait Serena. A l’époque, les observateurs n’avaient pas su si elle avait dit ça sérieusement ou par pure provocation. Ils réalisent bientôt à quel point Venus était sérieuse. Serena explose en 1999. Cette année-là, en février, elle gagne son premier tournoi à Paris, à 17 ans, battant en finale Amélie Mauresmo (6-2, 3-6, 7-6). A Miami, elle vient à bout de la numéro 1 mondiale Martina Hingis en demi-finale (6-4, 7-6), avant de s’incliner en finale contre Venus. C’est la première fois de l’histoire que deux sœurs s’affrontent en finale d’un tournoi WTA.

Serena and Sharapova

Au mois de septembre, Serena crée la surprise en gagnant son premier titre du Grand Chelem avant sa grande sœur, dominant Hingis en finale (6-3, 7-6). Associée à Venus, elle s’adjuge aussi le titre en double, et termine l’année à la quatrième place mondiale. En 2001, à l’US Open, elle perd contre Venus la première finale de Grand Chelem disputée par deux sœurs dans l’ère Open. Entre Roland-Garros 2002 et l’Open d’Australie 2003, la carrière de Serena prend une nouvelle dimension lorsqu’elle accomplit ce qui sera connu sous le nom de « Serena Slam ». Elle remporte les quatre tournois du Grand Chelem à la suite, en battant à chaque fois sa sœur Venus en finale. En 2004, après avoir subi une opération du genou fin 2003, elle semble moins investie dans son tennis et s’implique dans d’autres activités, telles que la mode. Néanmoins, elle atteint encore les quarts de finale à Roland-Garros et reste une adversaire redoutable.

Le lieu : Wimbledon

Wimbledon est le tournoi de tennis le plus ancien et le plus prestigieux au monde. Organisé par le All England Lawn Tennis and Croquet Club depuis 1877, il s’est installé sur son site actuel en 1922, année de la construction du célèbre Centre Court. Considéré par beaucoup comme le court le plus impressionnant au monde, avec sa célèbre citation de Rudyard Kipling gravée au-dessus de l’entrée (« Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite Et recevoir ces deux menteurs d’un même front »), le Centre Court a vu s’affronter tous les plus grands joueurs de l’histoire.

Après que la conversion, dans les années 1970, de l’US Open à la terre battue puis au ciment, et après l’abandon du gazon au profit du dur par l’Open d’Australie en 1988, Wimbledon demeure le dernier tournoi du Grand Chelem sur herbe, une surface qui convient généralement mieux aux serveurs-volleyeurs. Non seulement Wimbledon conserve sa surface historique, mais le tournoi maintient également certaines traditions comme l’obligation pour les joueurs de s’habiller en blanc.

L’histoire : Sharapova, 17 ans, domine Serena Williams en deux manches

Le 3 juillet 2004, Serena Williams est en finale de Wimbledon pour la troisième année consécutive. En 2002 et 2003, elle avait battu sa soeur pour s’adjuger le titre. Mais cette fois, elle a une autre adversaire en face d’elle. L’étoile montante russe, Maria Sharapova, 17 ans, s’est taillé un chemin jusqu’en finale en éliminant l’ancienne vainqueure du tournoi Lindsay Davenport en demi-finale (2-6, 7-6, 6-1).

Lindsay Davenport & Maria Sharapova at Wimbledon in 2004
Lindsay Davenport & Maria Sharapova at Wimbledon in 2004 © ZM / PanoramiC

Si le public britannique connaît bien le jeu très puissant de Serena, il découvre en revanche les coups rapides et à plat de Sharapova. Pratiquant un jeu agressif, poussant des cris controversés, elle aime diriger le jeu. Entre ces deux joueuses, le public est parti pour un combat du fond de court à haute cadence.

Au premier set, Sharapova, peu intimidée par la pression d’une première finale de Grand Chelem, attaque toutes les balles avec beaucoup d’assurance et prend Serena de vitesse. Surprise par le rythme des coups de fond de court de Sharapova, l’Américaine commet plus de fautes que d’habitude. La Russe en tire profit et multiplie les coups gagnants. Elle boucle la première manche, 6-1.

Serena se défend avec hardiesse au deuxième set et parvient à prendre le service de Sharapova pour se détacher, 4-2. La Russe débreake aussitôt et recolle au score. A 4-4, Williams lance toutes ses forces dans la bataille. Mais après avoir sauvé trois balles de break, elle lâche finalement son service à l’issue d’un jeu long de 14 points. Sharapova reste concentrée et, quelques minutes plus tard, un dernier retour manqué par l’Américaine lui offre son premier titre du Grand Chelem.

Elle n’est plus « la nouvelle Kournikova » : elle est Maria Sharapova, victorieuse de Wimbledon, première Russe de l’histoire à s’imposer à Londres. L’adolescente s’agenouille brièvement sur l’herbe et, après avoir serré la main de son adversaire, escalade les tribunes pour tomber dans les bras de son père. Elle demande ensuite un téléphone portable pour essayer de joindre sa mère, Yelena, restée en Floride. En raison de problèmes de réseau, ce sera son seul échec de la journée.

La postérité du moment : Sharapova, future numéro un mondiale

Maria Sharapova deviendra N°1 mondiale pour la première fois en août 2005, une place qu’elle occupera 21 semaines au long de sa carrière, la dernière fois en juillet 2012. Devenant au passage la sportive la mieux payée au monde, la Russe accomplira le Grand Chelem en carrière, s’imposant à l’US Open en 2006 (face à Justine Henin, 6-4, 6-4), à l’Open d’Australie en 2008 (aux dépens d’Ana Ivanovic, 7-5, 6-3) puis à Roland-Garros en 2012 (contre Sara Errani, 6-3, 6-2) et en 2014 (en battant Simon Halep, 6-4, 6-7, 6-4). Sa carrière, pourtant très riche, sera perturbée par une blessure récurrente à l’épaule, qui ruinera en partie ses saisons 2009 et 2010.

En 2016, Sharapova sera contrôlée positive au meldonium, substance prescrite de longue date par son médecin de famille et devenue interdite fin 2015, ce qui lui vaudra 15 mois de suspension. Elle tentera de revenir en 2017, remontant à la 25e place mondiale. Mais elle n’obtiendra pas de résultats plus marquants qu’un quart de finale à Roland-Garros en 2018.

Sharapova battra une nouvelle fois Serena Williams en 2004, au Masters (4-6, 6-2, 6-4). Ce sera la dernière fois qu’elle s’imposera face à l’Américaine, qui remportera leurs 19 rencontres suivantes, ne perdant que trois sets au passage.

Serena Williams ajoutera cinq Wimbledon à son palmarès (2009, 2010, 2012, 2015, 2016). Ces sept couronnes londoniennes ne représenteront qu’une partie des 23 titres du Grand Chelem qu’elle accumulera au long de sa carrière. Son dernier sacre aura pour cadre l’Open d’Australie 2017, où elle affrontera sa sœur Venus pour la neuvième fois dans une finale de majeur et la battra pour la septième fois (6-4, 6-4). Elle s’éloignera ensuite du circuit pour donner naissance à son premier enfant et ne reviendra qu’en 2018. Malgré quatre finales du Grand Chelem disputées, elle est toujours en quête d’un 24e titre pour égaler le record de Margaret Court.

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