Sam Sumyk (co-entraîneur de Harmony Tan) : « C’est impossible que Serena soit au top après un an sans jouer »

Entraînée par Nathalie Tauziat depuis plusieurs années, Harmony Tan, qui défiera Serena Williams au 1er tour de Wimbledon, a aussi fait appel récemment à Sam Sumyk. Nous avons joint l’ancien coach français d’Azarenka ou Muguruza (notamment) depuis les Etats-Unis, où il réside.

Sam Sumyk Roma 2020 ©Zuma / Panoramic

Depuis quand travailles-tu avec Harmony Tan, et comment cette collaboration a débuté ?

C’est Harmony qui est venue me chercher. Elle m’a appelé elle-même à l’automne 2021, vers septembre-octobre. Et on a vraiment commencé à travailler ensemble fin novembre-début décembre. En fait, on avait déjà discuté précédemment mais je ne pouvais pas et ça ne s’était pas fait. Là, j’étais dispo. Mais j’insiste bien sur le fait que c’est une initiative privée. C’est Harmony qui m’a appelé, et c’est elle qui me paye, pas la FFT…

Qu’est-ce qui t’a séduit dans son projet ?

D’abord, le fait qu’elle m’appelle, justement. Elle m’a offert l’opportunité de faire quelque chose que je n’avais jamais fait, à savoir entraîner une joueuse française. Certes, j’ai passé trois semaines à la FFT il y a plusieurs années mais ça ne compte pas. Pour autant, j’ai toujours eu ce désir d’aider le tennis français. Donc là, c’est super de pouvoir le faire. En tant qu’entraîneur, c’est une nouvelle expérience et c’est aussi une opportunité de progresser.

D’autant que par ailleurs, Harmony a un style de jeu que je n’avais jamais entraîné non plus. Elle a beaucoup de variété, elle peut tout faire. C’est un tennis tout en sensations, en toucher. Ce n’est pas aussi agressif que le tennis « boum-boum » que l’on voit beaucoup chez les filles depuis longtemps. Le but, c’est de faire évoluer tout ça en essayant de dicter davantage le jeu.

J’ai toujours eu le désir d’aider le tennis français. C’est super de pouvoir le faire. Mais c’est une initiative privée…

Comment s’organise votre collaboration ?

Ce n’est pas le même rythme que ce que j’ai pu connaître précédemment, dans le sens où je ne suis pas à temps complet. On fait des semaines suivant ses besoins et ma disponibilité. Cette année, j’ai fait les tournois de Monterrey, Guadalajara, Bogota, Indian Wells et Miami, puis la saison sur terre battue jusqu’à Roland-Garros inclus. En revanche, je ne fais pas la saison sur gazon.

Sam Sumyk avec Donna Vekic lors d’un entraînement à Rome en 2020. ©Zuma / Panoramic

Le reste du temps, Harmony travaille toujours avec Nathalie Tauziat ?

Oui, bien sûr. Je suis d’ailleurs en communication régulière avec elle. Moi, j’essaye d’aider. Nathalie, elle, est là depuis plusieurs années avec Harmony. Le travail qu’elle a fait avec elle est monstrueux, a l’image de celui qu’elle a fait avec les joueuses canadiennes, comme Eugenie Bouchard ou Bianca Andreescu.

Si Harmony a fait appel à toi, c’est pour développer un aspect un peu plus précis de son jeu ?

Ça, je n’en ai aucune idée. Elle ne m’en a pas parlé. Elle m’a donné une liste de choses qu’elle souhaitait, mais sur un autre plan.

A Wimbledon, Harmony a donc hérité du gros lot puisqu’elle affrontera Serena Williams au 1er tour. Pas de chance ?

Au contraire, je trouve que c’est fantastique de jouer ce genre match. Jouer Serena à Wimbledon est une expérience très enrichissante, qui doit faire partie du bagage d’une joueuse. Beaucoup n’auront jamais cette chance. Harmony l’aura. Et c’est super de l’avoir avant que Serena ne prenne sa retraite. De toute façon, il n’y a pas de bon ou de mauvais tirage. Il y a un tirage, point.

Bien sûr, Harmony sera un peu anxieuse, mais c’est normal et c’est même bienvenu. J’espère qu’il y aura aussi de l’excitation, et pas que de l’anxiété. Putain, c’est son premier Wimbledon, elle va jouer sur un grand court, contre Serena Williams : c’est quand même magique, non ?

Serena ne peut pas être au top. C’est impossible.

Comment le vois-tu, ce match ?

Je pense que les deux joueuses seront nerveuses. Serena le sera aussi, vu le contexte (elle fait son retour à la compétition après un an d’absence en simple, Ndlr). D’une manière générale, on donnera très peu de chances à Harmony mais ça, ce n’est pas un souci. Ce qui peut l’être, c’est que plein de personnes vont lui parler de ce match, elle va recevoir énormément de messages. A elle de bien gérer ça et de rester très concentrée. Il faudra bien la préparer là-dessus.

En 2012, alors qu’il entraînait Victoria Azarenka (au fond), Sam avait fait appel aux conseils d’Amélie Mauresmo, ici lors d’un entraînement à Monte Carlo. ©Antoine Couvercelle / Panoramic

Et Serena, comment l’imagines-tu ?

Elle ne peut pas être au top niveau. C’est impossible. Ça ne veut pas dire qu’elle ne jouera pas bien. Mais ce n’est pas possible qu’elle soit à son meilleur dès la première balle qu’elle va frapper en simple depuis un an. Après, ça reste Serena. On connaît sa qualité de service, qui peut bien l’aider sur gazon. Donc Harmony va faire beaucoup de retours de service d’ici lundi (rires)…

Justement, tu participes à la préparation de ce match ou tu délègues entièrement à Nathalie Tauziat ?

Je participe, et on en a déjà un peu parlé, bien sûr. C’est encore un peu tôt pour la préparation spécifique du match. Là, on a surtout évoqué le tirage. Maintenant, avec « Nath »’, on va y réfléchir. On ne va pas y aller juste avec le sourire et la satisfaction d’être là. Hey, on y va pour battre Serena, quand même !

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