21 novembre 1999 : Davenport met fin à l’ère Hingis

L’année 1999 marque la fin de la domination d’Hingis. La finale du Masters, le 21 novembre, contre Davenport en est un symbole.

Martin Hingis Martin Hingis

Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi c’est historique : Hingis s’incline en finale du Masters

Ce jour-là, le 21 novembre 1999, Lindsay Davenport domine Martina Hingis (6-4, 6-2) en finale du Masters Féminin. Ce match met en avant les difficultés d’Hingis face à une nouvelle génération de joueuses extrêmement puissantes ; on peut même considérer qu’à ce moment de sa carrière, sa domination est terminée. La Suissesse, âgée de seulement 19 ans, a beau avoir déjà gagné 5 titres du Grand Chelem, elle ne parviendra pas à ajouter de nouveaux titres majeurs à son palmarès dans les années 2000, malgré trois défaites consécutives en finale de l’Open d’Australie.

Les actrices : Lindsay Davenport et Martina Hingis

  • Lindsay Davenport, la puissance à l’état pur

Lindsay Davenport est née en 1976. Elle devient professionnelle en 1993, saison au cours de laquelle elle remporte son premier tournoi à Lucerne, atteint les huitièmes de finale de l’US Open et domine Gabriela Sabatini, 6e mondiale, à Philadelphie (6-4, 6-2), terminant l’année à la 20e place mondiale. L’Argentine décrit le tennis de Davenport en ces termes simples : “Elle aime frapper dans les coins, très fort. Très, très fort.”

En 1994, elle entre dans le top 10 et parvient en finale au Masters de fin d’année (battue par Sabatini, 6-3, 6-2, 6-4), mais en 1995, perturbée par des problèmes familiaux, elle prend beaucoup de poids et ne parvient pas à rester dans le top 10. L’année suivante, elle travaille beaucoup sa condition physique et remporte aux Jeux Olympiques d’Atlanta le plus grand titre de sa carrière, battant en finale Arantxa Sanchez (7-6, 6-2).

En 1997, elle gagne pas moins de six tournois, et atteint les demi-finales de l’US Open, battue par Martina Hingis (6-2, 6-4). En 1998, elle change de dimension, se hissant en demi-finales de l’Open d’Australie (battue par Conchita Martinez, 4-6, 6-3, 6-3) puis de Roland-Garros (éliminée par Arantxa Sanchez, 6-3, 7-6), avant de remporter son premier titre du Grand Chelem à New York, où elle bat Hingis en finale (6-3, 7-5). Peu après ce triomphe, elle atteint la première place mondiale. En 1999, elle remporte un deuxième tournoi du Grand Chelem, à Wimbledon, en prenant le dessus sur Steffi Graf (6-4, 7-5). Au mois de novembre, elle est n°2 mondiale.

  • Martina Hingis, explosion à seulement 16 ans

Martina Hingis est née en septembre 1980, et sa mère, Melanie Molitor, la prénomme en référence à la championne de tennis, Martina Navratilova. Formée par sa maman, elle est un enfant prodige, et remporte Roland-Garros juniors à seulement 12 ans. Elle fait ses débuts sur le circuit à 14 ans, mais le règlement ne l’autorise à disputer que 15 tournois avant l’âge de 16 ans, une règle contre laquelle elle s’insurge : “Comment est-ce que je peux rentrer dans le top 10 en jouant aussi peu ?”. Son tennis est basé sur une coordination extraordinaire, un sens tactique impressionnant, un superbe toucher de balle et une bonne lecture du jeu. Au début de sa carrière, elle manque néanmoins de puissance et sa deuxième balle est assez faible.

Elle explose réellement en 1996. Après avoir battu la numéro 1 mondiale incontestée, Steffi Graf, au mois de mai, à Rome, elle se hisse en demi-finale de l’US Open (battue par Graf, 7-5, 6-3), puis en finale du Masters (où elle est battue par Graf en cinq sets, 6-3, 4-6, 6-0, 4-6, 6-0). Trois après son 16e anniversaire, elle est déjà 6e mondiale, et en janvier 1997, elle devient la plus jeune gagnante en Grand Chelem de tous les temps, en battant Mary Pierce en finale de l’Open d’Australie (6-2, 6-2). Dans les mois qui suivent, elle remporte pas moins de 8 titres, dont Wimbledon (aux dépens de Jana Novotna, 2-6, 6-3, 6-3) et l’US Open (où elle bat Venus Williams, 6-0, 6-4), et elle atteint la finale à Roland-Garros (battue par Iva Majoli, 6-4, 6-2).

Ces résultats extraordinaires lui permettent de devenir la plus jeune joueuse de tous les temps à s’installer au sommet du classement WTA, au mois de mars, à l’âge de 16 ans et 3 mois. En 1998, à Melbourne, elle ajoute un quatrième titre du Grand Chelem à son palmarès, mais au cours des mois suivants, elle ne parvient plus en finale de majeur avant l’US Open, où elle est battue par Lindsay Davenport (6-3, 7-5), et elle perd temporairement sa première place mondiale.

En 1999, elle remporte une troisième fois l’Open d’Australie, mais elle subit une terrible défaite face à Steffi Graf en finale de Roland-Garros (4-6, 7-5, 6-2), qui la laisse tellement choquée qu’elle s’incline dans la foulée au premier tour de Wimbledon. Elle se redresse au cours de l’été, et à l’US Open, elle parvient en finale, vaincue par Serena Williams (6-3, 7-6). En novembre, elle est encore numéro 1 mondiale.

Martina Hingis (SUI) – Wimbledon 1997

Le lieu : Le Madison Square Garden de New York

Le Masters féminin, officiellement nommé Virginia Slims Championships, a été créé en 1972. Sa première édition à lieu à Boca Raton, en Floride, et le tournoi se déplace ensuite à Los Angeles puis Oakland avant de s’installer pour de bon à New York en 1979. Là, le tournoi se déroule au Madison Square Garden, qui peut accueillir 18 000 spectateurs. En 1994, les 16 meilleures joueuses du monde sont qualifiées pour le Masters, et le tournoi est constitué d’un tableau à élimination directe. De 1984 à 1998, c’est la seule épreuve féminine où la finale se dispute au meilleur des cinq manches, mais cette règle est abandonnée en 1999. Navratilova y détient le record du nombre de titres avec pas moins de 8 victoires.

L’histoire : Davenport prend sa revanche sur Hingis

En finale du Masters 1999, on retrouve les deux mêmes joueuses qu’en 1998 : Martina Hingis et Lindsay Davenport. En 1998, Hingis avait pris le dessus (7-5, 6-4, 4-6, 6-2), mais cela n’avait pas suffi à reprendre la première place mondiale. Depuis, les deux joueuses se sont férocement battues pour cette première place, qu’elles se sont échangées à trois reprises au long de l’année 1999. Cependant, elles sont chacune dans une dynamique différente.

Alors que Davenport a confirmé son nouveau statut en s’adjugeant, à Wimbledon, un deuxième titre du Grand Chelem, Hingis a connu de nombreuses déceptions depuis sa victoire à l’Open d’Australie. En juin, elle a subi une cruelle défaite contre Steffi Graf en finale de Roland-Garros, et, après avoir perdu au premier tour de Wimbledon, elle a perdu contre une nouvelle rivale, Serena Williams, en finale de l’US Open.

Malgré leur évidente rivalité, Hingis et Davenport se sentent quelque part unies face à l’ascension des sœurs Williams. Elles sont en fait plus agacées par Richard Williams que par ses filles, et elles veulent résister à l’avènement de la famille Williams. “Ce n’est rien de personnel envers elles”, déclare Davenport au  New York Times. “Nous savons que c’est surtout leur père qui crée la polémique. Mais nous voulons à chaque fois mettre les choses au point : nous sommes n°1 et n°2, pas elles, et pour l’instant nous sommes les joueuses à battre.”

La finale entre ces n°1 et n°2 mondiales s’avère finalement à sens unique. Davenport s’impose en soixante-et-une minutes, 6-4, 6-2, n’abandonnant que quatre points sur ses jeux de service. “Je suis allé provoquer ma chance aujourd’hui, ce que je ne pense pas avoir fait l’an dernier”, commente Davenport. “Alors quand je me suis levée ce matin je voulais juste tenter ma chance, aller chercher les coups gagnants et dicter le jeu, et j’ai réussi à le faire. Heureusement, c’était un jour où la plupart de mes coups sont rentrés.”

Malgré sa défaite, Hingis est tout de même assurée de terminer l’année en tant que n°1 mondiale, mais, avec trois défaites en finale de tournois majeurs en une saison, sa domination est plus que remise en question. Plus inquiétant, avec son jeu tout en toucher et en variation paraît impuissant face à la puissance de joueuses comme Davenport ou Serena Williams.

La postérité du moment : 98 semaines à la première place mondiale pour l’Américaine

Quelques mois plus tard, Davenport battra à nouveau Hingis, en finale de l’Open d’Australie (6-1, 7-5). En 2000, elles s’échangeront encore la première place à quatre reprises. Au total, Lindsay Davenport occupera la première place mondiale 98 semaines durant. Elle perdra ensuite les quatre finales majeures supplémentaires qu’elle disputera, toutes face aux sœurs Williams : trois contre Venus (Wimbledon 2000 et 2005, l’US Open 2000) et une contre Serena (Open d’Australie 2005). Très régulière dans les grands événements, Davenport terminera quatre saisons à la première place mondiale (1998, 2001, 2004, 2005).

Hingis atteindra encore la finale de l’Open d’Australie à trois reprises, mais, mise en difficulté par la puissance de joueuses comme les sœurs Williams, Lindsay Davenport ou encore Jennifer Capriati, elle ne parviendra plus jamais à remporter un tournoi du Grand Chelem.

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