28 mars 1999 : Le jour où la dynastie des soeurs Williams a débuté à Miami

Le 28 mars 1999, à Miami, Venus et Serena Williams sont les premières sœurs de l’ère Open à s’affronter dans une finale WTA.

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Ce qu’il s’est passé et pourquoi c’est historique : Serena et Venus, les premières soeurs de l’ère Open à s’affronter dans une finale WTA

Ce jour-là, le 28 mars 1999, à Miami, Venus et Serena Williams sont les premières sœurs de l’ère Open à s’affronter dans une finale WTA. Venus l’emporte (6-1, 4-6, 6-4), mais ce n’est pas vraiment le résultat qui rend ce jour mémorable dans l’histoire du tennis : cette finale marque le début d’une nouvelle ère de tennis dominée par les sœurs Williams, comme l’avait prédit depuis longtemps leur père, Richard, qui avait toujours affirmé qu’un jour, ses filles se disputeraient la première place mondiale.

Les personnages : Venus et Serena Williams

  • Venus Williams, annoncée comme prodige 

Venus Williams est née en 1980. Entraînée par son père, Richard, elle est annoncée comme un prodige du tennis depuis ses premiers pas sur le circuit, en 1994. L’adolescente fait alors forte impression en battant la 59e mondiale, Shaun Stafford, 6-3, 6-4, avant de mener 6-3, 3-1 contre la n° 1 mondiale, Arantxa Sanchez, s’inclinant finalement 3-6, 6-3, 6-0. Cependant, ce n’est qu’en 1997 qu’elle intègre le top 100, obtenant son premier résultat notable à Palm Springs, où elle se qualifie pour les quarts de finale en battant la 9e mondiale, Iva Majoli (7-5, 3-6, 7-5). Elle ne passe pas inaperçue, en raison de ses coups extrêmement puissants, de son charisme mais aussi de la façon dont son père l’a mise en avant. Sa petite sœur, Serena, entame elle aussi une carrière de joueuse professionnelle, et leur père a audacieusement prédit qu’un jour, elles s’affronteraient en finale d’un tournoi du Grand Chelem. En septembre 1997, Venus atteint la finale de l’US Open, où elle est battue par Martina Hingis lors de la plus jeune finale de l’histoire du tournoi (6-0, 6-4). Elle remporte ses trois premiers titres en 1998, à Oklahoma City, Miami et à la Coupe du Grand Chelem, et, dans les grands tournois, elle atteint les quarts de finale à l’Open d’Australie, à Roland-Garros et Wimbledon, avant de se hisser en demi-finale de l’US Open (défaite par Lindsay Davenport, 6-4, 6-4). À la fin de la saison, elle est 5e mondiale.

Venus Williams 1998
  • Serena Williams, la cadette rivale

Serena Williams, née en 1981, est la cadette de sa famille. Quelques années plus tôt, en 1997, sa sœur Venus, qui débutait alors sur le circuit, avait déclaré que sa principale rivale serait sa petite sœur Serena. A l’époque, les observateurs n’avaient pas su si elle avait dit ça sérieusement ou par pure provocation. Ils réalisent bientôt à quel point Venus était en fait sérieuse, lorsqu’en novembre de la même année, Serena Williams fait parler d’elle à Scottsdale. Âgée de seize ans, classée 304e mondiale, elle s’extrait des qualifications et se hisse jusqu’en demi-finales, battant au passage Mary Pierce (7e mondiale, 6-3, 7-6) et Monica Seles (4e mondiale, 4-6, 6-1, 6-1). En 1998, elle renverse plusieurs joueuses du top 10, notamment la 3e mondiale Lindsay Davenport, en quarts de finale du tournoi de Sydney (1-6, 7-5, 7-5), et dispute plusieurs quarts de finale qui lui permettent de terminer la saison au 20e rang mondial. Elle franchit un cap en 1999. En février, elle gagne son premier tournoi à Paris Coubertin, à dix-sept ans, battant en finale la locale de l’étape Amélie Mauresmo (6-2, 3-6, 7-6). Deux semaines plus tard, elle s’impose à Indian Wells, aux dépens de l’ancienne numéro 1 mondiale, Steffi Graf (6-3, 3-6, 7-5). La voici maintenant 16e mondiale.

Le lieu : Miami (États-Unis)

L’Open de tennis de Miami, qui s’appelle à l’origine le Lipton International Players Championship, a lieu pour la première fois en 1985, à Delray Beach, dans l’idée d’être le premier grand événement de tennis de l’année (à l’époque, l’Open d’Australie se tient au mois de décembre). Le tournoi déménage à Key Biscayne en 1987, et Miloslav Mecir est le premier à triompher dans le nouveau site de Crandon Park. Les joueurs s’y affrontent sur des courts en dur assez lents, dans une chaleur et une humidité extrêmes. Avec une une dotation exceptionnelle et un tableau de 96 joueurs, il est considéré, en 1999, comme le plus grand tournoi de tennis au monde, en dehors des Grands Chelems, comptant à son palmarès de grands noms tels que Martina Navratilova, Steffi Graf, Monica Seles ou encore Martina Hingis.

L’histoire : Venus Williams l’emporte en trois manches

La finale du tournoi de Miami 1999 entre Venus et Serena Williams ne peut être qualifiée de surprise, les deux jeunes femmes étant déjà des joueuses de haut niveau confirmées, mais elle n’en constitue pas moins un événement majeur sur le circuit.  Leur père, Richard, affirmait depuis des années qu’un jour, ses filles allaient dominer le tennis. Au début, beaucoup le croyaient fou, mais au fil du temps, Venus et Serena se sont bien hissées au plus haut niveau, et ce n’est maintenant plus qu’une question de temps avant que sa prédiction ne se réalise.

À Miami, pour atteindre la finale, Serena, qui avait déjà battu une légende du tennis, Steffi Graf, pour triompher à Indian Wells, a éliminé la n° 3 mondiale, Monica Seles (6-2, 6-3), et la n°1 mondiale, Martina Hingis (6-4, 7-6). Venus, quant à elle, a éliminé la quatrième joueuse mondiale, Jana Novotna (5-7, 6-2, 6-3), et Graf, la joueuse aux 21 titres du Grand Chelem (6-2, 6-4). 

“L’ère nouvelle est arrivée pour le tennis féminin”, affirme Venus après sa victoire sur Graf. “Nous avons parcouru un long chemin mais c’est ce que nous avons toujours pensé faire. Nous avons toutes deux élevé notre niveau de jeu depuis le début de l’année.”

Personne ne pourrait être plus ravi que Richard Williams, la langue toujours bien pendue, de voir ses filles devenir les premières sœurs depuis 1894 à s’affronter en finale d’un grand tournoi.

“J’ai toujours su que cela arriverait”, dit-il alors. “J’en parle depuis des années, je l’ai planifié, mais maintenant que c’est arrivé, je ne sais même pas quoi penser.”

Avant le début du match, Richard s’installe dans les tribunes, puis se lève, brandissant une pancarte sur laquelle on peut lire “Bienvenue au Williams show”. Cependant, il est rapidement submergé par l’émotion et quitte le court au bout de quelques jeux, faisant les cent pas dans Crandon Park pendant que ses filles se disputent le titre.  “J’ai vraiment cru que j’allais pleurer. Je me sentais trop moche d’être là à pleurer, alors je suis parti”, explique-t-il.

Dans ce duel entre sororicide, Serena, qui avait déclaré auparavant que, quel que soit le résultat, “le trophée irait de toutes façons à la maison”, ne démontre pas le  même état d’esprit assassin que lors de ses tours précédents. Bien que, selon ses adversaires, dont Hingis, qu’elle avait battue en demi-finale, elle ait été toute la semaine plus impressionnante que sa sœur, elle est battue par Venus pour la troisième fois en autant de rencontres, 6-1, 4-6, 6-4.

La postérité du moment : 30 Grands Chelems à elles deux

En septembre 1999, deux ans après que sa grande sœur Venus a eu l’audace d’annoncer que Serena serait sa plus grande rivale, cette dernière deviendra la première des Williams à soulever un trophée majeur, en battant la n°1 mondiale, Martina Hingis (6-3, 7-6), en finale de Flushing Meadows. Presque trois années passeront avant que Serena ne triomphe à nouveau en Grand Chelem, mais lorsqu’elle le fera ce sera pour réaliser un exploit connu sous le nom de Serena Slam : elle remportera quatre titres majeurs à la suite, en 2002 et 2003, dominant à chaque fois sa sœur Venus en finale, réalisant la prophétie de leur père. Serena remportera en tout 23 tournois du Grand Chelem et restera numéro 1 mondiale pendant 319 semaines.

Venus Williams accumulera sept titres du Grand Chelem dans sa carrière, à l’US Open (2000, 2001) et à Wimbledon (2000, 2001, 2005, 2007, 2008), et occupera la première place mondiale pendant 11 semaines en 2002, avant d’être dépassée par Serena.

Au total, les sœurs Williams s’affronteront 31 fois dans leur carrière, 12 fois en finale, dont 9 finales de Grand Chelem. Serena mènera 19-12 au total, et 7-2 dans les finales majeures.

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