Naomi Osaka “n’a pas réussi à beaucoup dormir” après son acte

Après sa victoire en demi-finale de Cincinnati, Naomi Osaka est revenue sur ses dernières 48 heures en conférence de presse. En protestant contre les violences policières, elle a provoqué la suspension du tournoi, jeudi.

Naomi Osaka during the Western and Southern Open 2020, with a Black Lives Matter shirt Naomi Osaka during the Western and Southern Open 2020, with a Black Lives Matter shirt

Elle l’a répété, plusieurs fois : « J’avais besoin de faire entendre ma voix ». Après sa victoire en demi-finale du Masters de Cincinnati contre Elise Mertens (6-2, 7-6), vendredi, Naomi Osaka s’est présentée en conférence de presse avec son flegme habituel. Mais devant elle, la “salle”, cette visio-conférence réservée aux médias accrédités, était bien plus “remplie” que d’habitude. « Il y en a certains que je ne reconnais pas », a-t-elle même souri.

La veille, la numéro 10 mondiale avait initié un mouvement de protestation contre les violences policières aux Etats-Unis, en refusant de jouer sa demi-finale contre Mertens. Le tournoi de Cincinnati avait été suspendu le temps d’une journée, jeudi. La Japonaise d’origine haïtienne avait alors récolté les applaudissements du monde du sport.

« Après mon quart de finale, j’ai vu tout ce que la NBA était en train de faire », a-t-elle expliqué. Jeudi, les Bucks de Milwaukee avaient refusé de jouer leur match de playoffs de basket-ball contre Orlando. Le 23 août, des policiers avaient tiré sept balles dans le dos de Jacob Blake, un homme noir qui regagnait sa voiture. 

« J’ai senti que j’avais aussi besoin de faire entendre ma voix, a martelé Osaka. J’ai appelé Stu, mon agent, et on en a parlé. Ensuite nous avons appelé la WTA. Ils nous ont dit qu’ils adoreraient me soutenir et qu’ils allaient repousser les matchs d’un jour. Puis j’ai publié mon communiqué. C’est à partir de là que tout est devenu confus parce que je n’ai pas dit que j’allais me retirer du tournoi. J’ai juste dit que je n’allais pas jouer le jour suivant. Ça a été un peu mouvementé entre mercredi et ce vendredi. Je n’ai pas réussi à beaucoup dormir. »

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Osaka « J’ai dû couper mon téléphone »

Vendredi, elle est entrée sur le Grandstand pour sa demi-finale avec un t-shirt Black Lives Matter sur le dos. Et elle n’a laissé aucune chance à Mertens pour se qualifier en finale. D’habitude discrète, la joueuse de 22 ans est devenue une leader. Après son boycott, même l’ATP et la WTA se sont rangés derrière elle : « Le tennis défend une posture collective contre les inégalités raciales et l’injustice sociale. »

« Je ressens une pression supplémentaire maintenant que plus de monde me regarde, a avoué Osaka. Je dirais surtout qu’il y a la pression que je me mets à moi-même. J’ai aussi l’impression que maintenant, ça me fait une raison de gagner des matches. » La double vainqueur de Grand Chelem a admis qu’après avoir publié son communiqué, elle « pensait juste que ça circulerait dans le monde du tennis. » « Je n’étais pas consciente de la portée que ça aurait, a-t-elle soufflé. Honnêtement, c’était un peu effrayant. J’ai dû couper mon téléphone. Je deviens anxieuse à chaque fois que je vois des gens parler de moi. Je ne m’attendais pas à avoir autant d’écho. »

Osaka explique pourtant ne pas « avoir l’impression d’avoir été courageuse. » « J’ai juste fait ce que j’avais à faire, a-t-elle poursuivi. Personnellement, je veux juste grandir en tant que personne. » Elle a réussi, et de la plus belle des manières.

Naomi Osaka - Cincinnati

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