Patrick Mouratoglou : « Les gens connaissent et apprécient de plus en plus le format UTS »
Le fondateur d’UTS est revenu sur la Grande Finale à Londres remporté par Alex de Minaur.
Patrick Mouratoglou – UTS Londres 2025 © UTS
Alex de Minaur a remporté à nouveau la Grande Finale UTS cette année à Londres. Peut-on dire qu’il est le meilleur joueur qu’on ait jamais vu dans le format UTS ?
Patrick Mouratoglou : Jusqu’à présent, absolument. Alex de Minaur mérite ce qualificatif. Ses performances parlent d’elles-mêmes : il a gagné l’an dernier et il remporte de nouveau le tournoi cette année. Il est toujours ultra compétitif et va presque toujours jusqu’au bout de chaque tournoi. C’est un joueur exceptionnel en général, et le format UTS lui va comme un gant.
Si l’on regarde les qualités les plus importantes pour réussir en UTS, au-delà d’être un compétiteur de haut niveau – ce qu’il est indéniablement –, il y a sa force dans les échanges. Alex est un joueur de rallyes : dès que la balle est en jeu et que l’échange commence, il est dangereux. Il y a aussi l’aspect physique. Même si les matchs sont plus courts, ils sont extrêmement intenses, et on a vu beaucoup de joueurs souffrir physiquement. Lui, jamais : sa condition physique est parmi les meilleures du circuit.

Enfin, il y a sa concentration. Dans ce format, si vous perdez le focus ne serait-ce que quelques secondes, vous pouvez perdre plusieurs points rapidement et il devient très difficile de revenir. Alex, lui, reste concentré du premier au dernier point. Avec toutes ces qualités réunies, il est pour l’instant le meilleur qu’on ait jamais vu à ce format.
Il a perdu contre Andrey Rublev lors de la phase de poules. Puis il n’a cessé d’être meilleur match après match. Y a-t-il eu deux De Minaur ?
Oui, j’ai vu une grande différence entre lui au début et à la fin. Au départ, il commettait beaucoup de fautes directes, qu’il ne fait normalement pas. C’est un joueur très constant, qui oblige quasiment à chercher les coups gagnants, et c’est très difficile compte tenu de son incroyable mobilité sur le court. Sa couverture de terrain est parmi les trois ou quatre meilleures au monde. S’il ne vous laisse aucun point, c’est vraiment un cauchemar pour l’adversaire.
Au début de cet UTS, il faisait beaucoup plus de fautes qu’à son habitude et il avait un petit manque de concentration, ce qui est très inhabituel pour lui. Mais plus il gagnait de matchs et plus le tournoi avançait, plus il retrouvait son jeu et sa compétitivité.
Beaucoup de choses se sont passées pendant ce tournoi. Première finale pour Casper Ruud sur un autre surface que la terre. Retour d’Ugo Humbert. Si tu devais retenir deux ou trois points marquants de cette édition, lesquels seraient‑ils ?
Patrick Mouratoglou : Je suis très heureux pour Ruud surtout qu’il a été à un point de ne pas jouer cette finale. Cela montre qu’il revient à un excellent niveau, et c’est quelque chose que j’apprécie vraiment. Casper Ruud a fait une très belle performance : il a joué de manière incroyable et s’est battu jusqu’au bout. Alex était trop fort en finale, mais le simple fait d’y accéder prouve qu’il revient à un très bon niveau, comme quelqu’un qui a disputé trois finales de Grand Chelem, dont une sur dur.

Voir ces joueurs retrouver un tel niveau est vraiment impressionnant. Ils ont connu quelques hauts et bas récemment. Ugo Humbert également : il avait connu une ascension incroyable jusqu’aux portes du top 10, puis quelques mois difficiles avec des blessures. Le niveau qu’il a affiché ici est vraiment encourageant pour la saison prochaine. Il sera prêt et dangereux dès le début de la prochaine saison.
Était-ce difficile de rebondir après le forfait de Jack Draper ?
Le forfait de Draper a été difficile pour nous. C’était dur pour les Anglais, ils étaient tellement contents de le voir jouer. C’était difficile aussi pour lui : il était vraiment déçu. Mais nous avons beaucoup de joueurs de réserve qui adorent le format UTS et qui sont prêts à jouer. Nous avons donc pu le remplacer. Bien sûr, cela aurait été incroyable de l’avoir, nous étions tous très excités, et lui aussi. Mais c’est la vie.
Nous avons rajeuni la moyenne d’environ 20 ans par rapport à la base de fans de l’ATP, et c’était notre objectif
Deux questions en une : un bilan de la saison 2025 de l’UTS, la troisième consécutive, et un aperçu de 2026.
UTS se porte très bien. Les stades sont pleins partout où nous allons. Cette année, nous avons eu des moments incroyables, comme les presque 12 000 spectateurs dans un stade antique, les Arènes de Nîmes, dont les vidéos sont devenues virales dans le monde entier. Nous sommes ravis d’avoir ouvert un événement en Asie, à Hong Kong, c’était incroyable. Le Mexique également. L’Amérique centrale, c’est très excitant pour nous d’être présents là-bas. Trois saisons complètes consécutives pour l’UTS, et ce n’est que le début.
Les gens connaissent et apprécient de plus en plus le format UTS. On les voit revenir chaque année, que ce soit à Londres ou ailleurs. Ils adorent tellement le concept qu’ils reviennent l’année suivante, souvent accompagnés d’amis. C’est pour ça que les stades grossissent à chaque édition.

Nous sommes également très heureux de l’âge moyen de nos spectateurs, beaucoup plus jeune que celui des fans habituels de l’ATP. Nous avons rajeuni la moyenne d’environ 20 ans par rapport à la base de fans de l’ATP, et c’était notre objectif. Nous voulons attirer de nouveaux fans, plus jeunes, et les fidéliser sur le long terme.