Nadal 6, Djokovic 0, la claque qui résonnera toujours

La première manche de la finale de Roland-Garros 2020 entre Rafael Nadal et Novak Djokovic s’est conclue sur le score inattendu, et inédit entre les deux hommes en Grand Chelem, de 6-0. Trois quarts d’heure de calvaire, symbole du Nadal-Djokovic le plus déséquilibré de l’histoire.

Novak Djokovic and Rafael Nadal before 2020 Roland-Garros final Novak Djokovic and Rafael Nadal before 2020 Roland-Garros final

Il a fallu attendre 54 minutes pour que l’arbitre de chaise Damien Dumusois lâche un « Jeu Djokovic » sous le toit fermé du court Philippe-Chatrier. La finale de Roland-Garros 2020, sur le papier « le plus grand match de l’histoire » avant que les deux rivaux s’affrontent, on se l’était vendu comme le combat de gladiateurs ultime. 6-0 : ce score entre Nadal et Djokovic avait quelque chose d’inimaginable, dans un sens ou dans l’autre, entre l’homme qui avait gagné douze fois Roland-Garros avant la finale (Nadal), et le numéro un mondial invaincu en 2020 hors disqualification (Djokovic), seul homme à jamais avoir dominé l’Espagnol en trois sets à Paris (en 2015).

Mais il y a le papier et le terrain. Et sur le terrain, l’un était à son meilleur niveau (Nadal). L’autre s’est vite agacé de tant d’impuissance et de malchance (Djokovic). L’un a été efficace sur ses balles de break (3 sur 6). L’autre inexistant (0 sur 3). Et malgré des échanges exceptionnels qui ont nécessité la présence de deux grands joueurs, cela a suffi pour faire claquer le score de tennis la « bulle », la « bagel », l’humiliation suprême du joueur de tennis. Djokovic ramené au niveau des pauvres McDonald et Travaglia, piétinés en première semaine. Inouï.

6-0 pour ouvrir, comme à Rome 2019

6-0, Ce n’était pas totalement inédit entre les deux hommes. Rafael Nadal avait reconstruit sa confiance au cours de la saison 2019 en remportant le tournoi de Rome contre le Serbe en finale, 6-0, 4-6, 6-1. C’était leur avant-dernier match en date, le dernier sur terre battue. Peut-être l’avait-on oublié. En 2020, personne d’autre que Nadal n’a collé deux fois 6-0 au Serbe en quinze ans de carrière.

Novak Djokovic, Roland-Garros 2020

Ce qui frappe, c’est évidemment le cadre, écrasant, d’une finale de Grand Chelem. Quand Safin avait collé une bulle à Djokovic en 2005 à Melbourne (6-0, 6-2, 6-1), Djokovic était un ado et le Russe allait gagner le tournoi. Quand Thiem l’a fait à Roland-Garros en 2017 (7-6, 6-3, 6-0), Djokovic était dans le dur depuis six mois. Et dans les deux cas, ce n’était pas en finale.

6-0, 6-3, 6-0, le spectre de 1977 a rôdé

Il y a aussi ce que le score racontait de la suite. Quand on gagne la première manche 6-0 en Grand Chelem, la victoire devient inévitable. Seul Guillermo Coria, dans l’ère Open, n’avait pas capitalisé sur son avance, en finale en 2004 contre Gaston Gaudio. Mais le petit Argentin qui découvrait alors les sommets n’avait rien du Nadal maître de Roland-Garros, si fort, si sûr, si confiant.

Même dans ses finales les plus écrasantes, Nadal n’était presque jamais allé jusque-là : un 6-1 en 2017 contre Wawrinka, un 6-2 en 2013 contre David Ferrer… En ce milieu de premier set, l’avancée de Nadal a simplement rappelé l’autre sommet absolu de sa domination à Roland, la finale de 2008, celle de son quatrième succès en terre parisienne. Il  avait dominé Roger Federer 6-1, 6-3, 6-0. Le Suisse était alors numéro un mondial depuis plus de quatre années consécutives.

Un coup d’œil dans les archives permet de relever que les bulles ne sont pas si rares en finale de Roland-Garros. Outre les exemples sus-cités, on en trouve trace en 2002 (Costa contre Ferrero, 6-1 6-0 pour commencer…), en 2001 (Kuerten contre Corretja en quatre sets), en 1982 (Wilander contre Vilas en quatre sets), en 1973 (Nastase contre Pilic) ou en 1970 (Kodes contre Franulovic). La seule consolation que pourra trouver Djokovic à un tel calvaire, c’est celle de s’être tenu à l’écart d’un double bagel semblable à celui reçu par Brian Gottfried en 1977 contre Guillermo Vilas (6-0, 6-3, 6-0).

Evidemment un tel niveau d’humiliation supporte toujours un peu d’humour. L’Australien Sam Groth, désormais à la retraite, s’est souvenu que lui avait moins souffert contre Nadal en 2016. « Ce n’est pas si compliqué de marquer un jeu à Nadal à Paris », a-t-il tweeté en référence au triple 6-1 encaissé au premier tour en 2016. Le pire, c’est que cette année-là, Nadal n’était pas indestructible. Il a été terrassé au troisième tour. Par une blessure au poignet.

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