28 janvier 1996 : le jour où Becker a remporté l’Open d’Australie pour la deuxième fois
Le 28 janvier 1996, Boris Becker remporte l’Open d’Australie pour la deuxième fois, en prenant le dessus sur Michael Chang en finale (6-2, 6-4, 2-6, 6-4)
Ce qu’il s’est passé ce jour-là : Becker soulève la coupe, 5 ans après son dernier sacre
Ce jour-là, le 28 janvier 1996, Boris Becker remporte l’Open d’Australie pour la deuxième fois, en prenant le dessus sur Michael Chang en finale (6-2, 6-4, 2-6, 6-4). L’Allemand n’avait pas triomphé en Grand Chelem depuis son premier sacre à Melbourne, cinq ans plus tôt, en 1991, juste avant qu’il n’atteigne la première place mondiale. Ce sixième titre majeur sera également son dernier. Quant à Chang, ce sera la deuxième des trois grandes finales qu’il aura perdues en moins de deux ans, après celle de Roland-Garros 1995 et avant celle de l’US Open 1996.
Les personnages : Boris Becker et Michael Chang
- Boris Becker, “Boum Boum”
Boris Becker est né en 1967. En 1985, à 17 ans, l’Allemand devient le plus jeune vainqueur de l’histoire de Wimbledon, en battant Kevin Curren en finale (6-3, 6-7, 7-6, 6-4). Au total, il remporte pas moins de trois titres au All England Club, qui est aussi le théâtre de sa célèbre rivalité avec le Suédois Stefan Edberg. A trois reprises, les deux hommes y croisent le fer en finale, Becker ne l’emportant qu’une fois, en 1989 (6-0, 7-6, 6-4), bien qu’il mène pourtant largement sur l’ensemble de leurs affrontements.
Son service surpuissant lui vaut le surnom de « Boum Boum ». Il est connu pour ses spectaculaires plongeons à la volée. C’est un joueur très expressif qui est capable parfois de « péter les plombs ». Sa grande époque a lieu entre 1989 et 1991 : pendant cette période, il accumule trois titres du Grand Chelem (Wimbledon et l’US Open en 1989, l’Open d’Australie en 1991) et atteint la place de numéro 1 mondial le 28 janvier 1991, suite à son triomphe face à Ivan Lendl en finale à Melbourne (1-6, 6-4, 6-4, 6-4).
Becker traverse ensuite une période plus difficile et, en 1993, il sort même du top 10 pour la première fois en huit ans. En 1994, il parvient en demi-finales de Wimbledon et remporte le tournoi de Stockholm, où il bat les trois premiers mondiaux à la suite, terminant l’année à la troisième place mondiale. En 1995, il est finaliste à Wimbledon, battu par Pete Sampras (6-7, 6-2, 6-4, 6-2) et se hisse dans le dernier carré à Flushing Meadows, où il est vaincu par Andre Agassi (7-6, 7-6, 4-6, 6-4). Au début de la saison 1996, il est 4e mondial.
- Michael Chang, le précoce
Michael Chang est né en 1972. En 1987, à l’âge de quinze ans, il devient le plus jeune joueur à passer un tour à l’US Open (aux dépens de Paul McNamee). L’année suivante, en juin, à seize ans et trois mois, il devient le plus jeune joueur à avoir jamais fait partie du top 100, et il atteint pour la première fois les huitièmes de finale d’un tournoi du Grand Chelem, à New York, où il est battu par Andre Agassi.
En 1989, âgé de 17 ans et 3 mois, Chang devient le plus jeune joueur de l’histoire à gagner un tournoi du Grand Chelem, en dominant Stefan Edberg en finale de Roland -Garros après avoir été mené deux sets à un (6-1, 3-6, 4-6, 6-4, 6-2). En chemin vers la finale, il élimine le numéro 1 mondial Ivan Lendl à la surprise générale, en huitièmes de finale.
Au cours de cette partie, Chang fait preuve d’une grande force mentale pour un adolescent, engageant une véritable bataille psychologique avec Lendl, en faisant notamment son célèbre service à la cuillère, qui deviendra presque aussi célèbre que la « Main de Dieu » de Maradona en football. En 1990, Michael Chang a bien du mal à confirmer son nouveau statut.
Malgré un quart de finale disputé à Roland-Garros (perdu contre Andre Agassi, 6-2 6-1 4-6 6-2), il est éjecté du top 10 en avril 1990, pour n’y revenir qu’en mars 1992. Il ne brille à nouveau en Grand Chelem qu’en 1995, atteignant les demi-finales de l’Open d’Australie (éliminé par Pete Sampras, 6-7, 6-3, 6-4, 6-4) et surtout la finale de Roland-Garros (battu par Thomas Muster, 7-5, 6-2, 6-4). À l’entame de l’Open d’Australie 1996, il est 5e mondial.
Le lieu : l’Open d’Australie
Contrairement aux autres tournois du Grand Chelem, l’Open d’Australie (d’abord appelé Championnat d’Australasie puis Championnat d’Australie) a changé plusieurs fois de lieu au fil des ans. L’épreuve changeait même de ville chaque année avant de s’installer à Melbourne en 1972, et pas moins de cinq villes australiennes l’ont accueillie à au moins trois reprises : Melbourne, Sydney, Adelaide, Brisbane et Perth. Ses dates ont été assez mouvantes également, entre début décembre et fin janvier, faisant de l’Open d’Australie parfois le premier, parfois le dernier Grand Chelem de la saison.
Jusqu’en 1982, la plupart des meilleurs joueurs font l’impasse sur l’épreuve en raison de son éloignement et des prix insuffisants, mais à partir de la victoire de Mats Wilander, la dynamique change. Pour rendre le tournoi plus attractif, le comité du tournoi déploie d’énormes efforts qui mènent au déménagement de l’épreuve vers un nouveau site, Flinders Park (qui sera plus tard renommé Melbourne Park), à l’abandon du gazon pour des courts en dur, et à la construction du premier court central doté d’un toit rétractable. La dotation augmente également, et depuis que le tournoi s’est établi à Flinders Park, tous les vainqueurs du tournoi ont un jour occupé la première place mondiale.
L’histoire : Le retour en grâce de Boris Becker
La finale de l’Open d’Australie 1996 voit s’affronter deux joueurs qui ont chacun connu des difficultés au début des années 1990 après avoir connu le succès à la fin des années 1980, même si Michael Chang ne détient qu’un seul titre du Grand Chelem quand Boris Becker, lui, en a remporté cinq. Ils sont tous deux revenus au sommet en 1995, disputant chacun une finale de Grand Chelem, et ils occupent les 4e et 5e rangs du classement mondial. Malgré ces similitudes dans leur parcours, ce sont deux joueurs radicalement différents. Alors que le grand Allemand s’appuie sur une puissance hors-norme et un gros service pour mettre en place un jeu très offensif, le petit Américain dispose surtout d’un superbe jeu de jambes et de grandes qualités défensives.
Bien qu’il puisse sembler logique de retrouver Becker, ancien vainqueur du tournoi et 4e mondial, en finale de l’Open d’Australie, sa présence y est plus inattendue qu’il n’y paraît. L’Allemand a commencé l’année à Doha, en s’inclinant au deuxième tour du tournoi face au 122e mondial, Nicolas Pereira (7-6, 6-7, 7-6), et il a dû batailler cinq sets pour écarter Greg Rusedski (6-4, 3-6, 4-6, 6-3, 6-3) puis Thomas Johansson (4-6, 3-6, 6-2, 6-1, 6-4) lors de ses deux premiers tours à Melbourne. Le n°1 mondial, Pete Sampras, s’incline au troisième tour face à Mark Philippoussis, et le n°2, Andre Agassi, est éliminé par Chang en demi-finale (6-1, 6-4, 7-6).
Dès le début du match, l’Allemand place la barre très haut, empochant rapidement les quatre premiers jeux et bouclant la première manche, 6-2. Au deuxième set, bien que Chang s’accroche pour tenir le score jusqu’à 4-4, il se fait finalement breaker à 4-4. Becker conclut sur un jeu blanc et se détache ainsi deux sets à rien. À cet instant, il parait intouchable, dominant son adversaire non seulement dans le secteur offensif, mais également lors des échanges du fond de court. Cependant, quelles que soient les difficultés rencontrées par Chang, il n’est pas homme à renoncer avant le dernier point. Le vainqueur de Roland-Garros 1989 parvient à gagner le troisième set, 6-2, mais il est débordé par la puissance de l’Allemand lors de la quatrième manche. Becker s’impose 6-2, 6-4, 2-6, 6-4.
C’est le sixième titre du Grand Chelem remporté par l’Allemand, et son premier depuis son triomphe ici même en 1991, bien qu’il ait disputé entre-temps deux finales majeures.
“Pour être honnête, je ne pensais pas que j’avais encore les moyens de gagner un Grand Chelem”, dit-il au public, selon le Washington Post.
L’ancien n°1 mondial expliquera plus tard avoir trouvé une nouvelle motivation dans sa nouvelle vie de famille.
“Cela m’a permis de continuer”, dira-t-il, cité par Sports Illustrated. “Sinon, je ne jouerais plus. Le tennis est important, mais lorsque vous avez été aussi fort pendant aussi longtemps, il vous faut autre chose. Il y a des sentiments qu’on ne trouve pas sur un court de tennis.”
La postérité du moment : Une grande année 1996
Boris Becker sera l’un des joueurs dominants de la saison 1996. Après un quatrième triomphe au Queen’s en juin (contre Stefan Edberg, 6-4, 7-6), une blessure au poignet l’éloignera du circuit jusqu’à la saison en salle, durant laquelle il évoluera à un grand niveau. Après avoir battu Sampras en finale à Stuttgart (3-6, 6-3, 3-6, 6-3, 6-4), il battra le n°1 mondial à nouveau lors de la phase de poule du Masters (7-6, 7-6), mais l’Américain le battra en finale à l’issue de l’un des plus grands matchs de l’histoire du tennis (3-6, 7-6, 7-6, 6-7, 6-4).
Après sa défaite contre Carlos Moya au premier tour de l’Open d’Australie en 1997, et sa défaite contre Sampras en quarts de finale de Wimbledon (6-1, 6-7, 6-1, 6-4), Boris Becker annoncera sa retraite des tournois du Grand Chelem. En 1998, il ne participera qu’à 11 tournois, sans remporter un seul titre, et en 1999, il jouera pour la dernière fois à Wimbledon, battu par Patrick Rafter en huitièmes de finale (6-3, 6-2, 6-3).
Michael Chang atteindra une deuxième finale du Grand Chelem en 1996, à l’US Open (battu par Pete Sampras, 6-1, 6-4, 7-6). En septembre, il atteindra la deuxième place mondiale, le meilleur classement de sa carrière. Il quittera le top 10 début 1998, puis déclinera progressivement. En 2000, en remportant son 34e et dernier titre à Los Angeles (en battant Jan-Michael Gambill en finale, 6-7, 6-3, ab.), il deviendra l’un des rares joueurs à avoir remporté des tournois sur trois décennies différentes (les années 80, 90 et 2000). Ce sera sa dernière année parmi les 50 meilleurs joueurs et, après avoir quitté le top 100 en 2002, il prendra sa retraite en 2003.
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