Matteo Berrettini, le discret de la Next-Gen

Qualifié pour les demi-finales de l’UTS dimanche, Berrettini fait partie, comme Stefanos Tsitsipas, de la génération prometteuse du tennis mondial. Mais contrairement au Grec, l’ascension du numéro 8 mondial n’est que récente.

Matteo Berrettini, UTS 2020 Matteo Berrettini, UTS 2020

C’était en avril 2019. Il y a plus d’un an. Neuf victoires en deux semaines, un titre, une finale : Matteo Berrettini se dévoile au grand jour. L’Italien enlève le deuxième trophée ATP de sa carrière, à Budapest, à tout juste 23 ans, et atteint la finale de Munich la semaine suivante. Début avril, Berrettini était 54e mondial. Début mai, il se retrouve à la 31e place, alors qu’il était encore 124e en février 2018. Son ambition devient totale : « Je veux m’améliorer, gagner plus de titres, gagner des titres plus importants ».

Un an plus tard, il y est arrivé. Mais parmi les membres de la Next-Gen, les regards du public et du monde médiatique sont fixés sur Stefanos Tsitsipas, Daniil Medvedev, ou Alexander Zverev, la relève annoncée du Big Three (Rafael Nadal, Roger Federer, et Novak Djokovic). Dimanche, Berrettini, huitième mondial grâce notamment à sa demi-finale à l’US Open 2019, fera partie des quatre membres du Final 4 de la première édition de l’Ultimate Tennis Showdown. The Hammer s’est hissé à la troisième place (5 victoires, 3 défaites), et sera l’un des favoris pour la victoire finale, face à Tsitsipas, David Goffin et Richard Gasquet.

Mais le Romain reste dans l’ombre. Injuste ? « Non, pas du tout !, nous lance Vincenzo Santopadre, qui entraîne l’Italien depuis ses 9 ans. Quand il était jeune, personne ne parlait de lui. » Berrettini était un garçon « normal », à l’inverse des autres membres du Top 10 actuel. Selon l’entraîneur, « tout le monde savait que Tsitsipas ou Medvedev deviendraient des champions » quand ils étaient jeunes. « Les gens considéraient qu’ils seraient les prochains membres du Top 10, peut-être même les futurs numéros 1. Quand Matteo était jeune, il n’était pas le meilleur du tout et personne ne le voyait devenir un grand joueur. Personne ne pouvait même imaginer il y a encore un an qu’il serait dans le Top 10 aujourd’hui. »

« La pression n’est pas facile à supporter »

Mais cela ne fait pas de lui un intrus parmi les membres de la Next Gen pour autant. Il a gagné sa place grâce à des coups droits destructeurs en fond de court, et des premiers services lourds. « On ne sait pas où se situent ses limites, explique Santopadre. Il réalise toujours quelque chose de plus, que l’on ne pouvait pas imaginer. » Berrettini nous avoue que plus jeune, il « cassait souvent des raquettes ». Mais désormais il est « calme sue le court ». Je préfère passer mes nerfs en m’insultant moi-même. »

Malgré sa puissance étouffante, le Romain, issu de la classe moyenne, a dû supporter une pression aussi soudaine que sa progression fulgurante au classement ATP. « La pression n’est pas facile à supporter, admet Santopadre. C’est la première fois qu’il est Top 10, il est très jeune, et a évolué très vite ». L’entraîneur estime que « la pression pèse aussi sur tous les membres de l’équipe autour de lui », faute d’avoir l’expérience de « ce genre de situation ». « C’est compliqué de se préparer »,  poursuit-il.

Matteo Berrettini UTS1

Après plus de deux mois de confinement, l’Italien confie à Tennis Majors être « prêt mentalement ». Cette période lui a offert du répit, tout en lui permettant de conserver sa huitième place au classement ATP. « Le confinement a été bénéfique pour lui, lance Santopadre. Nous nous sommes dit : ‘On peut prendre un peu de recul, et comprendre ce qu’il est en train de réaliser’, car c’était incroyable. » Pour lui, Berrettini « avait besoin de calme, de se relaxer un peu, et de comprendre tout ce qu’il se passe. »

Tout s’est très vite enchaîné, en moins d’un an. Un mois avant son deuxième titre à l’ATP, en juin à Stuttgart, l’Italien de 24 ans a battu au tournoi de Rome son premier membre du Top 10 : Alexander Zverev, alors numéro 5 mondial (7-5, 7-5). Berrettini légitimait ainsi sa place parmi les joueurs de la Next-Gen. En septembre dernier, il rallie les demi-finales de l’US Open et chute face à Nadal (7-6, 6-4, 6-1). Il devra attendre pour vivre sa première finale de Grand Chelem, mais l’essentiel est ailleurs. Avant cet US Open, Berrettini n’avait pas remporté le moindre match en Grand Chelem sur dur en trois participations (deux Open d’Australie et un US Open). En novembre, il grimpe à la 8e place mondiale. La machine est en marche, et rien ne l’arrêtera.

A l’UTS, dans le Sud de la France, Berrettini a retrouvé les terrains et testé sa capacité à monter au filet, récompensé dans le format rapide de la compétition. Une fois le tournoi passé, le numéro 8 mondial pourra « prendre des vacances ». Et surtout, se projeter sur l’US Open, qui débute le 31 août. S’il a lieu. « On doit patienter et voir commencer la situation évolue », nous précise le joueur. Mais « évidemment, si je sens que c’est risqué, je n’irai pas », nous dit-il. Il conservera dans tous les cas ses 720 points glanés lors de l’édition 2019, grâce au maintien des points ATP sur 22 mois, annoncé lundi. Il aura d’autres occasions de se montrer, et cela dès ce dimanche, à l’UTS.

People in this post

Your comments

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *