17 novembre 1991 : Le jour où Pete Sampras a remporté son premier Masters

Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 17 novembre 1991, à Francfort, Pete Sampras dominait Jim Courier pour s’adjuger son premier Masters (3-6, 7-6, 6-3, 6-4).

Ce qu’il s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis : Sampras devient le maître

Ce jour-là, le 17 novembre 1991, à Francfort, Pete Sampras domine Jim Courier pour s’adjuger son premier Masters (3-6, 7-6, 6-3, 6-4). Pour le jeune Américain, qui avait perdu son titre à l’US Open deux mois plus tôt face au même Courier, remporter un grand titre après une année 1991 compliquée est un véritable soulagement. C’est également le premier des 5 Masters que remportera le futur numéro 1 mondial, un record à l’époque.

Les personnages : Sampras et Courier

  • Pete Sampras, la jeunesse dorée américaine

Pete Sampras est né en 1971. Bien qu’il fasse partie de la génération dorée américaine, avec Agassi, Chang et Courier, il est le dernier d’entre eux à atteindre le plus haut niveau. Fin 1989, alors que ses rivaux ont tous déjà remporté des titres et réalisé des performances remarquables en Grand Chelem, Sampras n’est que 81e mondial. En novembre de la même année, Ivan Lendl, alors numéro 1 mondial, l’invite chez lui pour s’entraîner pendant dix jours : le jeune Américain réalise alors l’investissement nécessaire pour devenir un champion. Six mois plus tard, il entre dans le top 20 après avoir remporté ses deux premiers titres à Philadelphie et à Manchester. En septembre 1990, il surprend tout le monde en devenant le plus jeune joueur à avoir jamais triomphé à l’US Open, en battant Agassi en finale (6-4, 6-3, 6-2). Grâce à cette grande victoire, il entre dans le top 10, mais au premier semestre 1991, Sampras peine à confirmer son nouveau statut. Depuis le début de la tournée d’été américaine, il obtient de meilleurs résultats, triomphant à Los Angeles, Indianapolis et Lyon, mais il ne parvient pas à conserver son titre à l’US Open, battu par Courier en quart de finale (6-2, 7-6, 7-6).

  • Jim Courier, entre engagement et force physique

Né en 1970, Jim Courier est l’un des nombreux joueurs formés à l’académie de Nick Bollettieri dans les années 1980. Il a développé un jeu atypique, avec des prises fermées et des préparations courtes semblables à celles d’un joueur de baseball, dont il porte d’ailleurs toujours la casquette. S’appuyant principalement sur son service et son coup droit de décalage, il est connu pour son ardeur au travail, son engagement et sa forme physique. Il fait partie d’un “Big Four” de jeunes Américains faisant forte impression sur le circuit : Andre Agassi, qui fait partie du top 10 depuis 1988, Michael Chang, qui a déjà remporté Roland-Garros, et Pete Sampras. En 1989, Courier atteint les huitièmes de finale de Roland-Garros, après avoir battu Agassi, numéro 5 mondial (7-6, 4-6, 6-3, 6-2), et, quelques mois plus tard, il remporte son premier titre à Bâle (en battant Stefan Edberg, en finale 7-6, 3-6, 2-6, 6-0, 7-5). Sa carrière prend son envol en 1991 : après avoir remporté les titres à Indian Wells et à Miami, il triomphe à Roland-Garros à la surprise générale, en battant son rival Agassi en finale (3-6, 6-4, 2-6, 6-1, 6-4). Un mois plus tard, il se hisse en quarts de finale à Wimbledon (battu par Michael Stich, 6-3, 7-6, 6-2), et en septembre, il est finaliste malheureux à l’US Open face à Edberg (6-2, 6-4, 6-0). 

Le lieu : Francfort (Allemagne)

Créé en 1970, le Masters est le rendez-vous de fin d’année des huit meilleurs joueurs du monde. Au départ, il change de lieu chaque année, avant de s’installer au Madison Square Garden de New York, de 1977 à 1989.  En 1990, le tournoi déménage à Francfort, où il se dispute à la Festhalle, qui peut accueillir 13 500 spectateurs. Étant donné que chaque année, seuls les huit meilleurs joueurs se qualifient pour le Masters, les plus grands joueurs de tennis figurent au palmarès de l’épreuve.

L’histoire : Second grand titre pour Pete Sampras

En novembre 1991, malgré leur jeune âge, Pete Sampras et Jim Courier ont déjà un certain passif. Ils se sont déjà affrontés à quatre reprises, et, si Sampras a gagné leurs trois premiers duels, c’est Courier qui a eu le dessus la dernière fois, en quarts de finale de l’US Open, où Pete était tenant du titre. Après sa défaite, Sampras avait déclaré qu’il se sentait plutôt soulagé que déçu, comme si on lui avait retiré « un énorme poids » des épaules. Connors et Courier, entre autres, l’avaient ensuite durement critiqué. “ Sérieusement, quelle pression peut bien avoir Pete sur les épaules ? », avait dit Courier. « Il n’aura plus jamais besoin de travailler. Il a des millions sur son compte en banque. »

Les deux joueurs ont eu une saison 1991 bien différente. Sampras a eu du mal à gérer sa nouvelle célébrité et les attentes autour de lui après sa victoire-surprise à l’US Open 1990, mais, depuis le mois d’août, il a gagné 32 matches pour seulement 5 défaites. Courier, lui, achève sa meilleure saison : après avoir gagné Roland-Garros et disputé la finale de l’US Open, le voilà numéro mondial, et, en l’absence du numéro 1, Stefan Edberg, blessé, il est tête de série numéro 1 du Masters. L’équipe de Coupe Davis américaine est qualifiée pour la finale de la Coupe Davis contre la France au mois de décembre, et Sampras a été préféré à Courier en  raison de la surface rapide. 

La finale du Masters ne commence pas de la meilleure des façons pour Sampras, qui concède la première manche 6-3, puis, au deuxième set, il réalise le break à 6-5, mais se fait débreaker et doit disputer un tie-break périlleux. Sampras se procure une première balle de set à 6-4, mais il la gâche en commettant une double faute. Heureusement, sur la balle de set suivante, Courier prend trop de risques sur une attaque de coup droit qu’il expédie dans le filet. Un set partout.

« Je m’engage à fond dans mes coups, et parfois ils rentrent, parfois non, » dira Courier à propos de ce coup droit, assurant qu’il n’éprouve aucun regret. « Parfois ils retombent dans le court, parfois non. Ce soir, un coup droit crucial n’est pas passé.”

Le vainqueur de l’US Open 1990 prend alors le contrôle de la partie et déroule dans les deux manches suivantes, 6-3, 6-4. Il vient d’ajouter un second grand titre à son palmarès, et il ne compte pas s’arrêter là. 

« Remporter n’importe quel tournoi me donne beaucoup de confiance », déclare Sampras. « Mais celui-ci est particulier. J’ai battu beaucoup de très bons joueurs (Michael Stich, Andre Agassi et Ivan Lendl).

La postérité du moment : Pete Sampras, numéro 1 mondial deux ans plus tard

Courier atteindra la première place mondiale en février 1992, et il l’occupera 58 semaines au total. Il remportera  quatre tournois du Grand Chelem en moins de deux ans (ajoutant Roland-Garros 1992, ainsi que l’Open d’Australie 1992 et 1993 à son premier succès)), la carrière de Courier déclinera suite à sa défaite en finale à Paris en 1993 (battu par Sergi Bruguera, 6-4, 2-6, 6-2, 3-6, 6-3). Au cours des cinq dernières années de sa carrière, il ne gagnera que cinq tournois sur les vingt-trois accumulés au total. En 2000, redescendu à la 67e place mondiale, sa motivation est au plus bas et il décide de prendre sa retraite. Au total, Courier aura passé 58 semaines au sommet du classement ATP.

Pete Sampras deviendra numéro 1 mondial en 1993. Il établira un record de 14 titres du Grand Chelem remportés au cours de sa carrière, triomphant 7 fois à Wimbledon, 5 fois à Flushing Meadows et deux fois en Australie, mais à Roland-Garros, sa meilleure performance restera une demi-finale atteinte en 1996. Il remportera également cinq fois le Masters, et il passera 286 semaines en tant que premier mondial. Bien que la plupart de ses étonnants records sembleront imbattables au moment de sa retraite, en 2003, la plupart d’entre eux seront battus par Roger Federer au cours de la décennie suivante. Tous sauf un : entre 1993 et 1998, Sampras terminera six années consécutives à la première place mondiale, un record que même Federer, Nadal ou Djokovic ne parviendront pas à égaler.

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