29 octobre 2006 : Le jour où Roger Federer a conquis Bâle pour la première fois
Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 29 octobre 2006, Roger Federer, triomphe enfin dans sa ville natale, Bâle, face à l’un de ses adversaires favoris, Fernando Gonzalez. Une victoire (6-3, 6-2, 7-6) qui a lancé un nombre de titres colossal dans la capitale suisse.
Ce qu’il s’est passé ce jour-là : Roger Federer triomphe pour la première fois à domicile
Ce jour-là, le 29 octobre 2006, le n°1 mondial Roger Federer domine Fernando Gonzalez (6-3, 6-2, 7-6) pour gagner le tournoi de sa ville natale de Bâle pour la première fois. Cette victoire a une saveur particulière pour le Suisse, qui a officié comme ramasseur lors de l’édition 1993, et a échoué en finale devant son public à deux reprises auparavant, en 2000 et 2001. C’est le 44e titre de Federer, son 11e en 2006, l’une de ses meilleures saisons sur le circuit.
Les acteurs : Roger Federer et Fernando Gonzalez
- Roger Federer, sa meilleure saison
Roger Federer est né en 1981. Après avoir été champion du monde juniors en 1998, Federer obtient vite des résultats chez les pros : lors de ces cinq premiers tournois, il atteint les quarts de finale à trois reprises, à Toulouse, Marseille et Rotterdam. Son tennis fantastique fascine le monde du tennis et on l’imagine rapidement dans la peau du futur numéro 1.
Le Suisse, très émotif lors de ses premières années sur le circuit, finit par maîtriser ses nerfs en 2003, lorsqu’il remporte son premier titre du Grand Chelem à Wimbledon (aux dépens de Mark Philippoussis, 7-6, 6-2, 7-6). Quelques mois plus tard, après son succès à l’Open d’Australie (où il bat en finale Marat Safin, 7-6, 6-4, 6-3), il devient numéro un mondial, le 2 février 2004. Il occupe cette place sans interruption jusqu’à cette finale bâloise. Depuis 2003, il a remporté neuf titres du Grand Chelem : l’Open d’Australie (2004, 2006), Wimbledon (2003, 2004, 2005, 2006) et l’US Open (2004, 2005, 2006). Depuis son accession à la première place mondiale, il a remporté 24 tournois, dont 11 Masters 1000, et il a également ajouté deux Masters à son palmarès, en 2003 et 2004.
En 2006, sa meilleure saison jusqu’à présent, il a déjà gagné dix tournois, dont trois Grands Chelems et quatre Masters 1000. Il n’a subi que 5 défaites, dont quatre contre son seul véritable rival, Rafael Nadal. L’Espagnol est la raison pour laquelle Federer n’a toujours pas gagné Roland-Garros : Federer a échoué face à Nadal en demi-finales en 2005 (6-3, 4-6, 6-4, 6-3) et en en finale en 2006 (1-6, 6-1, 6-4, 7-6).
- Fernando Gonzalez, enfin dans le top 10
Fernando Gonzalez est né en 1980. Passé pro en 1999, il réalise un premier exploit en 2000, à Orlando, alors qu’il n’est que 352e mondial et issu des qualifications, en remportant son premier titre ATP après avoir dominé son compatriote Nicolas Massu en finale (6-2, 6-3). Son tennis repose principalement sur un coup droit surpuissant. Malgré son succès à Orlando, il ne devient régulier à haut niveau qu’en 2002 : cette année-là, il ajoute deux titres à son palmarès, à Vina del Mar (où il bat Nicolas Lapentti en finale, 6-3, 6-7, 7-6) et à Palerme (aux dépens de José Acasuso, 5-7, 6-3, 6-1).
Il se hisse aussi en quarts de finale de l’US Open, battu sur le fil par Sjeng Schalken (6-7, 6-3, 6-3, 6-7, 7-6). Les années suivantes, il se maintient parmi les 25 meilleurs mondiaux, disputant les quarts de finale à Roland-Garros en 2003 (éliminé par Juan Carlos Ferrero, 6-1, 3-6, 6-1, 5-7, 6-4) et à Wimbledon en 2005 (battu par Roger Federer, 7-5, 6-2, 7-6). Il accumule un total de 7 titres, dont le plus important est celui conquis à Bâle en 2005, où il bat Marcos Baghdatis en finale (6-7, 6-3, 7-5, 6-4). En 2006, demi-finaliste en Masters 1000 à trois reprises (à Monte-Carlo, Toronto et Cincinnati), il se retrouve pour la première fois dans le top 10 mondial.
Le lieu : Bâle, ville natale de Federer
L’Open de Suisse en salle, créé en 1970, devient un tournoi de prestige en 1977, lorsqu’il intègre un circuit appelé le Grand Prix. Cette année-là, le vainqueur n’est autre que le grand Bjorn Borg. Dans les années 1980, la dotation augmente presque chaque année, attirant les meilleurs joueurs du monde. Le tournoi est ainsi gagné par des stars telles qu’Ivan Lendl (1980, 1981), Yannick Noah (1982, 1987) ou encore Stefan Edberg (1985, 1986, 1988). En 1990, le tournoi intègre les ATP World Series, et reste l’un des plus gros tournois en salle au monde, remporté par des grands joueurs comme Boris Becker (1992), Michael Stich (1993) et Pete Sampras (1996). L’Open se déroule à la Halle Saint-Jacques, une salle pouvant accueillir jusqu’à 9 000 spectateurs.
L’histoire : Federer enfin titré à Bâle
En octobre 2006, malgré tous ses exploits, deux titres importants manquent au palmarès de Roger Federer : Roland-Garros, et le tournoi de Bâle. Le génie suisse y a grandi, et il a même été ramasseur de balles lors de l’édition 1993 du tournoi.
« J’ai adoré être ramasseur de balles ici, dira Federer à Tennis TV. J’ai pu voir les meilleurs joueurs mondiaux de près et voir la façon dont ils se préparaient, dont ils transpiraient, dont ils géraient la pression. Ce sont de bons souvenirs. »
Ainsi, le tournoi représente beaucoup pour lui, ce qui explique son découragement après les deux finales qu’il y a perdues, en 2000 et en 2001. En 2001, battu par Tim Henman (6-3, 6-4, 6-2), Federer pense avoir manqué sa chance, comme il l’a dit à l’ATP en 2018.
« Je n’allais jamais gagner, c’est tout. Rien à ajouter. Je me disais que j’avais eu deux occasions, que je les avais gâchées…vous n’avez pas tant d’occasions que ça »
Néanmoins, le 29 octobre 2006, Federer, à présent numéro 1 mondial incontesté depuis bientôt trois ans, a une troisième opportunité de s’imposer dans sa ville natale. En route vers la finale, le Maestro se fait une belle frayeur en demi-finales, battant sur le fil Paradorn Srichaphan (6-4, 3-6, 7-6). En finale, il affronte le 7e mondial, Fernando Gonzalez, qu’il vient de battre en finale du Masters 1000 de Madrid (7-5, 6-1, 6-0).
Bien que le Chilien soit en grande forme, Federer a l’avantage psychologique sur lui : il mène 8-0 dans leurs confrontations. Avec ses dix tournois déjà gagnés en 2006, le Suisse est surconfiant, et ne laisse aucune chance à Gonzalez, claquant 14 aces et n’abandonnant que 17 points en 15 jeux de service. Après une heure et cinquante-neuf minutes de jeu, Federer s’impose finalement devant son public.
Le numéro 1 mondial n’oublie pas pour autant son passé de ramasseur de balles, et instaure une nouvelle tradition : la pizza-party avec les ramasseurs.
« J’ai attendu longtemps pour ça », dira Federer en 2018. « Ce fut difficile pour moi. Et finalement, en 2006, tout s’est bien goupillé, et tout a définitivement changé. Je savais que je pouvais reproduire ce résultat. Et j’ai su gérer la pression et les attentes qui gravitaient autour de moi lors de cet événement. Ce fut un tournoi magnifique pour moi, surtout au vu du chemin parcouru depuis que j’y avais été ramasseur de balles. »
La postérité du moment : Federer, futur roi de Bâle
Federer ne se trompait pas en affirmant être en mesure de « reproduire ce résultat ». Il remportera le tournoi à dix reprises : 2006, 2007, 2008, 2010, 2011, 2014, 2015, 2017, 2018 et 2019.
Fernando Gonzalez réussira la performance la plus marquante de sa carrière à l’Open d’Australie 2007, où il atteindra la finale, battu par…Federer (7-6, 6-4, 6-4). Ce résultat lui permettra d’atteindre la 5e place mondiale, le meilleur classement de sa carrière.
Au total, les deux joueurs s’affronteront à 13 reprises avant que Gonzalez ne prenne sa retraite, en 2012. Le Chilien ne prendra le dessus qu’une seule fois, lors d’un match de poule du Masters 2007 (3-6, 7-6, 7-5).