Djokovic : “Mentalement, je n’étais pas bien, j’avais même envisagé de quitter le tennis”

Lors d’une interview publiée jeudi dans L’Équipe, Novak Djokovic, élu “Champion des champions 2023” par le quotidien, a notamment expliqué l’évolution de sa mentalité par rapport aux records, et comment il s’est sorti de la période la plus compliquée de sa carrière en 2018.

Novak Djokovic, ATP Finals 2023 Novak Djokovic, ATP Finals 2023 – © Imago / Panoramic

Novak Djokovic n’est pas seulement joueur de tennis. Il est aussi auteur. Sur le court, au fil de ses hauts faits, il a utilisé sa raquette comme plume pour écrire l’histoire de son sport. En lettres d’or. “Ce n’est pas un secret, l’une des raisons principales pour lesquelles je joue encore et d’essayer de battre plus de records”, a-t-il régulièrement répété, comme à Roland-Garros avant de remporter le 23e de ses 24 titres du Grand Chelem. Une marque jamais atteinte avant lui chez les hommes.

Mais à ses premières lignes, avant de graver sa légende, le Serbe ne s’imaginait pas avoir assez d’encre pour ouvrir tant de nouveaux chapitres dans le grand livre de la balle couverte de feutre jaune. “En fait, non, (faire l’histoire du tennis) n’a pas toujours été (un but important)”, a-t-il répondu lors d’une interview publiée dans L’Équipe jeudi. “Durant la première partie de ma carrière, je n’imaginais pas aller si loin.”

“Je voulais être numéro 1 mondial et remporter Wimbledon”, a-t-il détaillé. “Jusqu’à il y a cinq ou six ans, je ne pensais pas à l’histoire, au nombre de titres en Grand Chelem etc. Non… Ça paraissait loin. Pas impossible, mais très lointain. Après ma blessure au coude (en 2017-2018), j’ai changé la technique de mon service. J’avais 30 ans. Dans un sport aussi exigeant que le tennis, autour de 30 ans, on commence à se demander combien de mois ou d’années il reste.”

Jusqu’à il y a cinq ou six ans, je ne pensais aps à l’histoire, au nombre de titre en Grand Chelem etc.

Novak Djokovic, dans L’Équipe

Six ans plus tard, le Belgradois est toujours là. Au sommet. Avec une kyrielle de records prestigieux à son palmarès : ceux des titres en Grand Chelem, au Masters (7), en Masters 1000 (40), ou encore du nombre de semaines passées en tant que numéro 1 mondial (406e semaine à partir du 1er janvier). Grâce, aussi, à sa détermination à “fermer des bouches” et son hygiène de vie.

“Plus je vieillissais, plus les gens autour de moi – pas mes proches, mais ceux de l’écosystème du tennis – disaient que mon horloge biologique commençait à sonner, que le temps filait”, a-t-il confié au quotidien français. “Et plus je voulais leur prouver qu’ils avaient tort… J’ai porté une grande attention à mon corps et à mon esprit pour être meilleur, et encore meilleur, et encore meilleur.”

En 2017, gêné par une douleur au coude droit depuis plusieurs mois, Novak Djokovic avait mis fin à sa saison après son abandon contre Tomáš Berdych en quart de finale de Wimbledon. Il vivait ainsi sa première année sans titre du Grand Chelem depuis 2010. À son retour à la compétition début 2018, la blessure n’avait pas totalement disparu. Résultat, pour l’éliminer, il a dû subir une opération en février, après sa défaite contre Chung Hyeon en huitième de finale de l’Open d’Australie.

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Il (Novak Dkokovic) m’a dit qu’il arrêtait le tennis. Ilvenait de perdre à Miami, une défaite horrible.

Jelena Djokovic, pour Graham Bensinger

Bien que mineure, celle-ci a engendré une sortie du top 20 – une première depuis qu’il y était entré en octobre 2006 – après une série de mauvais résultats, pour ses standards, jusqu’à Rome. Pas mieux qu’un troisième tour. De quoi miner son psychisme. “Mentalement, je n’étais pas bien”, a-t-il expliqué. “J’avais même envisagé de quitter le tennis pendant un certain temps.” La faute, en partie, à Benoît Paire, pour la petite histoire.

“Il (Novak Djokovic) m’a dit qu’il arrêtait le tennis”, a révélé sa femme, Jelena, lors d’un entretien accordé à Graham Bensinger en 2020. Il venait de perdre à Miami, une défaite horrible (6-3, 6-4 contre Benoît Paire en mars 2018). Il nous a tous rassemblés et nous a dit : ‘C’est fini. Eduardo (Artali, son ancien agent), tu peux parler à mes sponsors. Je veux être clair avec eux. Je ne sais pas si je vais arrêter pendant six jours, un an ou pour toujours.'”

En plus du soutien de sa chère et tendre qui a usé de la tentation en jouant au tennis devant lui, pour le plaisir, avec leurs enfants tout en le taquinant – “Non, tu ne peux pas prendre la raquette et t’amuser avec nous, tu as dit que tu arrêtais” –, le surnommé “Nole” a pu compter sur les paroles d’une légende du sport : Kobe Bryant.

Kobe (Bryant) m’a toujours aidé, surtout quand j’en ai eu le plus besoin.

Novak Djokovic, dans L’Équipe

“Je connaissais Kobe depuis 2011-2012”, a-t-il relaté. “Il m’a toujours aidé, surtout quand j’en ai eu le plus besoin. Il m’a encouragé, a partagé son expérience, donné des conseils. On connaît les grands mots, là où on doit concentrer son attention. Mais la manière dont il les conceptualisait, les disait et surtout qui il était, ça changeait tout.”

“Lui aussi me posait des questions”, a-t-il complété. “C’était comme une séance de psychologie. Du genre : ‘Quand tu sors du court, comment tu te sens par rapport aux moments où tu étais au top ?’ On rentrait dans les détails, pour comprendre l’aspect mental, jusqu’à évoquer toutes les routines quotidiennes.”

Après une saison sur terre battue 2018 ponctuée par une défaite en quart de finale de Roland-Garros contre la surprise Marco Cecchinato et une conférence de presse mémorable – ou la colère contenue, mais palpable, née de la défaite témoignait de sa rage de vaincre retrouvée – Djokovic s’était imposé à Wimbledon. Son 13e sacre en Majeur. En septembre 2023, six ans plus tard, à l’US Open, il s’envoyait son 24e. En rendant hommage à Kobe Bryant.

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