Sinner a songé à tout plaquer : « Les autres joueurs me regardaient différemment, je n’aimais pas ça »

Dans un entretien accordé à la télévision italienne à quelques jours de son retour à Rome, le numéro 1 mondial a reconnu qu’il avait perdu le plaisir pendant ses trois mois de suspension.

Jannik Sinner en conférence de presse avant le début de l'Open d'Australie 2025 Jannik Sinner en conférence de presse avant le début de l’Open d’Australie 2025 – © Ng Han Guan/AP/SIPA

Jamais un absent n’aura été autant présent. A quelques jours de son grand retour au Masters 1 000 de Rome après trois mois de suspension à la suite de son double contrôle positif au Clostébol l’an dernier, pour lequel il a été déchargé de toute responsabilité mais pas de toute faute, Jannik Sinner a livré un entretien diffusé mardi sur la chaîne italienne Rai 1, dans lequel il révèle avoir traversé une période particulièrement sombre avant le début de l’Open d’Australie, qu’il a pourtant remporté. Au point de songer purement et simplement à arrêter le tennis.

« Avant l’Open d’Australie, je n’étais pas très heureux et là-bas, je ne me sentais pas à l’aise dans les vestiaires, ni au restaurant », a-t-il ainsi confié. « Les autres joueurs me regardaient différemment et je n’aimais pas du tout ça. J’ai trouvé cela très lourd à vivre. Moi, j’ai toujours abordé le tennis avec légèreté. Je pensais prendre une pause après Melbourne. Finalement, les choses ont tourné comme elles ont tourné, et même si je ne voulais pas que cela se passe ainsi, d’une certaine façon, cela m’a fait du bien. Trois mois, c’est long mais j’avais besoin de temps, de me recentrer autour de moi et de ceux qui m’aiment. »

À cette période de la saison, l’affaire de dopage planait encore au-dessus de lui. Contrôlé positif à deux reprises en mars 2024 au Clostébol, une substance interdite, Sinner avait été blanchi par les instances qui avaient accepté son explication : le produit serait entré accidentellement dans son organisme lors d’un massage de son kiné qui, pour soigner une coupure à la main, avait utilisé une pommade composée du produit incriminé. L’Agence Mondiale Antidopage, qui réclamait une suspension d’un an, avait fait appel. En février, un accord avait finalement été trouvé pour une suspension de trois mois, laquelle va expirer le 4 mai.

ces derniers temps, Je ne prenais plus de plaisir, j’étais ailleurs. Je me suis créé une bulle dans laquelle personne ne pouvait entrer.

Le joueur italien, même si cela ne s’est pas vu ni dans ses résultats, ni dans son attitude, a reconnu avoir très mal vécu cette période. « On s’arrête souvent aux résultats mais sur le court, ces derniers temps, je ne me sentais plus comme un joueur devrait se sentir. Je ne prenais plus de plaisir, j’étais ailleurs », a-t-il poursuivi. « J’ai eu la chance d’avoir des gens qui croyaient en moi, mon équipe, ma famille. Je me suis créé une bulle dans laquelle personne ne pouvait entrer. C’est ce qui m’a redonné l’envie de continuer, de bien me préparer pour les Grands Chelems. Tout s’est bien passé, mais je n’étais pas heureux sur le court. »

Sinner effectuera son retour à la compétition la semaine prochaine à Rome, sur ses terres, avec une motivation retrouvée : « Désormais, je vais plutôt bien. Les premières semaines après ma suspension ont été bizarres. Même en dehors du court. Il s’est passé des choses auxquelles je ne m’attendais pas. Mais peu à peu, je retrouve le rythme des vrais entraînements. Parfois, je replonge un peu sans trop savoir pourquoi. Mais j’ai hâte de revenir en match. L’adrénaline me manque. Je suis content que cette phase soit derrière moi. »

Alors que Rafael Nadal a publiquement exprimé sa confiance envers l’Italien, certains joueurs ont laissé entendre que Sinner avait peut-être bénéficié d’un traitement plus indulgent en raison de son statut de numéro 1 mondial. « Chacun est libre de juger et de dire ce qu’il veut, mais moi je sais ce qui s’est passé, je sais ce que j’ai vécu », a-t-il conclu. « Tout cela a été très difficile. Je ne souhaite à personne, s’il est innocent, de traverser une chose pareille. Mais on vit dans un monde où chacun peut s’exprimer, c’est comme ça. »

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