11 janvier 1988 : Le jour où l’Open d’Australie s’est joué pour la première fois sur le site de Melbourne Park

Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Aujourd’hui, nous retournons en 1988 pour assister à la première journée de l’Open d’Australie tel que nous le connaissons aujourd’hui, sur dur, à Melbourne Park.

Melbourne Park

Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis

Ce jour-là, le 11 janvier 1988, des matchs se jouent pour la première fois à Flinders Park (rebaptisé Melbourne Park en 1996). L’Open d’Australie, que les plus grands joueurs du monde ont recommencé à fréquenter au cours des années précédentes, quitte le Kooyong Country Club et ses courts en gazon vétustes pour un site qui a coûté 94 millions de dollars, devenant ainsi le premier Grand Chelem à disposer d’un toit rétractable sur son court central.

L’histoire : des infrastructures impressionnantes

Contrairement aux autres tournois du Grand Chelem, l’Open d’Australie (d’abord appelé Championnat d’Australasie puis Championnat d’Australie) a changé plusieurs fois de lieu au fil des ans. L’épreuve changeait même de ville chaque année avant de s’installer à Melbourne en 1972, et pas moins de cinq villes australiennes l’ont accueillie à au moins trois reprises : Melbourne, Sydney, Adelaïde, Brisbane et Perth. Ses dates ont été assez mouvantes également, entre début décembre et fin janvier, faisant de l’Open d’Australie parfois le premier, parfois le dernier Grand Chelem de la saison. 

Pendant longtemps, la plupart des meilleurs joueurs font l’impasse sur l’épreuve en raison de son éloignement et de la dotation insuffisante. En 1971, Ken Rosewall, alors âgé de 37 ans, devient le plus vieux joueur à remporter un tournoi du Grand Chelem – ce qui, selon ses propres dires, “n’est pas bon pour le tennis en général”. Dans les années 1970, Bjorn Borg n’y participe qu’une fois, en 1974, et Jimmy Connors ne s’y montre qu’à deux reprises, remportant le titre en 1974. Dans la seconde moitié de cette décennie, les finales de l’Open d’Australie sont parfois moins prestigieuses que celles de nombreux tournois de catégorie inférieure. En 1976, Mark Edmondson, 212e mondial, y devient le joueur le moins bien classé à avoir jamais remporté un tournoi majeur. En 1978 et 1979, Guillermo Vilas, qui n’a jamais dépassé les quarts de finale à Wimbledon et qui n’est pas vraiment un adepte du gazon, remporte deux titres consécutifs, en battant des joueurs peu connus, John Marks et John Sadri. 

Au début des années 1980, c’est le tennis féminin qui vient à la rescousse du tournoi, les deux joueuses les plus en vue, Chris Evert et Martina Navratilova, s’affrontant en finale en 1981 et 1982.

Il en est assez proche [d’être le meilleur complexe du monde]

Chris Evert

Toutefois, ce n’est qu’en 1983 que l’Open d’Australie retrouve un peu de son prestige d’antan. Cette année-là, pour la première fois depuis 1969, trois des tout meilleurs joueurs masculins font le déplacement pour participer au tournoi. Ivan Lendl, numéro 1 mondial, fait le voyage pour la deuxième fois de sa carrière, tandis que le numéro 2 mondial, John McEnroe, cinq fois titré en Grand Chelem, n’était encore jamais venu. Le Suédois Mats Wilander, 18 ans, vient pour se préparer à la finale de la Coupe Davis, prévue au stade de Kooyong juste après l’Open – et, contre toute attente, c’est lui qui finit par remporter le tournoi.

Malheureusement, le petit Kooyong Country Club n’est pas préparé à accueillir la foule attirée par ces stars et la Fédération internationale de tennis incite la Lawn Tennis Association of Australia à construire un nouveau site pour accueillir l’épreuve. De grands travaux commencent et 94 millions de dollars sont investis dans le chantier.

Cinq ans plus tard, en janvier 1988, le nouveau site est prêt à accueillir l’Open d’Australie. Situé sur les rives de la Yarra River, en plein cœur de Melbourne, le tout nouveau Flinders Park (qui sera rebaptisé Melbourne Park en 1996), fait soudainement de l’Open le plus moderne de tous les Grands Chelems. Non seulement le gazon traditionnel est abandonné au profit du Rebound Ace, une surface acrylique qui permet à différents styles de jeu de s’exprimer, mais le nouveau Center Court est équipé d’un toit rétractable – une nouveauté dans un tournoi majeur. Les joueurs, qui étaient habitués au petit et désuet Kooyong Club, n’en croient pas leurs yeux. 

Le court central de l’Open d’Australie.

“De ce que j’ai vu jusqu’à présent, ils ont pensé à tout”, déclare Navratilova, selon The Guardian. “Il en est assez proche [d’être le meilleur complexe du monde]”, déclare Chris Evert, citée par le journal australien The Age. “Je pense qu’il a été magnifiquement conçu pour les joueurs et les spectateurs”.

La première édition du tournoi à se jouer sur ce nouveau site débute le 11 janvier 1988. 

Le local Todd Woodbridge, 16 ans, est le premier à remporter un match à Flinders Park, en battant l’Américain John Letts sur un court annexe. Le premier match sur le court central met en scène Dianne Fromholtz, qui perd contre une qualifiée américaine, Wendy White. Ivan Lendl et Martina Navratilova ont l’honneur de jouer, chacun avec succès, la première session de nuit de l’histoire du tournoi. La superstar locale, Pat Cash, ne reçoit cependant pas l’accueil qu’il espérait : en raison de sa participation à un tournoi en Afrique du Sud, un groupe de militants anti-apartheid l’accueille en jetant des balles noires sur le court.

L’argent n’a pas été investi en vain. Après la journée inaugurale du tournoi, Tim Colebatch, journaliste à The Age, résume : “Le Centre national de tennis est un triomphe. Son premier jour d’activité a laissé les spectateurs, les joueurs, les officiels et les observateurs du monde du tennis qui y déambulaient tout simplement émerveillés devant l’ampleur, la beauté et l’excellence des installations.”

La postérité du moment : Flinders Park devient Melbourne Park

Le succès de Flinders Park perdurera pendant toute la durée du tournoi, avec une augmentation de 90% de l’affluence globale, avec plus de 244 000 spectateurs au total, contre 140 000 qui avaient assisté à la dernière édition à Kooyong.

Malgré l’accueil froid du public, Pat Cash, finaliste malheureux contre Stefan Edberg en 1987, se hissera en finale pour la deuxième fois consécutive, mais une fois de plus, c’est un Suédois, Mats Wilander, qui brisera son rêve de triompher sur ses propres terres (6-3, 6-7, 3-6, 6-1, 8-6).

Dans le tableau féminin, Chris Evert atteindra la dernière finale du Grand Chelem de son incroyable carrière, dominée sous le toit rétractable par Steffi Graf (6-1, 7-6), qui posera là la première pierre de son Grand Chelem Doré.

Le site de l’Open d’Australie, rebaptisé Melbourne Park en 1996, deviendra le Grand Chelem préféré de nombreux joueurs au cours des années suivantes. Trente-quatre ans plus tard, en plus du Center Court (rebaptisé Rod Laver Arena en 2001), deux autres courts seront équipés de toits rétractables. En 2008, l’Open d’Australie établira le record de la plus grande affluence en une seule journée, avec 62885 spectateurs sur la journée du 17 janvier, et en 2017, plus de 500 000 personnes assisteront au tournoi.

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