Major Talk #7 – Matteo Berrettini

Matteo Berrettini, qui a intégré subitement le Top 10 l’année dernière, et devenu dimanche le vainqueur de la première édition de l’UTS. Dans une interview long-format avec Alizé Lim, l’Italien évoque son ascension fulgurante, son état d’esprit sur le court, et son adoration pour Roger Federer.

18 juillet 2020
Les experts

Personne ne l’attendait. Lorsqu’il s’est pointé sur le Tour de l’ATP en 2019, le pas léger et sans faire de bruit, Matteo Berrettini était encore un inconnu. Un nouveau de 23 ans, 52e mondial, qui allait claquer la porte d’entrée violemment pour se faire remarquer. Et tous les regards se sont tournés vers lui. L’Italien a surpris tout le monde. Ses adversaires, le public, et peut-être même lui-même. Le Romain a été catapulté dans le Top 10 mondial à la fin de la saison (8e), jusqu’à faire une improbable apparition au Masters de Londres, qui réunit les huit meilleurs mondiaux.

Matteo Berrettini, UTS 2020

Une blessure à une cheville et un arrêt soudain des tournois de tennis à cause de la pandémie de coronavirus ont suspendu temporairement l’ascension de l’Italien. Tout ça est (presque) terminé. Il est désormais prêt à reprendre le chemin des tournois officiels, qui vont redémarrer en août. Berrettini a d’ailleurs remporté la première édition de l’Ultimate Tennis Showdown, dimanche dernier, en battant le numéro 6 mondial Stefanos Tsitsipas, au bout du mort subite exaltante.

2019 : une étoile est née

Berrettini a réalisé une année 2019 époustouflante grâce à un quatrième tour à Wimbledon, et, surtout, une demi-finale à l’US Open. Roger Federer lui a barré la route au All England Club, et l’Italien est tombé face à Rafael Nadal, à New York. Deux des plus grands joueurs.

Face à Federer, Berrettini n’a eu que des étoiles dans les yeux. Il n’a rien vu de la rencontre, certes, étouffé par les coups du Suisse (6-1, 6-2, 6-2), mais l’Italien est, aussi, un adorateur de “Roger”. Il a grandi en se passionnant pour ses exploits. Sur le gazon de Wimbledon, le moment était trop intense.

“C’est pour cela que je n’ai remporté que cinq jeux en trois sets, souffle le numéro 8 mondial à Alizé Lim, lors de son interview Major Talk. J’étais heureux d’être sur le court… sans doute un peu trop pour être concentré sur le match. Je me souvenais des moments où je le regardais à la télévision, où je le supportais. Je me souvenais, aussi, de l’échauffement que nous avions fait en 2015, à Rome. J’avais 19 ans. J’allais jouer les tournois Futures. Je tremblais. Alors imaginez si j’avais dû jouer contre lui !

Mais jouer un jour contre lui, avec toute cette atmosphère autour du court, était aussi un objectif pour moi. J’ai arrêté de le supporter le jour où j’ai vu qu’on était dans le même tableau (pour la première fois). Je me suis dis ‘Je ne peux pas le supporter alors que je suis dans le même tournoi.”

En 2019, rien n’annonçait l’explosion de Berrettini. Le Romain a surpris adversaire après adversaire. Pas seulement en Grand Chelem. Il s’est aussi fait remarquer grâce à ses premiers titres, à Budapest et à Stuttgart. Jusqu’à intégrer le Masters de Londres, où il a fait chuter le numéro 3 mondial, Dominic Thiem (7-6, 6-3). Berrettini devenait le premier Italien à remporter un match au Masters, en simple.

Berrettini: “Je vise toujours très haut”

Aujourd’hui, ses attentes sont encore plus fortes. Et Berrettini se concentre plus sur la pression qu’il s’impose à lui-même, que sur celle qui vient de l’extérieur.

“Cela vient plus de moi, nous explique-t-il. “Je vise toujours très haut. J’ai fait du très bon travail la saison dernière, et je ne m’y attendais pas. J’ai dû prendre le temps de réaliser, pour ensuite me fixer de nouveaux objectifs avec mon équipe. Je me suis dis : ‘Ok, qu’est-ce que nous pouvons faire pour nous améliorer ?” L’année dernière, je n’avais pas du tout comme objectif d’aller au Masters de Londres, n’y d’atteindre le Top 10. Je me rappelle avoir échangé avec mon préparateur mental en début d’année, et il m’a demandé : “Quel sera ton objectif dans toute ta carrière ?’ Je lui ai répondu : “Je serais heureux d’atteindre le Top 15, ou le Top 20.”

En novembre, Berrettini bondissait à la 8e place mondiale. Personne n’aurait pu prévoir une progression aussi rapide. Et l’une des raisons principales de son succès repose dans sa force mentale. Le contrôle de ses émotions sur le court ne lui était pourtant pas naturel. Il a dû le travailler. Il est désormais constant. Essentiel dans son niveau de jeu.

“Bien sûr, il est essentiel d’avoir un bon coup droit, un bon revers, un bon service et n’importe quoi d’autre, assure Berrettini à Alizé Lim. Mais au bout du compte, tout repose sur l’approche du match. Comment vous gérez les moments compliqués. Dans tous les matches, même si vous menez sans trop de mal, il y aura un moment difficile à gérer. La différence se fera sur la manière dont vous allez surmonter la difficulté. Je pense que j’ai gagné beaucoup de matches justement parce que j’étais mentalement prêt à remporter ces rencontres. Peut-être que j’ai gagné ces matches parce que j’ai bien joué les points importants. Pas pendant toute la durée du match, mais sur les points essentiels. Parce que j’étais prêt. C’est quelque chose que j’ai travaillé depuis que je suis très jeune.”

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