Les 7 surprises de la première semaine à Wimbledon : pourquoi elles sont là, et pourquoi elles peuvent rester
Ils n’étaient pas attendus… Sept joueurs et joueuses se sont invités en deuxième semaine à Wimbledon à la surprise générale. Portraits express des belles révélations du tournoi.

Ils n’étaient pas attendus à ce stade du tournoi, et pourtant, ils joueront les huitièmes de finale. Venus de loin au classement, qualifiés, lucky losers ou révélations tardives, Sierra, Siegemund, Kartal, Bouzas Maneiro, Thompson, Majchrzak et Jarry ont déjoué les pronostics pour faire parler d’eux sur le gazon londonien.

Solana Sierra
Qui est-elle : Argentine, 21 ans, 101e mondiale, droitière, revers à 2 mains.
Comment elle s’est retrouvée là : Repêchée de dernière minute, Solana Sierra n’a eu que 15 minutes pour se préparer avant d’entrer sur le court. Lucky loser, l’Argentine a su saisir sa chance dans un tableau allégé par les sorties précoces de Badosa et Vekic. Grâce à un jeu intelligent, fait de variations et d’une défense solide, elle a successivement battu Gadecki, Boulter puis Bucsa. Avant ce Wimbledon, elle n’avait jamais remporté un seul match en Grand Chelem : la voilà désormais première lucky loser de l’histoire du tournoi à atteindre les huitièmes de finale. Elle y défiera une autre invitée surprise, Laura Siegemund, pour une place en quarts.
Pourquoi vous pourriez déjà la connaître : À 20 ans, elle a été finaliste à Roland-Garros juniors en 2022. Considérée comme l’un des plus grands espoirs du tennis argentin féminin.
Son style : Sierra est une contreuse dotée d’un excellent retour, base de sa réussite puisqu’elle gagne quasiment un jeu de retour sur deux (49% jeux de retours gagnés contre 31% en moyenne dans le tableau féminin). Elle a réalisé 11 retours gagnants (2e meilleur total des joueuses qualifiées) et affiche 42% de points gagnés sur premier service adverse (34% en moyenne). Elle remporte 78% des points gagnés entre 0 et 4 coups, chiffre très précieux sur gazon. Quand l’échange se poursuit, Sierra est en mode résistance : elle varie très peu et monte très peu au filet.

Laura Siegemund
Qui est-elle : Allemande, 37 ans, 104e mondiale, droitière, revers à 2 mains.
Comment elle s’est retrouvée là : L’Allemande revit sur gazon, surface où elle n’a jamais brillé. Elle a éliminé les deux têtes de série de sa partie de tableau (Fernandez et Keys) d’une facilité déconcertante sans perdre le moindre set. C’est la deuxième fois de sa carrière qu’elle arrive en deuxième semaine de Grand-Chelem après son quart de finale à Roland-Garros en 2020. Elle affrontera Sierra une autre surprise de ce Wimbledon pour une place en quart de finale.
Pourquoi vous pourriez déjà la connaître : Lauréate de Roland-Garros 2024 en double mixte et de l’US open en double dames, Siegemund est une redoutable joueuse de double et tacticienne hors pair.
Son style : L’Allemande est une machine à dérégler l’adversaire, une contreuse qui varie beaucoup et monte souvent au filet. Elle remporte 41% des points après avoir été en situation de défense, un chiffre exceptionnel. Sa deuxième balle est faible mais elle compense par une absence de points gratuits (seulement deux doubles fautes), qui lui permettent de sauver 80% de ses balles de break (55% pour la moyenne du tableau, seule Swiatek a fait mieux), et de gagner 88% de ses jeux de service gagnés. Associés à 48% de jeux de retour gagnés (31% pour la moyenne du tableau), Siegemund agit comme un sparadrap dont il est difficile de se défaire.

Sonay Kartal
Qui est-elle : Britannique, 23 ans, 51e mondiale, droitière, revers à 2 mains.
Comment elle s’est retrouvée là : Portée par le public britannique, Sonay Kartal a signé un authentique exploit en écartant Jelena Ostapenko dès le premier tour. Elle a ensuite profité de l’abandon de Tomova, puis maîtrisé Diane Parry sans trembler. La voilà en deuxième semaine d’un Grand Chelem pour la première fois de sa carrière. Elle retrouvera en huitièmes Anastasia Pavlyuchenkova, ex-membre du top 20 mondial et ancienne championne du monde junior.
Pourquoi vous pourriez déjà la connaître : Elle a réalisé un parcours impressionnant l’année dernière en battant la 29e tête de série Sorana Cirstea et la 45e mondiale Clara Burel. Cela fait d’elle la deuxième femme britannique de l’ère Open à atteindre le troisième tour de Wimbledon en tant que qualifiée. Suite à la défaite d’Emma Raducanu, elle est désormais la dernière Britannique en lice.
Son style : Kartal est une pile électrique, qui clôt 19% des points qu’elle joue en points gagnants en sa faveur, et 10% de ses coups droit. Sur gazon, elle souffre d’une première balle quelconque, mais dès qu’elle parvient à engager l’échange, elle agresse avec précision (72% d’attaques récompensées) et défend comme une lionne (40% de points gagnés quand elle est attaquée). Avec seulement 12% de fautes directes, elle est une des joueuses les plus sûres du tableau : ce chiffre la place dans le Top 10 du tournoi, la deuxième dans les 16 qualifiées. Son agressivité est manifeste dès le retour avec 42% points gagnés sur premier service adverse (34% en moyenne dans le tableau féminin) et 61% de balles de break converties (44% en moyenne).

Jessica Bouzas Maneiro
Qui est-elle : Espagnole, 22 ans, 62e mondiale, droitière, revers à 2 mains.
Comment elle s’est retrouvée là : Sans faire de bruit, elle a profité de sa forme du moment et de la défaite de Coco Gauff au premier tour pour atteindre les huitièmes de finale. Elle y affrontera Samsonova, l’une des outsiders spécialiste du gazon.
Pourquoi vous pourriez déjà la connaître : Elle avait éliminé la tenante du titre Marketa Vondrousova au premier tour en 2024 et démoli Emma Navarro au premier tour de Roland-Garros cette année.
Son style : L’Espagnole est une des rares joueuses du tennis féminin qui peut miser de façon décisive sur son service. Elle affiche 90% de jeux de service gagnés (seule Swiatek fait mieux), 13 aces (cinquième meilleur total dans les qualifiées), 48% de premiers services non retournés (moyenne de 29% dans le tableau), soit le meilleur score parmi les 16 qualifiées. Ça ne vous suffit pas ? Elle a aussi 43% de points gagnés sur deuxième balle (19% en moyenne dans le tableau)n et 76% en première. Très agressive, elle est en revanche en grosse difficulté si l’échange se prolonge au-delà des quatre coups de raquette.

Jordan Thompson, le volleyeur vintage
Qui est-il : Australien, 31 ans, 44e mondial, droitier, revers à 2 mains.
Comment il s’est retrouvé là : Régulier sur gazon, Jordan Thompson a su tirer parti d’un tableau décimé par les défaites de Medvedev et Popyrin. L’Australien s’est frayé un chemin jusqu’aux huitièmes après trois combats acharnés : une remontée de deux sets à rien face à Vit Kopriva au premier tour, un nouveau succès en cinq manches contre Benjamin Bonzi, puis une victoire plus maîtrisée en quatre sets contre Luciano Darderi. Il atteint pour la première fois les huitièmes de finale à Wimbledon, où il affrontera l’Américain Taylor Fritz, tête de série n°5.
Pourquoi vous pourriez déjà le connaître : Thompson est un habitué du circuit ATP depuis près de 10 ans. Membre solide du Top 100 mondiale depuis 2016, il a changé de dimension début 2024 en remportant son premier titre à l’ATP 250 à Los Cabos en battant Zverev et Ruud.
Son profil : Excellent joueur de double (il était n°3 mondial en début d’année), Thompson transpose en simple ses qualités du jeu à quatre. Il a joué 8% de ses coups au filet (plus gros score du tournoi) et a fait le choix de monter à la volée sur un tiers de ses frappes. Il suit 30% de ses points de service au filet. Agressif, excellent contreur (35% de points renversés après avoir été en défense), il compense sa faible efficacité sur les balles de break (28% de conversion) par un score faramineux de 84% de balles de break sauvées (27 sur 32), deuxième meilleur score parmi les 16 derniers joueurs du tableau. Il est aussi le quatrième au nombre d’aces, le deuxième parmi les 16 huitièmes de finaliste.

Kamil Majchrzak
Qui est-il : Polonais, 29 ans, 109e mondial, droitier, revers à 2 mains.
Comment il s’est retrouvé là : Le Polonais a créé la surprise en écartant Matteo Berrettini au premier tour, au terme d’un combat haletant en cinq sets. Derrière, il a parfaitement enchaîné avec deux succès maîtrisés contre Quinn puis Rinderknech. Le voilà en huitièmes de finale d’un Grand Chelem pour la première fois de sa carrière, lui qui restait pourtant sur cinq défaites consécutives dans les tournois majeurs.
Pourquoi vous pourriez déjà le connaître : Majchrzak a longtemps été considéré comme l’un des espoirs du tennis polonais. Il a été 75e mondial et avait déjà atteint le 3e tour en Grand Chelem à l’US open en 2019, avant sa suspension. Il a été contrôlé positif à trois substances interdites par l’Agence mondiale antidopage.
Son profil : Il pratique un jeu d’usure longtemps considéré comme contre-intuitif sur gazon mais ses stats au service et au retour, coups clefs sur la surface, sont très au-dessus de la moyenne du tableau. Il comet peu de fautes (12% de ses coups, soit le quatrième meilleur total parmi les 16 derniers qualifiés) et est très agressif en revers.

Nicolás Jarry
Qui est-il : Chilien, 29 ans, 143e mondial, droitier, revers à 2 mains.
Comment il s’est retrouvé là : Sorti des qualifications sans perdre le moindre set, il a battu Holger Rune au premier tour après un retour spectaculaire (mené deux sets à zéro), avant de continuer sur sa lancée en battant Tien et le jeune prodige Brésilien Fonseca. Il atteint pour la première fois les huitièmes à Wimbledon. Il affrontera Cameron Norrie, un ancien membre du top 10 et demi-finaliste du tournoi londonien en 2022.
Pourquoi vous pourriez déjà le connaître : Ancien membre du top 20, Jarry a déjà remporté plusieurs titres ATP sur terre battue. Il a notamment atteint la finale du Master 1000 de Rome en 2024 s’inclinant face à Alexander Zverev.
Son style : Jarry donne l’impression de marcher sur l’eau et comme son style de jeu est très agressif, dès le premier coup, cela fait des étincelles. Son service : 2e au nombre d’aces parmi les 128 joueurs du tableau (65), 54% de première balle non retournées (meilleur score du plateau), 34% de deuxième service non retournés, 80% de points gagnés sur première, 93% de jeux de service gagnés (seuls Sinner, Djokovic, Rublev et Shelton font mieux), il est un des vingt joueurs du tableau à avoir claqué au-delà de 225 km/h. Jarry joue 31% de ses coups en situation d’attaque, avec des résultats qui paient : 22% de ses points sont des points gagnants (seuls Dimitrov, Sinner et Djokovic font mieux) et il gagné 81% des points qui se jouent en moins de quatre coup. C’est le portrait-robot du joueur “en chaleur”, car son coup droit, son revers et son retour sont en dessous de la moyenne du tableau selon les statisticiens de Wimbledon.



