L’Arena Sabalenka

Impériale face à Qinwen Zheng (6-3, 6-2), Aryna Sabalenka a conservé son titre ce samedi à l’Open d’Australie. Depuis sa compatriote Victoria Azarenka en 2012 et 2013, la Biélorusse est la première joueuse à conserver son titre sur la Rod Laver Arena.

Aryna Sabalenka Open d'Australie 2024 cérémonie trophée

Il y a un an, Aryna Sabalenla avait remporté face à Elena Rybakina une finale épique qui n’avait fait que rendre plus beau la conquête de son premier sacre majeur. Un an plus tard, la Biélorusse a pris beaucoup d’épaisseur et renvoyé la néophyte Qinwen Zheng à sa propre inexpérience des grands rendez-vous pour doubler la mise et conserver son titre à Melbourne, 6-3, 6-2 en 1h16, ce samedi.

Saba reste donc reine, sur cette Rod Laver Arena qu’elle est en train de faire sienne. Elle l’aura prouvé tout au long de sa quinzaine, remportée magistralement sans perdre un set y compris face à celle qui l’avait battue en finale du dernier US Open, Coco Gauff, il y a deux jours. Pour beaucoup, il s’agissait alors de la finale avant la lettre. Ils avaient raison.

6 doubles fautes pour ZHENG, rattrappée par l’evenement

Ce n’était pas faire injure au talent naissant de Qinwen Zheng – devenue à 21 ans la deuxième Chinoise à atteindre une finale de Grand Chelem après Na Li – que de dire cela. Juste le constat brut de son inexpérience, et de l’élévation soudaine de la dernière marche qui l’attendait, elle qui n’avait battu que des joueuses classées en dehors du top 50 pour en arriver là (une première à Melbourne depuis Arantxa Sanchez en 1995, dominée ensuite par Mary Pierce). Jouer une première finale majeure face à la maîtresse des lieux, qui avait d’ailleurs promis de ne pas devenir « folle » comme elle l’avait fait à New York, cela risquait d’être brutal. Ça le fut.

En moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, Zheng perdit son service d’entrée. Et, pour remuer le couteau dans la plaie, elle rata trois balles consécutives de débreak immédiat, se retrouvant ainsi menée 3-0. Un retard qu’elle ne refit jamais. Il n’y a pas pire entame pour se faire des nœuds au cerveau. Pour la protégée de Père Riba, le train était passé, malheureusement pour de bon.

Le compte-rendu de la finale, peu ou prou, s’arrêtera là. Car de match, il n’y eut pas vraiment. Vite rattrapée par l’événement, Zheng, meilleure serveuse d’aces depuis le début de la quinzaine (54), vit son arme s’enrayer avec 6 doubles fautes qui ramènent aux 8 commises par Gauff en demies. La tension du match, bien sûr. Mais aussi la peur d’une adversaire face à la laquelle la moindre approximation n’est décidément plus permise, sous peine de se voir immédiatement sanctionnée d’un coup plus ou moins gagnant.

un seul petit fremissement au moment de conclure

Il n’y eut finalement qu’un seul moment de frémissement, et encore. On ne parle pas de la brève interruption de la finale par (semble-t-il) un groupuscule de manifestants au début du deuxième set. Mais plutôt par ces quatre premières balles de match (dont trois d’affilées) manquées par la Biélorusse au moment de servir pour le titre, à 5-2.

Elle commit alors notamment trois grosses fautes en coup droit, signe quand même d’une légère tension ambiante. Mais aucun affolement non plus et, à vrai dire, personne ne la sentait vraiment en mesure de s’effondrer. Sabalenka l’émotive est devenue trop puissante, trop dominante et trop expérimentée pour cela, désormais. Elle sauva d’un service gagnant une balle de 5-3 et, deux points plus tard, paracheva son œuvre, qui lui vaut donc de conserver son titre sans perdre un set.

A 25 ans, Aryna Sabalenka est, on l’a dit, la première joueuse à signer le “back to back” australien depuis Victoria Azarenka en 2012-13. Elle est aussi la première joueuse à remporter à Melbourne ses deux premiers titres majeurs depuis sa compatriote qui, curieusement, s’était arrêtée là.

On a du mal à imaginer que ce soit le cas pour Sabalenka vu sa domination exercée ici, et vu le sentiment de sérénité et de maîtrise de ses émotions qu’elle dégage désormais. Autant son sacre de l’an dernier aurait pu, potentiellement, rester à l’état de « one shot », autant celui-ci pose son statut et la fait entrer dans une nouvelle dimension. Celle des grandes championnes de son temps.

coup de grisou payant à brisbane

Car depuis, elle a aussi été numéro 1 mondiale – même si elle restera lundi numéro 2 derrière Iga Swiatek – et n’a plus jamais perdu avant les demi-finales d’un Grand Chelem. Une série qui en dit long tout de même sur sa constance au plus au niveau, inversement proportionnelle à l’inconstance supposée de son tennis à hauts risques.

La puissance dévastatrice de ses frappes, elle-même inversement proportionnelle à la fragilité parfois extrême de ses nerfs, lui ont souvent coûté des quolibets et valu d’être cataloguée comme une cogneuse monolithique et sans cervelle. Ce qu’elle est très loin d’être. Sabalenka est capable de beaucoup de choses sur le terrain, même si ses qualités naturelles de puissance la poussent à choisir le plus souvent d’autres coups que cette subtile amortie de revers délivrée pour se détacher 4-1 dans le deuxième set.

Elle est surtout, derrière sa bonne humeur et son petit grain de folie, une vraie carnassière qui met sans cesse sa carrière sur le gril de la remise en question, elle qui a rappelé, lors de la cérémonie de remise des prix, avoir mis une immense pression à son staff après sa finale sèchement perdue à Brisbane, en début de saison, contre Elena Rybakina (6-0, 6-3). On ne serait pas étonné que les murs aient tremblé dans le vestiaire australien. Mais le coup de grisou a payé.

Jie Zheng, elle, a pu le voir le chemin qui la séparait encore d’une Sabalenka, qui l’avait déjà nettement dominée en quart de finale du dernier US Open (6-1, 6-4), dans ce qui restait alors son meilleur résultat en Grand Chelem. Ce fut pire cette fois, mais dans un contexte de tension il est vrai tout autre. Zheng n’est pas la première à se faire corriger pour sa première finale majeur et cela ne préjuge en rien de la suite.

A 21 ans, elle reste encore très perfectible et se consolera lundi en faisant sa première incursion dans le top 10. On aura donc assisté, à Melbourne, au couronnement d’une reine et à l’adoubement d’une soupirante.

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